
peuple singulier, en leur présentant, comme le concours heureux de phénomènes
naturels, quelques-uns des miracles que leur raison repousse !
Des Nomades,
D a n s les contrées les plus sauvages où l’homme ait porté ses pas, jamais il n’a
trouvé ses semblables entièrement isolés les uns des autres ; il les a toujours vus
réunis en tribus plus ou moins nombreuses ; et lorsque nous n’aurions pas à cet
égard 1 assertion unanime des voyageurs, l’analogie nous y conduiroit,si nous observions
avec soin ce qui se passe chez les animaux, si nous comparions leur organisation
avec la nôtre, et nos habitudes naturelles, nos qualités morales et physiques,
avec celles que nous remarquons chez eux.
Les mêmes considérations, jointes aux témoignages historiques, font penser que
l’homme a été chasseur et berger avant d’être cultivateur ; qu’il a erré sur la terre
avant d y avoir des demeures fixes, et que par-tout où la fertilité du sol, la douceur
du climat, la salubrité de l’air, ont été plus grandes, la population s’est plus rapidement
augmentée, et a plutôt passé des deux premiers états au troisième.
Dans ce nouvel état, l’homme, moins occupé de sa subsistance et de sa défense
personnelle, se créa de nouveaux besoins; besoins factices, sans doute, mais sédui-
sans et doux a satisfaire : il perfectionna les arts, les multiplia, inventa les sciences.
Fier de la supériorité de ses connoissances, il méprisa l’ignorance du sauvage; et
celui-ci, lui rendant mépris pour mépris, fit voir plus d’une fois ce que peuvent le
courage et la force nés de l’indépendance et de la pauvreté.
De deux situations si différentes naquit une haine prononcée, une guerre continuelle,
entre les peuples nomades et les peuples cultivateurs ; cela contribua encore
à la diminution des premiers, parce que, vainqueurs, ils prirent nécessairement
les moeurs des vaincus, et que, vaincus, on les contraignit à abandonner leur genre
de vie. Ils auraient donc à la longue disparu tout-à-fait, s’il n’y avoit eu sur la terre
des cantons dont I insalubrité ou la stérilité arrête les progrès de la population,
et ou 1 homme ne peut vivre qu’avec le secours des troupeaux et en changeant
souvent de place; des lieux, enfin, où il trouve un abri certain contre les armes
des nations les plus puissantes. Tels sont, entre autres, les déserts de l’Égypte, de
1 Arabie, de la Syrie, de la Mésopotamie, qu’habitèrent autrefois les tribus des
Hébreux, et qu’occupent encore à présent des tribus nomades.
L état physique de ce pays n’offre aucun attrait aux invasions étrangères ; il ne
laisse pas le choix d’un grand nombre de combinaisons dans la manière de vivre,
ni dans les coutumes et les rapports politiques de ses habitans : on doit donc y
retrouver les moeurs et les usages de la plus haute antiquité, et c’est, en effet, ce
qui a lieu ; 1 histoire des anciens patriarches semble être celle des cheykhs Arabes
de nos jours (i).
( i ) Voyeç mon Mémoire sur les tribus Arabes des usages communs aux deux peuples, celui de déchirer
esertsdel Egypte, É .M . tom. pag. <¡77. J’ajouterai ses vêtemens et de se couvrir de poussière en signe
seulement à 1 énumération que j’y ai donnée de quelques d'affliction.
Abraham.
Abraham.
C e s t dans les déserts arides dont nous venons de parler, que des peuplades
entières se sont élevées les premières à l’idée sublhne d’un seul Dieu (i); c’est là qu’a
pris naissance cette religion qui, nommée Judaïque, Chrétienne ou Mahométane,
selon les modifications qu’elle a reçues, s’est répandue sur la plus grande partie
du globe.
, Dans ks campagnes riantes de la Grèce, sur les bords de l’AJphée ou du Céphise
1 homme a pu adorer, sous les noms de Flore, de Cérès, de Pomone, la nature
embellie par les fleurs, les moissons et les fruits, et, jouissant du charme des beaux-
arts, les invoquer sous le nom de Minerve et d'Apollon; il a pu, dans l’odorante
Chypre ou la molle Ionie, au milieu d’une atmosphère qui porte l’ame à la volupté,
a orer sous les traits de la plus belle des femmes le plaisir qui entraîne vers
un sexe enchanteur : heureux de mille manières, il a vu dans chaque bienfait un
bienfaiteur différent.
Sous un ciel moins fortuné, les Thraces, les Germains, habitués dans leurs
chasses- e t leurs guerres continuelles à verser chaque jour le sang des animaux’ou
de leurs semblables , ont pu voir la demeure du dieu des batailles dans ces forêts
sombres et mystérieuses où le murmure du vent semble le cri plaintif de la
douleur.
Mais un peuple pasteur, errant dans de vastes plaines de sable, pouvoit-il adorer
la terre sous ses différens attributs et dans ses accidens divers, lorsqu’elle étoit pour lui
si avare et si uniforme! Pouvoit-il, ignorant le luxe des arts, déifier leurs inventeurs!
Doux et humain, vivant du lait de ses troupeaux, pouvoit-il adorer le dieu de
la guerre, comme le sauvage qui cherche sa subsistance au péril de ses jours se
nourrit de chair palpitante et s’abreuve de sang! Non; les astres seuls attirèrent
son admiration ; le soleil, qui ranime les êtres, donne de la force à leurs corps,
de lactivité à leurs pensées; la lune, les étoiles, qui éclairent ces nuits du désert’
si délicieuses après la brûlante chaleur du jour, furent déifiés; et cette religion est
bien plus près qu’aucune autre d’élever J’homme à la connoissance de l’Être
suprême. -
Dans le ciel, en effet, tout est infini, et un ordre simple, admirable, s’y aperçoit
dabord; ici-bas, tout est borné, et semble abandonné à un sort aveugle. La
mer, la terre, l’air, les phénomènes qu’ils présentent et qu’on ne peut prévoir-
les heautes.de la campagne, les arts des villes, les passions humaines; toutes ces
choses sont tellement distinctes, qu’il est difficile quelles fassent naître l’idée d’une
cause unique, d’un moteur universel : l’observation des astres, au contraire,’ fait
, (l) Les tribus Arabes q u i, réunies en corps de nation instruits chez les nations les plus civilisées de la terre •
purer h r i i l f ' °”‘ ^ réf°rmer’ I l “ P"r d'™ e . Les Ouahâbys ne donnent aucun compapreuvé
d e nueToü T " 6’ R Î ? ' " " n° UVeIle S"on à D ie u ; ils n’iuvoquentquelui : Mahomet, Moi, preuve de ce que nous avançons. Ces hommes grossiers Jésus-Christ, ne sont pour eux que des saxes et les hou
r eT ’. T SimpliCitl!’ au m6me POint * neurs religieux qu’on croyance religieuse où sont arrivés la plupart des gens- L rend,’ qu’une mS oia, ini e.