■«oit rempli par des eaux douces dérivées du N il, seul moyen de rendre ses bords
habitables;; mais le fait, dans son énoncé, manque au moins de précision.
^ Les ruines.qui touchent immédiatement au bassin, ne consistent qu’en quelques
blocs de granit et de grès qui ont appartenu à des monumens toujours isolés tels
que ceux auxquels on applique le nom de Serapeum. Quant aux ruines de villes
égyptiennes, je n’en vois aucune sur les bords du bassin : la moins éloignée
connue sous-le nom de Chcykh-Anedid, est située à environ quinze mille mètres au
nord, précisément dans le prolongement de la vallée de Saba’h-byâr, qui, comme
on a vu plus haut, y verse les eaux du Nil dans les grandes inondations. D ’autres
ruines se Trouvent près des puits mêmes de Saba’h-byàr; et les plus considérables de
toutes, désignées sous le nom A'Aiou-Keycheyd, ou Abou el-Cheyi., sont encore
plus enfoncées dans intérieur de la vallée. L ’existence de ces villes anciennes n’eut
donc jamais de relation avec le remplissage des lacs amers, si ce n’est que la dérivation
du NH qui a été conduite très-anciennement par la vallée de Saba'h-byâr
et qui arrosoir leur territoire, a servi aussi, à une certaine époque, à remplir ces
acs, comme nous l’avons déjà indiqué, et comme nous aurons occasion de le
développer un peu plus loin.
Peu de temps après que les Perses eurent subjugué l’Égypte, le successeur de
Cambyse, Darius fils d’fiystaspe (i), que l’histoire nous-a peint comme un
prince entreprenant, éclairé, et plein de bienveillance pour l’Égypte, sans se
laisser effrayer par les craintes qui avoient arrêté Nécos, et qui devoient en effet
lui paroître peu fondées," voulut achever la communication des deux mers (2) ;
communication dont il sentoit d’autant mieux l’importance, qu’il avoit déjà fait
reconnoître une grande partie de l’Inde par Scylax de Caryande, le même, à ce
que 1 on croît, dont nous avons le Périple (3) : mais les ingénieurs du roi de Perse
découvrirent enfin, par leurs propres observations, la réalité de la différence de
niveau; l’entreprise fiit encore abandonnée, et ne fut continuée par aucun des
rois Persans.
Ces travaux de Darius dans l’intérieur de l’isthme sont un fait assez singulier
rapporté par Hérodote, par Diodore de Sicile, par Pline, èt qui a été confirmé
récemment par un monument Persan découvert sur la limite des lacs amers. C e
monument, précieux à plusieurs égards, est orné de bas-reliefs mythologiques ,
sculptes sur le granit de Syène, avec de longues inscriptions, en caractères pyramidaux
ou cunéiformes, semblables à ceux qu’on a trouvés dans les ruines de
Babylone e t’sur les monumens de Tchéelminar [ l’ancienne Perstpolis\ (4).
Les successeurs d’Alexandre suivirent avec ardeur le projet qu’avoit conçu ce
conquérant, de faire de l’Égypte le centre du commerce du monde. On trouve
peu de monumens exécutés dans cette vue par Ptolémée Lagus, à cause des guerres
fréquentes qu il eut à soutenir; mais ce prince contribua d’une manière bien utile
Iib( xvM ÎOp i-Si w - ÆW;1 Î ‘ Ms‘ ‘ Kb" I ; Strab" C r °er' <*> Accueil des Méra. de l’A cad. des inscript, t. X L U ,
P Ilb".VI; “ P" 7 " „ , (4) -1= décrirai, dans un Mémoire pauicnlier, ce monbit
s";.; z r c Z T Ü r ™ S B c"rieux> ,c si ; r gedes Perses ait w v gr. uu. a y 11. decouven aux environs de 1 Egypte.
aux progrès du commerce, en portant la marine Égyptienne au plus haut degré
de puissance, et en attirant les étrangers à Alexandrie, qu’il peupla sur tout de
commerçans.
Ptolémée Philadelphe, libre des guerres extérieures qui avoient occupé son
prédécesseur, exécuta plusieurs grands travaux relatifs au commerce. II voulut
faire achever le canal abandonné par Nécos et Darius, et réussit à terminer ce
grand ouvrage, si l’on s’en rapporte à Diodore de Sicile (1). Strabonse contente
de dire en général que le canal fut achevé sous les Lagides : mais Pline assure
que Ptolémée Philadelphe l’abandonna par les mêmes raisons qui l’avoient déjà
fait abandonner deux fois; et il ajoute à cela un fait assez curieux, c’est que,
par le nivellement fait à cette époque, les eaux de-la mer Rouge furent trouvées
de trois coudées plus élevées que les terres de l’Égypte (c’est-à-dire , que les-terres
situées à l'extrémité du canal). C e renseignement s’accorde parfaitement avec
les observations récentes, si l'on a égard à l’exhaussement arrivé dans le sol de
l’Égypte depuis Ptolémée Philadelphe jusqu’à nous.
Il est un point important sur lequel sont d’accord tous les écrivains, et en cela
d’accord aussi avec ce qu’indique la disposition du local; c’est que la portion du
canal exécutée par les rois Égyptiens et Persans conduisoit les eaux de la branche
Pélusiaque jusqu’au bassin des lacs amers, tandis que la portion terminée par
Ptolémée Philadelphe joignoit ces lacs au golfe Arabique vers Arsinoé : aussi cette
dernière reçut-elle le nom de fleuve Ptolémàique.
Encore bien qu’il devienne inutile d’insister sur ce fait, je ne puis m’empêcher
de faire remarquer que Strabon, au témoignage qu’il en rend, ajoute une
excellente preuve que le bassin avoit été rempli par les eaux du Ni l , et non par
celles de la mer Rouge. « Anciennement, dit-il (2), ces lacs étoient fort amers;
y> mais, le canal ayant été ouvert, et la communication établie entre eux et le
33 fleuve, cette qualité a tout-à-fait disparu, et aujourd’hui encore ils abondent
33 en excellens poissons et en oiseaux de lac. 33
Ce passage prouve de plus que , depuis Ptolémée Philadelphe jusqu’au temps
d’Auguste, les eaux de la mer Rouge ne s’étoient point mêlées sensiblement avec
celles des lacs ; ce qui est facile à concevoir, même en supposant cette portion du
canal tout-à-fait achevée, puisque Ptolémée y fit construire (3) plusieurs petits
bassins fermés, qui, s’ouvrant et se fermant à volonté, remplissoient le même
objet que nos écluses. Mais la principale raison est que le canal a subsisté très-peu
de temps, et que, pour dire la vérité, il n’a jamais pu servir au commerce, comme
on le verra plus en détail lorsqu’il sera question de la ville d’Arsinoé. Cependant
les preuves suivantes méritent déjà quelque attention, et je les crois décisives.
Un fait rapporté par Plutarque dans la vie d’Antoine, et après lui par Dion
Cassius (4 ) , montre quel étoit letat des choses sous les derniers Lagides.
« Antoine le triumvir, dit Plutarque, estant arrivé à Alexandrie peu de temps après
(1) Diod . Sicul. Biblioth. hist. lib. I , sect. i ; Strab. (3) Strab. Geogr. lib. XVII.
Geogr. lib. xvi l . (4) Plutarch, in Antonio ; D ion . Cass. Histor. Rom.
(2) Strab. Geogr. lib. x v i l . lib. II.