C H A P I T R E XIII.
; Eclaircissemens et Recherches étymologiques.
L e s idées que nous allons proposer sur l’origine des noms dé plusieurs mesures
Égyptiennes, sont fondées sur des analogies et des rapprochemens dont plusieurs
nous ont paru neufs et assez vraisemblables pour être soumis àu jugement des
lecteurs : mais nous sommes loin de les présenter comme des étymologies certaines
; on est trop peu éclairé sur l’ancienne langue des Égyptiens, pour affirmer
quels étoient chez eux les véritables noms des mesures. Nous sentons d’ailleurs
combien ces recherches sont incomplètes et ont besoin de l’indulgence des
savans : notre but est seulement d établir que les noms de plusieurs mesures
Grecques paroissent appartenir à l’Orient aussi-bien que les mesurés elles-mêmes,
et d’appeler l’attention des lecteurs instruits sur une matière qui n’a pas été
encore envisagée sous un point de vue général.
§• I ."
DigìtllS, Palrnus [Attx/rvAsç , IUàolipî ].
? L a mesure du doigt, commune à presque toutes, les nations, semble appartenir
plus 'particulièrement a I Égypte, puisque le doigt métrique est un de ses hiéroglyphes
; c’est ce que nous apprend un fragment d’Horapollon : ¿VU/reAs«
ar/j&int. Hominis digitus dimensionem notât (t).
Il est à regretter que l’auteur de cet ouvrage, quel qu’il soit, ne soit pas entré
dans quelques détails au sujet de ce signe hiéroglyphique. Corneille de Pauw ne
donne pas de développemens ; il rappelle seulement cette explication de Pha-
sianinus, rapportée par David Hceschelius dans'ses notes sur Horapollon : Il/is
enim numerum comprehendere factlitis homines consiifverant. Jean Mercier, dans ses
notes, ne parle pas non plus de cet hiéroglyphe. Selon Héron, géomètre Égyptien,
\e doigt est une mesure élémentaire et l’unité de toutes les autres, Wfa xsu
KstAem) ; c’est la même idée que celle qui est exprimée par le passage d’Ho-
rapollon. Dans les Origines d Isidore, on voit que Je doigt est la plus petite des
mesures vulgaires (2).
Digitus vient de ¿Èx.toA9î , manifestement ; car J'wjt/ïuPaç (ou JW*.toAs«), exprimant
une mesure, s’écrivoit fréquemment en abrégé JW r , d’où dict et digt: avec
l’addition de la terminaison Latine et d’une voyelle pour l’euphonie, on a fait
digitus. Mais il est bien remarquable que le mot même de J'ìx.toAs« exprimoit à-
la-fois et le fruit.du dattier et la mesure appelée doigt. Il y a encore un même
rapport, en latin, entre digitus et dactylus ; enfin on le retrouve en français entre
(1) Hieroglyph. Iiv. i l , chap. 13, edit, de Pauw. Mais, (2) Digitus est minima pars âgrestium mensurarum,
au chapitre VI du même livre, le doigt désigne [’estomac. ( Isid. Hispai. Oper. pag. 226.)