stade Hébraïque, qui est de sept cent cinquante au degré; quant à Strabon, il
paroît qu’ii a employé cette mesure, sans se douter de la différence qui existe entre
elle et le stade dont il fait usage ordinairement.
« En allant d’une porte à l’autre, dit Diodore, la grande rue a en longueur
» 4 ° stades, et de largeur, i plèthre ( i ). » On n’a pu, malheureusement, mesurer
avec exactitude la largeur de cette rue, dont cependant il reste des vestiges presque
d’un bout à l’autre des ruines ; on auroit pu y vérifier la grandeur du plèthre et
du pied. Quant à la longueur de 4° stades, elle est visiblement exprimée en petits
stades de 11 t i j au degré, dont Diodore a souvent fait usage ; car telle est à
peu près la longueur de la rue de Canope, depuis son extrémité ouest, à la tour
placée près de la mosquée dite des Septante, jusqu’à l’enceinte présumée du côté
de l’est.
Strabon (2), ainsi que Pline et d’autres auteurs, disent qu’Alexandrie étoit jointe
à l’île du Phare par une chaussée de 7 stades, d’où vient le nom de Heptastadium.
Strabon s’est ici servi du stade Egyptien de six cents au degré. On en trouve, en
effet, sept, depuis la dernière tour à l’ouest de l’enceinte Arabe, au fond du port
vieux, jusqu’au fort du port neuf, perpendiculairement à la direction de la presqu’île
du Phare, qui jadis, comme on le sait, étoit une île. Cette ligne est aujourd’hui
comprise toute entière dans la ville moderne, bâtie sur l’attérissement
formé autour de l’ancienne chaussée (3).,,.
Strabon donne 7 à 8 stades à la largeur de la ville, et Joseph en donne io ;
ces deux mesures, prises sur le pied de sept cent cinquante au degré, sont excédées
par le plan des restes d’Alexandrie. Cependant il faut observer que Strabon
ne donne pas 7 à 8 stades aux côtés de la ville, mais à l’isthme qui la resserre.
Or on trouve 7 stades y de largeur (de sept cent cinquante au degré) à l’espace
qüi sépare la mer du lac de Maréotis, à l’ouest de la ville. On peut remarquer
que 8 stades Égyptiens de six cents au degré font juste autant que 10 stades
Hébraïques de la mesure de Joseph, d’où l’on pourroit inférer que celui-ci a
transformé une mesure ancienne. Quant à la largeur proprement dite, elle est
de 10 stades de, six cents au degré, ou même un peu plus, à prendre de la tour-
des, Romains près les obélisques, jusqu’aux limites des ruines, sur une ligne perpendiculaire
à la grande rue de Canope ; c’est encore la même mesure, de la
tour occidentale jusqu’à l’hippodrome.
Quinte-Curce donne le circuit de 80 stades. On trouve en effet 80 stades de
sept cent cinquante au degré, en prenant le circuit de l’ancienne ville, à partir
des ruines qui sont à l’est du Pharillon, et s’avançant le long de la mer, puis à
la porte de l’ouest, de là jusqu’à l’hippodrome, et le long des limites des ruines,
enfin en revenant jusqu’au point de la côte qui est à l’est du Pharillon. C’est à peu
près un pentagone dont les côtés sont de 22, 4 i> 11 t . 2 7 et 1J stades, en
tout 80.
On trouve aussi environ 119 stades de 1 1 1 1 ÿ au degré dans ce même circuit.
(1) Diodor. Sic. Bibl. hlst. Hb. XVII, pag. 590. (3) L a longueur est de moins de 1300 mètres.
(2) Ceogr. lib. x y i i , pag. 544*
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Il est tres-vraisemblable que c’est d’un pareil nombre de stades que Pline a tiré soit
périmètre d’Alexandrie de x v milles, en réduisant les stades sur le pied de 8 au
mille, selon sa co'utume. D’Anville a déjà fait cette remarque W ; il n’y a réellement
que 8 milles Romains au circuit de l’ancienne Alexandrie.
Dans le livre de la Guerre civile par César, on lit que la chaùssée de l’Heptastadium
avoit 900 pas de largeur (2). Ce nombre fait -i- du mille; ces 900 pas
s’accordent assez bien avec 7 stades Égyptiens de six cents au degré, ou de huit au
mille (3) : or on trouve exactement 7 stades de cette espèce, depuis la dernière
tour a 1 ouest de 1 enceinte Arabe, soit jusqu’au fort du port neuf (comme je l’ai
dit plus haut), soit jusqu au fort de l’île des Figuiers, appelé le Fort vieux. Il n’est
pas impossible que la chaussee d Alexandre se dirigeât sur ce dernier point, quoique
cette ligne traverse la mer; il y a, en effet, quelque incertitude sur la direction
de 1 Heptastadium, dont il 11e reste aucun vestige, et cela résulte des attérissemens
qui ont confondu 1 île du Phare avec le terrain de la chaussée, terrain qui s’êst
tellement élargi depuis Jules-César, qu’il est devenu le siège de la ville moderne.
Le point de départ ne paroît bien marqué que du côté de l’enceinte Arabe ;
mais, de l’autre côté, on pourroit choisir entre les deux forts.
Strabon compte encore 30 stades de Nicopolis à Alexandrie; or on trouve
30 stades de sept cent cinquante au degré, de Qasr Qiasserah jusqu’à la porte
de Rosette ; ce Qasr est un camp Romain bâti, qui est évidemment sitr les ruines
de Iancienne Nicopolis, et son nom de château de César lève tous les1 doutes:
mais la porte de Canope étoit jadis plus à l’est que la porte actuelle ; ce qui est
prouvé doublement par la longueur de 4° petits stades qu’avoitla rue de Canope,
et par le circuit de la ville, de 80 stades, comme je l’ai dit plus haut. Toutefois
les 30 stades de Strabon se trouveront aisément'entre l’ancienne porte de Canope
ou son emplacement, et un point situé un peu plus à l’est que Qasr Qiasseralj,
parmi les ruines qui environnent le camp Romain.
On peut conclure de l’examen des vestiges d’Alexandrie, que les historiens se
sont servis de trois espèces de stades, dans la description de cette ancienne capitale;
savoir, les deux stades Égyptiens de 600 et 1 1 1 1 j- au degré; et Je stade
Babylonien de 750. L ’Heptastade, l’un des ouvrages d’Alexandre, qui ont'dû le
moins se ressentir des changemens que la ville a essuyés, puisqu’il joignoit deux
points fixes, l’île du Phare et le continent, présente une mesure exprimée'en
grands stades Égyptiens. On n’en doit pas être étonné, si Ton 'àé"sbüvieût' que
le grand hippodrome, qui est au sud de la colonne, a été mesuré en stades
pareils (4 ). Les plus anciens ouvrages construits dans cette ville devoient porter
l’empreinte 3 es mesures en usage à Rhacotis. Ce n’est pas que je pense qu’elle ne
renfermoit aucun autre monument assujetti aux mêmes mesures : mais les historiens
Grecs et Latins ont transformé quelquefois celles-ci en d’autres ; ce qui ne
change rien à la grandeur absolue des dimensions. Cette discussion nous montre
encore que Strabon a usé du stade Babylonien de sept cent cinquante au degré,
( i ) Mémoires sur l’Egypte, pag. 3 7.
(2) Cæsar. Comm, de belle civili. (3) II n’y a que la différence de f à c’est-à-dire
(4) Voyez ch. IV , pag. 556.