petite chambre a-peu-pres carrée, de seize décimètres de côté, ouverte au sud, et
dont les murs, composés dassises régulières de grès, paroissent avoir été liés autrefois
à des édifices adjacens. Le parement intérieur de celui qui forme le fond de
cette espèce de réduit , est encore charge d hiéroglyphes et d’un tableau allégorique,
où l’on distingue une figure de femme versant de l’eau sur une plante de
lotus. Je reconnus en outre, par les arrachemens qui terminent ce mur et le mur
parallèle, que 1 un et 1 autre se prolongeoient vers l’est perpendiculairement au
fleuve; direction suivant laquelle, à partir du pavé de la chambre, le sol couvert
de décombres sinclinoit jusqu’au sommet du mur de revêtement.
Le soin mis dans la construction de cette chambre, malgré son peu d’étendue,
me convainquit quelle avoit appartenu à quelque monument important; et je
jugeai, tant par sa position relativement à l’entrée de l’aqueduc, que par l’allégorie
sculptee sur 1 une de ses parois, qu en suivant l’issue qu’elle présentoit à l’est, on
devoit arriver sur la bouche du puits que je supposois toujours servir de nilomètre.
Ces conjectures réunies étoient plus que suffisantes pour me déterminer à
pousser mes recherches plus loin. Je fis en conséquence enlever les décombres
sous lesquels on pouvoit espérer de retrouver les restes de cet ancien édifice.
On ne tarda pas à reconnoître qu’il étoit composé de deux galeries rampantes,
disposées entre elles a angles droits, ou plutôt d’un seul escalier qui, partant de
la chambre que j ai décrite, se dirigeoit d’abord perpendiculairement au mur du
quai, parallèlement auquel il descendoit ensuite jusqu’à la porte ouverte sur le
fleuve (planche 3 3 , fig. 7) ; de sorte que, n’ayant point trouvé le puits vertical
à 1 existence duquel j avois jusqu alors attaché celle du nilomètre, j’aurois été porté
à croire que cet escalier ne servoit qu'à conduire au bord du Nil, si la découverte
des mesures qui indiquoient 1 accroissement du fleuve, tracées sur l’une des parois de
la galerie inférieure, n eût démontré que cet édifice avoit une destination particulière,
et quil etoit véritablement le nilomètre dont les anciens ont fait mention.
On conçoit, en effet, quen restreignant l’idée de puits à celle d’un réservoir
revêtu de parois verticales, je m’étois assujetti à une condition gratuite, puisque
cette idee, prise dans toute son étendue, est indépendante de l’inclinaison plus
ou moins grande des parois du réservoir auquel on l’applique.
Je viens d exposer sommairement les motifs qui m’ont déterminé à entreprendre
la recherche du nilometre dÉléphantine ; j’ai rapporté les observations successives
qui m ont dirigé dans cette recherche; et ce que j’ai dit, suffit pour en faire
apprécier le succès. Il me reste maintenant à faire voir comment la découverte de
ce monument fournit la solution des deux questions énoncées au commencement
de ce Mémoire; et ceci exige que j’en fasse, avant d’aller plus loin, une description
plus détaillée.
Lespece de chambre par laquelle on y étoit introduit, n’est, en effet, que le
palier supérieur dun escalier de 1 y décimètres de largeur entre deux murs verticaux.
On descend d abord dix-neuf degrés, formant ensemble une hauteur verticale
de 3 mètres, et Ion arrive sur un second palier de 7 mètres de long, à
I extremite nord-est duquel on remarque une porte qui paroît avoir servi de
communication avec un bâtiment voisin. On descend ensuite vingt-trois autres
marches formant une hauteur de 3 y y centimètres; on se trouve alors immédiatement
derrière le mur de quai sur un troisième palier rectangulaire, d’où l’on passe,
en tournant carrément à gauche, dans la seconde partie de l’escalier parallèle à ce
mur. Cette seconde partie, qui diffère de la première en ce qu’elle est de 2 décimètres
plus étroite, est composée de cinquante - trois marches, ayant ensemble
8 mètres de hauteur. Elle conduit sur un quatrième et dernier palier, qui se trouve
précisément de niveau avec le seuil de la porte ouverte sur le fleuve, à 17 mètres
5 y centimètres au-dessous du pavé de la chambre supérieure. (Planche 33, fig. 1.)
On se formera une idée exacte du plan de tout le nilomètre, si l’on conçoit
un escalier construit sur les côtés d’un angle droit, dont le premier, perpendiculaire
au cours du N il, a 23 mètres 6y centimètres de longueur, et le second
171 décimètres seulement.
Il est à remarquer cependant que la trace horizontale du premier côté de cet
angle est mixtiligne, et présente, dans une partie de sa longueur, un arc de courbe
de y décimètres de flèche sous-tendu par une corde de 12 mètres, irrégularité
dont il est aujourd’hui difficile de rendre raison.
Tous les murs latéraux de cet édifice sont construits d’assises horizontales et
régulières de blocs de grès équarris : leur parement est bien conservé dans les
parties qui sont restées constamment à sec ; mais on y remarque quelques exfoliations
là où il s’est trouvé enfoui sous les décombres, et où les eaux ont pu le
submerger et le laisser à découvert alternativement.
De grands sommiers de grès et de granit posés les uns à côté des autres, et
dont les extrémités portoient sur les murs de cette galerie, formoient autrefois,
dans toute sa longueur, un plafond continu. Sa partie en retour parallèlement
au mur de quai, étoit éclairée par deux fenêtres, ou plutôt deux abat-jours pratiqués
dans ce mur, le premier à 97 décimètres de distance horizontale du troisième
palier, le second à 3 mètres au-delà ; enfin, lors des basses eaux, elle
recevoit encore le jour par la porte ouverte sur le fleuve. (Planche 33 ,Jig. 2. )
Tout ce que je viens de décrire avoit été observé avec le plus grand soin ,
lorsqu’en faisant nettoyer la paroi de l’escalier opposée au mur de quai, je découvris,
gravée sur cette paroi, une rainure verticale comprise entre deux lignes parallèles
, distantes l’une de l’autre de 7 à 8 centimètres, et portant deux grandes
divisions, dont chacune étoit sous-divisée en quatorze parties. (Planche 33 , fig. j .'j
Ces deux premières divisions se trouvent à 97 décimètres de distance horizontale
du troisième palier, et précisément en face de la première fenêtre pratiquée
dans le mur de quai.
Je trouvai à 3 mètres plus loin en descendant, c’est-à-dire, en face de la
deuxième fenêtre, une seconde rainure verticale de même longueur que la première,
et.semblablcment divisée.
Enfin , en continuant de descendre, je remarquai encore une troisième rainure
correspondante à l’ouverture de la porte sur le Nil. Celle-ci diffère des deux
précédentes, en ce qu’elle porte trois grandes divisions au lieu de deux.