c’est ainsi qu’en Egypte il y avoit un cercle astronomique qui comprenoit, dit-on,
365 coudées (1). A u reste, Diodore de Sicile s’exprime à cet égard de la manière
la plus positive : « A u rapport de Clitarque, dit-il, et de quelques autres qui
» passèrent en Asie à la suite d’Alexandre, on avoit affecté de donner au cir-
» cuit des remparts autant de stades qu’il y avoit de jours dans l’année (2). » Il
n’y a donc nui doute sur l’intention qu’avoient les fondateurs de Babylone en
donnant 3 6 0 stades à l’enceinte, et il est manifeste que les nombres de 4 0 0 et de
4 8 0 sont des traductions de la même mesure en stades de différentes espèces (3).
On n’a pas ici, comme en Egypte, la ressource de comparer les monumens
avec l’histoire : il ne reste de Babylone que des briques imprimées, des débris
méconnoissables, rien enfin qui fasse juger de la splendeur de cette ancienne
capitale ; tandis que les'grands édifices de Thèbes sont encore debout pour la
plus grande partie.
(1) ci-dessus, chap. IV , §. i l . Je doiirierois ici 750 fois au degré ordinaire, autant de fois que le pérides
raisons de croire que l’enceinte de Babyloñe fut éle- mètre de la ville est'compris lui-même dans la circonfévée,
en imitation et pour renchérir sur les monumens rence du globe. C e que, j’a i ‘dit,sur la division du cercle
Egyptiens, si cette recherche étoit de mon sujet. en 400 parties, à propos du’stade d’Hérodote et d’Aris-
(2) Bibl. hist. lib. 11, pag. 68. tote,étant rapproché avec cë qui précède, confirme'donc
(3) Le stade de la mesure de Dion Cassios, compris encore que le nombre rapporté par Dion Cassius est le
400 fois au périmètre de Babylone,. se trouve 750 fois même que celui de Ctésias, transformé sur le pied de 10
au degré centésimal, comme le siadè »Babylonien est pour 9.
C H A P I T R E XI.
Mesures de superficie, ou Mesures agraires.
§. I ."
Aroure, Jugère Egyptien, Plèthre carré.
L e s écrivains de l’antiquité nous ont transmis peu de détails sur la division des
mesures superficielles en Egypte : le stade, l’aroure, le double plèthre et le..quart
d’aroure sont presque les-seules dont ils parlent positivement. Nous trouvons'
cependant dans leurs écrits qu’il est fait mention de mesures inférieures, telles que
le schoenion, l’orgyie,- la coudée et le pied carrés, qui étoient les plus petites subdivisions.
De ces mesures certaines, nous remonterons à la connoissance des autres,
suivant les règles de l’analogie, et en nous appuyant sur/ce qui cxistè'actuellement
en Egypte, sans vouloir d’ailleurs donner comme démontrés des résultats qui ne
sont que vraisemblables.
Selon l’opinion commune, l’aroure étoit l’espace de terre qu’une paire de boeufs
laboure dans un jour. Hérodote nous apprend que cette mesure Égyptienne étoit
un carré de 100 coudées de côté (ou de ioooo, coudées carrées). C’es't ainsi que,
dans le système Français, l’hectare est un carre de 100 mètres de côté, et de
10000 mètres superficiels. La coudée dont parle cet auteur étant de om,4618, ou,
pour simplifier le calcul, om,462, l’aroure sera de 2134 mètres carrés ^-. Pour mesurer
l’aroure, on n’appliquoit certainement pas cent fois la coudée sur le terrain:
mais on la mesuroit, selon toute vraisemblance, au moyen d’une grande perche
de 1 o coudées, comptée dix fois ; perche qui se subdivisoit en trois parties ( 1], En
effet, chacune de ces parties répond à la demi-acæne ou ampelos, ’c’est-à-dire, le
pas géométrique Égyptien de y pieds, suivant Héron. Ce pas correspond à un
demi-qasab d’aujourd’hui ; c’est encore avec un demi-qasab que les Egyptiens mesurent
le terrain (2). Ainsi l’acæne de 10 pieds [le décapodb] portée quinze fois,
ou bien la demi-acæne prise trente fois, mesuraient le côté de l’arqjgre.' On por-
toit trente fois la mesure égale au pas géométrique, ainsi que nous pôrtons trente
fois la toise pour mesurer le côté de l’arpent ; ou bien l’on comptoit dix fois la
grande perche de 3 pas, égalant 10 coudées, comme nous comptons dix fois la
perche de 3 toises ou 18 pieds. On voit par-là que l’aroure, ainsi que l’arpent de
France, contenoit cent perçhes carrées et neuf cents pas carrés.
(1) C ’étoît une division naturelle de l’aroure en (2) O n le porte quarante fois pour mesurer le côté du
100 parties ou 100 perches carrées. Chaque partie étoit un feddân, et non trente fois; mais le côté du diplèthre ou
carré de 10 coudées de côté, comme l’are (la ioo.c par- double jugère, comme nous le verrons, se mesuroit aussi
tie de l’hectare) est un carré de 10 mètres de côté. avec Yarnpelos ou pas géométrique, porté quarante fois.