jusqu au cap Comorin. Nulle part, si ce n est en Chine ou en Europe, on ne voit
un pays d un plus bel aspect, ni une terre mieux habitée, et remplie de plus de
villes, de temples et de villages. Quelques-unes des pagodes de cette presqu’île
surpassent tout ce qui a ete fait de nos jours, soit par la délicatesse des sculptures,
soit par 1 etendue des constructions, soit par la distance à-laquelle il a fallu
tiansporter les matériaux, et par la hauteur a laquelle ils ont été élevés : mais si
ces édifices prouvent la grande antiquité des arts dans l’Inde, ils ne peuvent
cependant servir a fixer aucune époque précise ; car, de tout temps, on les a
construits a peu près de la même manière': encore de nos jours on en élève sur
le meme système, et 1 on ne peut savoir à quels temps appartiennent tels ou tels
édifices, pour peu qu ils soient anciens. Les signes du zodiaque dessiné par M. John
Call ne peuvent pas non plus, par leur disposition, servir à déduire l’époque de
ce zodiaque ( i ). Ils sont placés quatre par quatre sur les côtés d’un quadrilatère,; de
telle sorte que, dans chaque angle, il y en a un de commun à deux côtés. Le premier
de tous se trouve-t-il dans un angle, ou au milieu d’un des côtés i Et quand on sauroit
même quel est le premier signe du zodiaque, seroit-on assuré que c’est celui dans
lequel se trouvoit telle ou telle epoque de 1 année solaire, soit un équinoxe, soit un
solstice i Un si grand vague dans les hypothèses que l’on peut former, ne permet
d établir aucun calcul positif sur l’antiquité du zodiaque dessiné parM. John Call.
Ce zodiaque n a pas autant d analogie avec ceux des Égyptiens que celui des Grecs ;
il n en a meme pas autant que les figures zodiacales représentées sur les monnoies
d’Agra. Cela nous feroit croire que la copie faite par M. John Call n’est point parfaitement
exacte, et que la configuration des signes du zodiaque s’est mieux conservée
dans 1 Inde depuis 1 époque où cette contrée étoit en communication avec l’Égypte,
que ne semble l’indiquer le dessin de ce voyageur. '
Les monnoies zodiacales d Agra ont été frappées par l’empereur Djehanguir,
de 1018 à 1032 de l’hégire [d e 1609 à 1622 de J. C. ]. D ’un côté, ces
médailles portent une inscription qui signifie : L ’or a trouvé de la beauté par le
nom de l ’empereur Djehanguir, fils de l ’empereur Akbar, à Agra. De l’autre côté
est un des signes du zodiaque (2). Il y a deux collections de ces monnoies au
Cabinet des médaillés : nous en avons vu une troisième entre les mains- d’un
officier Hollandais, revenu de Batavia il y a quelques-années ; nous en avons
donné les dessins dans une des planches jointes à ce Mémoire (3). Sur ces médailles
, l’écrevisse est dessinée comme celle du zodiaque de M. John Call ; les
deux gemeaux sont représentes par deux enfans en bas âge qui s’embrassent à peu
près comme dans le planisphère de Kircher : le taureau ressemble plutôt à un
bubale ; il a une bosse sur le d o s , comme les vaches d’Arabie : le belier est
. (1) Le Gentil, dans un mémoire inséré parmi ceux Gothiques. Dupuis a insisté, et a défendu son opinion
de l’Académie des sciences pour l’année 1 7 8 ; , a en- dans son Mémoire explicatif du Zodiaque chronolo-
trepris de démontrer que la vierge ne pouvoit être le gique, pag. $ 8.
premier signe, ainsi que le prétend Dupuis ( Origine des (2) Voy ez l’Abrégé historique des souverains de Fin-
cu lt e s , tom. I I I , I ." partie, pag. 352 et 353]. H fait re- doustan, par le colonel Genty , pag. 2 j ; , manuscrit Je
marquer que les figures vont en sens contraire de celui la Bibliothèque du R o i.
qu elles doivent tenir, et il est d avis que l’on n’en peut (3) Voye^ la planche A jointe à ce Mémoire, / / .' pa r - tien conclure de plus que pour les zodiaques des édifices rie, ligne z,Jig. e.e.c....
parfaitement
parfaitement semblable à celui des zodiaques Égyptiens ; les deux poissons sont
dessinés comme dans le zodiaque Grec; le verseau est représenté par un homme
qui verse l’eau d’un grand vase ; le capricorne a, comme dans le zodiaque Grec,
une queue de poisson repliée ; Je sagittaire diffère peu de celui des zodiaques
Grecs et Égyptiens ; le scorpion est comme celui des Égyptiens ; la balance est
la même sur les médailles et sur les zodiaques Indiens et Égyptiens ; la vierge des
médailles ressemble plutôt à celle des zodiaques Grecs qu’à aucune autre ; le lion
est à peu près semblable à celui des Égyptiens.
On trouve, dans les Mémoires de la société établie au Bengale (i), un zodiaque
Indien, dessiné sous les yeux d’un membre de cette société, et une description
en vers de ce zodiaque, donnée par un poëte contemporain. Les signes du zodiaque
sont les mêmes que sur les médailles, à l’exception de la vierge, de la
balance et du verseau (2).
Z O D I A Q U E S D E S A R A B E S .
Les dessins des constellations qui nous sont venus des Arabes, ont été copiés
d’après Ptolémée, ou composés sur ses descriptions. L ’Uranographie d’A ’bd el-
Rahman est l’ouvrage Arabe le plus intéressant à comparer aux bas-reliefs Égyptiens.
On y trouve quelques différences entre les configurations qu’il donne des
constellations et celles du planisphère Grec, ainsi que des notes curieuses sur des
constellations qui ne sont pas dessinées. La traduction complète de cet ouvrage,
travail long et difficile dont s’occupe M. Sédillot, sera, sous ce rapport, infiniment
utile.
Nous avons donné, dans la planche A ci-jointe (3), les figures des constellations
telles que nous les avons trouvées dans différens manuscrits d’A ’bd el-
Rahman, et notamment dans celui qui appartient à M. Langlès, et que ce savant
a bien voulu mettre à notre disposition.
Il existe encore plusieurs autres monumens astronomiques des Arabes. Ces
monumens sont fort curieux, quoique grossiers, parce qu’ifs sont authentiques:
ce sont la sphère en cuivre de Dresde, dont il n’a encore été publié ou du moins
dont nous ne connoissons aucun dessin ; celle du musée Borgia, publiée par
Assemani, et celle qui a été récemment apportée de Constantinopie par le général
Andréossy : cette dernière présente une singularité que M. Caussin de Perseval a le
premier remarquée; c’est qu’au lieu de la lyre, on y a placé une tortue. En cela,
cette sphère est conforme au dessin d’un des manuscrits d’A ’bd el-Rahman que
nous avons consultés.
Z O D I A Q U E S G O T H I Q U E S .
Plusieurs monumens Gothiques sont décorés de zodiaques : le plus remarquable
est celui de Notre-Dame de Paris ; il est du xn.e siècle. Le Gentil l’a décrit
{i) Recherches Asiatiques, tom. I I , pag. 332.
(2) Vqye^ la planche.A jointe à ce Mémoire, 1 1 .' partie, ligne 2, f g - f f . f . . . .
(3) Ibid. i . ri partie, ligne 6.
A . L U