
» de trois cents coudées, et son périmètre de six s ades [3600 pieds]. Au reste, il
» y a tant d’art dans leur construction, et leurs faces sont si bien dressées, que
» le tout semble ne former qu’une seule pierre (1). »
Diodore de Sicile ne fait qu’une mention très - succincte des pyramides : « La
»base de la, plus grande est, d it - il, un carré dont chaque côté est de sept
» cents pieds (2). »
Strabon ne donne qu’un stade au côté de la même base (3).
Pomponius Mela rapporte qu’elle occupoit une superficie de quatre jugères (4 ).
Enfin, suivant Pline le naturaliste, « les trois pyramides sont situées, du côté
» de l’Afrique, sur un rocher stérile , entre la ville de Memphis et la partie de
» l’Egypte qu’on appelle le Delta, .à une distance du Nil moindre de quatre mille
» p as, et à sept mille de Memphis, près d’un village appelé Bnsiris, dont les
» habitans sont accoutumés à les gravir.
» La plus grande est bâtie de pierres tirées de la montagne Arabique. Elle a
» été construite, dans l’espace de vingt ans, par trois cent soixante-seize mille
» hommes. On a employé soixante-dix-huit ans et quatre mois à les élever toutes
» les trois. Les auteurs qui en ont écrit, sont Hérodote, Evhemère, Duris de
» Samos, Aristagoras, Dionysius, Artémidore, Alexandre Polyhistor, Butorides,
» Antisthène , Démétrius , Demotelès , Appion. Ils ne sont point d’accord
» entre eux sur les noms de ceux qui les construisirent ; juste effet des lois de
» la destinée, qui' n’a pas laissé parvenir jusqu’à nous les noms de ceux qui éle-
» vèrent les monumens d’un si grand orgueil !
» La base de la plus grande des pyramides occupe huit jugères. Ses quatre
» angles, à distances égales les uns des autres, sont éloignés de 883 pieds. Elle
» a iy pieds de largeur au sommet » (y).
Nous venons de réunir tous les témoignages de l’antiquité sur les dimensions
de la grande pyramide. Le côté de sa base avoit de longueur,
S u iv an t H é r o d o t e ...................................................... 800 pieds.
Su iv an t P h iion d e B y z a n c e . . . , ; 900
Su iv an t D io d o r e d e S ic ile ................................. 7 0 0
Su ivant Strabpn., e n v iro n ................................. ... 600
E n f in , suivant P l i n e . . ....................................... 883
Toutes ces expressions de la même ligne sont indubitablement rapportées à
(1) Memphilicas pyramides haud possibile referre supra (3) Earum (pyramidum) très memorabiles sunt. Duæ
fidem est : montes enim montibus superxdificati immensità- inter septem orbis miracula adnumerantur. Singulce alti-
tesque quadratorum lapidum mentis aciein perstringunt , tudine stadi ifig u râ quadrata ; allitudinem habentes paulà
adeò ut qui bu s viri bu s tanta operum pondera subvecta sunt majorem quolibet latore, et mole se paululum excedentes:
intelligat nemo. Stat quadrata basis ; defossi fundamentis in media fe r ì laterum altitudine lapis exemtilis est, eoque
lapides uniuscujusque molis quam terra sustinet celsitudini sublato obliqua fistula usqueadloculum. (Strabonis Geogr.
respondent. Gracilescit paulatim opus , et in ■conum gno- lib. XV l i , p . 80S. )
monisque speciem extenuatur. T recentorum cubitorum alti- (4) Pyramides tricenûm pedum lapidibus exstructoe, quatudo
est, ambitusque stadiorum sex. Ita vero compagi- rum maxima (très namque sunt) quatuor fe r ì soli jugera suâ
natur arte structura levigaturque, ut solidus esse lapis videa- sede occupât. (Pomponius M e la , D e situ orbis, lib. I ,
tur. (P-hilo Byzantius, D e septem orbis rniraculis. ) p. 47- )
(2) Diodore de S ic ile , traduit par l’abbé Terrasson, (5) Plin. Histor. natur. Iib. XXXVI, cap. 12.
tome 1 .“ , page 134.
des unités de mesures différentes. Malheureusement les anciens nous ayant laissé
ignorer les rapports qui existoient entre ces unités, on se trouveroit réduit à
appuyer sur des conjectures plus ou moins hasardées les tentatives auxquelles
on se livrerait pour ramener à l’identité les expressions précédentes. D ’un autre
côté, pour garantir l’exactitude des résultats qu’on pourroit obtenir, il faudrait
supposer aux anciens, dont le récit aurait servi de base aux calculs qu’on aurait
entrepris, le projet formé de laisser à la postérité une donnée certaine, propre à
faire connoître les mesures qu’on employoit de leur temps ; autrement ils n’auront
pas eux-mêmes vérifié celles qu’ils indiquent, et se seront bornés souvent à
recueillir des bruits populaires. Cela paraît d’autant plus vraisemblable , que la
plupart des voyageurs de l’antiquité ne s’attachoient pas à mettre dans leurs
narrations une précision rigoureuse : plus occupés de conserver les annales des
peuples, de décrire leurs moeurs et leurs usages, que de noter les dimensions des
monumens qu’ils visitoient, il leur aura suffi d’exprimer ces dimensions en nombres
faciles à retenir et qui en donnassent une grande idée à leurs lecteurs.
Mais, si l’on est fondé à porter ce jugement des différentes mesures du côté de
la base de la grande pyramide, indiquées en nombres ronds par Hérodote, Phiion
de Byzance, Diodore de Sicile, et Strabon, il n’en est pas ainsi de la mesure
que Pline en a rapportée.
En effet, lorsqu’il attribue au côté de la base de la grande pyramide, précisément
883 pieds de longueur, sans négliger le petit nombre d’unités qui rend
cette expression en quelque sorte irrégulière, il manifeste l’intention formelle
de donner, non pas une indication vague, susceptible de se graver facilement
dans la mémoire du commun des lecteurs, mais une détermination rigoureuse,
dont l’exactitude satisfit ceux qui s’occupoient alors des sciences ; classe peu
nombreuse et choisie, à l’usage de laquelle son ouvrage étoit spécialement destiné.
Cette considération seule établit en faveur du texte de Pline une probabilité
de précision dont les autres narrations sont dénuées ; il faut ajouter que parmi
les auteurs originaux qu’il cite, il se trouvoit quelques Égyptiens dont il dut naturellement
adopter le témoignage, de préférence à tout autre (i).
Ainsi tout porte à croire que la longueur du côté de la grande pyramide,
telle qu’il la rapporte, est la traduction d’une ancienne mesure, exprimée en unités
auxquelles les Grecs et les Romains appliquèrent la dénomination de pied, particulière
à leur langue.
O r , de toutes les unités de mesure usitées en Égypte, la demi-coudée ou le
Zéreth etoit la seule à laquelle cette dénomination put convenir : on est donc
fonde a conclure que les 883 pieds attribués par Pline au côté de la base de la
grande pyramide, sont 883 £éreths, équivalens à 232™ 6702.
Nous allons rechercher maintenant si les mesures de la même ligne que les
modernes ont publiées, justifient cette conclusion.
Jacques Ziegier, auteur d’une Description de la Palestine, de l’Arabie et de
(1) Notamment Appion , auteur d’une Histoire d’Egypte.