pour développer les forces physique de l’homme, on emprunta la mesure du stade
géographique pour donner une étendue déterminée au terrain où ces jeux devoient
se célébrer; alors on eut des termes fixes de comparaison, soit daÉk la course à
pied, soit dans celle de cheval ou de char. On doubla, on quadrupla même la
grandeur du stade de mesure ; de là le diaule et X hippie on. Remarquez que les trois
noms de stade, de diaule, d’hippicon, sont communs aux mesures et aux cirqùS
ou hippodromes ; or il suffit de voir un même nom donné à la carrière des jeux
et à l'intervalle itinéraire, pour penser que celui-ci-est la première origine de
celle-là. Il répugneroit à la raison de supposer que l’on eut puisé les mesures,
objet si important pour l’économie civile, dans l’étendue variable et arbitraire de
la course d’un athlète.
Avant qu’on ait établi un type constant pour le stade, on a eu probablement
une mesure usuelle, formée d’un certain nombre de pas et de pieds humains. Nous
ignorons entièrement quelle fut la longueur ou la proportion de cette mesure.
Mais, à l’époque où l’on institua un système régulier, tel que celui de l’Égypte,
par exemple, il n’est point probable que l’on ait conservé la valeur absolue ou
relative du stade primitif ; il est bien plus vraisemblable qu’on assujettit l’une et
l’autre au plan de l’institution métrique. Ce qui est certain, c’est que nous ¡voyons
par-tout le stade renfermer un nombre sexagésimal de pieds. C ’est une opinion
reçue, que tous les stades se .divisoient en 600 pieds (1) ; ce nombre prouve
que le stade est une mesure systématique. Rien, dans la nature, ne donne le modèle
de cette division sexagésimale ; mais ce qui est palpable, c’est qu’elle est
commode pour le calcul. Il est donc raisonnable de croire qu’elle a été imaginée
par ce motif. C’est Plutarque qui assure, d’après Pythagore, que tous les stades
sont de 600 pieds : ce fait curieux, que rapporte Aulu-Gelle, demande une explication
(2) ; ici je me bornerai à dire qu’il s’agit des stades itinéraires, et non des
stades des jeux.
C est donc une erreur que de vouloir déduire.Jc stade et la mesure géographique,
de la longueur d’une course d’homme ou de cheval : ce qui le prouve
d’ailleurs, c’est la différence d’étendue entre les divers cirques et hippodromes
existans. Selon Wheler (3), le stade d’Hérode Atticus à Athènes a 630 pieds
Anglais ; celui de Laodicée en a 729. Suivant Fréret, Ce stade de Laodicée prouve
que les stades d’Asie sont plus longs que ceux de la Grèce : mais il faut toujours
distinguer la mesure itinéraire, de la longueur du cirque ; et c’est ce qu’on n’a pas
fait. Celle-ci pouvoit varier beaucoup sans influer sur la grandeur de la mesure. II
ne faut donc pas croire qu on a établi les stades d’après l’espace des cirques ou des
hippodromes, et quon puisse, de ceux-ci, déduire la valeur des premiers ; mais,
au contraire, on doit penser 'que les stades ont servi à mesurer la carrière des jeux.
L is stades des jeux et les stades itinéraires dérivent également de l’Égypte.
Quand Strabon définit un temple Égyptien pour erudonner le type, il décrit
(1) On doonoitcependant au stade Pythique looopietfs (3) II paroit que Wheler a en vue le même monument
d’étendue; je parlerai plus loin de cette division en que celui qui, dans les Antiquités d ’Athènes par Stuart,
1000 parties. V o y e z ci-dessous, f . 1 1 . ^ est appelé stadium Pamthcndicum.
(zj Voyez ci-dessous, fng. 601.
le dromos placé devant le temple, orné, à droite et à gauche, d’une avenue de
sphinx (1). Que pouvoit être ce dromos, si ce n’est un lieu destiné aux courses ! Il
étoit divisé conformément aux mesures Égyptiennes :dsa largeur étoit d’un sixième
de stade ou un plèthre ; sa longueur, tantôt de trois, tantôt de quatre plèthres ou
plus (2) : les sphinx étoient distans de 20 coudées ou 30 pieds, c’est-à-dire, du
dixième de la longueur totale, dans les dromos qui avoient 3 plèthres de Îôrig. On
Voit ici le rapport d’existence et d’origine qui lie les deux espèces de stades, et qui
explique pourquoi un même nom a été appliqué à deux choses différentes en apparence.
Le dromos des Égyptiens remplissoit à-la-fois deux conditions ; celle d’un »
établissement gymnastique, et celle de l’emploi et de la conservation des mesures.
Diodore nous apprend que les compagnons du jeune Sésostris parcouroient
tous les matins, avant de prendre aucune nourriture, un espace de 18 o? stades;
peut-être désigne-t-il l’hippodrome de Thèbes, qui a ty stades de longueur. En
effet, en répétant douze fois cette course, ou en faisant six fois le tour de l’hippodrome,
ces jeunes gens fournissoient une carrière de 180 stades.
j ’ai déjà cité cette fiction d’après laquelle on attribuoit l’origine du stade d'Qlym-
pie à la proportion gigantesque du pied d’Hercuié,fqui mesura, dit-on, la carrière
avec six cents de ses pieds. Il n’est pas question de discuter sérieusement une pareille
fable ; ce n’est point sur de tels fondemens qu’aucun esprit raisonnable cherchera sans
doute à établir les mesures itinéraires. Mais quand la nature présentèrent en effet ce
type colossal, comment se trouveroit-il justement compris 360 x 600 x 600 fois
dans le périmètre du globe! Ce rapport seul ne nous révèle-t-il pas la source et l’origine
du pied et du stade d’Olyrnpie ! Long-temps avant qu’il y eût des cirques en
Grèce, le pied et le stade métriques étoient établis en Égypte, et ils avoient servi à
régler les dimensions des cirques et des hippodromes. Or les jeux Olympiques sont
les plus anciens de tous ceux qui furent établis en Grèce; ils remontoient, dit-on,
jusqu’à Hercule, et Iphitus les renouvela huit cents ans avant notre ère. Il n’est pas
surprenant que les plus anciennes colonies de l’Égypte aient apporté avec elles et
l’usage et la mesure des stades^des jeux. Quand Strabon rapporte que Pheidon, le
dixième descendant d’Hercule, inventa les mesures qui portent son nom (3),
certes il ne parle pas d’une invention proprement dite, mais du renouvellement
de quelque institution empruntée ailleurs.
Je pense donc, i.° que le stade fut primitivement un espace mesuré en pieds,
en palmes ou en coudées, un type métrique propre à conserver les mesures, avant
d’être un lieu destiné aux jeux et aux courses; 2.° que l’une et l’autre espèces dérivent
de l’Égypte. J’ajouterai que le mOt de paloestre, qui sert à désigner,le lieu où
se célébroient les exercices, confirme ce que je viens de dire sur l'origine, et la
nature du stade (4)-
( 1) Geogr. lib. X V II, pag. 805. Il cite à ce propos u n
vers de Callimaque :
'O S'qÿfMÇ ¡tç$ç ouT&f.’Arvëifbç.
« Il existe un dromos consacré S Anubis. »
(2) Strabon auroit pu dire 6 et 12 plèthres.
(3) Kaj fjji'içct. ityîjpt to «Dfitftai'aa kclM/mvcl. « Il inventa
» les mesurés appelées Pheidoniennes » (lib. V I I I , p. 35^)*
(4) On fait venir le mot îiaAa/Vgst de ?raM6), vzAro, rïg/ioy
ne viendroit-il pas plutôt de sroAa/çtiV, palme, comme
s’il signifioit lieu mesuré en palmes / L ’étymologie du mot
stade lui-même est tout-à-fait incertaine.Voyez ci-dessous,
chap, x m , au mot stade, ôte.