Ainsi, quel que soit, sous un autre rapport, le mérite du savant Mémoire sur le
kilom ètre d ’Elcphantine, je ne pense pas que cette hypothèse soit admissible.
Le nombre de 883 pieds, attribué par Pline au côté de la grande pyramide, est
défectueux, comme on l’a déjà observé, et il a besoin d’être corrigé : mais il faut
être fort réservé sur les corrections de texte ; et la première condition pour les
admettre, c’est la parfaite vraisemblance et la simplicité. Ici, il suffit de supposer
qu’une L se sera introduite dans le vrai nombre de pieds, qui étoit d c c c x x x i i i .
Le pied étant de am,z jy i, si je multiplie cé nombre par 833, j’ai 230'",y4; ce qui
est la mesure du côté même de la pyramide, à moins d’un sixième de mètre près.
Ainsi, d’un côté, l’erreur n’a rien que de très-probable, et, de l’autre, la correction
coïncide parfaitement avec les résultats les plus exacts (1).
En jetant les yeux sur le tableau général des mesures, on trouve cette correction
en quelque sorte faite à l’avance. On y voit en effet qu’à la colonnejdû pied
de'Pline, la mesure égale au côté de la pyramide contient le nombre 833 j (2).
Cette remarque éclaircit encore le reste du passage de Pline. La base de la
pyramide a, dit-il, 8 jugères. Amplissima octo jugera obtinet soli. La surface de cette
base occupe environ ’22 jugères Romains de superficie : il est donc impossible
quil parle de la surface en cet endroit, ou du moins que le nombre octo ne soit
pas altéré. Quel est le sens de ce passage!
Les auteurs Latins ont généralement traduit et l’on traduit encore par jugère
le plèthre des auteurs Grecs : les 8 jugères pourroient n’être ainsi que la traduction
des 8 plèthres quHérodote a donnés au côté delà pyramide. Mais, de plus, si
1 on suppose un plèthre formé par 100 pieds de Pline, c’est-à-dire, égal à 27",71,
le côté de la pyramide en renferme 8 f ou or ces 8 plèthres (ou jugères) et
un tiers pouvoient fort bien se rendre par 8 jugères en nombre rond. Au reste,
il y a encore de ce passage une autre interprétation qui est également plausible
et que je présenterai ailleurs (3).
Le passage de Pomponius Mêla, selon lequel la pyramide a presque 4 jugères
de base et autant de hauteur, concourt à faire voir que les Latins employoient le
mot Atjugerum pour exprimer une mesure de longueur, aussi bien qu’une étendue
en surface ; ce, qui confirmerait notre explication de Pline. Quant à cette valeur
de 4 jugères, elle me semble encore traduite d’un nombre de 4 plèthres, c’est-à
dire, 4 o ° pieds, écrit mal-à-propos pour 400 coudées; nombre qui exprime la
hauteur oblique des faces, mais non leur base. Au reste, il est difficile de bien
rendre raison des valeurs données par Pomponius Mêla ; remarquons seulement
qu’elles sont la moitié de celles d’Hérodote.
En résumé, il y a, selon Pline, 73 7 pieds 5 au côté de la deuxième pyramide,
(1) Je dois rapporter ici l’extrait des manuscrits de la l x x x i i i ped.es. Ainsi les manuscrits ne varient pas
Bibliothèque du Roi que j’ai consultés, au nombre de sur les 83 pieds, mais seulement sur les centaines. Toutedix.
Tous sont d’accord sur la longueur de la seconde fois on peut admettre que i’addition d’une L une fois
pyramide et de la troisième ; savoir, 737 pieds -j et 363 : introduite dans un manuscrit se sera ensuite répétée dans
mais il y a des variations sur la longueur de la première. les autres.
Voici toutes les leçons: Mss. n.°* 6 797 , 6798, 6804, (2) Voyeç le Tableau général et comparé des mesures.
DCc c l x x x i 1 1 pedes ; n.°* 6801, 6802, 6804, septin- (3) V oyez le chapitre X I , des Me sures agraires,
gentos l x x x i i i ped ts ; n.°* 68.05 et 6806, octingentos
et 363 a Celui de la troisième : le rapport est le même que celui ;de 207™,9 et
102,n,3, valeurs des bases que j’ai mesurées extérieurement, et aussi des nombres
2 o4'",9 et I00”>7> qui expriment les bases proprement dites. La valeur ou pied de
Pline s’en déduit de ôm,2771.
Ce pied étoit trois cent soixante fois dans4le petit stade Égyptien de 9 9™ L ou
de 111 1 ) au degré ; le pied Romain a un quinzième en sus ; la coudée Égyptienne
le contient une fois et deux tiers ; 3 stades de six cents au degré le contiennent
deux mille fois. Ainsi le pied de Pline et le pied Égyptien sont entre eux
comme 9 et 10.
Ce pied est donc une' mesure déterminée à-la-fois par l’autorité de Pline, par
les monumens et par les rapports constituais de l’ancien système Égyptien : ailleurs
je parferai du stade et du mille en rapport avec cette mesure.
Le pied de Pline est encore la moitié de la coudée de om,5 543 > dont nous
parlerons bientôt; cette Coudée est la coudée Hébraïque, comprise quatnLcents
fois dans le stade de cinq cents au degré: elle est de 246 lignes, comme celle qui
a été admise par Greaves, Fréret, Bailly, Paücton et presque tous les critiques, et
qu’ils ont crue mal-à-propos être celle du Meqyâs ; elle l’excède de 6 lignes.
Elle est égale à un quart en sus de la coudée Romaine de o“,4 4 4 . formée
d’un pied Romain et demi. Or ce rapport est celui que Joseph et les auteurs Juifs
ont donné entre la coudée Hébraïque légale et la coudée Romaine. Cette coudée
étoit surnommée coudée du sanctuaire, parce qu’elle avoit servi à la construction
du tabernacle et du sanctuaire du temple bâti par Salomon, qui, l’un et l’autre,
en contenoient 20 sur chaque côté. Le pied dont Pline a usé est donc égal à la
spidiame de la coudée Hébraïque; mais celle-ci est bien «antérieure sans doute
à l’usage qu’on en a fait en transformant sa moitié en pied.
S. IV.
A u tre Démonstration de la Valeur du P ie d de P lin e, i
L e livre x x x j j de Pline, où sont données les dimensions de quatorze obélisques
Égyptiensfrconfirme absolument l’évaluation que j’ai donnée au pied dont
a usé cet auteur, et avec une précision que je n’aurois pas espéré trouver. Voici
quelques-uns des passages :
E/usdcm (Nuncoreus, fils de Sésostris) remanet et alius c . cubitorum iti Vaticano (1).
II est manifeste qu’il faut pedum au lieu de cubitorum. Cent pieds de Pline font,
selon moi, 27",71 ; or 27™,71 valent précisément 60 coudées Égyptiennes.^
Aujourd’hui l’obélisque appelé V aticanas, placé devant. Saint-Pierre, a 2 7"',y '*
c’est donc bien là l’obélisque dont parle Pline ; et le pied dont il use ici, est bien
de ora,2 7 7i.
Alcxandrioe statuit unum octoginta cubitorum Ptolemæus Philadelplms, quem exciderat
Ncctabis rex (2). Il faut encore ici pedum: 80 coudées, aussijbien que 100 coudées,
sortent de toute grandeur connue dans ces monumens, déjà si prodigieux quand
(1) Plin. Hist. nat. Iib. XXXVI, cap. 1 1. V o y e z ci-dessus, chap. IV , S • V i ,p ag. jy<?.
(2) lb'id, cap. 9.
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