
4 3 ® R E C H E R C H E S S U R L E S B A S - R E L I E F S
soleil, en parcourant l’écliptique dans son mouvement annuel \les présentoir périodiquement
et régulièrement aux yeux des observateurs. Non-seuiement ie soleil
mais la lune et les planètes, dont les divers mouvemens étoient connus des anciens’
attiraient sans cesse les regards vers la région du ciel qu’ils parcouroient.
Il! n en est pas de même des constellations extrazodiacales. Leur succession n’étant
pas invariablement fixée par la marche du soleil ou des corps planétaires, on la fit
dépendre d’autres considérations. On les observa aux instans de leurs levers et de
leurs couchers, et on les associa aux constellations zodiacales qui se levoient ou se
couchoient en même temps qu’elles. On remarqua aussi les étoiles qui se ieyoient
tandis que les signes du zodiaque se couchoient, ou qui se couchoient tandis que
ces signes montoient sur l’horizon. Ces diverses observations servirent à construire
les tables dès paranatellons ( i ), qui furent d’un usage très-répandu dans l’antiquité,
et qui servirent de base à tous les calendriers des anciens; car, lorsque Virgile'pres-
crivoit aux laboureurs de régler leurs travaux sur les observations des astres (a), il
se sefvoit d’une méthode employée bien long-temps avant lui, et qui consistoit à
considérer avec attention les étoiles dont les levers et les couchers indiquoient
les saisons, et par conséquent les travaux de la campagne.
Pour concevoir les variations qui peuvent exister dans les tables des constellations
extrazodiacales, construites d’après l’observation des paranatellons ou d’autres
phénomènes semblables, il est nécessaire dé se représenter comment ces phénomènes
s offrent aux yeux des observateurs. Sous J’équateur, il n’y auroit pas de
raison pour que les tables des paranatellons dressées dans la plus haute antiquité
eussent éprouvé plus d’altération que l’ordre des constellations zodiacales. Les
étoiles qui se lèvent au même moment, passent ensemble au méridien, et le soir
se couchent à la même heure; car les cercles quelles décrivent, sont coupés en
deux parties égales par l’horizon. Mais dans la sphère oblique, c’est-à-dire, pour
un observateur placé sur un point de la terre sensiblement distant de l’équateur
et du pôle, ces cercles étant inégalement coupés<par l’horizon, les mêmes phénomènes
n ont plus lieu. Les étoiles qui sortent ensemble de l’horizon oriental, ne
passent pas à la même heure au méridien, et les différences sont encore plus Lot
i e s pour les heures, de leurs couchers; car les astres-paranatellons sont compris
dans des fuseaux formés par deux grands cfercles qui ne se croisent pas aux
pôles dans ce cas, comme dans celui de la snhère rim«,. U) n n ..
( l) Paranatellon , mtpd maitwm, se levant ensemble
ou au même moment.
, ,L “ parana,clions sonI >« Mres pris hors du zodiaque
a droite ou a gauche, qui montent sur l’horizon ou descendent
au-dessous, durant le même temps que chacun des
degres de chaque signe met à monter ou à descendre.
Les paranatellons étoient encoje les astres ou constellations
qui se levoient Iorsqueles signes se couchoient, ou
qui se couchoient lorsque les signes se levoient.
On vo it que l’acception que l’on a donnée au mot de
paranatellon, est plus étendueque l’étymologie de ce mot
■ne le comporte, puisque l’on appelle paranatellons les
-astres qui sont en même tempsà l’horizon, soit au levant,
.s icauitc uc ia que
soit au couchant. On y a même compris quelquefois ceux
qui sont dans le même temps au méridien supérieur.
L a manière dont les constellations tiennent aux douze
signes par leurs levers et leurs couchers, est ce que l’on
appelle la théorie des paranatellons. C ’est le fond astronomique
des poëmes mythologiques, comme des calendriers
sacrés, dont les époques étoient marquées par les
levers et les couchers des constellations. Les calendriers
anciens sont baséssurla théoriedes paranatellons. (Dupuis,
Origine des cultes, tom. 111, part. I I , p a g / ip i.)
(a) Virg. Ceorg. lib. 1.
(3) Nous devons prévenir le lecteur que, pour bien
concevoir ce que nous disons ic i, et même la plus grande
1 9
A S T R O N O M I Q U E S D E S É G Y P T I E N S . 4 3 1
les apparences célestes de cette nature varient à raison des latitudes, et que des tables
de paranatellons dressées à la même époque , mais à des latitudes différentes, ne
se ressembleroient pas. Il est évident que les ’ différences seroient d’autant plus
sensibles que les constellations seroient plus éloignées de l’équateur. De plus, si
l’on suppose que ces observations ont été faites à une même latitude, mais à
des époques éloignées de quelques siècles les unes des autres, les tables des levers
et des couchers qui en résulteraient, différeraient encore, à cause du mouvement
rétrograde des étoilés fixes.
Toutes ces considérations expliquent le peu de conformité qui doit exister entre
des tables des paranatellons dressées à diverses époques, partie sur des tables
plus anciennes, partie sur des observations réelles. Cest peut-être aussi la cause à
laquelle on doit attribuer la dissemblance des zodiaques Égyptiens entre eux (i);
car nous pensons que ce sont des tableaux paranatellontiques ou dés calendriers
plus ou moins complets. Le cercle d’or du tombeau d’Osymandyas, où étoient
représentés, suivant Diodore (2), les levers et les couchers naturels des astres,
étoit un monument de même nature.
Ces bas-reliefs instructifs, que les premiers astronomes Grecs avoient probablement
consultés, durent leur servir à construire les tables des levers et des couchers
des étoiles et les calendriers qu’on leur attribue.
C H A P I T R E II.
Nécessité de comparer les différens Monumens astronomiques dé l ’antiquité
avec la Sphère considérée a diverses époques et a diverses latitudes, et
Conséquences particulières qui en résultent pour la Table des Paranatellons
attribuée a Eratosth'ene.
M a l g r é les dissemblances qui existent entre les tables des paranatellons qui nous
partie de ce Mémoire, il est presque indispensable qu’il
ait sous les yeux un globe céleste <z pôles mobiles. Celui
qui a été imaginé par Dupuis, nous ayant paru insuffisant,
nous en avons fait construire un qui a plus de solidité,
qui est plus facile à manoeuvrer, et qui, par conséquent,
donne plus promptement des résultats très-exacts. II
est monté entre deux cercles concentriques en cuivre. Le
cercle intérieur est réuni au g lob e, au moyen d’un .axe
qui passe par les pôles de l’écliptique; et les deux cercles
tournent l’un dans l’autre, sur deux tourillons dirigés vers
le centre de la sphère, et situés de part et d’autre à 23°
30' de l’axe passant par les pôles de l’écliptique.
Le grand cercle, qui est un méridien, est encastré dans
l’horizon ; et le plus petit, qui représente toujours le colure
des solstices, se meut entre l’horizon , le méridien et le
glob e .Oh voit que , par cette disposition, on peut faire
parcourir à ce colure toutes les positions possibles autour
du pôle de l’écliptique, et suivre par conséquent tous
les changemens qui résultent de la précession des équinoxes.
Par un moyen fort simple et qu’il seroit trop long
A .
de décrire ic i, on fixe à volonté le colure dans toutes
les positions possibles autour de l’écliptique; en sorte que
le globe n’est plus mobile que sur les deux tourillons qui
se trouvent aux positions correspondantes des pôles.
Comme l’horizon est distant du globe de toute l’épaisseur
du petit cercle,on se sert d’une plaque en cuivre bien
dressée, qu’on pose sur l’horizon et qu’on pousse contre
la sphère, afin d’avoir la facilité d’observer très-exactement
les levers e t les couchers des astres. Nous avons
montré notre globe à M. Poirson, et l’avons engagé à
faire monter dans le même système ceux qu’il va publier.
Nous avons aussi adapté à notre sphère un petit appareil
propre à suivre les observations qui se rapportent aux
levers héliaques des étoiles; mais il seroit superflu d’en
donner ici la description.
(1) Les deux zodiaques d’Esné ont entre eux-beaucoup
plus de ressemblance qu’avec ceux de Dend erah,
et réciproquement ceux de Denderah .ont entre eux
des analogies qu’on ne retrouve pas dans ceux d’Esné.
(2) Diod . Sic. B ill, hist. lib. 1 , pag. 59, ed. 1746.
I i i