qui occupe la partie septentrionale de cette province, et qu’on appelle Birket-
Qeroun [i). II s’y portoit aussi par une autre branche, dont l’origine est à trois
nulle mètres [quinze cents toises] au-dessous d’Haouârah, et qui se dirigeait vers
I ouest jusqu’au sud d’el-Nazleh, village où elle prenoit son cours vers le nord
pour tomber perpendiculairement dans le lac. Ces deux bras du Bahr-Yousef
ont é^é digues à leur origine, depuis que ce canal, à cause de l’exhaussement progressif
de son ht, a cessé d’apporter dans le Fayoum autant d’eaux qu’autrefois
et que pour en éviter la déperdition dans un réservoir devenu inutile, on les a
fait refluer par de nouvelles routes dans l’intérieur de la province.
Ces anciennes branches du canal sont aujourd’hui deux ravins profonds, presque à
sec Celui qui passe à el-Nazleh a environ cent mètres [cinquante toises] de large
et huit a dix métrés [vingt à trente pieds] de profondeur : ses bords sont coupés à pic ’
et présentent dans certains endroits six à sept mètresjyingt pieds] de terre végétale au-
dessus du banc calcaire. Au mois de pluviôse an 7 [février 1799], c'est-à-dire, dans
les basses eaux, il y avoit encore dans le fond un ruisseau de cinq mètres [quinze
pieds] de large, qui s’écouloit dans le lac. Le sol des environs de ce ravin est
tout entrouvert, et on le trouve, à chaque pas, rempli de profondes crevasses
formées par la retraite des terres qui aujourd’hui ne sont plus humectées.
1 1 . D u B irket- Qeroun, ou L ac du Fayoum.
J ’a i suivi jusqu’à son extrémité le ravin que je viens de décrire; il n’a plus que
six métrés [trois toises] de large aux abords du lac; il est bordé de roseaux - la
terre y est inculte et couverte de soudes. En face de l’embouchure du canal’est
une petite île à fleur d’eau, remplie de joncs. Les bords du lac y sont presque de
niveau avec le sol environnant, et couverts au loin d’une croûte saline très-
blanche, large d’environ cent mètres [cinquante toises]. Nous avons marché pendant
près de deux heures sur cette rive, du côté de l’est. Dans cette partie du lac
on voit aboutir un ruisseau venant du grand ravin, et qui est entouré de buissons
de tamariscs fort épais. Ensuite on trouve une pointe où ce lac n’a plus
quenviron deux mille mètres [une demi-lieue] de largeur: là, il est encaissé entre
la chaîne de montagnes et une dune de sable qui, dans les hautes eaux doit
former une île; après quoi il se rétrécit tellement, qu’il paroît ne plus avoir que
( .) C e nom est celui que j'ai recueilli sur les lieu*. transforma,ionye, l’on sait que ce troisième Voyaee de
F b » n voyageurs et ecnvatns emploient le nom de Pau. Lucas a renchéri sur les deu* autres eu e x a X .L n
' 'etradu,sent par lac Je Caron. Je ne et en infidélités. Vansleb se sert du nom de lac \ern -Le
connots aucune autortte qut appu.e une dénomination major Renb.II a adopté le nom de Kairoun. W e W S IS T T nY°n; P°,nt ic! °ne ï“able qu’Abou-l-fedü, el-Edrissi, Murtadi, et d'autres
au,orne ; .1 en sera ques.ton dans la description des écrivains, ne lui donnent pas de nom • A'bd el-Rachvd nüeTà I L ÏOUmj u Y"Y °bSerVer raPPe,Ie J’ai vu écrire son nom danl
dité Te d / “ r oe T " ’ qUi aaCCré- k P ar s, Birhei el-Qern ou Qeroun OJS l| . Je l’ai ouï
le troisièuTe w l ! ' Ü n om m c r a “ ssi ‘ ‘ - Q C e troisième voyage . dans le premier, q u a rédigé contre celui Hp lnr nom seroit concluant t>_ j i . » . 1 o cuiiire ceiui ae lac uaron. les noms DroDres nenmivant
riaudelot, ce lac est appelé Ouerron • ce nui annrnrlii» j* • i . _ , * * ne pouvant
T , W l . ^ ' ce (îUI aPProc»e avoir d’article en arabe. Je n’emploierai nue le nom
ba eaur coup du nom. j ,q ue . j’ai entendu de la bouche des Jjirfmt- {Jne.r oun d,atn, s let cours de, ce PM °é m' oirTe e nom de
Arabes. C est au* idées de l’abbé Banier qu’on doit cette ™emoire.
deux cents mètres [cent toises] de large : mais il reprend ensuite une largeur plus
grande, en continuant de baigner la montagne pendant un myriamètre et demi
[trois lieues] vers l’est. A partir de ce même point, et du côté du couchant, il la
• suit pendant cinq myriamètres [dix lieues] ’ en se contournant avec elle au sud-
ouest. On peut estimer à environ un myriamètre [deux lieues] sa plus grande
largeur dans ce dernier espace.
En-dedans de la pointe dont j’ai parlé, et derrière la dune de sable, le sol
tremble sous les pieds; la croûte saline cède sous le poids du corps; et si l’on
avance davantage, on court risqué d’enfoncer entièrement. Paul Lucas parle
dendroits sur le bord du lac où il n’y a plus d’eau, et dont le fond est devenu
un sable mouvant où s engloutissent quelquefois les hommes et les bestiaux (1).
Nos guides avoient connoissance de ces prétendues terres mouvantes, et fàisoient
leurs efforts pour nous faire marcher loin des bords; mais nous avions le dessein
de faire le tour du lac, et nous nous approchâmes : bientôt on fût obligé de s’arrêter;
les chameaux enfonçoient jusquau ventre, et ne pouvoient se débarrasser qu’avec
la plus grande peine. En effet, il y avoit de l’eau sous le sol à moins de huit
decimetres [deux pieds et demi] de la surface, et tout le terrain n’étoit qu’une boue
liquide formée de sable et de limon. Il peut être fort dangereux d’y marcher quand
la croûte de sel n est pas encore formée par l’évaporation, et que le sel n’a pas
pris de consistance: alors les abîmes dont parlent les Arabes, doivent avoir quelque
réalité. La croûte saline qui suit les bords du lac, prouve qu’ils sont inondés quand
il est grossi par les pluies et par le Nil ; et c’est au long séjour des eaux qu’il faut
attribuer le peu de fbrmete du sol dans les endroits dont j’ai parlé.
Les autres observations que j’ai recueillies sur leBirket-Qeroun, se retrouveront
dans la comparaison que je vais en faire avec le lac de Mceris (2).
III. Comparaison du Birket-Qeroun avec le L ac de Mceris.
Q u a n d on lit dans les anciens que ce lac avoit un circuit de trois mille six cents
stades, ou de quatre cent cinquante milles, on est porté à soupçonner de l’exagération
ou de l’erreur dans une étendue aussi considérable. Pour expliquer l’invraisemblance
de cette mesure, les uns ont appliqué les descriptions des auteurs au canal
de Joseph ; les autres ont eu recours à un lac Bathen, sans existence ; on à été
jusqua transformer une mesure de circuit en mesure de surface : enfin quelques-
uns ont exagéré 1 étendue du Birket-Qeroun ; Bossuet a avancé et soutenu que
le lac de Mceris avoit eu cent quatre-vingts lieues de contour (3); d’autres
écrivains, en se tenant au sentiment de Pomponius Mêla, qui n’attribue que
vingt milles de circuit au lac de Moeris (4 ) , ce qui ne suppose que trois lieues de
( I) Paul Lu cas, troisième Voyage ; Rouen, . celui de My s ie , qui s ecrivoit indistinctement Uoeiu et
tome I U , p. 6. Moisi*.
(2) L e lac de Moeris est appelé par les divers auteurs, . (3) Discours sur l’histoire universelle,
tantôt UtluJic, tantôt MueiAf Afin . Hérodote lui-même (4) Pomp. M ê la , D e situ orbis, I. 1 , c. 0. (V o y . infià,
a écrit de ces deux maniérés, II y a des exemples qui font p. ¡14, )
voir que ce n’est là qu’un seul et même nom; on. cite
A . L a