mesurer les grains, et ion y établit i usage d’un modius double de celui de Rome,
comme 1 usage du double jugère y avoit été établi (i.)..
Après avoir ainsi réglé les mesures agraires et celles de capacité, on ne tarda
pas a reconnoitre que les semences et les récoltes sur une même. superficie de
terre ne suivoient pas la même proportion dans ces deux contrées ; c’est-à-dire
par exemple, que la quantité de semence employée sur le double jugère en Égypté
etoit moindre que la quantité de semence employée en Italie sur une surface de
la meme étendue.
D un autre coté, nous avons vu que la double aroure, qui pouvoit, en Égypte,
etre labouree dans 1 espace de deux jours, étoit de g f mètres carrés , tandis
que le double jugere du Latium, qu’on labouroit dans le même temps, n’étoit que
cle 4947 métrés. . 1
Les frais d’exploitation d’un nombre déterminé de jugères étoient donc moindres
sur les bords du Nil quen Italie; d’abord, parce qu’ils exigeoient une moindre
quantité de semence; en second lieu, parce qu’il falloit moins de temps pour les
préparer a la. recevoir.
Si donc, en introduisant le jugère Romain en Égypte on se fût borné à assujettir
cette mesure de terre à la même redevance quelle acquittoit dans les
autres provinces de 1 Empire, cette redevance auroit été évidemment tropfoibie,
puisqu elle ne se trouvoit pas dans le même rapport que par-tout ailleurs avec les
irais a exploitation.
Ainsi, au lieu de percevoir l’impôt à raison du nombre de jugères en
culture comme cela avoit eu lieu autrefois en Egypte, on jugea plus convenable
de peicevoir cet impôt proportionnellement aux récoltes; ce qui conuisit,
pour les intérêts du fisc, à un nouveau changement de la mesure
agraire.
Le double jugère d’Égypte ne pouvoit être comparé au double jugère d’Italie,
produisoient à peine quatre pour un dans la plus grande
partie de l’Italie. Frumentu majore qu¡¿cm fa n e Italioe
quanda cum quarto responderint, yix meminuse possumus.
(Co lumella , lib. III, cap. j.)
( i) C e double modius Romain, introduit en Égypte,
fut d’abord désigné par l’épithète A'Italique, qui indiquoit
son origine. Les auteurs Grecs l’appelèrent ensuite indifféremment
Egyptien et Italique. Sa valeur est déterminée
dans un tableau des poids et mesures, attribué à
Galien (Hippocratiset Galeni Operum collectio, tom .X III,
PaS- 977)1 dans un passage d’un auteur Grec anonyme
cité par George Agricola ( D e externis mensur'u, lib. I ,
pag. 140) .
■0 A fdJie! i Alylxtioç £ i 'imutdç t%, yç'mtucç ».
Modius eeri Ægypms et Italbu hahet chou ¡ces rut.
On voit par cettedéfinition que le modius Égyptien ou
Italique coutenoit huit chenices. O r , suivant Rhemnius
Fannius, ■ que l'on croit avoir vécu au commencement
du iv.« siècle, et auquel on attribue une pièce de. vers
techniques sur les poids et les mesures des Romains, le modius Romain ne contenoit que quatre chenices. Cet
auteur dérive du pied cube toutes les mesures de capa-
cité , et détermine ainsi leurs rapports mutuels : ,
Pes longo spatio, atqiie alto latoque, notetur,
Angulus ut par s it, quemclaud.it linea triplex:
Quatuor et quadris medium cingatur inane.
Ampliara f i t cubus : quam 11e violare liceret,
Sacravere Jovi Tarpeio in monte Quirites.
Hujus dimidium fert urna, ut et ipsa medimni
Ampliara ; terquecapit modiwn..Sextarius ¡stum
Sedecies haurit, quôt solmtur in dígitos pes. ■
A t cotylas, quas, s i plaçeat, dixisse licebit
Hem inas y recipit. geminas sexta ri us unus,
Qui quater assumptus Graio f i t nomineyfm^ :
Adde duos ,% v ç f i t , vulgo qui est congius idem, ¿7c.
Le modius Romain, qui étoit le tiers du pied cube, ne
contenant que quatre chenices, étoit évidemment sous-
double du modius Égyptien qui en contenoit huit. L ’emploi
en Égypte d’un modius double du modius de Rome
est donc prouvé, non-seulement par les passages de Pline
et de Héron que nous avons comparés, mais encore par
les témoignages de Galien et de Rhemnius Fannius
que nous venons de rapporter.
puisque
puisque l’exploitation du premier exigeoit moins de semence et de travaux que
l’exploitation du second. Pour avoir deux mesures agraires comparables dans l’un
et l’autre pays, il falloit donc assigner en Egypte la surface qui, exigeant, pour être
ensemencée, la même quantité de grain que le double jugère Romain, exigeoit aussi,
à très-peu près, le même temps pour être labourée. D ’après cette considération,
on substitua en Égypte au double jugère venu d’Italie la superficie qui recevoit
la même quantité de semence , c’est-à-dire, dix modii Romains du poids de vingt
livres, ou cinq modii Égyptiens du poids de quarante livres.
Ce changement de la mesure agraire avoit eu lieu lorsque Héron écrivoit, c’est-
à-dire , dans le vn.c siècle de l’ère Chrétienne. Il est indiqué dans le second passage
de cet-auteur que nous allons rapporter littéralement (1) :
« L ’orgyie, dont nous avons coutume de nous servir pour mesurer les terres
» qui doivent être ensemencées, est, dit-il, de neuf spithames royaux et un quart,
» c’est-à-dire, de vingt-sept palmestet un pouce étendu, ou autrement de vingt^six
» palmes mesurés la main fermée, et le dernier ou le premier palme mesuré le
» pouce étendu. C’est ce doigt que l’on appelle la quatrième partie du' spithame',
» et sa longueur est de trois doigts. Vous ferez ensuite cette orgyie d’un morceau
» de bois ou d’un roseau, après quoi vous composerez avec dix de ces orgyies un
» schène ou socarion ; car le socarion de terre qui doit être ensemencé, est
» une surface de dix orgyies de côté.
» En employant le schène de dix orgyies, la surface de terre qui doit rece-
» voir un modius dé’semence, est de deux cents orgyies carrées. »
C’étoit, comme on voit, un rectangle de vingt orgyies de longueur sur dix
de large.
« Il faut savoir au surplus, ajoute Héron, que le poids “du modius de semence
» est de quarante livres, et qu’une superficie de cinq orgyies exige une livré de
» semence. »
(1) H àpyjià /ttt9 * »if «7ttf.ii amç/.[Mç yn, tygi canSttpAÇ una et quarta ejusdem parte, palmos sive grontlios 27 et
fbatnxnulç 0' limpnv puî&i, Æ & Æ cañaprn^/ a pollicem ununi; id est, yiginti ¿ e x , striera manu: ultimum
itTAfTov, n 7iuxaiiu.ç iïy>uv jfoijÉÉf tiwoítxíd, ko} cçmyti- ver'o aut primum extenso magno manus digito, qui dicitur
e j r Tîtm'çj Ttvç pXv eiKootèÇ, iatpiypUm rXç ™ quarta pars spithames, habetque tres dígitos. Postea véro
Si nxtvmîov »i v f CûTM, xa} tbo jjmytKov Jiu-nM ulnamfaciès in calamo, aut in quodam ligno; dehïnc fa -
iîjç ytiçpç, oç juwA€j47ttj Tt']cLpiDV can^ttfÀMÇ, «A* Sbtx.iv- cere debes funiculum sive socarium decem ulnarum, et sic
xovç y . U îJo Si miŸiouç ¿pyuih ív xa\áptcp, ü w 1w . dimetiri quem dimensurus es locum : socarium namquêse-
/Mtiot 7BV7D ¿tpeÎMiç minow ogivi'ov tiypuv tmxdgjuiv Sixaopyuior, rendis terree decem ulnas habere’debet; socarium veropratoyej,
ovTtoç pjutTçiîv tv piîiMiç jujtafîioai ittnv 7® ja y owkclq,iok, rumet ambituum, ulnas duodecim.
n ç emeJ/Mu yüç Sixa, ôpyvictç c\ fit mi tytiv ico Si xiCaSiov E t cum funículo. quidem decem ulnarum, modii unius
£ mr ,^Aoejnry.îùV i ? . * solùm, ducentas duntaxat ulnas habel : cuín funículo vero*
Ka} pjtid ytieV t 5 Sixacpyji'oo jgiviou, tyçi 0 litnç t r ptoSiv, duodecim ulnarum, ducentas octoginta octo............^
ipyuiàç Sieuwoiat xj /uôraç' p tm Si tS SuSixcLopyiloo, tpf 1 Scienduiii praiterea quod serendus modius est pondo quaôpyutàç
(Tirij * draginta librarum/-singulis autem Ifbris quinqué ulnarum*
Xpn Si yvcimctiv ^ tbotb, oit 0 amotpuç ptSSioç t%t MOfaç terra seritur.
nasa&ÎKorm’ pua Si (xdai h lifa aot/pet yiïr ôpyuioev xirn. Nam latitudo et longitudo quinqujrulnarum , unam li-
Hiàitç ytp ¿ [âÂàkdç opyjiôôv m'r'k miovat KtTÇar pu et». bram continet;
màioç Kj^/jwxoç^ôp'yjtuv Sïko., miovn xi*rfO( C . Latitudo-et longitudo decem ulnarum, libras2 ;
Uhami ÿ fAMkoç opÿjiw tí , mtovot............ UTfaç y . Latitudo et longitudo quindecim ulnarum, librasj j
HAttTíf K¡ pwkoç ôpyjiav k , mtoltn. xlaçae 4 - Latitudo et1 longitudo viginti ulnarum, libras 4 . «
Ulna quâ serendei arva metiri solemus, habet spitha- (Excerpta ex Herone geómetra de mensuris, Andlecta
mas regias 9 cum quarta parte, velpedesM cum spithame Groeca, pag*3° 9’ ) ' ’
4. . * * * *