Ces mots de Callimaque, ¿ueTgj» prouvent ma conjecture ; savoir, qu’on
mesuroit l’aroure au moyen d’une perche ou canne de i o pieds Égyptiens. Le
poëte nous apprend que cette canne devoit servir en même temps d’aiguillon
pour exciter les boeufs au labour: ce qui Je confirme, c’est Je nom d«ï«o»«, donné
à cette mesure ; car axsut*. signifie aussi stimulus. Le mot même de canne me paroît
avoir la même racine qu’i'xsu»«. ; J. Pollux écrit xsbo. avec un seul », au lieu de xsL»«.
qu’on croit venir lui-même de l’hébreu et signifier calamus (i). Mais cela me paroît
sur-tout démontré par le vers du poëte que j’ai cité : L'a-xsuvo., qui est à -la -fo is
l aiguillon des boeufs et la mesure de l'aroure (2).
Il n y a rien dans ce double usage de la canne que de fort naturel : le même
homme mesuroit la terre qu il devoit labourer, et sa perche, armée d’une pointe (3),
lui servoit pour aiguillonner les boeufs.
Voici, dans le même passage d’Éd. Bernard (4) sur l’i ’xsuv«., un autre résultat de
la même nature, et qui dérive naturellement de la seule construction de notre
tableau : -
Axsuvet, 12 pedes, /j dpalnii^ jÿ y digiti, it) spitjiamoe, (f cubiti sive gressus j Riuj-'FZ
rmi 7ra%éi«], 2 ~ orgyioe, -uiaiu:fut passas 2 , ampelos 2 f extendit enim ampelus
digitos do, spithamas t> y , palmos 20, pedes p , gressus sive cubitus 2 p , orgyiiim 1 —,
(Extrait de Héron.)
A u premier abord, on seroit bien embarrassé de.'trouver une mesure qui remplisse
toutes ces indications ; comment une quantité de y pieds (quel que soit Kampelos)
peut-elle être plus grandé que l’orgyie, et de même’ dés autres! Aussi Éd.
Bernard s’est-il imaginé qu’elles venaient d’un manuscrit défectueux et supposé.
(Hoec talia Hero subditivusf Mais, en comparant ces valeurs avec le tableau général
des mesures.^ on trouve’fussitôt que(Héron parle de la canne de 3“ 694, qui a
depuis été la canne Hachémique ; car elle satisfait à tous ces rapports. Ensuite
on voit que le passas répond à l’orgyie Égyptienne ; quel ’ampelos est le pas de
5 pieds Égyptiens; que le fi/oy, est, comme ci-dessus (5), la grande coudée de
32 doigts, du meme Héron ; que le pied est le pied Égyptien même, et qu’enfin les
spidtames, palmes et doigts, appartiennent à la côüdée Égyptienne. Quant à la valeur
de 2 orgyies ~ pour l’acæne, elle convient à la grande canne. Égyptienne
de’ io coudées dont j’ai parlé en commençant.
D après ce qui précède, on est autorisé à conclure que le décapode Grec est
une ancienne mesure des Égyptiens, double' de leur ampelos ou pas géométrique.
On l’appliquoit quinze fois sur le terrain (ou Xampelos trente fois) pour mesurer la
longueur de l’aroure’.
(1) Les Hébreux appeloient j— rap W , ce qui veut nous a- fait connoître sous le nom d’aroure. Homère a
dire calamus, leur-, mesure de 6 coudées, nommée no- * lu ¿¿même employé le mot d'açyvçp.. Je reviendrai sur ce
vempeda Hehraica (vo ye z S. Jérôme). On voit encore sujet au chapitre x i l l . <
bien l’origine commune des mots axaiva. et canna dans (3) Akouïcl, virgapastoralis, aculeo proefixa... A b liujus
celui de ,— p jp , xavia, qu’on trouve'chez les commen- similitudine dicta est etiam, virga ilia decempedalis quâ
tateurs. ( Voy. Jonath. et Syr. in Ed. Bern.) s^mensores in agris dimetiendis ütuntur, ¿¡?c. ( S c a p . Lexic.
(2) Je traduis ici apü&t- par aroure, et non «¡par terre voc. "kxajm. ) Eustatbe explique le mot d’cuaiva par celui
en général, comme a fait Rich. Bentley. Les traducteurs de xdfut^, qui veut dire pieu, perche.
ont toujours interprété ce mot de la même manière; per- (4) Pag. 225.
sonne n’a songé à la mesure Egyptienne qu’Hérodote (5) Pag. 631.
D E S A N C I E N S E G Y P T I E N S .
C A N N E H É B R A Ï Q U E .
L a canne Hébraïque est surnommée h exa pêchu s, c’ést-à-dire, de six coudées ; sa
valeur est donc parfaitement déterminée à 3“,325; On l’appeloit aussi cnnéapode,
parce quelle contenoit 9 pieds Hébraïques. Enfin 011 lui donnoit'le nom de
dodécapode ; et c’est ce qu’il s’agit d’éclaircir. Si l’on prend le 12.' de 3“,3 2.5, on
trouve om,z jn \ : or c’est précisément le pied dont a usé Pline, comme iîous le
savons, et aussi le za reth a ou spithame Hébraïque. Ainsi l’existence de ce pied de
Pline, égal à la demi-coudée Hébraïque, est demontrçe par une preuve de plus.
C ’est ainsi que tous les résultats viennent à l’appui l’un de l’autre et se confirment
réciproquement.
Je remarquerai que la grande acæne de Héron étoit aussi dodécapode : elle contient
douze fois le pied Égyptien. Enfin l’acæne Égyptienne et Grecque renfeniioit
douée fois le pied Italique du même auteur.
La canne Hébraïque est essentiellement de 6 coudées ( 1 ) ; cependant, selon
la mesure d’Ézéchiei, la canne avoit 6 coudées et un palme, ou 37 palmes; la
valeur de la coudée Hébraïque étant de om,jy 4 2>et celle delà canne ordinaire, de
3” ,325, on a, en ajoutant à celle-ci une 36.' partie®^1",4 174 pour la longueur de
la canne d’Ézéchiei. Or cette grandeur fait juste 6 fois j une certaine mesure qui
est 360 fois au grand stade Egyptien et 60 fois au plèthre, et dont je parlerai à
l’article de la coudée Babyloiiienne; cette mesure estrprécisément la même qu’un
pied usité en PiémontiH). D ’appè^ce que j’ai dit ailleurs, le rapporté j a existé
de tout temps et existé encoré entre les différentes mesures de cannes et de
coudées ; ce quPconfirme l’évaluation que je donne ici à la canne d’Ézéchiei.
Celle-ci répondoit encore à 10 pieds, chacun des j- do la mesure ci-dessus, ou
de om,3 4 >7 > et peut-être en usage à Babylone, d’où peut-êtfe l’on aura emprunté
cette canne plus forte.
S. V.
De l ’Orgyie.
L ’orgyie servoit, du temps de Héron,,comme dans l’antiquité, pour la mesure
des champs à ensemencer : 'H ippnà. p é «5 05 yt¡. Cette mesure
étoit dix fois au schoenion serendoe terroe ou des terres labourées ; rapport très-
commode pour le calcul de la quantité des semences, c’est-à-dire, du nombre et
du poids des mesures de grain comparas à la surface à ensemencer. La mesure
des prés, schoenion ou socarium pratorum-, contenoit doilzê fois cette même orgyie.
(1) II est question, dans S. Augustin, d’une coudée cogitétnus, quod Orígenes (a) non ineleganter adstruxit,
géométrique de 6 coudées, qui répond évidemment^ à - Moÿs en, scilicet hominem (b) D e i jsèruditum, sicut scrip-
la mesure d’ une canne: son surnom annonce que lle tuiii est, bmni sapientiâ Ægyptiorum, qui geometricam
servoit à l’arpentage. S’il s’agit de la coudée légale Hé- dilexeruntjjtgeometrica cubito significarepotuisse, ubi unain
braïque, elle seroit de 3m,325 : peut-être aussi est-ce l’an- *quantum sex nostræ valere asseverata,quis nonyideat quan-
cienne canne décapode de 3m,o8, appartenant à l’E gypte, tùm rerum caperepotuit illa magnitudo ! (S. Augustin, de
V o ic i le passage, où S. Augustin, voulant montrer • Civit. Dei, lib. x v i , pag. 4 14» toni. V I I .)
que l’arche a pu renfermer toutes les espèces d’animaux, (2) Voye^ ci-dessous, §. VI.
mâle et femelle, allègue en preuve l’existence de cette («) Homìl. 2 ìnÌGenes,:
coudée géométrique, équivalente à 6 coudées: Si autem (b) ¿po». cap. 7 , v. a*.