
4 ° M I L L E D E 7 S T A D E S , M IL L E H É B R A ÏQ U E .
L e dernier passage de Héron que j’ai cité (i), présente encore une remarque
importante ¿ c ’est qu’il donne le nombre de iooo orgyies comme la valeur du
//./aio*. Les i ooo orgyies semblent indiquer le grand mille Egyptien de soixante au
degré (¿), puisque l’orgyie a toujours été une longueur de 6 pieds Égyptiens, suivant
Héron. A la vérité, comme il ajoute la valeur de 750 toso«., on pourroit, par
hypothèse, transposer le mot de mosu. et le mot d’opyuiaj : ce seroit alors 1000 pas
et 750 orgyies, valeurs qui conviennent toutes deux au f d x m , si par le mot m a s o .
on entend le pas dont ce. juXaiov se compose, mesure de y pieds de Pline et qui
est le ijuAoii de Héron.
Edouard Bernard-(3) rapporte pour le mille les valeurs suivantes: 7 stades,
plèthres, 420 acænes, 700 orgyies, 1680 pas, 2800 coudées, 4200 pieds, &c.
Tous ces nombres dépendent d’une seule valeur, celle de 7 stades, et sont déduits
d’après le rapport ordinaire du stade avec le plèthre, la canne, l’orgyie, la coudée,
le pied, &c. Cette valeur est aussi celle qu’on trouve dans Hésychius, S. Épiphane,
Samenoudi, &c. Voici le passage d’Hésychius : M/Aiov.... /jàt& v ¿«h? çaJiav éirm ■ oi Si ('
u ire iS iv cfjf. Les commentateurs ont cherché à corriger ce passage, en le ramenant
aux données de Polybe, Strabon, Plutarque, Julien, &c. : mais il est inutile de
l’altérer pour le comprendre, puisque le mille d e .7 stades a une existence bien
reconnue; quan.§,à la fin du passage, qui esfcjévidèmment corrompue, elle a été
rétablie de plusieurs façons, toutes également inadmissibles Ce mille de 7 stades
est le mille Hébraïque, renfermant 7 stades de’ lept cents au degré; mais il faut
réduire les autres nombres de mesures d’un septième, pour avoir la valeur du
même mille en mesuresSEgyptiennes.
Le mille Hébraïque est donné comme égal à 6 stades par S. Épiphane ,
à 7, stades par Syrus (y), et à y stades seulement par Joseph, qui, dans un
autre endroit, semble aussi donner 6 stades (6). Ce mille est pourtant une mesure
qui n’a point varié (7) ; l’on sait qu’elle étoit constante et de 2000 coudées
légales, et que son institution étoit très-ancienne. On la nommoit beratli et
même aussi mil. Elle est appelée dans les Actes des Apôtres, ou limes
sabbatmus.
S. Epiphane évalue le chemin du sabbat à 2400 coudées : ainsi, quelle que
soit la coudée dont il s agit, elle devoit être à la coudée Hébraïque Jégale comme
5 à 6, puisque 2000 font les 4 de 24Ò0. Or la coudée Hébraïque, ainsi que
nous le verrons, est déterminée; par plusieurs voies différentes, à om,yy42 ; et
les 2^de cette mesure font om,462, c’est-à-dire, précisément la coudée Egyptienne:
telle est donc la coudée dont parle ici S.» Épiphane. Il en résulte que le mille est
de 1 io8mf .
(1) Herorecens èj./J/rr.(citâtiôhd’Ed. Bernard,p. 235.) (5) Ed. Bernard, pag. 2.4.0.
(2) Voyez ci-dessus, pag. 620. r (6) l i don n e ò s tad li.à la distance d e Jérusalem au
(3) P ag- -237. n « I n ni > mont des Oliviers, distance égale à Y iter sabbati cm n. {Ed.
(4) Voyez Hesych. Lexic. tomi I I , pag. 602. ( Lugd. Bern.)
Bat. 1766 ), et les notes des commentateurs. (7) Voye^ Ed. Bernard, pag. 2jp et ¿¿¡-r.
Le même donne 6 stades au mille Hébraïque. Si nous avons raisonné juste,
ces 6 stades doivent être de la même espèce que les coudées dont nous trouvons
que S. Épiphane a fait usage ; or 6 stades Égyptiens, formés de 4-0 ° coudées
Égyptiennes, font 1 1 o8m-j, aussi-bien ‘que 2000 coudées Hébrâïques^.c’est-à dire,
2000 fois om,y y 42. '
Rien n’est donc plus assuré que l’évaluation du mille des Hébreux à 1 io8mj .
Ce mille a 36 secondes terrestres ; il est de 10 au grand schoene Égyptien, et de
100 au degré. Sa longueur est de 600 orgyies d’Égypte ou de 3600 pieds (rj, &ç.
On voit que le mille Hébraïque n’est pas une mesure arbitraire et qui diffère
seulement des autres milles, comme nos milles Européens diffèrent l’un de l’autre;
mais que c’étoit une mesure puisée dans un système métrique établi (2).
On a dit, au commencement de cet article, que le mille des Juifs vaut 7,stades,
selon Syrus (3). Or le tableau général des mesures nous montre en effet qu’il équivaut
à ,7 stades de sept cents au degré ; cette espèce de stade est celle JonçEratos-
thène, Hipparqüe et Strabon, &c. ont fait usage, et elle étoit usitée du temps-des
auteurs Juifs.
Joseph appelle du nom de mvraçAAov l’espace qu’il y a entre Jérusalem et.le
mont des Oliviers, distance qui, dans les Actes des Apôtres, est donnée pour
égale à Xi ter sabbaticum : il y avoit donc, selon lui, y stades dans ,1e mille-Juif.
Notre tableau.fait voir aussiAqu’il y a dans ce mille y stades de cinq cents au
degré ou de Ptolémée. Le même Joseph donne tailleurs 6 stages à cette même
distance, ainsi que S. Épiphane ; c'e sont des stades Égyptiens, comme on l’a vu
plus haut. jgjfo
Enfin, par‘plusieurs passages que cite Éd. Bernard,/Mg-. 2 3 8 , on sait que les
Juifs comptoient aussi 7 stades 4 à leur mille ; nous voyons dans Ë j tableau que
le mille Hébraïque se compose de 7 stades 4 de sept cent cinquante au degré.
C’est justement le stade Juif appelé rous. Toutes les contradictions apparentes
sont donc pleinement levées par notre détermination du mille Hébraïque ; ce qui,
d’un autre côté/ confirme la valeur assignée à la coudée légale des Hébreux. «
Éd. Bernard, p a g l 2 3 8 , semble distinguer le m ilitare Talm udicum et le mille Hébraïque,
faisant le premier égal au mille Romain : mais le mille Talmudique,,dont
il est parlé dans S. Mathieu (ch. y , y. 4 1 . &c,), n’est autre que le mille Hébraïque,
et Éd. Bernard lui-même le prouve en lui donnant pour valeur 7 risa 4 :
car le millej-Romain ne contient 7 fois 4 aucun stade “connu : mais le mille
Hébreu renferme en effet 7 stades 4 , et ce stade est précisément le reis ou stadium
Talm udicum .
Le mille Hébreu, ainsi que les autres, devoit son nom à ce qu’il contenoit mille
fois une certaine mesure de pas : or cette mesure étoit de 2 coudées ou un pas
(1) Voyei le tableau général des mesures. vent saisi et comme deviné la vérité, sans prendre soin
(2) Après avpir déterminé ainsi la valeur du mille de T alle r découvrir: c’est celle-ci qui alloit, pour ainsi
Hébraïque, j’ai trouvé que d’Anville lui avoit supposé dire, à sa rëncontre;,marque infaillible d’un jugement
une égale valeur: mais cet habile homme n’en a donné droit et d’un esprit plein de sagacité.
aucune preuve ; il n’a rapporté qu’un seul passage, dont (3) Ed. Bernard} pag, 240. V o y e z A c t . A p o s t. cap. 1 f
il a même dissimulé les difficultés. C ’est ainsi qu’ il a sou- jt. 12.
A . L i l l a