les distances itinéraires des Égyptiens , aussi-bien que dans les auteurs. Enfin la
composition sexagésimale de trente et soixante stades au schoene appartient au système
métrique des Egyptiens. Quant au schoene de 4o stades, j’ai dit que c’étoit la
mesure d Hérodote ; et je regarde celui de 120 comme le schoene de l’Heptanomide.
Les rapprochemens qui précèdent suffisent pour faire concevoir comment les
auteurs ont attribué 30, 32, 4o, 60 et même 120 stades au schoene ; ce qui, au
premier abord, paroit presque impossible': on comprend aussi comment il se
trouve que le schoene répondoit en même temps à 4 milles, à 3 milles, à 3 milles -
et à 5 milles (1). Maintenant il est facile de comparer à des résultats aussi simple!
la confusion apparente des évaluations du schoenê en stades et en milles, données
par les auteurs, ainsi que la complication et l’incertitude des calculs qu’ont faits à
cet égard les métrologues. Le plus habile des géographes, d’Anville, s’est trompé
sur le rapport du schoene au mille ; et il a interprété arbitrairement une seule auto-
ÎÊjË nég%eant ou ne pouvant accorder les autres. C ’est par ce motif que la valeur
quil donne au schoene varie depuis 3024 toises jusqu’à 3078 toises, c’est-à-dire, de
5 4 toises, ou environ 108 mètres. Il établit la valeur précise et invariable du schoene
a 4 milles Romains, parce qu’il y a, dit-il, un lieu appelé Pentaschoenon entre Pé-
luse et Casius, et que l’Itinéraire marque vingt milles de Casius à Pentaschoenon,
et autant de Pentaschoenon à Péluse ; mais ce n’est là qu’un simple rapprochement
de mesures différentes d’espèce, qui ne signifie pas qu’il y eût précisément 5 schoenes,
comme 20 milles, depuis le lieu intermédiaire jusqu’à chacun des points extrêmes
(2) : une pareille dénomination n’exigeoit, pour être admise, qu’un accord
approximatif Le schoene d’Hérodote vaioit plus de 4 milles Romains ; le petit
schoene ne valoit que 3 milles | ; Au reste, d’Anville n’a pas cité le passage de Pline
qui porte le schoene à 5 milles ( 3 ), ni celui qui le fixe à 30 stades de huit au mille.
D un autre côté, d’Anville établit le mille Romain à 756 toises, et par conséquent
le schoene à 3024 toises, et. il regarde le schoene comme toujours composé
de 60 petits stades Égyptiens, de quatre cent mille à la circonférence terrestre;
mais la soixantième partie de 3024' n’est que yo‘,4, et le stade de quatre cent mille
vaut 5 1 ‘,i8 . D ’Anville lui-même a fixé ce stade*à 5 1 ‘,3. Soixante mesures pareilles
donnent pour le schoene 3078 toises, et il.use aussi quelque.part de cette
évaluation. D autres fois il s’arrête à 3060 toises, apparemment comme à un terme
moyen, et sans avertir des motifs qui le déterminent. On voit dans quel vague étoit
restée l’évaluation de cette mesure Égyptienne.
Il en étoit de même de la parasange proprement dite : on a attribué à cette
mesure une multitude d# valeurs en stades; mais elles se Réduisent toutes en effet
a celle d e^ o stades de l’espèce qui est sept cent cinquante fois au degré, ou de
dix au mille Romain. C?stade est fort ancien dans l’Orient, et d’Anville en a fait
voir 1 existence incontestable ; il faut ajouter que c’est le rous ou stade des Hébreux.
(1) On pourroit supposer un’e mesure qui seroit exacte- le schoene ¿‘Hérodote, pour qu’on se dispense de créer
ment de 32 stades de six cents au degré, de 4 milles Ro- une mesure nouvelle. ( Voyel page 648. )
mams, et 40 stades de sept cent cinquante au degré ; . (2) D’Anville, T raité des mesures ¡cinéraires.
elle sera,, égalé a 59.1 mètres. Mais les valeurs de 40 et (3) Voyez ci-dessus, pag. 648, note 4.
32 stades se retrouvent d’une manière assez exacte dans
La parasange est essentiellement de 30 stades et de 3 milles : c’est pour cela que
le petit schoene, qui a aussi 30 stades, fut appelé parasange, comme on l’a déjà observé
(1). Ce double rapport prouve que le stade qui compose la parasange Persane,
est de dix au mille. Reste donc à montrer qu’il s’agit du mille Romain : mais
cela est prouvé par l’étude de la marche des Grecs dans Xénophon, et aussi par la
comparaison de la parasange à 4 milles Hébraïques; car 4 de ces milles font juste
-3 milles Romains (2).
A P P L I C A T IO N S E T Î C L A I R C I S S E M E N S .
Il seroit presque impossible de concevoir la distance donnée par el-Edrysy (3),
de Memphis au Delta, si l’on ne considéroit ce qui a été dit plus haut sur l’analogie
du schoene et de la'pàrasange. En effet, el-Edrysy dit que cette distance est de 3 pa-
rasanges : or il y en a 1 o de la mesure commune, des ruines de Memphis au Ventre
de la Vache, point qui est à la tête du Delta d’aujourd’hui ; et il 'y en a 7 4 jusqu’à
l’ancien sommet du Delta: mais cette erreur n’est qu’apparente. Les 7 parasanges
et 4 font justement 3 grands schoenes de 1 1083 mètres. El-Edrysy a donc confondu
la parasange avec le schoene. Il est utile de rappeler ici que Strabon avoit marqué
lui-même 3 schoenes entre Memphis et le Delta (4 ).
La parasange paroît avoir augmenté de valeur depuis les temps anciens. D ’Anville
(y) dit qu’il se trouve des mesures de parasanges composées de 3 milles, chacun
de cinquante au degré. Voici, ce me semble, la raison pour laquelle une pareille
mesure porte le nom de parasange ; raison qu’il ne donne pas: c’est qu’elle équivaut
à 30 stades, mais d’un stade employé plus tard, celui de cinq cents au degré, dont
Ptolémée et Marin deTyr ont fait continuellement usage. En effet, 3 degrés divisés
par yo font 66yo mètres, c’est-à-dire, justement 30 stades de 22 1,n,67 ou de
cinq cents au degré; il étoit de l’essence de la parasange d’avoir toujours 30 stades
de mesure. On voit, dans la relation d’OIéarius, que la parasange représente y werst's,
mesure de Russie d’environ quatre-vingt-six au degré, égale, selon d’Anville, au
mille Grec moderne : c’est la même mesure que ci-dessus ; car le rapport de y à
86 est le même que celui de 3 à yo. II ne s’en faut que de yj-j- Enfin d’Anville
cite Cherf el-Dyn qui marque 76 parasanges de Samarkand à Otrar : cette distance
répond à un arc de grand cercle de 4 ° t sur les tables Persanes, et c’est aussi la
distance que je trouve sur les cartes. C’est, pour la parasange, ou j-^— , c’esî-
à-dire, às fort, peu près ; cette valeur seroit même parfaitement exacte, en ajoutant
quelque chose à la mesure de 4 ° t . v u que Samarkand et Otrar‘ne sont pas
tout-à-fait sous le même méridien (6).
Nous pouvons donner encore quelques exemples de la facilité que présentent;
nos résultats pour expliquer les passages des auteurs; citons d’abord Julien l’architecte,
qui attribue 4 ° stades à la parasange, dans un fragment curieux, que
Casaubon a rapporté au commentaire sur le XL' livre de Strabon. Le plus grand
( 1 ) Voye^ ci-dessus, pag. 650. (4 ) Voyr^ pag. 647.
(2) Voye^ pag. 649 et 65 J. (5) Traité des mesures itinéraires, pag. 95. ,
(3) E l-E d r y s y , Geogr. JVub, ex arab. in latin, vers,. (6) Samarkand* est par les 390 la titud e environ;
P a r is iis , 16 19 . * O t r a r , par les 430 j .