établi sur les bords du lac de Mceris; et cela ne peut convenir, dans l’Égypte
moyenne, qu’à un lac placé dans le nome Arsinoïte. Enfin, que peut-on ajouter
aux témoignages positifs de Strabon, de Pline et de Ptolémée, qui placent le
Moeris dans cette préfecture ! En un mo t, il y âvoit un grand lac dans le nome
Arsinoïte, et c’étoit le lac de Moeris (i); il y a aujourd’hui un très-grand lac dans
le Fayoum, qui est la même province que l’Arsinoïte : le lac du Fayourn est donc
le même que le lac de Moeris.
Après toutes les raisons que je viens d’apporter en faveur du Birket-Qeroun,
il me reste à répondre aux objections qu’on a faites ; et alors cette opinion sera
établie solidement (2).
La première se tire d’un passage de Pline, qui appelle le lac de Moeris Fossa
grandis; ce qui semble, dit-on, indiquer un canal (3). Mais pourquoi fossa ne
s’appliqueroit-il pas à un lac! On a vu plus haut que Pline regardoit le lac de
Moeris comme n’existant plus de son temps : s’il netoit pas mieux instruit sur sa
forme , on conviendra que ce nom de fossa ne prouve rien, quarid tous les
auteurs , et lui - même dans un autre endroit, l’appellent un lac.
La seconde objection se trouve dans un passage de Ptolémée où l’on a cru que
l’auteur indiquoit le Moeris comme étant un bras du fleuve qui environnoit une
grande île. Nous avons vu ailleurs qu’il plaçoit ce lac avec précision à l’ouest du
nome Arsinoïte, dans la Libye : en outre, le texte est fort différent de ce qu’on
a cru y voir (4).
Les objections que présente d’Anville, portent sur l'étendue et la direction du
Birket-Qeroun (y); j’y ai répondu d’avance dans la comparaison que j’en ai faite
avec le Moeris. D ’Anville ajoute que, «au lieu de quatre-vingts stades indiqués par
» Diodore dans le canal de communication, on en trouve cinq cents entre le lac
„ du Fayoum et le point du Nil le plus proche. » Loin de la, nous avons vu que
ces quatre-vingts stades se retrouvoient exactement dans la partie du Bahr-Yousef
comprise entre Haouârah el-Lahoun et l’origine des ravins.
Enfin il avance, d’après Granger, que le lac ëst trop bas et ses eaux trop
salées pour qu’il ait pu servir aux irrigations. J’ai déjà repoussé cette objection,
quant à la salure des eaux du Birket-Qeroun. Pour ce qui est de son niveau
actuel, il faut l’attribuer à deux causes : la première est la même qui fait que les
eaux sont salées ; c’est qu’il n’a plus ou presque plus de communication avec le
Nil : la seconde, c’est que le sol du Fayoum s’est exhaussé comme le reste de la
vallée d’Égypte; il n’est donc pas étonnant que, les terres voisines s’élevant sans
cesse, et le lac décroissant continuellement, on le trouve aujourd’hui trop bas
pour les arroser.
C ’est ainsi que s’évanouit ce prétendu défaut de convenance sur lequel un des
(1) Les preuves de cette proposition se trouvent pag. 88 consignée dans la carte de Lenoir du R ou le , que j ai citée
et 8p de ce Mémoire. plus haut.
(2) Il n’est pas inutile de faire observer que tous les (3) Plin. I. X X X V I , c. 12. ( V o y e z infra,p. 114.)
Voyageurs, hormis Sicard et G ranger,ont donné le même (4) Ptolem. Ceogr. I. V .
emplacement que moi au lac de Moeris, il est v ra i, sans ( j) D ’A n v ille , Mémoires sur I Eg yp te,^ . /y/,
en apporter de preuves. J’ai trouvé la même opinion
critiques cités plus haut a beaucoup insisté , et qui même lui a fait soutenir
que tous ceux qui voudront appliquer au lac du Fayoum ce que les anciens ont dit du
lac Moeris, n’y trouveront jamais de conformité. Si je ne me trompe, je crois en
avoir trouvé sous tous les rapports, et avoir établi, avec la certitude qu’on peut
espérer dans cette matière, une correspondance exacte entre le lac de Moeris et
le lac de la province du Fayoum. Si tous les doutes ne sont pas levés, s’il reste
encore quelques difficultés à éclaircir, il faut l’attribuer au peu de détails que les
anciens nous ont transmis (i).
Dans un écrit qui rie seroit pas purement géographique, ainsi que l’est ce Mémoire
, on seroit entré dans plus de développemens, relativement à l’influence
quavoit le lac de Moeris, tant sur l’irrigation de la moyenne Égypte, que sur la
navigation intérieure; on auroit également traité de ses rapports avec la religion
et les usages de l’antiquité. L ’ensemble du pays qui renferme le Fayoum, les pyramides
et Memphis, mérite une attention particulière. Je me propose de remplir
ce double objet dans un premier Mémoire sur le Bahr-Yousef, et dans un autre
sur le labyrinthe et les antiquités du Fayoum.
(1) C e que l’antiquité a laissé par écrit sur le lac de certainement il soit relatif au lac de Moeris ou Myris, mais
Moeris, se réduit à un petit nombre de passages tous rap- sous le nom d’halinyris [àx/Mjçj.Joç \{/xyn ) , nom qu’il faut
portes dans ce Mémoire. Le seul qu’on ait omis de men- attribuer à la corruption du texte. A u reste, il ne renferme
tionner, est celui de Strabon, au premier livre de sa G éo- guère que ce que dit Strabon du Moeris au liv, X V I I .
graphie, p. j o ; les critiques n’en ont pas parlé, quoique (V o y e z page po de ce Mémoire.)
T E X T E S
D E S P R I N C I P A U X A U T E U R S .
H e r o d o t . Histor. ed. Thom. Gale. Londini, 1675?.
B a s i a e t s a i Sè 'ZDfcàTdv çtvQpct)7uov eAeysv
M üvcc- ê iti t » t » , îv r £ ©n£ctïtcS voju,S, tw j-
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£0VTUV eç Tfiv cülcLr7rA'6Ç> COICO %OÀcteOTJS 67rld,
Yl/xepécov I ç j CLVci TDV T&lcLfAOV. ( L i 6 . I I , Cûp. 4 ,
P - ß 1' )
T o t a l {aæ\ T u v L i y u r7nicùV îg y { e !o i o l y p o -
K o S i lfo l, 70101 c/¿ $ y ¿ .M .’ cCTE 7TOÀ6/<t/#$ 7XiÇJ.-
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( L ib . i l , ca p . 6$, p . 1 1 6 . )
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SitÂoûV j(3cÀeo/x,gvnv 7vÓÁtv ju c i i ç i. 7orj jceijxevov.
( L i b . I l , ca p . 1 4 8 , 0 . 14-7 ' )
Jl RyETEREAprimum mo rta lium r e g n a s s eM e n em ,
a c su b e o om n ém yE g y p tum , prseter T h eb a ic am
p r o v in c iam , p a lu strem fu is se : e x e a q u e n ih il eo-
rum quae n u n c su n t in fra s ta g n um M y r io s , exti-
t is s e ; in q u o d s ta g n um k mari p e r flu in en septera
d ieb u s n a v ig a tu r .
Q u ib u sd am yE g y p tio rum c ro c o d ili sa c ro san c ti
s u n t ; qu ib u sd am n o n s u n t , sed v e lu t i h o ste s exa-
g itan t . Sac ro s admodüm esse eo s e x is tim an t q u i
c irca T h e b a s e t Moerios s ta g n um in c o lu n t.
E x e o q u e p lá c ito fe c e ru n t ( x i i r e g e s ) lab y r in -
th um , p a u ló su p ra s ta g n um M o e r io s , máx ime u r-
b em v e r su s quae d ic itu r Crocodilorum.