
Les lions des quatre zodiaques Égyptiens sont représentés dans la même situation,
c’est-à-dire, debout et regardant le couchant.
Nota. Les douze signes du zodiaque étant très-faciles à reconnoître, nous nous
y aiieterons moins quaux constellations extrazodiacales.
§. 2. l ’h y d r e .
L e lion du zodiaque circulaire est monté sur un grand serpent situé absolument
comme l’hydre de nos sphères.
Dans le grand zodiaque de Denderah, il y a un serpent analogue, mais dont
la tete n est point dessinée : on v o i t , en outre , derrière le lion , et au milieu
d’un parallélogramme, un grand serpent replié sur lui-même.
L e petit zodiaque d Esné offre une représentation semblable.
En avant de la vierge du grand zodiaque d’Esné, est une espèce de sphinx à
corps de lion et à tête de femme, dont l’attitude est la même que celle du lion,
et au-dessous duquel sont deux serpens.
Les serpens que 1 on voit ainsi aux environs et particulièrement au-dessous
du lion dans tous les zodiaques § rappellent naturellement l’hydre ; mais cette
constellation est sur-tout parfaitement reconnoissahle sur le planisphère circulaire ■
s’il restoit encore quelques doutes à ce sujet, ce que nous dirons des constellations
du corbeau et de la coupe, les le ver oit entièrement.
On a pris l’hydre pour une image du Nil, parce que la tête de cette constellation
se levoit avec le soleil, au moment de l’accroissement des eaux de ce fleuve,
et sa queue avec la dernière partie du signe de la vierge, dont le lever cosmique
avoit heu vers l’époque de la retraite des eaux. Cette correspondance n’a existé
que pendant les siècles où le solstice avoit rétrogradé jusque vers les premiers
degres de la constellation du lion, époque présumée de la construction des
temples de Denderah ; elle n’avoit pas lieu lorsque le solstice n’étoit pas encore
aussi avancé dans le lion, cest-à-dire, lors de l’érection du temple d’Esné : c’est
pour cela , sans doute, que l’hydre n’y est pas aussi bien caractérisée ; ce sont
seulement des serpens. II est évident qu’à Denderah l’idée première n’avoit pas
été totalement abandonnée, mais seulement modifiée. Cette idée première est
celle de serpens monstrueux réunis au signe du lion.
§. 3. LE CORBEAU.
ON sait que l’hydre est une constellation fort étendue, au-dessus de laquelle
sont deux autres astérismes, indépendamment du lion; savoir, la coupe et le
corbeau.
Le corbeau semble becqueter la queue de l’hydre. Suivant Théon (1), il indique
par sa couleur noire la terre d’Égypte lorsque le Nil se retire.
Or on remarque sur le zodiaque circulaire, en arrière du lion , et au-dessus
de 1 extremrté de la queue de l’hydre, un oiseau dont la forme ne diffère pas de
celle du corbeau.
(0 Theon. Scholia in A rati Phoenomtna, tom. I , pag. 302, Lipsiæ, 1793.
La fable rapportée par Théon ne peut se vérifier que pour l’époque où le solstice
étoit aux premiers degrés de la constellation du lion. On ne doit donc pas être
étonné de ne point trouver le corbeau dans les zodiaques d’Esné. On le verroit
probablement sur le grand zodiaque de Denderah, si la partie du bas-relief où
il devroit être, et qui correspond à celle du zodiaque circulaire où il est représenté,
n’étoit pas dégradée.
§ . 4 - L A C O U P E .
E n t r e le corbeau et le lion, au-dessus de l’hydre, est la coupe.
Cette dernière constellation, sous le nom de coupe de Mastusius, a rapport au
sacrifice d’une jeune fille, suivant Hygin (i).
C ’est le symbole de l'inondation du N il, suivant Théon (2).
Le sacrifice annuel d’une jeune fille, au moment du débordement des eaux du
Nil, est une tradition bien connue, et qui s’est perpétuée jusqu’à nos jours, puis-
qu’à l’ouverture du canal du Iiaire on jette encore, tous les ans, dans le N il, le
simulacre d’une jeune fille.
Peut-on douter, d’après cela, que la figure de femme qui, dans tous les zodiaques
Égyptiens, est à la suite du lion, et notamment, sur le planisphère circulaire, entre
le lion et le corbeau ; peut-on douter, disons-nous, que cette figure ne corresponde
à la constèllation de la coupe î
La représentation d’une coupe et celle d’une jeune fille seroient don c, dans le
langage hiéroglyphique, et dans les circonstances que nous avons décrites, deux
synonymes qui exprimeroient également un sacrifice à l’époque de l’inondation.
Lorsque le solstice étoit aux premiers degrés de la constellation du lion, la
coupe se levoit en même temps que la belle étoile de Canopus, dieu des eaux
chez les Égyptiens.
On désigne par le nom de campes, dans les cabinets d’antiquités, des vases dont
le couvercle est décoré de la tête d’une jeune fille. C’est une allégorie composée
de toutes les idées que l’on attachoit à Canopus et à la jeune fille qui suit le lion;
et c’est peut-être à la correspondance paranatellontique de ces deux constellations
que la dernière doit le nom de coupe qu’elle porte en ce moment.
§ . 5 . L E P H A L L U S .
D a n s le petit zodiaque d’Esné, en arrière du lio n , o n voit un phallus bien
dessiné, et qui paroît s’élever et planer au-dessus des autres figures, au moyen
de deux ailes étendues. Cet emblème singulier est situé entre le lion et la vierge,
puisque cette dernière constellation seroit la première de la bande qui fait suite a
celle du lion. C ’est exactement la place qui conviendroit à l’étoile de la queue du
lion de notre zodiaque actuel. Or, selon A ’bd el-Rahman , cette belle étoile, que les
Arabes, dit-il, désignent par le nom de Q alb e l-A sa d , le Coeur du Lion (3), auroit
(1) Hygin. Poetic. astronomie. lib. I l , cap. 4°- (3) Sous ce nom de Q a l b 'EL-As a d , le Coeur du Lion ,
(2) Theon. Scholia in Arati Phænomena , tom. I , que porte actuellement Régulus, l’étoile/â appartient à un
pag. 302. autre lion que celui de nos sphères; celui-ci a quarante