Famenoth, la Vierge, ou mars, avec les moissons; Farmoutli, la Balance, ou
avril, avec 1 ecjuinoxe du printemps ; Pachon, le Scorpion, ou mai, avec les animaux
venimeux et les maladies; Payni, le Sagittaire, ou juin, avec la fin de
l’année pour les Egyptiens ;
6.° Q u e , d’après les monumens existans aujourd’hui, on ne peut se refuser à
croire que les Egyptiens n’eussent la connoissance de la précession des équinoxes,
il y a au moins six mille ans. Puisque le zodiaque nominal nous montre le solstice
d cte dans le Capricorne, ceux d’Esné dans la Vierge (i), et ceux deDenderah dans
le Lion , il faut en conclure que les Égyptiens ont exprimé par ces différens signes
la progression des points solsticiaux; s’ils n’avoient pas eu connoissance de la précession,
ils auroient toujours peint le commencement de l’année au même signe.
Comment a-t-on pu soutenir que les Grecs avoient élevé les monumens d'Esné et
de Denderah , et en avoient fait sculpter les zodiaques ! Dans cette hypothèse
meme, que dement toute 1 histoire, il est facile de voir qu’ils auroient fait exécuter
la sphere de leur temps, ou celle quEudoxe alla étudier en Egypte : ils auroient
place le solstice d ete dans le Cancer, et non dans des signes plus ou moins éloignés
, . # o r o
Un objecteroit avec moins de succès encore que ces difFérens commence-
mens sont ceux de lannee vague de j6 y jours; elle étoit vague et mobile relativement
à lannee solaire, dans laquelle elle remontoit d’un jour tous les quatre
ans . donc cette derniere etoit connue des Egyptiens. C ’est évidemment à cette
forme d’année que se rapporte notre zodiaque, dans lequel sont désignés des phénomènes
constans, ainsi que les solstices et les équinoxes. C e qui est raisonnable
et ingénieux pour l’une, seroit absurde pour l’autre. Enfin ce serment solennel que
les prêtres exigeoient des rois en les couronnant dans le temple de Memphis, de
ne permettre durant leur règne aucune intercalation à l’année vague, n’indique-
t-il pas assez qu’anciennement cette intercalation étoit pratiquée, et que l’année
solaire, dans des siècles antérieurs, avoit été en usage parmi les Égyptiens!
7 ° Q ue Ie zodiaque nominal ne permet pas de considérer ces dates de quinze
mille, de six mille et de quatre mille comme n’étant que des époques prolep-
tiques, c’est-à-dire, que dans des temps postérieurs on auroit supputé, pour des
temps antérieurs, le lieu occupé par le soleil, et qu’alors les Égyptiens auroient
peint ce résultat dun calcul toutefois difficile, pour en imposer aux étrangers sur
l’antiquité de leur nation et de leurs connoissances; car comment imagine^ que,
Jorsqu on inventa les signes qui dans le zodiaque parlé exprimoient, pour le peuplé,
des phenomenes dont il connoissoit l’époque, on lui ait proposé d’appeler le mois
du Verseau du nom de Taureau/ il auroit vu lui-même qu’il étoit plus convenable
d appeler Verseau lun des mois de 1 inondation, et Taureau celui du labourage.
Durant décembre , les grains échauffés dans le sein de la terre germent avec
vigueur; les oiseaux et la plupart des animaux recherchent leurs femelles et s’accouplent
: c est le temps d une reproduction universelle. Les Égyptiens l’ont peint
( !) L’auteur de ce Mémoire n’a pas eu pour objet spé- de Denderah, sont dus à M. Fourier, q u i, dans son ou-
cial de discuter la question du zodiaque Égyptien sous le vrage sur les antiquités astronomiques de l’É gyp te, traite
rapport astronomique. Les résultats qu’il annonce sur la aussi des différentes sortes d’années qui étoient en usage
place qu’occupe le solstice dans les zodiaques d’Esné et dans ce pays.
sous l’emblème d’un jeune homme et d’une jeune fille, et l’ont nommé le mois
des Amans; qu’auroient-ils pensé de la sagacité des savans qui l’auroient appelé le
mois du Scorpion! Qui n’eût senti que le nom de cet animal funeste désignerait
bien mieux l’époque où reparoissent à-la-fois les bêtes venimeuses, les reptiles et
la peste. C ’est précisément parce que c’étoit plus naturel, que la langue s’est enrichie
d’acceptions : car de même qu’Athyr, signifiant boeuf, n’a pu signifier celui
qui laboure, qu’après que cet animal eut été employé au labourage, de même Epifi,
ou le Capricorne, n’a pris toutes les acceptions relatives au solstice d’été qu’après
en avoir été l’image dans les deux. Aussi ces noms substantifs ont-ils donné naissance
à des verbes qui nous montrent chaque substantif dans l’action qui lui est
propre et particulière : ainsi thour (ou athyr) , taureau, a pour verbe athar, labourer
; faofi, le belier, a pour verbe fa fa , appeler les troupeaux au pâturage. Ces
verbes ont , avec leurs substantifs, à-peu-près le même rapport qui existe dans
notre langue entre serpenter et serpent.
Je suis entré dans cette discussion, pour montrer que le zodiaque nominal
n’a pu être le produit du caprice ; il n’est pas même l’ouvrage des sàvans seuls : des
images peintes ou sculptées peuvent être exécutées en peu de temps, par quelques
hommes, et peuvent être postérieures à ce qu’elles expriment ; mais la langue d’un
peuple est l’ouvrage des siècles et de toute la nation; et comme les acceptions ne
se multiplient que par l’usage qui fait reconnoître les qualités des choses, je répète
que les acceptions conservées dans la langue, au capricorne, par exemple, n’ont
dû lui être attribuées que lorsque le soleil occupoit ce signe au solstice d’été.
Enfin cette haute antiquité de l’institution du zodiaque est encore confirmée
par les témoignages et les inductions qu’on doit tirer de l’histoire. On ne peut
objecter que les Égyptiens, n’étant pas civilisés à cette époque, n’ont pu diviser
le ciel en douze parties, et nommer chacune d’elles si ingénieusement; carDio-
dore^nous apprend que pendant son voyage en Egypte, c’est-à-dire, soixante ans
avant Jésus-Christ, les habitans de cette contrée faisoient remonter àquinze mille
ans le règne de leurs rois, qui commença après qu’Hermès'et tous les dieux eurent
réglé les lois, le culte et les moeurs. Il n’est donc pas étonnant qu’après deux mille
ans écoulés sous un gouvernement stable , ils aient découvert les moyens de diviser,
de nommer, e t, probablement, de peindre le cercle zodiacal. Nous savons,
d ailleurs, qu ils avoient porté les beaux-arts à un haut point de perfection , il y
a plus de douze mille ans; et c’est Platon qui nous en a instruits en ces mots(liv .Il
des Lois) : « Si 1 on veut y prendre garde, on trouvera chez les Égyptiens des ou-
» vrages de peinture et de sculpture faits depuis dix mille ans (ce n’est pas pour
» ainsi dire, mais a la lettre ) , qui ne sont pas moins beaux que ceux d’au-
» jourd’h u i, et ont été travaillés sur les mêmes règles. »
N ota. J e dois p ré v en ir le le c te u r , et saps d ou te il a sen ti q u e d e s ,ra iso n s d’u n o rd re su p é r ie u r
o b lig en t d e re g a rd e r ce s résultats cijrmme h yp oth é tiqu es ; je le s ai p ré s en té s sou s la forme
a ffirm a t iv e , afin d’év iter les rép é tition s e t les q u e s t io n s in c id en te s q u i n’é to ien t pas in d isp en sables
à mon su jet.
A . Z i