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cinq degrés et demi environ. II a de plus, comme d’AnvilIe, gardé le silence sur
la valeur que ce stade entraîneroit pour la parasange, valeur de 2 9 9 2m ¿ ou environ
1 y 3 5 toises, qui est beaucoup trop petite, et dont il n’y a aucun indice dans
toute l’ancienne géographie.
Enfin ni l’un ni l’autre n’ont fait attention qu’Hérodote (1), en décrivant à peu
près la meme route, celle de Sardes a Suse, ville qui est plus à l’orient que Baby-
lone d’environ 100 lieues, ne compte eh tout que 4 yo parasanges. Il faut donc
réduire à beaucoup moins l’intervalle entre Éphèse et Babylone, en ayant égard
aussi à ¡’écartement d’Éphèse au sud-ouest par rapport à Sardes.
II y a une explication de ce passagé qui semble lever toutes les diificultés ; c’est,
ï. que les 16050 stades sont de 400000 à la circonférence, ou de l’espèce du
petit strjde Égyptien, et 2.0 que Xenophon les a confondus avec des stades Babyloniens.
En effet, on trouve sur les cartes (2) que cette distance est d’environ 14° È
d un grand cercle, ou 3 69 lieues de vingt-cinq au degré : or chaque lieue fait 44 stades
j de la mesure du petit stade Égyptien (3) ; ce qui produit en tout 16400 stades,
et ne différé que de 350 du nombre de Xénophon. Mais, comme la parasange
etoit généralement réputée de 30 stades, notre auteur a fait, à chaque fois, la
réduction des 16050 petits stades sur ce pied, et, par conséquent, il en a conclu
5 3 5 parasanges, au lieu de 369 seulement que renferme cet intervalle (4). C ’est
ainsi que Pline a toujours réduit les stades en milles, sur le pied d’un mille pour
huit stades, sans considérer l’espèce de la mesure employée par les auteurs. Xénophon
compte seulement 93 stations, çaQ/mi , dans cet intervalle ; ce qui confirme
le calcul : en supposant 4 lieues, terme moyen, pour chacune, le total seroit de
372 lieues ou parasanges Persanes (y). Au reste, quelque stade qu’on mette à la
place de celui que jai supposé, on ne trouvera point le compte de 16050.
El-Edrysy donne deux évaluations du stathmos Arabe ou station appelée mar-
lialiih (6), ainsi que je lai deja dit, lune de 24 milles et 8 parasanges, l’autre de
30 milles et 10 parasanges. Ce n’est là qu’une seule et même mesure de 44333
métrés. Dans le premier passage, il s agit clairement du mille Hachémique ou
1 ancien mille Égyptien, et de la parasange Égyptienne ; dans l’autre, du mille Romain
et de la parasange Persane (7). Abou-l-fedâ fournit aussi la première valeur, et
Mohalli la seconde. Ces passages sont frappans, et nous aurions pu les donner à
(1) Herodot. Hist. lib. y, cap. 53. Voye^ ci-dessus,
pag. 649.
(2) Voyei la carte ancienne de l’Asie mineure par
d’A nviile, et les cartes d’Arrowsmith : je trouve dans
celles-ci environ 4S minutes d’un grand cercle, d’Éphése
à Sart ; 70 40', de Sart à Scanderoun, en passant par tous
les détours de la route; et 6° jo ‘ , de là jusqu’aux ruines
de Babylone : il faut en retrancher environ 30' pour les
12 parasanges que Xénophon comptoit de Cunaxa à Babylone
; le résultat, pour la route d’Éphèse à C unaxa,
est de 14° x> c’est-à-dire, 369 lieues.
(3) Voyez Ie tableau général et comparé des mesures.
(4) D ’après le calcul de l’un des commentateurs de Xénophon,
il y auroit 2006 milles Anglais, distance considérablement
trop grande. Son erreur vient de ce qu’il
regarde les 535 stades, ainsi que tous ceux de la route,
comme étant des stades Olyfnpiques. Voye^, dans l’édition
citée plus haut, la dissertation en tête de l’Expédition de
Cyrus, Ùc. par Hutchinson. 11 compte 4331 milles Anglais
pour les 34650 stades du chemin total que les Grecs ont
fait, selon lu i, en allant et en venant.
(5) C ’est la proportion qui résulte du passage d’Héro-
d ote, puisqu’il comptoit l i t stations pour 450 para-
sangés ; or celles-ci sont bien certainement des lieues de
vingt-cinq au degré.
(6) C e mot veut dire proprement chemin fait, et représente
bien la valeur du mot çttQ/uàç.
(7) Les Arabes ont, comme les Grecs, cité beaucoup
de distances, sans avoir connoissance ou sans prévenir
du module des mesures dont ils se servoient.
ftrticle des preuves, au lieu de les présenter seulement ici comme une application.
La mansion Persique, çaô/hç nejuidi, composée de y parasanges et de iy o stades,
s’accorde encore avec ce résultat: c’est la moitié de la mesure précédente. Elle
est le double du grand schoene, et renferme en effet y parasanges Persanes et
1 y o stades Persans. .,
. J’essaierai d’expliquer un passage de d’Herbelot sur l’institution, en Perse, des
parasanges de 4ooo pas, par Caïcabadj premier roi de l’ancienne dynastie des
Caïaniens : il dit que ce pas avoit 3 pieds, dont la parasange en prenoit 12000, en
même temps qu’elle avoit 9000 coudées. Selon moi, la coudée est celle de Héron
ou l’Hachémique. Le pied répond à la coudée commune de 24 doigts ; le pas est le
xylon, mesure antique de Héron; et la parasange est la parasange Égyptienne (1).
Quant à l’application du nom de pied à une coudée, quelqu’extraordinaire qu’elle
paroisse, elle explique et lève parfaitement la difficulté de ce passage. D ’ailleurs
elle n’est pas sans exemple dans l’antiquité ni dans les temps modernes. Le pied
Aliprand du Piémont n’est autre chose qu’une coudée.
Il feut terminer cette- série d’applications et d’éclaircissemens par un passage
bien connu, mais que l’on peut regarder comme capital ; c’est celui d’Hérodote
où il est question de l’étendue maritime de l’Égypte, et de l’emploi qui s’y faisoit,
de son temps, de l’orgyie, du stade, de la parasange et du schoene (2): il évalue à
60 schoenes la longueur de l’Égypte . le long de la mer. Pour faire apprécier cet
intervalle et la mesure même, l’auteur ajoute que la parasange vaut 30 stades,
et le schoene 60, et qu 'ainsi l ’Egypte pourroit avoir d’étendue, le long de la mer,
y 60 0 stades.
Le stade dont il s’agit dans tout ce passage, est évidemment le petit stade de
99” -j ou de i 1 11 j au degré, ainsi qu’on l’a fait voir, et ainsi que nous le démontrent
l’état des lieux et la parfaite connoissance de l’Égypte; le développement
du littoral est en effet d’environ 360000 mètres, ou de 3600 petits stades.
Mais faut-il en conclure que la parasange étoit composée de 30 stades de cette
espèce ï Là parasange Egyptienne avoit bien 30 stades, mais de six cents au degré.
Hérodote a négligé d’avertir ou peut-être, il ignoroit que le stade de la parasange
étoit autre que celui dont il a constamment fait usage en décrivant l’Égypte. Il
est possible aussi qu’il ait confondu ensemble deux espèces de schoenes, comme
il faisoit des deux espèces de stades. Au reste, Hérodote parle encore du stade
de six cents au degré, sans en prévenir, quand il dit que les 100 orgyies font
juste un stade de 6 plèthres, l’orgyie 6 pieds ou 4 coudées, &c. (3).
Chacun des exemples que je viens de citer pour appliquer ries évaluations des
différentes espèces de schoenes et de parasanges, auroit sans doute, dans un traité
spécial, demandé de plus longs développemens; plusieurs même pourroient être
l’objet d’une dissertation particulière: mais, ce Mémoire ne comportant point des
discussions aussi étendues, j’ai dû me borner à montrer rapidement que des passages
difficiles étoient clairement expliqués par le tableau général des mesures,
(1) Voye%le tableau général des mesures. (3) Herodot. Hist. Iib. 1 1 , cap. 149*
(2) Herodot. Hist. lib. 11, cap. 6.
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