
U n symbole remarquable du petit zodiaque de Denderah semble avoir quelque
rapport avec les deux yeux représentés près des couronnes et du taureau dans le
petit zodiaque dEsné, et avec la tête de Méduse : c’est un oeil renfermé dans un
disque place au-dessus du belier, à peu près comme la tête de Méduse l’est dans
e ciel. Meduse, dit la fable, est une des trois Gorgones auxquelles étoit confiée
la garde du fameux belier, et qui n’avoient pour elles trois qu’a» seul oeil, lequel
etoit toujours ouvert (î).
§ . 4 2 . L E B E L I E R .
L e belier est accroupi. Il a la tête tournée et regarde derrière lui : ses pieds se
couchent les premiers ( 21. r
Les deux zodiaques d’Esné et le planisphère circulaire représentent le belier
accroupi Celui du grand zodiaque de Denderah est debout et semble courir.
Dans les quatre zodiaques, le belier a la tête tournée et regarde en arrière
Suivant le grand zodiaque de Denderah et le petit d’Esné, il est tourné du
cote du couchant; au contraire, selon le grand zodiaque d’Esné et le planisphère
circulaire, il est dirigé vers le levant. Cette indétermination dans la situation
du belier, qui est indtiferemment tourné d’un côté ou de l’autre, est remarquable
Elle n existe que pour ce signe et pour le taureau; elle rappelle assez naturellement
une tradition ancienne (3), relativement au belier, qui se couche dit-on
sk mois sur un côté et six mois sur l’autre, à limitation du mouvement du'
En opposition au belier du zodiaque circulaire de Denderah, on voit
1 Une femme armée d’un arc et d’une flèche ;
2.“ Une femme assise sur un trône, ayant la main droite élevée devant un
en ant qu elle tient de 1 autre main : nous en avons parlé à l’article de la vierge •
3. ne autre femme tenant dans chaque main des vases semblables à ceux’du
Verseau : nous en avons parlé à l’article du vaisseau;
4 ° Un laboureur travaillant avec une houe qu’il tient à deux mains : nous en
avons parle a 1 article du bouvier j
H Un ,ion : nous en parlerons à l’article de la baleine.
Il est remarquable que le catalogue de Scaliger (4 ) donne les indications sui-
vantes î
A r i e s . v i l ' division, Cataphractus sagittam manu gestans.
X V I I I . ' division, Mulier throno insidens, dextrâ manu elevata.
xvi. division, Vir ex urceolo aquam effundens.
X V I . division, Vir Tigone operans.
X X I . division, Canis clunibus insidens, ore ad leonem.
Ce sont probablement des constellations qui ont servi pour les dénominations
( î ) E ra to sth. Catàster. XXII. \ ici- , , . .. . .. . - ""
p - . . . 13J Æ lia n . de Am malibu s , lib. x , cap. 18.
V2; H y gw . Poet, astron. lib . m , cap. 1 0 . i/.\ c „ i - ■- . o , ...
Y û c a iig . Diotx in spheeram Mamluy pag. 443
de ces diverses divisions du signe du belier, dont elles etoient paranatellons (î).
Il est assez curieux de retrouver ces constellations dont les Grecs n ont point
parlé, parmi celles d’un zodiaque Égyptien. Ces rapprochemens et ceux que nous
avons faits précédemment, notamment a 1 article du verseau, sont de nature a
nous donner une grande confiance dans les catalogues qui nous ont ete transmis
par Scaliger.
§ . 4 3 - L A B A L E I N E OU L E L I O N M A R I N .
C e t t e constellation est appelée par les anciens du nom générique de Cetos.
Les Hébreux l’appellent le Lion marin (2). Elle se lève quand la balance se couche,
et réciproquement.
On voit, près du cercle de bordure du zodiaque circulaire de Denderah, un
lion accroupi, les pieds de devant posés sur un carré renfermant de l’eau; il est!
absolument dans la même situation, par rapport à la balance et au pôle austral ;
que le lion monté sur une barque du zodiaque de Kircher. C’est le lion marin; et
nous apprenons par-là que les Égyptiens lui donnoient 1 epithete de marin, parce
qu’il étoit voisin du pôle austral. II paroît que les Grecs, trompes par ce nom, ont
cru qu’il se rapportoit à ces phoques qui étoient désignés chez eux par le nom de
lion.marin.
Dans le zodiaque Égyptien, le lion marin et la balance sont rapprochés à raison
dé leur opposition paranatellontique.
Dans la sphère Persique, au premier décan du taureau, on lit, navis magna,
supra eam leo, ère. C’est sûrement le lion marin, ou la baleine, qui se lève avec
¡es premiers degrés du taureau.
Dans le zodiaque du P. Kircher, on voit près du pôle austral, et dans le
même fuseau que la balance, un lion dans une barque ; c est évidemment le lion
marin, dont la principale étoile, Markab, se lève quand la balance se couche.
Ce lion a reçu l’épithète de marin, et il est monte sur une barque, parce quil
est voisin de la partie australe du ciel, où les anciens representoient une mer,
et où se trouvoient le vaisseau, l’Éridan et le poisson austral, constellations qui
ont toutes plus ou moins de rapports avec les eaux.
§ . 44.. L A G R A N D E E T L A P E T I T E O U R S E .
U n e des constellations les plus remarquables est la grande ourse.
Suivant Hésiode, elle étoit fille de Lycaon ; elle fut séduite par Jupiter. La
grosseur de son ventre la trahit ; elle perdit sa figure de fille et prit celle d’ourse (3).
Ératosthène, d’après Aratus, dit que les ourses furent les nourrices de Jupiter (4 ).
Les Égyptiens appeloient la grande ourse l'astre de Typhon (5). Les étoiles du
dos de l’ourse sur le quadrilatère se nomment le cercueil, fe r e t r u m ; et les trois
( î ) Voyei ci-après, pag. 49 ° > ce que nous disons de la
lanière dont ces dénominations ont été données.
(2) Kirch: QEdipus Ægyptiacus, tom. I I , part. I l ,
ag. 199.
(3) Eratosth. Cataster. I.
(4) Ibid. II.
(5) Plutarch, de Iside et Osiride, pag. 359, edit. X y land.
Francof. 1599.