de cette coudée : ainsi la valeur de la coudée royale seroit de o L y z yA Mais, dans
ce calcul, la coudée commune n’auroit pas eu la division en 24 doigts, qui lui
est propre et essentielle (1).
Il reste une dernière supposition à faire, qui résout pleinement la difficulté ;
c’est que la coudée royale Babylonienne fût divisée en 30 doigts et chacun en
deux parties (2), dans un système de division sexagésimale. Si elle dépassoit de
3 doigts ou trentièmes la coudée commune, il faudra, pour la retrouver, ajouter
a la commune d elle-meme. Ajoutons donc à Q'",46 18 un neuvième ; la somme
est o“,_y 13 1 : or il se trouve que cette quantité est exactement la soixantième
partie du plèthre ou de la seconde terrestre dans la mesure Égyptienne, comme
le pièthrëfrétoit la soixantième partie du mille Égyptien, comme le mille est la
soixantième partie du degré, comme enfin (par la supposition même) le demi-doigt
étoit la soixantième partie de la coudée. La canne renfermoit 6 dé ces coudées.
La grandeur dont il s agit est la tierce du degré: terres Ire ; elle rentre tout-à-fait
dans J’échellç sexagésimale; elle explique des rapports complexes/comme celui
de 6 y qui existe entre la canne et la coudée commune Égyptiennes ; enfin elle
remplit une lacune de l’échelle métrique. Je reviendrai, à la fin de ce paragraphe,
sur cette coïncidence singulière; ici je me bornerai à dire que la valeur qui en
résulteroit pour la coudée Babylonienne, n’excède que de 3 millimétrés | celle d’un
ancien pied appelé Aliprand ou de Luitprand, égal, selon d’Anville (3), à om,yo94,
et en usage dans le Piémont. Le trabuc de Turin est égal à 6 de ces prétendus
pieds ; c’est précisément la longueur de la canne ou décapode Égyptien.
Ézechiel, enseignant aux Hebreux quelles sont les proportions du temple et
du sanctuaire, s’exprime ainsi, selon la version Latine : Istoe autem sunt ritensuræ
alUiris in cuhtis (sanctis): cubitus liic est cubitus commuais et quatuor digiti (4) ;';cV:st
'( [ ) ' On peut 'encore faire d’autres suppositions, mais rouille. A u , reste, la mesure de 540 millimètres i r n’est
qui nérsont pas plus satisfaisantes. La grande coudée de
Héron, ou la coudée royale Hachémique,’ a 32doigts; et
la coudee Hébraïque, 28 doigts +, c’est-à-dire, bien'près
de 29 doigts.' L’excès de la première sur l’autre seroit
.tlonc d’un peu plus de 3 doigts; mais Hérodote ne pou-
voit entendre la coudée Hébraïque par ynîyvç pkTe/.oc.
.Enfin, la coudée du Meqyâs, égale à o “ ,539, est de
4 doigts au-dessus de la coudée commune. Si on I’adop-
toif-pour la coudée Babylonienne, Hérodote auroit
compté un doigt'de moins qu’il ne falloit.
Au reste, la mesure rapportée pour cette coudée du
Meqyâs, dans la Décade Egyptienne ( tom. I I , pag. 278 ),
est de 0“ ,5 4 12 , tandis qu’élle n’a réellement que c r ^ o y
( voyei plus haut, pag. 585). Ic i elle est réduite d’un
millimètre à cause du rapport de 7 à 6 entre elle et
l’ancienne'coudée Égyptienne. L ’excédant actuel a pu
provenir de quelque altération dans la mesure usuelle,
d autant plus que les mesures vont toujours en s’alongçant
un peu , commele prouvent l’exemple de la toise du Châ-
telet et celui du pied Romain, aujourd’hui plus grand
qu autrefois dé plus de 2 millimètres. L a raison est que les-
ouvriers, quand ils étalonnent leur mesure, Ta font un
tant soit peu pins longue, pour enlever ensuite l’excédant
à la lime. S ’ils la fkisoient plus courte, il n’y auroit
plus de remède. Les mesures s’alongent encore par la
qu’une mesure moyenne.
(2) Héron nous apprend que je doigt ou l’unité [novaç]
se divisoit en deux parties et en trois parties: A¡aipi7m{ JV
011 /“ **’ 'A ï 5 **V üfMavKj veinv % ao/to (Analecta
Groeca, <l?c. tom. I , pag. 308. Paris, 1688. )
(3) D ’Anville (Mes . itin. pag..5 1 ) rapporte que 551
trabucs font 864 toises de France, d’après les cartes très-
exactes qu’on a levées en Sardaigne. C ’est, pour le trabuc,
3™,0562; et pour le pied Aliprand, om,5094. Il cite un
autre p ied, employé sur un:plan de Ca sai, de i d 6p° 8*
[o***, 5052]; c’est encore une mesure excessive pour un pied:
mais d’Anville adopte pour le pied Luitprand une granf.
denr plus petite, de i*‘ oi’° 21 1 , comme le 6,c du trabuc
de Milan, estimé par Riccioli à 6dt- ii’° 41.,'•mesure qui
_ auroit besoin, d’être vérifiée de nouveau. Peut-être découvrira
t-on pour l’ancien pied Aliprand une longueur plus
grande que om, 5op4*
En débitant que Luitprand, roi Lombard du V I I l.c
siècle, voulut que son pied servit d’étalon, les Milanais
ont renouvelé Ja fable que les Grecs avoient imaginée
..pour l’origine du pied Olympique, attribué par eux à
celui d’HercuIe \voyei pag. 5,72). Ici le prétendu .étalon
est encore plus extraordinaire que le pied d’HercuIe,
puisqu’il est presque double du pied naturel.
(4) Cap. 4o , y . 13. Voyez la version de la Polyglotte.
à-dire que cette coudée Hébraïque surpasse la coudée commune et profane d’un
sixième d’elle-même ou de 4.. de ses doigts, autrement d’un y .' de la coudée
commune. A o“,4 6 i 8 ajoutant un cinquième ou cT.oqazj, on a pour la somme
o”,yy4 2- Voilà la coudée Hébraïque sacrée, telle que nous l’avons déterminée
ci-dessus. Il ne reste donc pas d’incertitude sur le sens de ce passage, ni sur la
valeur, soit de la coudée sacrée, soit de la coudée commune, chez le.s Hébreux.
A la vérité, Èzéchiel ne dit pas expressément que cette coudée commune fût
usitée à Babylone : mais, si tel est en effet le sens de ce passage, comme on peut
l’admettre puisqu’il écrivoit en Chaldée, il n’en résulteroit aucune difficulté nouvelle
; car il pouvoit y avoir à Babylone deux mesures admises : la coudée populaire
et commune, et une autre coudée d’institution.
La plupart des savans modernes ont admis jusqu’ici, mais sans fondement,
l’identité absolue entre la coudée Égyptienne et la coudée Hébraïque'; la cause de
l’erreur est qu’ils n’ont pas distingué la coudée commune de l’autre. Les.,Juifs
faisoient sans doute usage de la première, qu’ils avoient puisée en Égypte, la
même que les Grecs ont adoptée. Quand l’Écriture et les commentateurs parlent
d’une coudée Hébraïque et d’une coudée Égyptienne égales, il est question de la
coudée commune, mais non de la coudée sacrée ou du sanctuaire, qui est celle
de Moïse, de Salomon et d’Ézéchiel, et plus grande d’un palme.
Cette analyse nous dispense de faire l’examen des opinions très-diverses qu’on
a avancées sur les coudées Hébraïque, Égyptienne et Babylonienne; et nous croyons
qu’aucun passage, à moins d’altération, ne peut manquer de s’expliquer clairement
par l’application des valeurs ci-dessus. Il resteroit à découvrir l’origine de
la coudée Hébraïque. On ne peut, à cet égard, que proposer des conjectures plus
ou moins vraisemblables : l’essentiel étoit d’en bien connoître la valeur absolue.et
relative (i). Contentons-nous de remarquer que le stade de cinq cents au degré
comprend quatre cents fois juste cette coudée, et qu’elle vaut un cinquième en
sus de la coudée commune. Cette mesure est-elle particulière aux Hébreux, ou
l’ont-ils reçue de quelque part! C’est ce qu’il ne paroît pas possible de découvrir;
mais il est certain que le stade avec lequel elle est dans un rapport si exact, est
lui-même enchaîné avec le système Égyptien.
Le pyk belady actuel surpasse cette même coudée Hébraïque de — , d’autant
que le pied Grec surpassoit le pied Romain, et que la coudée commune des
Égyptiens, des Babyloniens et des Grecs, surpassoit la coudée Romaine.
Il faut dire un mot sur les coudées Juives appelées et ,
qui ont embarrassé les savans (2). Je regarde comme la coudée des
Hébreux, ou de y palmes, la coudée commune Égyptienne de om,4éi8 ; car,
puisque la coudée légale valoit 1 j de la coudée commune, il suit que celle-ci
valoit -j- de l’autre ou y de ses palmes. Cette explication me paroît frappante : elle
prouve bien l’usage de la coudée commune ou Égyptienne chez les Juifs, quoiqu’elle
passât pour profane.
(1) L a mesure de 246 lignes, attribuée généralement ment d’accord avec la longueur que je lui ai assignée,
par les métrologues à la coudée Hébraïque, est parfaite- (2) Ed. Bernard, De pond, et merisuris, pag. 2 15-217.
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