longueur est rie 231 millimètres à fort peu près. Les Egyptiens l’expriment communément
avec l’intervalle qui existe entre le pouce et l’extrémité de l’auriculaire,
en étendant la main le plus possible. Elle équivaut à 12 doigts.
On la compare au tiers du pyk Stanbouly ou coudée de Constantinople (quoiqu’elle
excède un peu cette dimension), de même que le fetr est le tiers dupyk
belady ; mais c’est proprement la spithame ancienne, ou demi-coudée. Le qasâm
renferme seize fois et un tiers de fois la mesure du chebr. Je ferai remarquer que
le chebr est le millième de la base de la grande pyramide. Quatre chebr font trois
pieds Égyptiens.
C O U D É E .
L a plirs. grande des mesures de coudée en usage au Kaire est celle dite de
Constantinople [pyk Stanbouly]; sa longueur est de 2ypo““ i,02 ou de om,6yy. On
croit qu’elle a é té introduite par les Ottomans en iy 17 (1); mais on n’a aucune
certitude du fait, et l’origine de cette coudée est encore ignorée. Elle n’a pas
un rapport précis avec la coudée du pays ; mais peut-être la mesure a-t-elle été
un peu altérée. Si l’on supposoit qu’elle s’est alongée de 3 millimètres, elle vaudrait
un sixième en sus du pyk belady. Elle est un peu plus grande que la coudée du
Meqyâs, augmentée d’un quart. Il ne seroit donc pas impossible que cette grande
mesure, supérieure même à la coudée Hachémique et à la grande coudée de Héron,
provînt des autres mesures de l’Egypte.
On s’en sert aujourd’hui, dans les bazars, pour le mesuragè'des étoffes, concurremment
avec la coudée du pays.
Le dera ou le pyk belady, ou la coudée du pays, la plus en usage par toute
l’Egypte, a de longueur 21 pouces 34 centièmes, ou o“ ,5775. On fait usage .de
cette mesure pour les différentes espèces d’étoffes en toile et en coton, et pour
toute sorte d’usages civils et domestiques. C ’est. H plus importante de toutes les
mesures modernes, par les rapprochemens qu’elle présente avec les anciennes mesures.
En effet, si l’on ajoute un quart à la coudée antique de om,4 6 18, on
reproduit om,y 7 7 3 , valeur du pyk belady, à 2 dix-millièmes de mètre près. Cette
augmentation d’un quart étoit d’autant plus facile à introduire, qu’il faisoit juste
6 doigts. J’ai dit, au chapitre 111, que le pyk belady est exactement la 4 oo.c partie
de la base de la grande^pyramide.
La coudée du Meqyâs ou du Niloinètre de Roudah a été long-temps inconnue,
quant à sa véritable longueur. Il est mutile de répéter ce que l’on sait aujourd’hui
sur les motifs qui ont empêché les voyageurs de la mesurer fidèlement. Le Mémoire
de M. Le Père aîné sur le Meqyâs renferme cet historique, et le lecteur
y trouvera tous lés détails des opérations qu’on a faites pour prendre enfin une
mesure précise et sur laquelle on pût compter ; ce qui fera comprendre en même
temps comment il avoit été jusque-là de toute impossibilité aux voyageurs de faire
en ce genre quelque chose d’exact (2). Les ingénieurs Français ont mesuré toutes
les coudées gravées sur la colonne Nilométrique, et ils ont trouvé le terme moyen
( 1 ) Voyez VAnnuaire du Kaire, ans VIII et ix . Ces ( 2 ) V oyez aussi la Décade Egyptienne, tome I I ,
mesures ont été prises avec un grand soin par M. Costaz. pag. 278.
égal
égal à 19 pouces i1 lignes ; ce qui fait om,y4°J fin mètre provisoire, et om,y4o7
du metre définitif (1). Cette dimension est dans un rapport simple avec le pyk
belady. En effet, prenant un sixième en sus de om,462, on a Qm,y39 ; ce qui ne
diffère que d’un millimètre et demi environ de la mesure ci-dessus. Or, comme
j aurai occasion de le dire ailleurs, les mesures s’alongent toujours par l'usage ,"et
celle-ci a bien pu s’alonger d’une si petite quantité. Je pense donc que lr-coudée
du Meqyâs a été formée de la coudée antique par l’addition d’un sixième en sus,
cest-à-dire, d’un palme ou 4 doigts. Aujourd’hui la division est en 24 doigts,
comme celle de 1 ancienne coudée, et par conséquent ces doigts excèdent les
doigts antiques d’une sixième partie.
II faut savoir que les crues du Nil qui se proclament au Kaire, sont mesurées
en coudées d’une espèce différente de celle du Meqyâs : cet artifice a pour but dé
faire juger la crue meilleure, quand elle est foible; ou extraordinaire, quand elle
n’est que bonne ou suffisante. C ’est sur-tout à la fin de l’accroissement, qu’on a
recours à ce moyen qui soutient l’espérance du peuple et facilite la perception de
1 impôt. La mesure de cette coudée qui sert aux xrieurs publics, est de 130 41 ou
om,36i ; c’est les j ou 16 doigts de la coudée!du’ Meqyâs. Cette échelle fictive a
24 coudées : o répond à 1 coudée J environ de la colonne du Meqyâs ; 20 répond
à la iy .c coudée de la colonne, et 24 à 17 coudées 4 environ. Cette mesure fait
18 doigts et j de la coudée antique.
Q Y R A T , M E S U R E X l ’u S A G E D E S T A I L L E U R S D E PIER R E .
J a i trouve en usage au Kaire une mesure dont personne que je sache n’a fait
encore mention : elle est employée par les tailleurs de pierre et les carreleurs; on
1 appelle qyrat. II ne faut pas la confondre avec une mesure agraire de même
nom qui est la 24 .'partie du feddân. Le qyrât, poids Arabe, est la 24.' partie du
dynâr. II paraît qu’en général qyrât veut dire une 24.' partie. C’est de là que vient
notre mot de karat.
Cette mesure se divise en trois parties appeléestoult ou tiers, chacun en nons-toult
ou demi-tiers, et chaque nous-toult en quatre parties; le total est de 24 parties: la
longueur de trois de»ces parties est de om,oç6 ; la longueur totale est de om,77.
Elle est juste égale à la cinquième partie du qasab de Gyzeh, de 3",8 j : ainsi elfe
est contenue cent fois au côté du feddân, lequel est de 20 de ces qasab, ou de
7 7 mètres de côté.
Il est îemarquable que cette mesure est contenue trois cents fois exactement dans
le côté de la grande pyramide. Il est aussi remarquable qu’elle est égale à une
ancienne coudée plus un pied Égyptien; et comme la coudég fait 1 pied 4, il suit
que cette mesure des tailleurs de pierre fait juste 2 pieds Égyptiens et demi.
De là peut-être elle est appelée qyrât, comme étant la 24.' partie d’une mesure
de 60 pieds. Or cette dernière mesure existoit jadis ; c’étoit l’amma ou le sebtenion
des terres labourées, ancienne mesure Égyptienne, selon Héron (2).
( i ) Voyez ci-dessus, pag. ySy.
(2) Voyei le tableau général et comparé des mesures, et les tableau* [II] et [III]*