§ . 1 6 . L E R E N A R D .
P rè s du scorpion du grand zodiaque de Denderah et un peu au-dessus des
autres figures, c’est-à-dire, plus au nord, on voit sur le timon d’une espèce de
charrue Égyptienne un renard : c est celui dont parle Firmicus. Dans le zodiaque
circulaire-, un renard semblable' est au centre du planisphère, c’est-à-dire, bien
certainement au nord ; mais il est fort éloigné du scorpion. Théon nous apprend
(i) que le renard fait partie du timon du chariot. Cet astre est, par conséquent,
voisin du pôle.
Nous parlerons encore de ce symbole à l’occasion de la petite ourse.
§ . 1 7 , L E C Y N O C É P H A L E .
A u midi du scorpion du petit zodiaque de Denderah, et parmi les figures de
la bande inférieure du grand zodiaque, qui est aussi la partie méridionale de cette
représentation du cie l, on voit un cynocéphale et un autel.
L accord qui existe entre l’exposé de Firmicus dont nous avons parlé et les
scènes des zodiaques de Denderah, est infiniment remarquable. Il ne manque à
ces dernieres qu Ophiuchus ; mais il n’est pas extraordinaire que nous ne le trouvions
pas près du scorpion, puisque cette constellation a été réunie au taureau, son
paranatellon, ainsi que nous l’avons vu ci-dessus à 1 article du serpentaire.
L e cynocéphale est une constellation Égyptienne que les Grecs n’ont point
connue, ou n’ont point conservée.
§ . 1 8 . l ’a u t e l .
L a u t e l est, suivant Ératosthène ( 2 ) , celui sur lequel les dieux cimentèrent leur
union contre les Titans (3). Les mortels juroient en portant la main droite sur
1 autel (4 ). Les devins en fàisoient autant, lorsqu’ils vouloient prédire l’avenir (y].
Nous avons vu, à l’article du scorpion, que l’autel du zodiaque circulaire est
facile a reconnoitre par sa position : c’est une espèce de piédestal terminé par
une corniche ; au-dessus est une tête de belier, et à gauche une tête d’homme.
La forme de l’autel du grand zodiaque n’est pas aussi bien caractérisée ; c’est simplement
un assemblage de trois môntans traversés par une tablette horizontale
repliée aux deux extrémités : mais la position de cet emblème auprès du cynocéphale,
et les accessoires qui l’environnent, ne laissent point de doute. On voit en
efièt au-dessus un bras droit étendu, symbole des sermens des hommes et des
conjurations des devins, et plus haut une tête humaine. Au nombre des hiéro-
glyphes adjacens, on remarque un autel, une coupe, et des couteaux de sacrifice.
Le dix-septième natchtron des Indiens, qui correspond au scorpion, et par
conséquent à l’autel, a pour un de ses symboles^ Offrande aux Dieux.
(1) Theon. Scholia in Arati Phxnamina, tom. I , Theon, Scholia inArati Phxnmitim , tom. I , pag. 298.
pag. 68. (4) Eratosth. Càtaster. x x x ix.
<-> Eratosth- Cdldsur. XXXIX. ( j) Theon. Scholia in Arati Phmmnona, tom. I ,
(3) Hygin, Potticon astronomicum, lib. I I , cap. .39; pag. 298 et 299.
La vingt-troisième station lunaire se nomme, chez les Qobtes, Brachium sa-*
crificii; elle correspond au capricorne (i), qui se lève quand l’autel passe au méridien
, et la huitième station, qui se couche au même moment, porte le nom de
Cubitus (2). Ces symboles ont de l’analogie avec le bras étendu sur l’autel du
zodiaque du portique de Denderah.
L ’autel existe dans le zodiaque du P. Kircher, sous le 0.° 36; mais il est
déplacé.
Observation.
C ’est peut-être ici le lieu de faire remarquer que les constellations australes
dont nous venons de parler, savoir, le cynocéphale et l’autel , sont montées sur
des barques, et qu’il en est de même de toutes les autres figures des deux bandes
inférieures ou australes du grand zodiaque de Denderah. Cela nous fait voir que
toute la partie du ciel qui environne le pôle antarctique, étoit considérée par les
Égyptiens comme une grande mer.
Lorsque les anciens disoient que le ciel étoit appuyé de toutes parts sur la mer,
ils n’entendoient pas parler de l’aspect du ciel par rapport à l’horizon terrestre :
l’erreur auroit été trop grossière; et l’idée même seroit fausse, puisque, pour le
plus grand nombre des hommes , l’horizon est borné par la terre et non par
la mer. Nous croyons, au contraire , que cette tradition rappelle un système ingénieux.
En effet, en construisant le dessin de la sphère céleste d’après leurs observations,
les astronomes d’Égypte remarquèrent une lacune qui se trouvoit dans
la partie australe du ciel invisible pour eux. Donnant alors un libre cours à leur
imagination, ils en formèrent une vaste mer qui limitoit le ciel de ce côté, et
sur laquelle ils supposèrent que la voûte céleste étoit en quelque sorte appuyée
de toutes parts. Cette espèce d’édifice mythologique avoit sa base au cercle polaire
austral, et son sommet au pôle boréal; et en effet, on observe que presque
toutes les figures des constellations ont leurs parties inférieures tournées vers le
pôle antarctique.
§ . 1 9 . L E C R O C O D I L E .
L e s Grecs n’ont pas connu de constellation sous ce nom ; mais on peut croire
qu’il en existoit une dans la sphère Égyptienne , lorsque l’on voit un crocodile
représenté sur le dos d’une figure Typhonienne, entre le scorpion et le sagittaire
du petit zodiaque d’Esné, au-dessus de la queue du scorpion du grand zodiaque
d’Esné, et au sud du scorpion dans le planisphère du P. Kircher.
La place que cet amphibie occupe sur tous ces monumens, près du pôle austral
et du scorpion, s’accorde parfaitement avec le système mythologique des Égyptiens.
g . 2 0 . N E P H T É .
On peut croire aussi qu’il a existé dans la sphère Égyptienne une constellation
sous le nom de Nephté, lorsque l’on voit, dans les deux zodiaques de Denderah
(1) Kirch. lEd ip . Æ ÿ ’ptiac. t. I I , part, I I , pag. 246. (2) Ib id. pag. 244.