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que cette plate-forme, au temps de Pline, étoit plus étendue qua l’époque de
Diodore : la sommité, étant la partie la plus sujette aux dégradations, a dû se
détruire progressivement, jusqu’à en venir à l’état où nous la voyons aujourd’hui.
Quant à la mesure de quatre jugères donnée par Pomponius Mela, tant pour la
base que pour la hauteur de la pyramide, on ne peut qu’observer qu’elle est
formée entièrement d’après celle d’Hérodote, réduite à moitié.
Je vais maintenant examiner les passages qui regardent les autres pyramides.
Hérodote rapporte que la pyramide de Céphren [la seconde pyramide] avoit en
hauteur 40 pieds de moins que la grande; Diodore lui attribue un stade de côté,
ainsi qu’on l’a dit ; Strabon lui donne un stade de hauteur, de même qu’à la première
; enfin Pline lui donne 737 pieds et demi de côté.
La mesure d’Hérodote semble, au premier coup-d’oeil, n’avoir rien de précis,
bien qu’il dise avoir mesuré lui-même cette pyramide : cependant la différence de
4 o pieds entre elle et la première est très-exacte. En effet, la hauteur perpendiculaire
de la grande est de 468 pieds Egyptiens (1) ; celle de la seconde est
de 132 mètres, ce qui répond à 4*8 pieds : l’excès de la première est donc de
4o pieds.
Les 737 pieds et demi de Pline sont une mesure parfaitement exacte : en effet,
si l’on multiplie om,2 .y y i, valeur du pied de Pline, par 737 4 , on trouve 2 o4 ",3 5 .
Or j’ ai mesuré la base de la pyramide revêtue, et j’ai trouvé qu’elle avoit, avec
le socle, 207”,9 sur la face du nord : comme ce socle a un mètre et demi de large,
il faut retrancher 3 mètres; ce qui réduit la mesure à 204'",9, c’est-à-dire, à peu
près 2o4“ ,35 (2).
La hauteur d’un stade donnée par Strabon sera expliquée ailleurs : la première
et la seconde pyramides, très-différentes de base, différaient beaucoup moins en
élévation.
La troisième pyramide, ou pyramide de Mycérinus, avoit trois plèthres de côté,
suivant Hérodote et selon Diodore. G ’est celle qui étoit revêtue de granit. J’ai trouvé
102“,2 de longueur à cette troisième pyramide sur la face du nord ; il faut en déduire
environ un mètre et demi, à cause des sables amoncelés au pied; ce qui la
réduit à 100”,7. Trois plèthres et quart font io om,i : il paraît donc que trois
plèthres étoient une valeur donnée en nombre rond.
Il faut remarquer ici que le côté de cette troisième pyramide équivaut, à moins
d’un mètre près, au petit stade de quatre cent mille à la circonférence dont a parlé
Aristote, et dont Hérodote s’est le plus »souvent servi (3).
vérifié par lui-même que cette plate-forme de 6 coudées
étoit conservée des temps primitifs. C e qui prouve qu’ il
n’a pas vu les choses par ses yeux, c’est qu’il assure qu’ il
ne reste pas de vestiges des chaussées qui ont- servi à la
construction des pyramides. Nous en avons vu deux
subsistantes, et qui ont une étendue très-considérable. D e .
plus, cette quantité de 6 coudées-est insensible dans le
calcul des dimensions et de la masse de l’édifice. Au
reste, nous reviendrons tout-à-l’heure sur ce passage.
( i) 144'°,194 font 312 coudées 4:, ou un peu plus de
468 pieds Égyptiens.
(2) A v ec son socle, la seconde pyramide a un dixième
juste de moins que la base delà première, et ce dixième est
de 50 coudées, ou de la moitié du côté de l’aroure, c’est-
à-dire, -g-de stade; autrement 207m,9 font -¡% de 2 3 im,9.
On peut croire qu’il y avoit un motif à ce rapport précis.
(3) Voyez le tableau des distances itinéraires de
l’É g yp te, chap. I I . Je ne pourrois affirmer que la mesure
que j’ai prise de ce côté du Mycérinus fût exacte, a un
mètre près : en effet, malgré tous mes soins et l’application
qu’il m’a été permis d’y mettre, je n’ai pu la mesurer
avec une précision aussi grande que la première.
Pline
I?
Pline donne à la longueur de la troisième pyramide 363 pieds : or 363 fois
o”,2.771 donnent aussi io om,J9. On voit que Pline est l’auteur qui connoissoit le
mieux et qui nous a transmis avec le plus d’exactitude les mesures des trois premières
pyramides ; mais, pour apprécier cette exactitude, il falloit avoir la valeur du pied,
dont il a fait usage. On ne peut pas considérer cette coïncidence comme fortuite ;
car il n’est nullement probable que des nombres rompus, comme 883 ou 833,7374
et 363, ne soient pas donnés dans l’intention de fournir des dimensions précises (t).
La quatrième pyramide, ou celle de la fille de'Chéops, avoit,-selon Hérodote,
un plèthre et demi. J’ai mesuré cette quatrième pyramide; elle'a un peu plus de
43 mètres sur la face du midi ; un plèthre et demi feroit 46”,2 ; c’est encore une
mesure en nombre rond.
Enfin d’autres pyramides, selon Diodore, avoient 2 plèthres de côté ; j’ignore
à quels monumens correspond cette mesure. J’ai dit plus haut que j’ai trouvé le
côté de chacune des pyramides à degrés égal à 3i",6, mesure qui doit correspondre
à un plèthre.
J’ai omis de parler d’une mesure de Philon de Byzance, qui attribue 6 stades
de tour à la grande pyramide: peut-être Philon entendoit-il le stade de sept cents
au degré, ou d’Eratosthène, égal à 1 y 8" 4, mesure qui étoit en usage de son temps;
car il y en a fort près de 6 dans le périmètre du monument.
§. VII I.
Examen particulier d’un Passage de Diodore.
Un passage de Diodore de Sicile fait entendre qu’il y avoit, de son temps, sur
le haut de la pyramide, une plate-forme de 6 coudées de large. Il est ainsi conçu :
« La plus grande des pyramides est de forme quadrilatère ; chaque face a sept
» plèthres de long (au-dessus de la base), la hauteur a plus de six plèthres. Les
» faces vont en diminuant peu à peu .jusqu’au sommet, ou elles ont six coudées. »
‘H /uèv yctf jteytçti, ovcnt tu aylfj.cL'rl, •nïv îttî fà$ /3a.mui; mXtvçy-v
éxsWn» s y s i o r k i ^ fm é n ilà ,' 7? Î k U ç , ’è y t t m X i la m i l mnasytrylii <b‘ cm.
■mi x,gt’ ûà/^ov Xd^ixCcLVovaet Jskjjp. Ttjç xspvcpînç. e■^qlçiiv orhevçycv mieî 7rojjui (2).
On peut faire deux suppositions sur cette plate-forme supérieure : ou elle étoit
dans le dessein primitif des constructeurs, ou elle provient de la dégradation successive
de la cime. Dans le dernier cas, on ne peut y avoir égard, en recomposant
(1) Selon Hérodote, la pyramide de Mycérinus avoit
20 pieds de moins que celle de son père Chéops. Lar-
cher a avancé que la différence doit s’entendre des hauteurs
et non des bases des deux pyramides. O r je trouve
que les bases diffèrent de 420pieds Égyptiens ou d’Hérodote,
c’est-à-dire, de plus de la moitié de la grande;
ce qui justifie l’expression beaucoup plus petite que celle
de son père, 11 faudrait, pour tout expliquer, supposer
simplement que le mot nlcy-Kooiav, ou bien le chiftre Y ,
manque dans les manuscrits.
Si l’on compare la hauteur perpendiculaire de la grande
pyramide à celle de la troisième, on trouve que la dif-
A ,
férence est de 300 pieds d’Hérodote, et non de 20 (a).
Dans ce cas, il faudroit donc lire t eAakotnar, ou bien T ,
au lieu de euuxn.
* Il est certain que le texte est corrompu : c ’est au lecteur
• à décider quelle correction est la plus probable; pour moi
je penche à croire qu’il s’agit de la différence des bases,
i.° à cause du sens de la phrase, 2.0 à cause de la simplicité
de la correction.
(2) Bïblioth. hist.. lib. J, pag. 39.
f a ) La hauteur de la troisième pyramide est d’environ j j mètres; celle
de la première est dé 144“ ,2 , et avec le socle 14.6 mètres : la différence
est donc de j j mètres, répondant?» 300 pieds Égyptiens à fort pru près.
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