
 
        
         
		jusqu’à  un quart  des animaux  et même dés hommes qui  les composent,  et  qu'enfin 
 malgré le grand nombre  de chameaux  quelles emploient,  leur commerce  se réduit  
 a  fort  peu  de  chose. 
 Il  existe  encore  une  difficulté  particulière  aux  caravanes  qui  font  le  commerce  
 e  la mer Rouge  cest  quelles  doivent  approvisionner de vivres  les  bâtimens  qui  
 ,se  chargent  de  leurs  marchandises;  difficulté  très-grave,  quand  elle  s’ajoute  à  
 toutes  celles  dont  il  vient  cl être  question  (i). 
 Voyons  à  présent  les  résultats  qu’on  obtiendroit  par  les  deux routes  avec  des  
 moyens  égaux  Par celle de  l’isthme,  huit  jours  dé marche  suffisent  pour  l’aller  et  
 e  retour,  au  heu  de  vingt-cinq  ou  trente  nécessaires  par  l’autre.  Dans  le même  
 temps  les memes chameaux feroient donc,  par-la  première  route,  trois  voyages  au  
 ieu  dun,  et  cela seul  redmt  déjà  les  frais  au  tiers  de  ce  qu’ils  aüroient  été  par  la  
 seconde  Charges  de  très-peu  de vivres,  la quantité de marchandises qu’ils péuvent  
 porter  dans  chaque  voyage,  seroit  double  ou  triple;  la  différence  des  frais  de  
 transport,  en  raison  de  cela  seul,  seroit donc  encore  à-peu-près.dans  le  rapport  
 de  .  a  3  et  par  conséquent  la  différence  totale  seroit  véritablement  dans  le  
 rapport  de  ,  a  9  :  considération  qui  a  dû  naturellement  échapper  aux  critiques  
 parce  quelle  est  particulière  au  désert,  et  que  par-tout  ailleurs  les  frais sont seu-  
 ement  proportionnels  à  la  longueur  de  la  route;  mais  elle  n’a  pas  dû  échapper  
 aux  commerçai Egyptiens, et  l’on auroit  de la peine à persuader qu’ils eussent  pu  
 pie  erer constamment celle des deux routes  où les fatigues étoient  les  plus  grandes  
 et  les  dépenses  neuf fois  plus  considérables  (2). 
 Mais  continuons  la  comparaison.  Si  l’on  admet  que  vingt-cinq  à  trente  mille  
 1  meaux  aient  ete  autrefois  nécessaires  par  la  route  de  l’isthme,  il  n’en  eût pas  
 fallu, par  autre , moins de deux à  trois cent mille. Les  personnes  qui  savent combien  
 sont  limites  les moyens  de  la Thébaïde, malgré son extrême fertilité,  et  combien  
 ,1  faut rabattre,  a  cet  égard,  des  exagérations  des  historiens,  sentiront  que ce  
 fluil  y  a  détonnant  dans  le  commerce  ancien,  c’est qu’on  ait  pu  entretenir  aux  
 environs de Coptos la quantité de  chameaux nécessaire par la voie  la  plus  courte-  
 U  eut  ete  bien  impossible  d’en  entretenir neuf fois  autant. 
 Par quel motif enfin  auroit-on  été  chercher  cette  route  du  tropique  puisque  
 dun  commun  aveu,  Bérénice  n’avoir  pas  de  port,  et  que  les  vaisseaux  n’y  pou-  
 voient  séjourner.'  On  n’alléguera  point,  sans  doute,  les  difficultés  de  la  navigation, 
   car elles nexistoient  que  vers  l’extrémité  du golfe Héroopolitique ;  d’ailleurs  
 on  a  vu  que  es  vaisseaux  se  rendoient  tous  au  grand  port  de  Myos-hormos  
 qu, est au nord  de  I isthme,  et qu’il  en partoit pour les Indes  des  flottes  de  plus  dé  
 cent  vaisseaux  en  un-seul  convoi.  Je  réclame  ici  l’attention  du  lecteur.  Toutes 
 j S Ê S Ê Ë Ê È Ê Ë Ê Ë Ê Ê p r o p o s ï ' d  1 1 !   ■  ( î -  A “   5,“ ' P,US’  "   “   f0rt  vraisemI>Iabïe  qu’ils  n’ont 
 connoître  sons  divers  \ Z   "   | S   * 
 point  une  fois  é tab li,  le  reste  ne  se «   1 s  ,   u   I b I  I’cx,s,ente.  Lorsque l’on  aura  pris  connnis-  
 d ’objection.  3  Pl“ !  SUSCepUble  ^ n.ce  constitution physique de ces déserts, on  verra 
 d ailleurs  que  la  chose  est  presque impossible. 
 les  marchandises  dévoient  donc,  en dernier lieu,  être apportées  à Myos-hormos,  
 puisque  c’est  de  là  qu’elles partoient  pour  les  Indes  :  or  est-il  possible  de  croire  
 que,  depuis  le  règne  de  Ptolémée  Philadelphe,  les  Egyptiens,  les  Grecs,  les  Romains, 
   c’est-à-dire précisément  les  peuples  les  plus  judicieux,  les  plus  éclairés  de  
 l’antiquité,  aient  persisté  pendant  dix  siècles  à  porter  sous  le  tropique,  avec  des  
 peines  et  des  dépenses  inouies,  des marchandises qu’il  falloit  ensuite  rapporter,  de  
 manière ou  d’autre, au nord  de  l’isthme, pour  les embarquer en face de cette même  
 ville  de  Coptos d’où  elles  étoient  parties!  Trouveroit-on  chez  les peuples  les plus  
 grossiers un  seul  exemple  ou  d’un  caprice aussi durable,  ou  d’une  pareille  ineptie! 
 Mais  peut-être  ne  connoissoit-on  pas  de  route  plus  courte.  Je  ne  crois  pas  
 qu’on  insiste  sur  cette  objection,  quand  on  saura  qu’il  existe  dans  l’intérieur  de  
 l’isthme  six  ou  sept  routes différentes,  toutes  fort  commodes,  et  qui  sont  des ern-  
 branchemens  des  grandes  vallées  ouvertes en  face même  de  Coptos  et  d’Apolli-  
 nopolis  (i).  Peut-on  d’ailleurs  imputer  aux  Égyptiens  une  telle  ignorance  de  leur  
 pays,  à  eux  qui  l’ont connu et mesuré avec  tant  d’exactitude!  Bien  antérieurement  
 à Ptolémée  Philadelphe,  l’intérieur  de  l’isthme  de Coptos étoit  très-connu,  et  les  
 Égyptiens y  avoient  déjà  exploité,  pour  leurs monumens,  certaines  roches  particulières  
 à  ces lieux  (2).  Peut-on attribuer aussi  une  telle  ignorance  aux Arabes,  qui  
 errent  continuellement  dans  ces  déserts  et  en  connoissent  jusqu’aux  moindres  
 détours!  Cependant,  dès  le  temps  d’Auguste  ,  Coptos  étoit une  ville  commune  
 aux  Égyptiens  et  aux Arabes;  et  Strabon,  qui  nous  apprend  ce  fait,  dit  encore  
 quelque  chose  de  plus  positif:  c’est  que  les  caravanes  se  rendoient  quelquefois  
 directement à Myos-hormos  (3}.  Il  nous  reste  à  voir  si  quelqu’une  des routes  de  
 l’isthme  n’offre  point  de  vestiges  d’antiquité. 
 C H A P I T R E   VIII. 
 Examen  des  autorités  des  Anciens  en  faveur  de  la  ■position  de  Bérénice 
 sous  le  Tropique. 
 Q u e l q u ’im po san t e s   que  soient  des  preuves  déduites  à-la-fois  de  mesures  
 itinéraires  et  de  déterminations  astronomiques,  quelqu’importance  qu’on  doive  
 en  général  leur  accorder  en  matière  de  géographie  comparée,  elles  sont  sujettes  
 pourtant  encore  à  couvrir  de  graves  méprises.  Aujourd’hui,  des  voyageurs,  d’habiles  
 géographes,  se  trompent sur des positions  astronomiques ou dans des évaluations  
 de  distances;  et  une  première  erreur,  quoique  très-grossière,  est  souvent  
 répétée  dans  cent  ouvrages  avant  d’avoir  été  rectifiée.  Chez  les  anciens,  bien  
 moins scrupuleux en pareille matière,  ces erreurs  étoient assez  communes, et nous  
 allons  en  donner  un  exemple. 
 (1)  On  peut voir  ce  qui  avoit  donné  lien à  cetre  opi-  blocs  ornés  d’hiéroglyphes.  Ÿoye^  la  Description  miné-  
 nion, dans  la Description minéralogique de  cette vallée,  «logique  de  la  vallée  de  Cosseyr  dans  le  volume 
 volume  d ’Histoire  naturelle.  d’Hîstoire  naturelle. 
 (2)  Notamment  celle  que  tes  antiquaires  nomment  (3)  Strab.  Geogr.  Iib.  XVII.  
 triche  universelle,  dont on  trouve encore aujourd’hui  des