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« en l ’Imneur de l'implacable dieu J e s enfers. Que les Thessaliens, mes sujets, par-
» tagent avec moi un si légitime devoir QueMans toute la ville on’n’en-
« tende plus les doux sons de la lyre, que la lune n’ait rempli douze fois son
» disque. »
On pourroit citer un grand nombre d’exemples de cet usage chez les anciens,
non-seulement dans les auteurs profanes, mais encore dans les auteurs sâtrés ( 1 ),
sans que la question cessât pour cela de rester indécise. Nous pourrions même
rappeler beaucoup de circonstances semblables, où les anciens Grecs et les Égyptiens
employoient des mstrunjens. Par exemple, on rapporte que la pompe funèbre
dlApis étoit accompagnée du bruit des sistres et du son des flûtes (2); qu’on
ëmployoit le sistre dans la recherche d’Osiris, cérémonie triste et de deuil^) ;
qu’on s’en servoit également pour éloigner le génie malfaisant Typhon (4 ), nuisible
à tout ce qui a vie; qu’on en faisoit encore usage «ans les cérémonies lugubres
qui avoient lieu sur le Nil. Nous pourrions ajouter, en.outre, qu’on se servit de
flûtes et de trompettes dans les fonérailles des anciens ; que, dans les catacombes
qui avoisinent les grandes pyramides de Gyzeh, on vo if des instrumensà vent et
à cordes peints sur les murs ; qu’on remarque aussi dans les grottes d’Élethyia, à la
tete dune pompe funèbre, une femme pinçant de la harpe, un jeune homme
devant elle jouant d’une flûte double, et devant celui-ci un autre qui frappe deux
espèces de règles l’une,sur l’autre, &c. &c. Mais doit-on conclure de là, que les
Egyptiens, les Grecs et les Romains employèrent cfc-tout temps ces instrumëns dans
les pompes et les cérémonies funèbres, et que l’usage ne leur en fut jamais inconnu !
N o n , assurément : car, en confondant ensemble toutes les époques éloignées de
nous, saps avoir égard à la différence des temps, qui, nécessâiremçnt,t ont dû
amener des changemens dans les progrès de la civilisation; dans ceux des’ connoispoinl
applicable. Ainsi ces vers nous présenteraient un les vers 178 et suivans d'Iphigénie en É f t É W I W l ü j .
sens que nous paraphraserons de cette 'manière pour C h o ru s . RetJÛttet àmtihtdi '
taire disparaître toute équivoque: F a ite s que les 'p rières que E t fymnum Àsiatbtm lili
v o u s a ile£ adresser a u d ieu de la lum ière, d e l ’ harm onie et d e Barbaricâ voce, "fe
l ordre, reten tissen t ju s q u e dans la som bre demeure d e l ’ itn - O domina, sondbo,
p la ca b le d ieu d çs en fers (d e la m o r t), e t Fobligent a rendre Musam lugubrem,
m a chère épouse à la v ie, Pro mortuis miseram,
Cette interprétation est confirmée et motivée par ces ^uam in Carmi"ibus Pluto
vers du même poëte ( A lc e s t- v. 220) • . S onatjine panne.
O rex Apollo *, et ceux"ci;» <Iui caraoerisen r à merveille lesVfchants qu’on
Inventas aUqttâm AJnttta mahntm 'mtmdanm ramnei. adresson à Pluton g lesquels étoient diamétralement op-
Largire jam, largire eam ; poses aux péans ( Euripid. Electra , v. 143 et seqq. ) :
Nam et antè invenisti opem advcrsùs mala hujus : Viciferationem, carmen Plutoüis, ô pater,
Nunc qnoque fia s liltrator ex morte, * Luctus tibi sub terra jaccnti cano,
Aiortiferumque projliga Plutonem. ' Quibus semper quotidie
et par ceux-ci ( ib id . v. 357 et seqq. ) : Indulgeo.. ---....
S i ver à mihi Orphei adesset lin^ua, et carmen observations, qui, dans toute autre circonstance,
Utj? filiam Cererh, ont ejus maritum, auroient peut-ctre paru minutieuses, deviennent impor-
Demultens carminé, ab inferis reducercm te conjugem^g - tantes quand H s’agit de la musique et des chau.ts de la
Descendcrem, nec me Plutonis canis, ' lE È B w L , haute antiquité, dont nous avons fait une étude parti-
Nequedeductor animarum Charon nauta, quiadremum ièàct,:V cul,ère.
Retinerent, priusquam te in vitam reducerem. ( 1 ) J o b . cap. 30 I v. 31. P sa lm , 3 0 , v. 2 . M a ch a b .
Pour se convaincre qu’Euripide ne pensoit pas qu’on caf l" 3» v* 4>*
dût adresser des péans à Pluton, il n’y a qu’à se rappeler ^*au^>an- d e i f ' Cp/w, H o n o r. P a n eg . v. 685 et seq.
, n " , .. » „ (3 ) Ovid. M e ld n ù l i f^ i x , v. 180 et seqq.
Dans le grec d y a n atm, Paon, « non Ajntlb. (4 ) Plutarque , ,1’ïsis. a S O M s , page 33 , , D .
sances humaines, soit dans les sciences, soitjdans les,arts, et qui par conséquent
ont dû influer aussi sur les nïçEurs et les usages, il deviendroit impossible dé s’entendre
¡.et de jamais s’accorder sur les faits ; on trouveroit également par ce moyen
des témoignages pour ou contre, suivant l’opinion qu’on auroit embrassée. Parce
que telle chose se passoit de telle manière en tel temps ou en tel pays, on ne doit
pas en conclure que cela se faisoit de même ailleurs ou dans un autre temps, sans
avoir examiné auparavant ce que les moeurs et les usages de ces divers temps ou de
ces divers paya ont eu de commun ou d’opposé,jret,sur-tout sans appuyer son
jugement par des autorités respectables ou des faits relatifs aux temps et aux lieux
dont on parle,. Quand on cherche la vérité de bonne foi,sans prévention, et qu’on
craint l’erreur, on ne sauroit trop se défier de sa propre opinion et se garder de
la hasarder légèrement. Ces principes au moins sont les nôtres, et c’est d’après
eux que nous avons tâché d’établir tout ce que nous disons de l’antique musique
d’Égypte, dont nous venons de faire connoître le premier état.
Il seroit inutile de nous étendre davantage sur ce point, qui nous paroît assez
solidement établi. Il s’agissdit, non de faire une histoire de l’art musical de l’antique
Egypte, mais seulement d’expliquer son origine, sa nature, son objet, son but, la
cause des changemens qu’il y a éprouvés, et de déterminer avec précision en quoi
consistoit l’aversion des Égyptiens pour la musique. Nous avons établi les premiers
points ; il ne nous reste donc qu’à éclaircir les derniers, sur lesquels nous
avons déjà répandu quelque jour.
En résumant ce que nous avons dit à l’égard du premier état de l’art musical en
Égypte, il résulte que cet art étoit une imitation et une expression des bonnes moeurs
rendues sensibles par la voix ( i ) ; ses premières causes occasionnelles, la douleur ou la
joie ; ses principel'natürels et essentiels, l’ordre et l’harmonie ; qu’il consistoit dans
la beauté „la grâce et l’énergie des expressions ; qu’il embrassoit la poésie et tous les
discours vrais ou feints, c'est-à-dire, tous les discours dont le sens n’étoit point
voilét et tous ceuxsdont le sens étoit caché sous une allégorie ; que ses parties intégrantes
étoient les paroles, la mélodie et le rhythme ; que son objet étoit de régler
les passions, d’instruire et d’élever l’ame ; que son but enfin étoit d’inspirer de
bonnes moeurs, ses moyens pour y arriver étoient la sagesse, la vertu, la religion et
les lois, et que tout ce qui étoit étranger à ces choses, ne lui convenoit point.
(1) La musique instrumentale, n’étant produite que par l’objet de l’ancienne musique Égyptienne, dont le but
des sons inanimés de corps sans v ie , et par conséquent fut diamétralement opposé,
sans expression, ne peut avoir rien de commun avec