même valeur que la précédente ; et il est manifestejptou bien qu’il s’agit d’une autre
espèce de journée, ou qu’il y a une faute de nombre : car les deux distances, de la
mer au lac de Mceris, et d’Héliopolis à Thèbes, sont bien autrement différentes
entre elles que les nombres 7 et 9 ; l’une n’est pas la moitié de l’autre. La journée
étant toujours de 9 schcenes, si l’on suppose l’emploi du schoene d’Hérodote,
on en trouvera 6 3 , de la mer à l’entrée du lac de Mceris ; ce qui fait effectivement
7 journées de navigation, à 9 schcenes par journée. Ici, les deux schcenes
sont encore confondus ensemble (1). Voyez mon Mémoire sur le lac de Mceris,
ci-dessus, pag. 88.
Quant à la journée de navigation proprement dite, wy-m/uitioi oftSic, , elle reçoit
des valeurs très-différentes, suivant le pays et les circonstances. Parlant de la mer
Noire- (üv. IV, ch. 8y et 8 8 ), Hérodote évalue le chemin d’un vaisseau en vingt-
quatre heures à 130000 orgyies ou 1 300 stades, et il donne neuf jours et huit nuits
de chemin (environ huit journées et demie) à la longueur de la mer Noire; ce qu’il
traduit par 1110000 orgyies et 11100 stades. Voyons de quelle espèce de stade il
s’agit. L'a longueur vraie de la mer Noire est de 130 30' au parallèle de 43° (d’après
les cartes les plus récentes); ce qui représente environ 9° y4' d’un grand cercle,
et répond à 11000 petits stades à peu près. Donc la journée de navigation dont
il s’agit, est de 1300 petits stades; ce qui fait 29 lieues -J communes. Ainsi le
compte d’Hérodote est exact en stades de cette espèce : mais il rië le seroit pas
en orgyies, dont 100 font le grand stade. En transformant-le nombre des stades
en orgyies sur le pied de 1 pour 100, il a confondu deux mesures différentes.
Selon Éd. Bernard, pag. 2//y, el-Edrysy et Abou-l-fedâ iom\e mohgra
ou journée de navigation, de 100 milles; à supposer le mille Hachémique, ce
seroit un degré f , ou 4 ■ lieues f .
§. II.
Du Mille.
I.° D U M I L L E D E ,D I X S T A D E S .
I l y a de fortes raisons de croire que les Égyptiens ont possédé une mesure de
mille, c’est-à-dire, composée de 1000 pas géométriques. Elle résulte de la division
successive des mesures en six et en dix parties; et la quantité qui fait 1000 orgyies
(grand pas géométrique), est la sixième partie du schoene, d’après le tableau général.
Le schoene étoit unê-longueur trop grandè, et le stade, une longueur trop courte,
pour le mesurage des intervalles itinéraires : il falloit une mesure intermédiaire,
et celle-ci fait 10 stades, comme le degré fait 10 schcenes, comme le stade fait
1 o scjioenion, et celui-ci, 1 o orgyies. Le sexagésime, grande mesure géographique (2),
(1) Hérodote, liv. n , ch. 175, cbmptoit 20 journées de 14 7 à 20. Mais remarquons que si les 5 jours et
de navigation de Sais à Eléphantine: on ne peut pas demi de Saïs à Héliopolis e td e Thèbes à Eléphantine
les supposer non plus.de même valeur que les 9 jour- étoient formés de 9 grands schoenes, équivalens chacun
nées qu’ il compte entre Héliopolis et Thèbes ; car cette à 11 journées de 9 petits schcenes, le tout reproduiroit
distance n’est guère à la dernière que comme 14 i à 9 ; les 20 journées de Saïs à i .léphantine.
savoir, 2 journées de Saïs à Héliopolis, 9 d’Héliopolis (2) Voye^ le chap. i . er, pag. 504 et 505.
à Thèbes, et 3 j d e Thèbes à Eléphantine. 11 y a-loin
renfermoit ce mille trois cent soixante fois ; par conséquent, il étoit soixante fois
au degré : c’est donc la minute terrestre. Le mille Arabe Hachémique n’est autre
chose que cette mesure; c’est encore celle dont on use à la mer, ou le tiers de
la lieue marine.
La même mesure est le double du périmètre de la grande pyramide. Dans un
passage cité par Éd. Bernard (1), Héron fait le mille égal à 1000 orgyies; c’est
précisément la valeur du mille Égyptien. L ’orgyie étoit le pas,Égyptien par excellence.
On retrouve encore ailleurs un pas de 6 pieds; c’est le pun Chinois, où le
clé est compris six fois : or le ché représente plutôt le pied que la coudée. Le
(un ou la canne prend 10 ché, comme, dans le système Égyptien, l’acæne fait
1 o pieds : 3 60 de ces pas font un // ( 2 ).
Le mot de mille, aussi-bien que la mesure itinéraire qu’il exprime, me pa-
roissent d’une haute antiquité, et c’est une erreur que de supposer à celle-ci une
origine Romaine. Les étymologistes font venir mille, tantôt de ¡xvfioi, tantôt de
■yjAm : mais il me semble dériver de plus haut que les Grecs. Les Hébreux et -les
Orientaux ont le mot de mil, VlO (3) ; les écrivains Arabes ont celui de myl.
Nous voyons que des auteurs Grées emploient le mot de ¡¿¡Mou (4 ), qu’on ne peut
regarder comme une corruption du mille des Latins : ne seroit-ce pas plutôt un ancien
mot Oriental ayec une terminaison Grecque! XÎA10» n’a qu’une l , ainsi que /ti'Aïov:
c’est donc mille qui paroîtroit une corruption du mot ancien mil, d’autant que l’on
trouve mile avec une seule / dans les anciens manuscrits, ainsi que dans les monu-
mens palæographiques. Quelques-uns même, suivant G. Vossius (5 ), font de mile
le substantif et de mille l’adjectif; ce qui rentre fort bien dans notre opinion (6).
Quant à l’ancienneté de la mesure même, elle est prouvée par le passage de
Julien, qui dit que, selon Ératostliène et Strabon, le mille a 8 stades et tandis
que de son temps le mille étoit de 7 stades j .
- Quand on aura plus de connoissances sur l’ancienne langue des Égyptiens, on
saura comment ils appeloient leur mesure itinéraire de 1000 pas. Quoi qu’il en soit,
cette mesure par milliaires -n’en est pas moins ancienne. Le stade, comme-je l’ai
dit, étoit une longueur trop petite pour compter par stades d’un bout à l’autre du
pays. Le mille en prenoit 10 ; 8 de ces stades firent une mesure plus courte, qui
est le mille Romain : de là ce mille, et probablement le pied Romain lui-même.
Les bornçgmilliaires, ou placées de mille en mille, n’étoient pas les seules qui
garnissent les chemins publics (7). L ’espace, même chez les Romains, étoit subdivisé
en plusieurs intervalles, à chacun desquels répondoit une pierre. Cet usage,
que les Romains ont eu dans le temps de la république, a sans doute été puisé en
Orient. Plutarque, dans la Vie des Gracques, raconte que C. Gracchus fit poser
(1) Pag. 235. c’est dans le primitif que cette lettre est simple, et c ’est
(2) D ’A n v ille , Aies lires itinéraires, pag. 155. dans les dérivés ou dans les mots poétiques qu’elle est
(3) le chap. XIII, à l’article mille. double.
(4) Polybe, Strabon, Plutarque, Julien, Héron et une (7) Polybe appelle du nom de tn/jutia. les pierres plamuititude
d’écrivains plus récens cités par du Cange. cées de mille en mille pas : m/jAia, notoe milliariorurn.
(5) Etymol. lin g. Lat. Eusèbe et d’autres .auteurs se servent du même n'om. Le
(6) L a réduplication de 17 dans beaucoup de mots mot fem/juuoy désignoitsans doute, à cause de ce motif,
Latins est plutôt favorable que contraire à cette idée ; une fraction de l’heure.