
Après une description aussi détaillée des moeurs de ceux des Égyptiens qui
étoierit attachés à l’ordre sacerdotal, il seroit difficile de douter de l’habitude
laborieuse de leur vie. Iis étoient en quelque sorte contraints à chercher sans
cesse'de nouveaux sujets de spéculation : la philosophie naturelle et les etudes
de géométrie et d’arithmétique leur offraient un vaste champ d exercices ; et il
seroit bien extraordinaire qu’ils ne fussent pas parvenus a ces propositions élémentaires
que Thalès et Pythagore transportèrent dans la suite en Grèce, après avoir
voyagé en Egypte. Il seroit bien plus difficile d’expliquer comment ces vérités
simples leur auroient échappé. En effet, que l’on réfléchisse a 1 avantage qu un
corps savant, occupé de l’étude de la nature pendant une longue suite de siècles,
a sur des individus qui cultivent isolément les sciences ; qu’on examine seulement
les ouvrages remarquables que l’on d o it ,‘chez les modernes, a la patience des
corporations religieuses, et l’on aura une idée de ce quont pu faire, avec moins de
ressources à la vérité, mais dans un temps bien plus long, les collèges des pretres
Égyptiens.
Jamblique, auteur qui n’étoit pas moins versé que Porphyre dans la connois-
sance des Égyptiens, raconte ainsi l’arrivée et le séjour de Pythagore en Égypte:
« Pythagore partit de Milet pour Sidon, afin de passer ensuite en Égypte. 11 se
» fit initier d’abord aux mystères sacrés des Phéniciens, mystères origmaiies de
» l’Égypte : mais, se promettant de recueillir dans ce dernier pays des connois-
» sances plus belles et plus neuves, et suivant les avis de Thaïes son maître, il
» se hâta d’y passer avec le secours de quelques bateliers Égyptiens qui étoient
« arrivés à propos au rivage du Carme! ; il aborda sain et sauf sur la cote d Égypte,
» à une petite habitation. Pythagore visita avec beaucoup de soin les temples,
33 les prêtres et les prophètes ; il ne négligea rien de ce qui avoit alors quelque
33 réputation en Égypte, soit parmi les hommes distingues, soit sous le rapport des
33 initiations pratiquées de son temps ; il avoit coutume de se transporter par tout
33 où il espéroit apprendre quelque chose, et il sinstruisoit auprès de chacun des
33 sages. C’est ainsi qu’il passa vingt-deux ans en Égypte, apprenant, dans linte-
33 rieur même des sanctuaires des temples, et non légèrement ou au hasard, la
33 géométrie, l'astronomie, et le culte des dieux, jusqu’à ce que des soldats de Cam-
33 byse l’emmenèrent en captivité à Babylone ; douze ans après, il revint a Samos,
» âgé de soixante années (i). »
ìymnis prosequebantur. Reliquo tempore, contemplationibus
arithmeticis et geometricis vacantes, semper aliq u id elabo-
rabant atque excogitabant; in universumque in experientia
versabantur. Eâdem exercitatione uti in hyemalibus etiam
noctibus consueverant, studio litteraruminvigilantes,utpote
qui neque proventûs alicujus curam ullam haberent, e t à
servitute molestie dominée luxurioe liberi essent. Labor sanè
indefatigabilis et assiduus tolerantiam, cupiditatum omnium
vacuitas continentiam hominum manifestât. Quippe
q u i, cuín peregrinos mores et luxus evitarent, discedere qb
Ægypto unpium maxime esse censerent : solis enim iis id
licere videbatur, q u i negotia regia tractare essent coacti j
qui bus tamen etiam ipsis patriorum insti tu toru m tanta erat
cura, u t , s i violare ea vel paululùm fuissent deprehensi,
ejicerentur. A c vera quidem philosopbandi ratio a pud pro-
p hetas, et sacrificos, et scribas > necnon.etiam horologos,
servabatur. Ccetera vero sacerdotum et cedïtuorum et minis-
trorum inultiludo pure etiam ipsa et abstinenter vivit, non
ita exactâ tamen diligeniiâ -ut. illi. .A tq u e boec sunt quoe
de Æ g y p t iis à viro veritatis studioso et accurato, qui inter
stoico s non indniter, sed solide admodùm, philosophatus est,
prodita memorilefuerunt. (P o r p h y r .philos. D e abstinentia
ab esu animalium, Iib. IV , § . 8 , p. 3 18 et s e q .¡T ra je c t i
a d R h en u in , 1 7 6 7 . )
( 1 ) C e t t e trad u c tio n est su ccincte. V o ic i le texte entie
r , a v e c la v ersion L a tin e .
KE4 . y . . .’E%i70Hvoir liç vlv 2 rSivu • <pu<W n av-nv Ttu.TeJ.Jk.
mmiouiroç w cq, «j xxtxùg oio/MVog ixtîSiv avru puava vtv tiç
Plus
Plus loin, Jamblique s’exprime d’une manière encore plus précise sur les occupations
de Pythagore en Égypte : « On rapporte qu’il s’adonna particulièrement
33 à la géométrie chez les Egyptiens. En effet, les Égyptiens sont habitués à ré-
33 soudre beaucoup de.problèmes de géométrie, parce que, de temps immémorial,
33 il est nécessaire (à cause des débordemens du Nil) que toute la terre d’Égypte soit
33 mesurée exactement ; d’où vient le nom de géométrie. Us ne se sont point livrés
33 superficiellement, mais à fond, à l’observation des phénomènes célestes, science
33 où Pythagore se rendit habile. C’est de là que paroissent venir les théorèmes des
33 lignes (1) ; car on dit que c’est en Phénicie que les calculs et les nombres ont
33 été découverts : quelques-uns attribuent en commun la science du ciel aux Égyp-
33 tiens et aux Chaldéens. Pythagore ayant reçu toutes ces connoissances, les
33 poussa, dit-on, plus loin, et les enseigna d’une manière claire à ses disciples (2). 33
J’ai cité avec une sorte de complaisance plusieurs passages remarquables au sujet
des connoissances géométriques cultivées chez les Égyptiens, et j’ai insisté sur les
études que Pythagore fit en Égypte. En donnant à ces citations des développe-
Alywr^ov totoSttf JtcìSaaiv cvrauSa. JV qvft€et\ui -nigii Meoyov
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UtVùlV, Kit TlA€7HV T6)V OOTBffcAlOTIi ’tl/MOUtVUV, Kit 7BOTK
àStCùpwitv, tig ov àfixópuvog àti9» i» me/.T/ìortQpv tvpnoiv.
09tv 'ErgpV axavmg ovaog itpiag a.m<H//motv, atptxvpuvog orap
ixdgcp, ora 11V ootpòg txcKog. Avo Jtì xs/ì tixùoiv i n x a ia tiiV
JÌlyjxìov cv otìg àSduug Jliiixtotv àgpcvojuéìv, v.gl ytccf/A-
‘Tfav, E, putov/Mvog, «x* tmJpofJMg, *<fl' ¿>g imaag
9tav r tx tm g , iag voto mv TO KauCvnv aiyjMXu-neQtig
tig BaCuxàva. ótvn^flii , xaw? m g ìAcLyug àapÀvoig avvìia.-
•re*}.etg, refi ÓKTO/<Av9t/f l à OTtp’ aviug at/Mià, ^ 9tw Spnaxtla»
òvTtxtgdviv ixpufSeov, hfiD/uuv t ì xju puvotxHg Xj mv aAAtav
putdnpulmv t V ctXQpv ì‘a9&)v 7 ia f euìmg, ¿M a t ì ¿òiSixet avv-
Jìarep-iae t n , tig 'idpuv vmgpi'\*., me1 tx-nv fax ^ mvnxogòv fng h<Ai nypvag.
C a p . I l i A tq u e ita M ile to Sidonem solvit : illam
s ìbi majorem patriam esse persuasus, et inde fa c i l i in
AEgyptum transiturùs. Ib i versatus cum prophetis qui
A lo c h i , naturai ìnterpretis, posteri erant, et cum cieteris
Pìiceriicice hierophantis ; cunctisque initiis B ybli et T y r i,
ac iis quee iti multìs Syriie partibus singulari modo cele-
A .
brantur, sacrorum cæremoniis initiatus est : id quod non
fe c it superstitione induct u s , u t .quis simplicior suspicari
posset ; sed p otiùs ex amore contemplationis, veritusque
n e’ qu id ipsum pm te r ir et, quod in deórum arcanis sacris
mysteriisque sciri digrumi observaretur. Cùm autem Jam
antea Phamicum sacra ab Æ g y p t iis , colonice sobolisque insta
r , propagata nosset, adebquepulchriora magisque'divina ■
et illibata in Ægypto sibi initia promitteret, T haleiis
insuper prceceptoris su i mónita suspiciens, confis tini è
Phoenicia eh trajecit, portitorum quorumdam Ægyptioruin
ope, qui a d littus Carmelo Phamicum monti subjectum.opportunè
appuieront a d littora Æ g yp ti navem applic
u e r u n t i n d e a d vicina habitáculo incolumis pervenit.
C à p . IV . In te rea, dum obeundis templts omnibus maximum
studium examenque accuratum impendit, prophet as
et sacerdotes quibus usus est in sui amorem admjgaiio-
nemque- ex cita vit, e t , singulis exacte perceptis, -ñon prce-
termisit nosse etiam quidquid sua cetate celebre fo r e t , sive
viri essent sapientiâ nobiles, sive in itia quomodocumque
culta ; nec loca invisere abnùebat, in quibus sé inventurum
aliquid ampliùs putaverat : qua de causa a d omnes pro-
f ic tu s est sacerdotes ¡ apud quemque horum cum fru c tu
eruditus in ea , quam quisque tradebat, disciplina. I ta
viginfi duo anni in Æ g yp to absumpti ; dum in adytis
templorum astronomiam, geometriam, et omnium deoruin
in it ia , non per transennam autperfunctorii addidicitidonee
à Carnbysis milite in ter captivos Babylonem abduceretur j
ubi cum A I agis lubentibus ipse lubens versatus, illorum
studia religionemque p e r f id i imbibii, et numerorum musi-
cceque artis et aliarutn disciplinarian fastigium assecutus,
p o s t annos duodecìm Samum rediit, jam circiter sexaginta
annos natus. (Jambiteli. C h a lc id e n s is , ex C c e le s y ria , de
vita Pythagorica lib e r , grasce e t latine. Am s te lo d am i,
1 70 7 .)
( 1 ) T a u s e / ta? wtftftdg Sienpr/Mtra.li paroît qu’il s’ag it
ici des lignes ou d e la g éom é tr ie , e t non des chiffres.
(2) .................Atjpvffi <fî ytec/Mre/ag tuiitv f ín xAíiov ìm -
yUt Ali Sii’Of ■ smp’ Aiyu-xlíoig y t y otM¿ <©ej£A>i,ua?a yico/Mietag
t ç iv tWmj> ex. roAaiàv tit xjtz Stwv «fia Çtf Nî/ak gnpo-
tdimg it £ ¿faipínig àvàyxnv âviyovet na.au» f jn / tw f fn , fit
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