venue d e j Urient plus de huit siècles avant ie règne de Sésostris, l'histoire nous a
laissé ignbrer si ce fut l’esprit de conquête , ou la nécessité de fiiir un ennemi
puissant, qui porta ce peuple à envahir les terres fertiles qu’arrose le Nil. Mais
on peut d après les principes précédens,présumer queles conquêtes des Assyriens*
en s «endant au sud de l’Euphrate, auront fait refluer sur J’Égypte les nombreuses
tribus d Arabes Bédouins qui occupoient une partie de la Syrie et de l’Arabie!
e. opmion est confirmée par 1e témoignage de Manéthon. Il rapporte que ie
premier roi pasteur qui régna en Egypte, craignant la puissance des Assyriens, plaça
la plus grande partie de son armée sur la frontière de la Syrie.
Lçs pasteurs Arabes, pendant leur longue possession de l'Egypte, adoptèrent en
viiin la plupart des rites de la religion Égyptienne : la conservation de quelques-uns
de leurs dogmes, et sur-tout leur alliance avec les tribus du désert qui continuoient
de sacrifier aux dieux les animaux sacrés des Égyptiens , les firent regarder avec
horreur par les naturels du pays.
Une maladie qui devint alors plus commune en Égypte, parce que les vainqueurs
négligèrent peut-être les principes d’hygiène consacrés par la religion
Egyptienne pour diminuer l’influence d’un climat malsain, la lèpre, fut appelée
par les anciens habitans le mal des pasteurs, de même que les Napolitains donnèrent,
dans le quinzième siècle ,1e nom de notre nation à une maladie nouvelle,
par suite de la haine qu’ils nous portoient. Les noms dt.Lépreux ou d'impurs dont
les .Egyptiens se.servoient en secret pour désigner leurs vainqueurs, ont entraîné
dans de graves erreurs les historiens, qui ont cru qu’il s’agissoit réellement degens
anectes de la lèpre; comme si des infirmes, des malades, pouvoient se réunir
en corps de nation et former de puissantes ai mées !
, Le.s J0“ léSi£imes de E g y p te , retirés dans la Thébaide, y.avoient formé un
état indépendant. L ’un d’eux, nommé Alisphragmoutoplis, aidé peut-être par
les Ethiopiens, et appelé par les mécontens, descendit vers Memphis,remporta
de grands avantages sur les Arabes, et les obligea de concentrer leurs forces
dans Avaris, ville tres-forte de la province la plus orientale de la basse Égypte.
an moins autant.de confiance que les réc its , quoique
plus anciens, d'Hérodote et de Diodore. Quelque grande
qu ait pu etre la complaisance des prêtres Égyptiens pour
Hérodote, les renseignemens qu’il recueillit d’eux sur
l ’histoire d É g yp te , ne peuvent se comparer au travail
extrait directement des manuscrits originaux par l’homme
q u i, chargé de leur conservation, a pu les comparer, les
consulter, les étudier avec soin, sans être pressé par le
temps, comme un voyageur qui passe rapidement et veut
tout connoïtre du pays qu’il parcourt, histoire, philosophie,
coutumes, géographie, histoire naturelle, & c .
L e savant interprète-d’Hérodote, M . Larcher, entraîné
par un sentiment d’affection commun à plus d’un
traducteur, accuse Manethon d’ignoran.ce toutes les fois
que cet historien cesse d’être d'accord avec Hérodote.
I l ne fait pas attention que Manéthon connoissoit les
ouvrages de ce dernier, qu’il y relève plusieurs erreurs,
et qu’ainsi, du moins, ce n’est pas par ignorance qu’il
s en écarte. Enfin M . Larcher accorde la connoissance de
l’ancienne langue de l’É gypte au citoyen d’Halicarnasse.
et la refuse au grand-prêtre d’Héliopolis. II l’accorde au
premier, parce que ce voyageur rapporte que les prêtres
Egyptiens lui furent les annales de leur pays;, comme si
ces prêtres n’avoient pu lui interpréter en grec les passages
les plus remarquahlès des manuscrits qu’ils fui montraient!
II la refuse à Manéthon à cause du temps où il v iv o it ,
et cependant le monument de Rosette prouve q u e , sous
t a Ptolémées, la langue ancienne, et même l’écriture
hiéroglyphique, étoient encore connues des prêtres Égyp-
tiens.
Enfin cette objection répétée tantde fois, que Manéthon
n avoit pu consulter les annales sacrées enlevées par Ar-
taxerxès-Ochus, lorsque ce prince ravagea l’Égypte dans
la CV1I.C olympiade, tombe d’elle-même, si l’on fait attention
que D iod ore , qui nous apprend ce fait, ajoute que
Bagoas, fa vori d ’A rtaxerxès, rendit aux prêtres Égyptiens
leurs archives, moyennant une très-forte somme.
C ’est
D E S H É B R E U X E N . E G Y P T E . 3 0 3
C ’est à cette époque que se termine, à proprement parler, le règne des rois
pasteurs en Égypte | cinq siècles environ après l’établissement de leur dynastie
sur le trône des Pharaons. Si les prêtres de Memphis, d’Héliopolis ou de Thèbes ,
ne parlèrent point de ces princes à Hérodote, c’est sans doute parce que, les
considérant comme des usurpateurs,, ils mettoient au nombre des rois de i’Égypte
les princes de race Égyptienne qui avoient régné dans la Thébaïde pendant le
même espace de temps.
Thémosis, fils et successeur d’Alisphragmoutophis, assiégea dans Avaris les
débris de l’armée des pasteurs ; mais, ne pouvant s’en rendre maître, il consentit
à ce que la garnison sortît d’Égypte avec tout ce qu’elle possédoit.
Ces pasteurs traversèrent le désert de Syrie, et, craignant les Assyriens, alors
tout-puissans en Asie-, ils s établirent dans les montagnes de la Judée, où ils
fondèrent la ville de Jérusalem (i) : mais la partie de la nation qu’une longue
possession de l’Égypte avoit dû disséminer dans toutes les provinces, fut obligée
de se soumettre, et de recevoir à son tour la loi du vainqueur.
Les Hébreux, qui, en raison de leur origine et de la conformité de leurs moeurs
avec celles des pasteurs, avoient trouvé précédemment en Égypte asile et protection,
continuèrent d’habiter cette contrée. Ils partagèrent le sort des vaincus,«
furent confondus dans la même haine par les nationaux, qui désignèrent alors
ouvertement les uns et les autres par les noms d’Impurs ou de Lépreux.
Les Impurs, dénomination sous laquelle on comprenoit aussi les Égyptiens qui
avoient adopté quelques pratiques religieuses des pasteurs, jouirent néanmoins en
Égypte d’une certaine liberté, jusqu’au règne d’Aménophis, père du célèbre Sésos
tris. Peut-etre meme avoit-on abandonne a quelques-unes de leurs tribus de petits
cantons peu importans sur la limite du désert, ou dans les marais de la basse
Egypte, comme cela se pratique encore de nos jours avec les Bédouins. Aménophis,
excité par les pretres, crut se rendre agréable aux dieux en persécutant les pasteurs
et tous les Égyptiens dont la foi ne lui paroissoit pas orthodoxe : il en fit rassembler
un grand nombre, qu’il employa au travail des carrières du mont Moqatam.
Quelques terreurs superstitieuses déterminèrent ensuite Aménophis à permettre
à tous ces malheureux de se retirer dans la vallée de Gessen. Là ils choisirent
pour chef un pretre dHeliopolis, nommé Osarsiph, qui avoit été exilé parmi
eux, sans doute pour ses opinions religieuses. D ’autres prêtres Égyptiens, qui parta-
geoient ses principes, vinrent se joindre à lui, et ils furent suivis de toutes les
personnes qui, pensant de même, fuyoient la persécution ou en craignoient de
nouvelles. Osarsiph donna à cette multitude de schismatiques Égyptiens et de gens
de la race des pasteurs une religion particulière, qui dut être un mélange de celles
des deux peuples. Il leur ordonna de ne s’allier qu’entre eux; et, afin d’empêcher
toute réconciliation avec les Égyptiens, il leur permit de manger des animaux qui
passoient pour sacrés, chez ce peuple, et leur prescrivit de détruire les simulacres
des dieux de l’Égypte.
(1) Cette v ille , en e f fe t, existoit déjà lorsque les
Israélites, après la mort de M o ïse, entrèrent dans la
terre de Chanaan, et ce n’est que sous le règne de D avid
qu’ils s’en rendirent entièrement maîtres.
Q q