
(juêÎ(|ucs mots d uno ligne a 1 autre, e t, par ce moyen, aura mis dfe la confusion
dans les noms et dans iès®poques.' . ÿy • . ■>
Hyàgnis, qui vivoit plus de deux cents ans avant la guerre de Troie, ne put
ajouter une sixième corde à la lyre de Coroebe, qui n'exista que vers l’époque où
cette ville fut détruite. Il faut donc placer 1 addition de la quatrième corde à la
lyre, dans le siècle qui précéda celui d’Orphée’; et il y a grande apparence que
cette innovation fut faite par le même Olympe qui, dit-on (i), enseigna aux Grecs
l’art de toucher des instrùmens à cordes ; car il s y étoit acquis un très-grand
renom (2). C ’est lui, suivant le scholiaste d’Aristophane , qui établit les lois de
la cithare et qui les enseigna : or, dès qu’on sait que, dans l’ancienne musique, ce
qu on appeloit en cet art du nom Aelois, n’étoit autre chose que les principes et les
règles daprès lesquels on devoit en diriger 1 exécution, on concevra aisément
qu’Çlympe ayant ajouté une nouvelle corde à la lyre, dut établir aussi de nouveaux
principes ér-de nouvelles réglés pour en prescrire I usage. Corcebe, par la suite, put
ajouter a^ssi une autre corde a la lyre ; mais, s il ne vécut qu’au temps du siège de
Troie, iïjHtus semble que ce ne dut pas être la cinquième, que probablement la lyre
avoit déjà reçue antérieurement.
Si Ion en croit Pausanias (3), Amphion ajouta trois cordes aux quatre que la
lyre avoit. Ainsi, en attribuant ceci au premier Amphion, la lyre à sept cordes
auroit été connue dès l’an i4 iy avant 1 ere Chrétienne, c’est-à-dire, dans le même
siècle où avoit vécu Hyagnis et à lepoque où pouvoit exister son fils Marsyas.
Si l’on ne rapportoit cette innovation qu’au second Amphion, cela feroit remonter
encore l’antiquité de cette lyre heptachorde à l’an 1226 avant J. C. (4 ) ; ce qui auto-
riseroit a croire que la lyre a quatre cordes dut être déjà connue avant l’existence
^ Orphée. Nous étions donc fondés à douter que cette lyre eût été inventée par
celui-ci, et à penser qu’elle tiroit son origine de l’Asie : en l’attribuant à Olympe,
qui avoit inventé les lois de la cithare, nous ne nous éloignions donc pas beaucoup
de la vraisemblance.
PljtS nous avançons, et plus les faits attestent le luxe de cette musique instrumentale
en Asie : ses progrès étoient encouragés dans ce pays® par une émulation
générale. Il ne pouvoit pas en être ainsi chez les Grecs, disciples et imitateurs
des Égyptiens ; les obstacles qui s’opposoient chez eux au succès de ces
innovations en musique, étoient d autant plus difficiles à sunnonter, qu’ils y étoient
maintenus par la sévérité des lois, lesquelles repoussoient les novateurs, ou les punis-
soient paçsdes peines- rigbureuses. On peut juger par-là de l’opiniâtre réptance
des Égyptiens pour empecher que toutes ces choses ne pénétrassent dans leur pays.
Ces peuples luttèrent sans doute long-temps pour en défendre l’accès chez eux ; mais
le temps et la fore ^duren t epuiser a la fin leur courage et détruire tous les obstacles.
Nous ne pourrions fixer avec une exactitude rigoureuse l’époque à laquelle la
( ' ) Voyez ci-dessus, page 4 1 1 . ( 3 ) Groeci* Descriptio, lib. IX, de Boe tka , pag. 550,
(2 ) Remarques sur le Dialogue de Plutarque tou- Hanovice, i 6i j , in-fol.
chant la musique, art. XXX, Mém .d e VAcad. des i„s - ( 4) En effet, cette espèce de lyre fut connued'Ho-
cnptions et belles-lettres, toni. X , pag. 254 et suiv. mère, qui vécut vers cette époque.
lyre à sept cordes fut introduite en Grèce ; mais on peut présumer qu’elle n’y fut
admise que plusieurs siècles après qu’elle eut été inventée^n Asie. On l’appela
aussi lyre de Mercure, probablement parce qü’on en avoit fait un symbole astronomique
, en établissant une correspondance entre chacun des ' sèpt sons de son
accord et chacune des sept planètes. Homère est le premier ou du moins le
plus ancien auteur que nous connorssîons, qui ait parlé de cette lyre. Il décrit ainsi
cet instrument (i) et l’aventure qui en fit imaginer l’invention'à Mercure. Ce fut
en voyant une tortue s’avancer vers Jui, que ce dieti conçut la première idée de
la lyre (2). Enchanté, de ce projet, il s’empara aussitôt de l’animal, en vida le eprps
sur-le-champ, le couvrit d’une peau, y ajusta deux montans et un joug pour recevoir
et retenir les sept cordes qu’il y attacha, et sa lyre se trouva ainsi construite.
Homère, en donnant à cette-dyre une origine divine, ne fit que ce qu’avoient fait
avant lui les autres poëtes. De même que les Égyptiens, jes Grecs avoient pour leur
lyre de Mercure un respect religieux ; et quand les poëtes .vouloient leur faire
adopter de nouveaux instrùmens de cette ¿espèce, il falloit bien, pour vaincre
leurs scrupules, qu’ils les leur présentassent comme des lyres de,Mercure;: alors ils
expliquoient, comme ils l’imaginoient, de quelle manière cette espèce d’instrument
avoit été inventée par ce dieu, et toutes les inquiétudes s’évanouissoient. On n’eût
pas pris tant de précautions, si l’on n’avoit pas craint l’opinion publique et les lois
mêmes, qui rejetoient efccondamnoient toute innovation de ce genre.
Cette supercherie des poëtes n’étoit, selon toute apparence, tolérée que
pour ne pas paroître violer les anciennes institutions, et par ménagement pour
le vulgaire, qu’on ne vouloit pas détacher de ses idégs religieuses, dans la crainte
qu’il ne se détachât en même temps des principes de la religion et de ceux
de la morale publique : mais les poëtes et les philosophes savoient toujours
à quoi s’en tenir. Terpandre savoit bien que cette lyre à sept cordes n’étoit. pas
la première qui eût,été inventée: il n’ignoroit pas qu’elle avoit été substituée à
une autre plus simple, et qu’elle avoit remplacé la lyre à quatre cordes ; nous en
avons pour preuve ces deux vers de lui, cités par Euclide dans son Introduction
harmonique (3) :
*H¡u&ïq toi, 'ttiçyc’ytipvv '^euiçip^aji'ziq aloriilv,,,, ,
'E-irTO-rovcii cpéppifyt veVç pjevt vpspdq. ■
A t n o s , quadrisono contempto carminé, posthac
B i t } novos citharâ heptatono cantabimus hjrmnos.
Il est clair, par ces vers, que les Grecs avoient abandonné la lyre à quatre
cordes, qui jusqu’alors avoit servi à régler leurs chants, pour y substituer la lyre
à sept cordes, laquelle, en donnant au musicien - poëte»la facilite de varier et
( i ) Hymn. in Mercur. débordant, se fut retiré, que Mercure, ayant fait résonner
(2) Philostrate, dans ses Tableaux, a fait aussi la des- les intestins de cet animal, conçut l’idée de l’instrument
cription de cet instrument de l’invention de Mercure, qu’il en composa.
D ’autres racontent que ce fut en heurtant du pied le (3) Inter^nf/ÿ. M u s , auctoresseptem, vol. I , pag. 19,
corps mort et desséché d’une tortue abandonnée sur le Amstelod. in-4.9
rivage après que le N i l , qui l’y avoit apportée en se