métrique usuelle t toit à la portée de la main, et l’unité de mesure itinéraire étoit la
ligne de milieu de la pyramide ; celle-ci peut-être étoit gravée sur le revêtement
lui-même.
On trouve que la distance horizontale de l’apothème, au centre de l’ouverture
de la pyramide, est de 4 “>7 °> environ 1 y pieds Egyptiens ou 10 coudées. Si
l’on avoit mis l’ouverture au milieu de la face, la chambre n’auroit pas été
au centre de l’édifice, et l’axe de cette chambre n’auroit pas été le même que
celui de la pyramide. Il a fallu un bien grand soin d’exécution pour placer l’ouverture
à cette distance précise de l’apòthème, de manière que la chambre à laquelle
conduit cette issue, fût au milieu même de la pyramide, et que son axe se
confondît avec celui du monument. Strabon avoit lui-même connu ce fait singulier
de la déviation de l’ouverture. En parlant des deux grandes pyramides, il dit qu’il
y a une pierre mobile presque au milieu des faces, à une certaine hauteur, et qu’en
ôtant cette pierre on trouve un canal oblique et étroit qui conduit jusqu’au tombeau
(1). Par ces mots, /uioui imi nSi mXevpav, il faut entendre évidemment, non
le centre des faces, mais la ligne de milieu du triangle, ou l’apothème.
Il se trouve encore que le faux plafond de la chambre du Roi est au tiers de la
hauteur de la pyramide , c’est-à-dire, au centre de gravité du triangle de la coupe ;
et ce qu’il y a de remarquable, c’est qu’à ce point correspond précisément la voûte
plate qui sert de décharge à la chambre contre le poids immense de la masse
supérieure : cette espèce de voûte a été découverte en dernier lieu par MM. Le Père
et Couteile.
A u reste, la difficulté d’établir sur le terrain l’alignement de la méridienne dans
une aussi grande longueur a dû être considérable ; et elle seroit aujourd’hui même
assez grande, malgré la perfection de nos instrumens. On ne sait point assez jusqu’à
quel point la pyramide suppose d’adresse, de savoir et d’habitude de construction
de la part de ses auteurs, et c’est bien à tort qu’on l’a regardée comme un ouvrage
sans art : la galerie haute, longue de plus d e 13y pieds, construite avec un appareil
d’une rare précision, la chambre du Roi et le vestibule revêtus en granit
avec un soin admirable, suffiroient pour détruire cette opinion. Nous reviendrons
ailleurs sur cette curieuse matière : bornons-nous à ajouter ici que l’observatoire
d’Uranibourg n’étoit pas plus exactement orienté que la pyramide, puisque Tycho
s!étoit trompé de 18 minutes (2). Encore la déviation de 20 minutes que l’on
trouve aujourd’hui entre la direction du côté de la pyramide et le méridien,
peut-elle être attribuée en partie à l’état de dégradation actuel, autant qu’à l’erreur
des observateurs qui ont tracé sur le terrain cette grande ligne méridienne. Une
déviation de 3 décimètres suffisoit pour produire un écart de 20 minutes.
On trouve dans les pyramides, autres que la grande, plusieurs dimensions qui
(1 ) d£ tV w>|*i/Movç m ç toV 7ifitvpay ki'&ov i^cupteipur ■ (2) Selon Picard. Au reste, Lalande pense que Picard
¿Putriti Jì oveify tri attoxicL ¡mudi n ç (Strab. Geogr. s’est trompé en prenant une tour d’Elseneur pour une
lib. X V I I , pag. 555.) autre, ainsi que l'assure M. Augustin dans le tome X II
C e passage a été traduit et compris d’une manière dé- des anciens Mémoires de l’académie de Copenhague
fectueuse. On a cru que cette ouverture étoit.au milieu ( Connoissance des temps, an 13 , page 265 ).
de la face, tandis qu’elle n’est qu’au douzième de la hauteur.
D E S A N C I E N S É G Y P T I E N S . ç 2 Ç
i
coïncident avec les précédentes ; mais il paroît qu’elle est la seule où l’on ait affecté
la précision extrême des mesures.
Le fossé de la seconde pyramide a 32m,4 de largeur ; le côté de chacune des
deux pyramides à degrés, 3 1“,6 ; l’entrée du temple situé dans la troisième pyramide,
31 mètres. Ces trois dimensions, que j’ai mesurées moi-même, et qui
doivent être plutôt, un peu fortes que trop foibles, à cause des décombres qui
embarrassent les extrémités; ces dimensions, dis-je, représentent assez bien un
plèthre de 100 pieds Egyptiens,- ou 30",-80.
La hauteur de la pyramide à degrés est de 18”,60.
Le fossé de la première pyramide est de 18”,60.
Ces deux nombres expriment une mesure de 60 pieds Égyptiens, qui, exactement,
feroient 18™,47.
§. V I I .
Application des Résultats prêcédens à l ’interprétation des anciens Auteurs.
H érodote donne 8 plèthres de basé à la grande pyramide : nous trouvons à
cette base un stade et quart ; ce qui fait 7 y o pieds : or le plèthre étoit de 100 pieds,
et il étoit compris six fois dans le stade ; la base a donc 7 plèthres et demi. Il
paroît que cet auteur a voulu employer un nombre rond. On disoit peut-être
communément ; « La pyramide- a 7 à 8 plèthres. » Ce qui rendroit cette idée
plausible, c’est que Diodore attribue à cétte même base 7 plèthres de longueur.
Hérodote compte aussi 8 plèthres dans la hauteur ; mais Diodore donne
seulement? un peu plus de 6 plèthres. Comme nous l’avons vu (1), cette dernière
mesure est très-exacte ; il seroit difficile d’expliquer l’autre, à moins de supposer
qu’Hérodote entendoit la hauteur de la pyràmide depuis le fond du canal, où,
suivant lui, on avoit amené les eaux du fleuve.
Pline attribue 883 [ d c c c l x x x i i i ] pieds à la base de la grande pyramide (2) :
cette mesure est parfaitement exacte, si l’on admet que le chiffre l se sera glissé
dans les copies des manuscrits; car 833 fois 1 (mesure du pied de Pline,
comme on le fait voir chap. i v et chap. VI de ce Mémoire) répondent à 230”,902,
qui est la longueur exacte de la base.
Le même Pline, à l’occasion de la grande pyramide, s’exprime ainsi : Altitudoà
cacumine pedes xv-s ; c’est la partie la plus embarrassante de tout le passage. Les éditeurs
ont corrigé altitudo en latitudo, et l’on a entendu cette dhnension de la largeur
d’une plate-forme supérieure. Je trouve cette correction plausible ; car les quinze
pieds et demi de Pline font 4 ”>3 °> 011 plus de 9 coudées. Quelques savans proposent
de lire x x v au lieu de xv -s (3). Du temps de Diodore, la plate-forme
n’avoit que 6 coudées (4 ) ; aujourd’hui elle en a près de 22. Il est naturel de penser
(1) Voyez «»dessus, pag. 520. ped. X V ; n.° 6803, ped. x v u ; n.° 6804, ped. X V -Sj
(2) His t. natur. lib. X XXVI, cap. 12. n.°* 6805 et 6806, ped Txv -S : les n.°* 6799 et 6800
(3) V o ic i l’extrait des manuscrits que j’ai consultés à finissent au trente-deuxième livre. L a leçon pid. x v - s
la Bibliothèque du Ro i: Mss. n.° 67 9 7 ,/«y/. x K,*n.° 6798, est celle qui a prévalu.
ped. x v i l ( les deux derniers chiffres ont été ajoutés après (4) Diodore dit que la pyramide étoit intacte de son
coup par une autre main); n.°68ot ,ped. XV II s n.° 6802, temps. I l n’en faudrait pas cependant conclure qu’il a