à 70 calami, de 6 coudées et 1 palme chaque, et aussi à 30 calami seulement. Ces
soixante-dixcalamiferoient 431 coudées j ; et les trente, 185 coudées: aucun stade
n’a jamais été composé de pareil nombre de coudées. Il résulte du tableau des mesures
Hébraïques, que ce stade prenoit 4 4 cannes (ou calami) et j , et non 30 ou
70 ; s’il n’y a pas quelque erreur dans ces deux nombres, il est à croire qu’ils se rapportent
à des stades difFérens que les rabbins ont confondus avec le leur (1). II peut
y avoir aussi confusion entre plusieurs mesures de cannes, n
j l §. V I I I .
, Stade Pythique de Censorin.
Nous allons essayer d éclaircir une question intéressante et non moins épineuse
au sujet de la différence des stades, question à laquelle a donné lieu un fragment
de Censorin, très-célèbre parmi, les savans. Fréret a pensé qu’on rien pou-
voit tirer aucun sens raisonnabJe. D ’An ville n’a exposé qu’une opinion incertaine,
et a été conduit à admettre un stade de 127 toises, mesure excessive et dont
il n’y a nulle trace dans l’antiquité.
Voici comment s’exprime Censorin, dans ce passage, à l’occasion de la mesure
dés distances planétaires données par Pythagore : Stadium antem in hoc mundi men-
sura, idpotissimiim intelligendum est quod Italicum vocant, pedum sexcentorum et viginti-
quinque : nam sunt proeterea et aha longitudine discrepanùa, ut Olympicum , quod est
pedum sexcentûm ; item Pythicum, quod pedum mille (2).
On peut se demander s’il s’agit, dans ce passage, ou d’un seul et même stade
composé en pieds différens ; ou bien de plusieurs stades qui seroient formés, soit de
difïerens pieds, soit d’un même pied. La première supposition ne paroît pas dans
le sens de l’auteur, puisqu’il avertit qu’il y a des stades de longueur différente,
longitudine discrepanùa. On ne peut croire qu’il s’agisse de plusieurs stades contenant
un même pied pris 600 fois, 625 fois et 1000 fois, puisqu’il n’y a aucun pied
qui, multiplié par 600, 625 et 1000, réponde effectivement à trois stades connus
et existans (3). Reste le cas que Censorin ait parlé de plusieurs stades et de pieds
difïerens ; c’est celui que je vais examiner.
Le pied Grec ou Egyptien a souvent été pris pour le pied Româin, et Censorin
paroît les avoir confondus ensemble, en parlant du stade Italique et du stade
Olympique; il a supposé deux stades différens, là où il n’y avoiuqu’un seul et même
stade. Comme je le dis ailleurs, Pythagore a usé du stade Égyptien de six cents au
degré, dit stade Olympique, dans l’évaluation des espaces célestes (4 ). Or Censorin
parle ici précisément des mesures attribuées à ce philosophe. D ’un autre côté, en
disant que Ê'e stade de Pythagore contenoit 623 pieds, il appuie la même opinion;
car le stade Olympique de 600 pieds Grecs faisoit 625 pieds Romains. Je crois
(1) Voye^ le tableau n.° [V I ] . Hébraïques; mais on ne peut faire usage de ce rapport
(2) D e D ie natali, cap. 13. singulier, les deux premières mesures excédant toutes les
(3) On trouve que la mesure du diaulos Olympique, mesures de stades.
ou double stade, le côté de la grande pyramide, et le • (4) V oyez Ci-dessous, chap. x i i .
stade de Ptolémée, renferment 1000, 625 et 600 pieds
donc d’abord que les deux premiers stades qu’il cite rien font qu un seul, exprime
en pieds Romains et en pieds Grecs#
Quant à la troisième espèce de stade que Censorin appelle Pythique, il faut se
rappeler qu’on établit à Delphes la course du double stade ou diaule (i). Ce fait
fournit une explication naturelle du prétendu stade Pythique de 1000 pieds, car
il est presque superflu de dire que la plus grande espèce de stade ne contient pas
mille fois la plus petite mesure de pied connue. L ’auteur a confondu la course des
jeux Pythiques et la mesure itinéraire. Cette course é^oit de i ooo pieds, c’est-à-dire,
de deux stades de 300 pieds chacun : mais le pied dont il s agit est encore le meme
que le pied Romain; 300 pieds Romains font en effet juste le stade Babylonien de
sept cent cinquante au degré.
Voici donc comment on peut entendre ce passagfc de Censorin : « Le stade
» dont s’est servi Pythagore pour exprimer les distances des corps celestes, repond
» à 623 pieds ( Romains) ; car toutes les esocces .de stades ne sont pas de meme
» longueur, telles que le stade Olympique, valant 6po pieds (Égyptiens ou.Grecs),
» et le stade Pythique (double stade), valant 1000 pieds (Romains). »
Quelque simple et plausible que semble cette explication, l’on ne doit pourtant
pas se flatter d’avoir découvert la vérité dans le passage si concis et si obscur de
Censorin : mais on y trouvera, je crois, plus de convenance et de solidité que
dans les hypothèses des métrologues qui ont voulu déterminer le stade Pythique
par une donnée très-vague du Voyage de Spon et de Wheler. Ces voyageurs ont
trouvé à Delphes les restes d’un stade, beaucoup moins grand, disent-ils, que celui
d’Athènes, dont ils avoient trouvé la mesure égale à 630 pieds Anglais. Que
peut-on en conclure de tant soit peu exact pour la valeur du stade, Delphique,
et comment sur-tout expliquer par-la le passage de Censorin (2) !
II ne faut pas dissimuler les difficultés que présente cette explication. 1.° Censorin
semble vouloir opposer le stade Italique à l’OIympique. 2.0 Il n’existe point
de preuve que le pied Romain remonte à une antiquité telle que celle de l’institution
des jeux Pythiques à Delphes. Mais, s’il y a nécessairement une équivoque
dans le passage, il est naturel de faire la supposition qui l’explique d’une manière
simple et sans être obligé de l’altérer. En second lieu, nous n’avons absolument
aucune donnée sur l’origine du pied Romain : le stade dont il s agit ici, et avec
lequel il est en rapport, est d’ailleurs fort ancien en Asie; ce qui suffit pour ad-
mettre notre explication du stade Pythique.
Un seul et même stade, le stade Olympique, pourroit répondre aux troristades
énoncés dans le passage de Censorin : nous l’avons vu pour les deux premiers; or ce
même stade redoublé fait 1 ooopieds Hébraïques (3).Mais, comme nous l’avons observé
au commencement, cette interprétation seroit contraire au sens naturel de 1 auteur.
( 1 ) L ’a n 3 .*d e là XL.YIII.Colympiade,lesamphictyons graphiques. C e lte distinction des stades itipéraires et
instituèrent de nouveaux jeux à Delphes (Pausan. Grce- des stades destinés aux courses chez les Grec! est iip-
citx Descript. lib. X, cap. 7 , pag. 8 13 , Lips. 1696). portante, comme je l’ai dit plus haut, et p roprea eclatr-
( ,) II seroit précieux d’avoir, sur le stade trouvé à cir bien des difficultés. M. Fauvei, qui a ete a Delphes,
Delphes, des renseignemens plus précis que ceux de procurera sans doute des lumières sur le stade de cette
Spon et Wheler, sur-tout pour connoitre quelle analogie «ville. ,
régnoit entre le stade des jeux Pythiens et les stades g i c (3) Voyez le tableau général et compare des mesures.
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