
qui, pour donner une canne d’arpentage de 3'”,675, précisément égale à celle de
la double aroure antique f 1 ), devroit être de o'",58oo ou de deux millimètres et
demi plus longue que 1 e p 7c beledy actuel, qui est, comme on sait, de o” 5775.
Dans une recherche de la nature de celle qui nous occupe.il faut considérer
que, pour çtre fondé a conclure que l’usage d’une unité de mesure antique s’est
conserve jusquà présent, il n’est pas nécessaire d’arriver à une identité parfaite
dans les expressions de la mesure antique et de la mesure moderne: car une multitude
de causes peuvent avoir altéré les anciennes mesures ; et l’on n’est pas tellement
m . des étalons qui servent de base aux calculs, que l’on puisse répondre
de leur véritable longueur à ^ ou même à ¡ ¡ g près. Il y a chez les nations
modernes, où l’on prend beaucoup plus de soins à l’étalonnage des mesures, des
exemples d’altérations aussi considérables (2).
Ce que nous venons de dire prouve évidemment que la double aroure antique
s est conservée dans le feddân des Qobtes, tandis que le feddân usité parmi les cultivateurs
est l’unité de mesure agraire définie par Héron, sur laqülJe-on doit
ensemencer cinq modii Égyptiens du poids de deux cents livres Romaines équi-
valent es a un demi-ardeb d’aujourd’hui.
Il nous paroît, au surplus, facile d’expliquer comment ces deux anciennes unités
de mesure ont été conservées par deux classes distinctes des habitans actuels de
1 Egypte. Les cultivateurs de cette contrée descendent, pour la plupart des tribus
d’Arabes qui sont venues s’y établir à différentes époques : elles y ont été
attirées, parce que sa fertilité leur assuroit des ressources que ne pouvoient leur
procurer les régions incultes et stériles dont elles étoient originaires. Ces Arabes
pasteurs n’avoient aucun système métrique applicable à l'arpentage des terres : ainsi
ils adoptèrent naturellement les procédés de mesurage et les mesures agraires qu’ils
trouvèrent établis en Egypte, lorsqu’ils l’enlevèrent aux Romains ; et comme le
feddan de Héron y étoit la seule mesure légale, ils durent en conserver l’usage
par la seule raison qu’ils n’avoient à lui substituer aucune autre mesure qui leur fût
propre et avec laquelle ils fussent familiarisés.
Quant aux Qobtes, on sait que ces descendans de l’ancienne caste sacerdotale
sont restés jusqu’à présent dépositaires des registres cadastraux de l'Égypte ; et
comme ces registres remontent à une haute antiquité, et que l’étendue des diffe-
rens territoires y est indiquée en mesures Égyptiennes ou en anciennes aroures,
il est tout simple que ces agens du fisc aient continué de s’en servir. D ’un autre
cô té, la canne d’arpemagede sept coudées de sept palmes chacune est un instrument
e mesurage si facile à fabriquer sans le secours d’aucune mesure portative (3), que
f i l 1 On~np a i r " 1’ -’ T. P an s , avcc quelques remarques sur d’autres mesures, par
s i - i - , 1 ' “ 51 ' on Irouve 1uel9ue M - 1» H ire , Mémoires de l'Académie de, science,
»différence dans l’examen que l’on ftit de ce qui nous an 1 7 ,4 ) ’
.................. 1— s * . . . j , S S S E
l’adoption de cette canne et du feddân qui en dérive, devoit naturellement se
conserver parmi les arpenteurs des campagnes.
Au reste, \c feddân des cultivateurs, comme celui des Qobtes, se divise en vingt-
quatre parties, dont chacune, appelée qirât, contient seize cannes superficielles
et deux tiers. En considérant que cette superficie du qirât n’est point une partie
aliquote du feddân ou de la double aroure de quatre cents cannes, on est fondé à
présumer que, dans son origine, cette unité de mesure agraire ne fut point ainsi
divisée: mais, le double jugère ou l’hérédie des Romains, qui se composoit, comme
on sait, de vingt-quatre parties appelées onces, ayant été, pendant un temps, substitué
à l’ancienne aroure Égyptienne, on se familiarisa d’autant plus promptement
avec cette division duodécimale de la mesure agraire, qu’elle présente en
effet plus de facilité pour les opérations usuelles du partage des .terres, de sorte
qu’on la conserva dans le nouveau feddân de Héron, où elle s’est perpétuée jusqu’à
présent.
Outre leFSeux unités de mesures agraires qui viennent d’'être définies, l’intérêt
des propriétaires d’un assez grand nombre de villages de la basse Égypte a fait
prévaloir l’usage de certaines mesures locales qui portent aussi la dénomination
de feddân, et qui sont des portions plus ou moins grandes de la mesure légale
des Qobtes et des cultivateurs de la haute Égypte. On en distingue de douze,
de quatorze, de quinze, de dix-huit et de vingt qirât : comme les terres les plus
voisines du Nil et des canaux qui traversent le Delta, sont plus faciles à cultiver
que celles qui en sont plus éloignées, le feddân de mesure locale est, en général,
d’une moindre étendue près du Nil qu’à une grande distance de ce fleuve. Il est
certain, au reste, que les propriétaires et leurs intendans qui ont usurpé le droit
d’altérer la mesure légale, modifient à volonté le feddân usité sur les terres qu’ils
possèdent, de sorte que le feddân peut devenir tantôt plus grand et tantôt plus
petit, suivant les dispositions du propriétaire à favoriser plus ou moins les intérêts
des cultivateurs.
Ces divers feddân du Delta dérivent, comme on voit, de celui de la haute
Égypte, dont ils ne sont que des parties déterminées. Mais on trouve dans le
territoire de Damiette l’usage d’un feddân particulier qui n’a rien de commun avec
ceux-ci, et dont l’origine est évidemmeiji différente; c’est un rectangle de vingt-
quatre cannes de longueur sur dix-huit de large, formant une superficie de quatre
cent trente-deux cannes (t). Il est aussi divisé en vingt-quatre qirât; et par la composition
de’ ses facteurs, il est aisé de voir que l’intention a été de composer le qirât
d’un nombre entier de cannes : ce qui prouve qu’à l’époque où 1 usage de ce feddan
fut établi, la division duodécimale de l’unité de mesure agraire étoit déjà introduite
versai de cette main l’extrémité du plus long doigt de tervalle entre les deux, et ainsi sept fois de suite jusqu’à
la première; ce qui donne déjà une unité de mesure l’autre extrémité d e là canne; procédé analogue à celui
composée d’une Coudée naturelle et d ’un traversée main, par lequel nous ÿvons expliqué ailleurs I origine de la
c’est-à-dire, une coudée septénaire. Ils reportent au-delà coudée de sept palmes. (Mémoire sur le nilomètre d’Elé-
de cette poignée, en appuyant le coude au-dessus, le phantine, pag. i j . )
premier avant-bras et la main étendue; ils saisissent une ( i) Décade Egyptienne, tom. I . " , pag. 230 ( Kaire,
seconde fois le roseau de l’autre main sans laisser d’ in- an 7 ).