l'époque de cette découverte ( i) : mais aucun n’en fait honneur à un autre
peuple. Servius s’explique d’une manière qui mérite d’être rapportée : « Cet
33 art, dit-il, fut inventé à une époque où le Nil, ayant eu un accroissement
33 extraordinaire, confondit les limites des héritages. On employa des philosophes
33 pour retrouver ces limites : ils divisèrent par des lignes toutes les campagnes ; gt
33 c’est de là que vient le nom de la géométrie, qui mesure non-seulement la terre,
33 mais l’étendue des mers et les espaces célestes. 33 Héron le géomètre rapporte
aussi que l’art de mesurer, origine de la géométrie, a été inventé en Egypte à
cause des crues du Nil. «Des terrains, dit-il, visibles avant la crue, étoient
33 cachés par l’inondation ; ils reparoissoient ensuite quand le fleuve étoit rentré
3> dans son lit : mais les habitans ne pouvoient plus discerner leurs propriétés ;
33 ce qui fit imaginer aux Égyptiens des procédés pour la mesure exacte des
33 terres (2). 33
Diodore de Sicile s’exprime ainsi au sujet des emprunts faits par les Grecs
en Egypte : « Pythagore apprit des Égyptiens la langue sacrée, les théorèmes de
»géométrie, l’art de calculer, et la doctrine de la métempsycose (3).33 Ailleurs:
« Cest chez les Égyptiens qu’ont été découverts les théorèmes de géométrie et la
33 plupart des arts et des sciences (4 ). Les prêtres exercent long-temps leurs enfans
33 dans la géométrie et dans l’arithmétique. Chaque année, le Nil change la face
33 de la campagne par le débordement, et il en résulte, entre les propriétaires li-
33 mitrophes, des contestations de toute espèce, auxquelles on ne pourroit mettre
33 fin aisément, si l’habileté des géomètrës ne faisoit découvrir la vérité. L ’arithmé-
33 tique leur sert pour les besoins de la vie, autant que pour les questions de
» géométrie (y). »
Ainsi non-seulement les Égyptiens étoient habiles dans l’arpentage ou la mesure
des terres, mais ils étoient versés dans la géométrie proprement dite; les
spéculations de géométrie et d’arithmétique leur étoient familières, e{ faisoient
partie essentielle de l’éducation des enfans ; ils avoient découvert les principes
des sciences ; et Pythagore, élevé à leur école, y avoit puisé ces théorèmes qui
lui sont généralement attribués. Diodore de Sicile étoit allé en Egypte, ainsi
qu’Hérodote et Platon; en sa qualité de Grec, il n’avoit pas d’intérêt à diminuer
la gloire de sa nation. Diogène-Laërce, qui a écrit la vie de Pythagore, et qui
nous a donné une si haute idée de ce grand philosophe, n’étoit pas non plus
intéressé à lui ôter l’honneur des découvertes dont il avoit fait présent à ses compatriotes.
On doit conclure du langage de ces écrivains, que Pythagore s’est borné
(1) Radio, id est, virgà philosophorum , qua geometra
lineas indicant. Inventa autem hcec est ars tempore quo
JVilus,plus ¿equo crescens, confudit términos possessionum;
ad quos innovandos adhibiti sunt philosophi, qui lineis
diviserunt agros : inde geometrica dicitur ¡ cùm non tantum
terree, sed et maris et ceeli et aeris ,.spatia metiri consue-
verit (Servius , adEclog. Virgil. I l i , vers.4i )• Voye^ aussi
Clem. Alex. Stromat. lib. i , pag. 36.
(2) "HpwocTtaui'Tfoupjíta,in Analect. Grac.Paris. 1688.
(3) Tlvoáyppeu n tu. xgjrà stìv kpj?r \oypv, xj id yjjtÙ y¿apiTSÁav
èiapìpcunt, to «%*' ¿eA$/u>vf, tu Si nv ti?
a i r ÇèLov 7ü ç p&ntCÒMrpetüí 7v m p * Áiy oTtiíav . (Diodor.
Sic. Bibl. hist. lib. I l , pag. 62.)
(4 ) IT g p f S ì VbVTDIÇ, TU. 71 TtteX TIlV yiapkTÇJUJI StUpiìfMtìct £ 7%f nytay tse? TùAçaç tvptSxYeit. ( Ibid. pag. 44-)
( 5 ) Ita p titT C Ìcu rS é j£ st)' n v t ía r ì iito Y òitmvovotv •
o / /A Y yb T m u p S ç , xs jrr Ìv icujtoy m n ù h o ç p J 7Uay¡\pa.7it¡ a Y n r
y a p a s , w o M o f vgji n w m ia j; ù p f u rC n n t r 'iç m ie i w t g n 7U y opav to iç
y tn Y ia tn • % jv tu ç S è w pttSlov à x e jC a ç î^ tM y ^ a i , p » y ia p * -
t ç o v T « / ¿K-nSitcu/ cm. T ? f ip .7me J.a 4 p * J o S iv <m .rn ç ' » S t à e j^ p H ’
7ÍKM TTQÿÇ 71 TUÇ XÇJ7U 70Y f&íóV oixOYOptUÇ CLUTtlÇ ^ IK U p iV H , Ify
Topoç 7¿ ytapvnreJaç Jtapiipam. [Ibid. pag. 51 *)
a transporter les sciences en Grèce et en Italie, et c’est encore une assez belle
part de gloire pour l’époque où il vivoit, époque à laquelle ces contrées étoient
totalement étrangères aux connoissances exactes.
Nous devons donc rendre aux Égyptiens la découverte des premiers théorèmes
de la géométrie. S’il pouvoit rester quelques doutes sur ce point, il suffiroit, poulies
dissiper, de lire d’autres auteurs qui ont bien connu l’Égypte. Écoutons d’abord
Porphyre. Je citerai en entier le morceau où'il parle des moeurs et des habitudes
des membres du corps, sacerdotal ; ce fragment fera mieux connoître l’esprit de
recherche et d’invention dont ce singulier peuple étoit animé, et le goût qui le
portoit vers les études et les méditations philosophiques. « La nuit étoit partagée
33 entre l’observation du ciel et les fonctions religieuses (i). Trois ou quatre fois le
33 jour, matin et soir, ils adressoient des hymnes au soleil, à l’heure où il approchoit
33 du méridien et a celle de^son coucher; le reste du temps, ils s’appliquoient à
» des questions d arithmétique et de géométrie , toujours livrés à quelque travail,
33 ou imaginant quelque nouveau sujet d’étude : ils, étoient sans cesse occupés à
33 1 examen approfondi de la nature des choses. Ils consumoient ainsi les nuits
33 d’hiver à des études littéraires, dégagés des soins de la vie, et libres du joug que
33 le luxe impose. En eflet, 1 habitude d un travail assidu et opiniâtre amène la
33 patience, la tempérance et la modération dans les désirs. Fuyant les moeurs et
33 le luxe des étrangers, ils regardoient -comme une impiété de quitter l’Égypte :
33 cette faculté n etoit accordée qu a ceux qui étoient chargés par le roi de quelque
33 mission ; encore, s’ils étoient convaincus de s’écarter tant soit peu des usages
33 de leur patrie, ils étoient rejetés de son sein. Les prophètes, les hiérostolistes,
33 les hiérogrammates, les horologi (2), se livraient à une philosophie fondée sur la
33 vérité; le reste des prêtres, des pastophores et ciel néocores (3), menoit aussi
33 une vie pure et réglée, mais moins laborieuse. Telles sont les choses qu’un
33 homme exact et ami du vrai, et qui a -étudié et pratiqué avec ardeur la phi-
33 losophie stoïcienne, a attestées au sujet des Égyptiens (4). 33
(1) Le mot Grec ayçtiaM pourroit se traduire par purification.
(2) Noms de différentes classes établies parmi les prêtres
Egyptiens.
(3) Autres degrés de l’ordre sacerdotal.
(4) KE$. ». MtcpTOe/a c/l’ avTtoY nç t'yxpa'leiaç, on pnrt
7npi7id/niç h tûocliçygap-ivoi, S)Zy>Y clyoooi, £ nnçjç piTeiar
ivtoyoi’ 7mMet ypvr yuvrtt tuç itQpvpytaç ¿yîSÎ^oytd Uctpn, ksu
V7ntpi7tijua.70. nç iuivtiç iypoç pt/Ça. Awçyuy Sè, yvxtu pèr tiç
t7nnpYtaiY ovçpYÎav, ivlori Sè xgj àyxçticur, •nuiççg.Y Sè iiçdt&L-
7rticut 7UY Star, xa.0* iiV n veiç n tît&liuç, xo,tÙ tHy ta, £
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S- V I II . Continentioesiquidemeorurn illudest, quod, licèt
nullis ñeque deambulationibus neque gestationibus uteren-
tur j non solitm absque morbis vitam traducerent, veritm
etiam ita valide, ut moderatce etiam ad labores vires sup-
peterent: quippe cùm multa onera in sacrorum operationibus
sustinerent, multaque obirent ministerio, quoe majora esse
viderentur, quàm ut communibus viribus convenirent. JVoc-
tem tn coelestium observationem, et quandoque in sanctifi-
■cationem, dividebant ; diern in deorum cuit uni distribue-
bant, in quo ter velquater, mane et vesperi, solem, et cùm
medium ctxlum percurreret, et cùm ad occasum ferretur,