mot que les Septante ont traduit par [a ,la r a ] . On trouve ce mot au
verset 27 du chapitre x x x i de la Genèse; et au verset 2 du chapitre x iv de
pocalypse, un citharède est désigné par les mots pttfsp o-misra [repser ouoini/ 7
o r, de ce mot o-xtmm, précédé,de l’article du féminin T [ t e ] , qui se joint ordinairement
aux mots Qpbtes, de même que nous joignons les articles aux mots Français,
se sera formé, selon lui, le mot ^o-tchjms [teouojni], lequel, par le changement
fréquent des lettres « et ou en ¡2, sur-tout dans les mots qui passent d’une
angue dans une autre, aura été prononcé et ensuite écrit, par les Grec?, -nfcn
[tebouni]. S. Jérôme offre un exemple de cette substitution de lettres, en écrivant
remoboth (1), le même mot que les Égyptiens écrivoient pto-oturr [remouotl A
1 appui de son opinion, Jablonski cite le suffrage de Montfaucon, auquel il donna
communication de son travail à ce sujet; il parle aussi des lettres que la Croze
lui ecrivoit en 1735. « dans lesquelles ce savant lui marquoit qu’il étoit entièrement
de son avis. Mais les preuves de notre auteur, à l’égard du mot tebouni nous
paraissent si solidement établies et si satisfaisantes, que le témoignage de ces deux
savans, qu il consulta, ajoute peu de chose à notre conviction.
A R T I C L E p
S i le Tebouni ¡ 1 pinçait ou se touchait avec le plectrum; quel était son
principal emploi.
D ’a p r è s le sentiment de Jablonski, de Montfaucon et de la Croze tebouni
etoit un mot qui répondoit au mot Grec [cithara] : il désignait un instrument
trtgone, peu différent de la lyre ou de la cithare ; il se touchoit avec un plectrum •
il était de la même espèce que celui qu ’on connaît aujourd’hui sous le nam de harpe
A la vérité, on a toujours représenté sous la forme d’une harpe l’instrument
des Hébreux appelé [hinnor], que les Septante ont désigné sous le nom de
ua-gy. [ cnhara] , et les Qpbtes sous celui de To-xcmm [ teouoini], et par contraction
tebouni; mais nous ne voyons pas sur quel fondement Jablonski a pu dire que
cette espèce d’instrument devoit se toucher avec le plectrum, de même que les lyres
et les cithares. S’il eût pu considérer, comme nous, ces instrumens sculptés sur
es temples antiques de 1 Égypte, ainsi que les personnages qui sont représentés
dans 1 action d’en jouer, il se serait convaincu que rien n’y rappelle, en aucune
manière, l’existence d’un usage semblable à celui de jouer du tebouni ou de la harpe
avec un plectrum ou un archet, et que tout y atteste le contraire.
Cet instrument étoit vraisemblablement destiné à accompagner la voix dans lés
chants religieux; du moins c’est ainsi qu’il nous semble avoir été employé dans la
cérémonie qui est sculptée sur la frise de la façade du grand temple de Denderah • et
cest pourquoi l’on a souvent donné à la harpe le nom de psalterium, qui signifie un
instrument propre à accompagner le chant.
(1) Jablonski, Opuscula, t. I , Vocrs Ægyptiacoe apud scnptcrcs v etms, voce R em o b o th .
S. Clément
S. Clément d’Alexandrie a eu sans doute en vue cet instrument, quand il a
dit (1) : « L’harmonie du psaltérion barbare, rendant sensibles la décence et la
» gravité des modes, servit de modèle à Terpandre, lorsqu’il fit cette invocation
a) sur l’harmonie Dorienne : O Jupiter, principe de toutes choses, qui diriges tout, c ’est
» à roi que j ’adresse le premier hymne que je compose. »
Par psaltérion barbare, on doit entendre un instrument Égyptien propre à accompagner
la voix, parce que les Grecsappeloient barbares tous les autres peuples, et
qu’à l’époque où vivoit Terpandre , ils ne connoissoient encore que la musique
qu’ils avoient apprise des premières colonies d’Égyptiens qui les avoient policés,
ou des philosophes Thraces, tels que Mélampe, Orphée,. &c. qui, ayant été s’instruire
en Égypte, leur avoient transmis les connoissances qu’ils y avoient puisées.
O r , la harpe ou le tebouni étant le principal et le seul des instrumens à cordes que
l’on voie sculpté sur les temples Égyptiens, et celui dont l’harmonie pût avoir de
la gravité, il est donc très-probable que c’est de cette harpe que S. Clément a
voulu parler ; et il y a peu d’apparence qu’on ait jamais fait usage du plectrum ou
de l’archet avec cette espèce d’instrument.
A R T I C L E I I I .
Ce que le Tebouni dut avoir de commun avec les autres instrumens, et
combien il dut y avoir d'espèces de tebouni.
E u p h o r i o n , cité par Athénée (2), a remarqué que les noms des anciens
instrumens à plusieurs cordes ont souvent été confondus ; que ces instrumens ne
diffèrent guère entre eux ; que ce sont les divers changemens qu’on leur a fait subir
qui ont donné lieu à des dénominations nouvelles, quoique réellement ces instrumens
ne différassent pas beaucoup entre eux. C ’est aussi le sentiment de Dom
Calmet (3), qui, à ce sujet, s’exprime ainsi : « Quand on voit que les uns leur donnent
y> trois cordes, d’autres quatre, d’autres sept, d’autres dix , d’autres douze, d’autres
» vingt-quatre, et que ceux-ci disent qu’on les touchoit avec les doigts, et que
y> ceux-là enseignent que c’étoit avec l’archet, ou que les uns font leurs cordes
» tendues de haut en bas, et les autres de long sur un plan, on ne doit pas, pour
» cela, prétendre aussitôt que ce sont divers instrumens, et qu’il est impossible
» que des choses si dissemblables soient appelées du même nom. Rien 11’est plus
» ordinaire dans ces sortes de choses, que de les comprendre tantôt sous un
» nom générique, et tantôt de les exprimer par un nom particulier. Qu’on exa-
» mine les monumens antiques : en combien de façons diverses verra-t-on repré-
» sentée la lyre ou la cithare des anciens ! combien de noms lui donna-t-on ! Nous
» savons que les Septante ont rendu le mot Hébreu hinnor par cinyra, cithara
» et psalterium. Les mêmes instrumens s’appellent, chez les Grecs, kinyra, lyra,
» phorminx, cithara, chelys, pectis, barbiton. Les Romains ont employé les mêmes
(1) Strojnat. Iib. VI , p. 658. (3) Dissertation sur les instrumens des Hébreux,
(2) Deipnos. lib. XIV, c. 4. p. St.