antérieure : il étoit nécessaire que ces peuples eussent remarqué et mesuré les
mouvemens des astres quelques siècles, auparavant. Mais, vers les temps dont nous
parlons, on régla plus exactement le calendrier ; on établit l’année caniculaire et
le cycle Sothique; on consacra l’usagè de la période de sept jours; on donna aux
constellations zodiacales des noms nouveaux, ou 1 on perfectionna ceux qu elles
avoient d’abord reçus, en sorte qu’elles devinssent les signes manifestes des saisons.
L a religion et le gouvernement civil empruntèrent de l’astronomie des con-
noissances élémentaires qui servirent à marquer les temps et se mêlèrent à tous
les élémens de la doctrine sacrée.
Nous ignorons si les Égyptiens ont acquis, par leurs propres observations, les
connoissances antérieures que suppose cette division du c ie l, ou s’ils les ont reçues
des autres nations de l’Asie : le défaut de monumens ne permet point d’entreprendre
cette discussion. Qu oi qu’il en so it, on ne peut douter qu’ils n aient
désigné les douze constellations de l’écliptique par des noms et des figures qui ont
des rapports évidens avec le mouvement du soleil et les propriétés naturelles ou
agricoles du climat de l’Égypte. Cette opinion, que les anciens ont connue, et
qui avoit été renouvelée par plusieurs modernes, est confirmée par les dernières
observations. Il suffit de considérer la série des constellations zodiacales qui,
pendant le cours d’une année, se montroient au-dessus de l’horizon de l’Egypte
vers le commencement de la n u it, pour reconnoitre que l’apparition de ces astres
annonçoit l’ordre des saisons.
1 5 -
E p oqu e de cette Institution.
L e s rapports dont il s’agit ne subsistent plus aujourd’hui, et les constellations
de l’écliptique ont cessé d’être les signes naturels des saisons : mais cette correspondance
devient manifeste, si l’on suppose que le solstice d’été occupe le premier
degré du signe du lio n ; ce qui a eu lieu environ vingt-cinq siècles avant le re
chrétienne. Les sculptures astronomiques que l’on trouve aujourd’hui en Égypte
dans les temples et dans les hypogées, se rapportent, en général, à cette position
primitive de la sphère, et plusieurs d’entre elles indiquent les changemeus survenus
quelques siècles après. Elles supposent toutes que l’on a placé les équinoxes
au commencement des signes du taureau et du scorpion, et les solstices au commencement
du lion et du verseau. L a coïncidence des signes et des saisons se
rapporte aussi à l’époque où l’équinoxe vemal occupoit le signe de la balance.
Cette considération, purement rationnelle et propre à l’astronomie, ne s applique
point à la chronologie civile; elle seroit, sous ce rapport, évidemment opposée
à tous les témoignages de l’histoire. Non-seulement elle n’est pas nécessaire pour
expliquer les antiquités Égyptiennes, mais elle ne pourroit se concilier avec les
monumens.
On trouve la série des douze constellations zodiacales dans le portique du temple
d’Isis à Tentyra, dans l’intérieur du même édifice, et dans les deux temples de
l’ancienne Latopolis.
i 6.
Monumens Egyptiens^ où l ’on trouve les Constellations du Zodiaque.
L e s constellations équinoxiales du taureau et du scorpion sont séparées des dix
autres, et sculptées dans le plafond du sanctuaire à Hermonthis. Elles sont indiquées
dans le zodiaque circulaire du temple d’Isis à Tentyra : on les remarque
aussi dans les sépultures des monarques des dynasties Thébaines, où elles sont
séparées par le signe solsticial du lion. Les formes ¡symboliques qu’on a données
aux constellations sur tous ces monumens, leurs noms et leurs attributs accessoires,
s’interprètent d’eux-mêmes de la manière la plus claire : il suffit de supposer
l’équinoxe du printemps au commencement du taureau, et de remarquer la suite
des constellations qui', dans le cours d’une année naturelle, se placent au-dessus
de l’horizon immédiatement après le coucher du soleil.
O n regarda primitivement cette situation de la sphère comme invariable, et
1 on pensa que les rapports de noms et de figures établis entre les signes et les
saisons subsisteraient toujours. On ne reconnut que long-temps après le mouvement
presque insensible des étoiles autour des pôles de l’écliptique ; e t, dans les
allégories religieuses que l’on avoit reçues de l’astronomie, on considéra les signes
du taureau et du scorpion comme équinoxiaux, quoique les équinoxes fussent un
peu éloignés de l’origine des divisions où ils étoient d’abord. On voit en général
qu e , dans la suite des douze signes, les Égyptiens placèrent comme équinoxial
ou solsticial le premier de ceux que le soleil décrit tout entiers après l’équinoxe
ou après le solstice. Cette désignation appartenoit plutôt à la religion qu’aux
sciences : elle pouvoit prendre sa source dans un ancien état des connoissances
astronomiques, où l’on ne considérait point douze signes de trente degrés ,
mais douze constellations inégalement étendues.
1 n
Image de l ’A n n ée agricole gravée dans les Temples. — Prem ier et dernier Signes.
L a comparaison attentive des monumens nous apprend aussi que les Égyptiens
avoient coutume de graver sur les plafonds de leurs grands édifices l’image de
l’année naturelle divisée en douze parties, selon l’ordre des signes que le soleil
doit parcourir. La constellation qui occupe la dernière place, est celle où se termine
l’année d’Isis, c’est-à-dire, où l’on observe le soleil au lever héliaque de
Sirius. Quant à la constellation qui précède toutes les autres dans cette marche
allégorique des saisons, elle est celle que le soleil parcourt dans le temps de la
plus grande affluence des eaux du Nil, lorsqu’elles se répandent dans les canaux