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véritable situation de tous ces lieux, en ne faisant usage que de renseignemens
qui so.ent mdependans de toute opinion quelconque sur la position de Bérénice
et sur la route ou se trouvoient les mansions fortifiées.
C H A P I T R E III.
A qw l P ort Connu ™ i°« rd ’htd doit-on rapporter le Myos-hormos ou Murisstatio
des Anciens.
§. I ."
A g a t h a r c h i d e s de Cnide, qui florissoit sous Ptblémée Philométor, près de
deux s.ecies avant le voyage de Strabon en Egypte, décrit ainsi la côte où étok
T d r o t T V / mOS (l): “ L ° rSqUe’ vous voyagez à
otte long des terres, vous découvrez, au milieu d’une plaine très-étendue
» des montagnes de couleur rouge, remplies d’ocre de fer [ru lr ica ], dont la
» couleur vive blesse les yeux lorsqu’on les regarde avec attention. Un peu au-delà
| est lentree tortueuse d un grand port nommé originairement le port du Rat
» [Myos-hormos], et dans la suite le pon de Vénus. Du côté de la pleine mer ce
» port est r im e par trois îles; les deux plus grandes sont couvertes;d’oliviers’ et
» c e figuiers, mais la plus petite est entièrement stérile. »
^ Diodore de Sicile (2), qui voyagêoit en Êgypte sous le dernier des Ptolémées
1 1 * 7 165 mémeS j g * * archives de la cour'
Strabon (4), comme Agatharchides et Diodore, place près de la montagne
rouge farugmeuse le port de Vénus ou le grand port, qu’il nomme aussi Myos-
hormos g : « Son entree, dit-il, étoit sinueuse, et son front couvert p a r fo is
» îles. « Remarquons sur tout les mots suivans : 1 Ce port est situé , comme Bérénice
, dont ü n est pas fort éloigné, à l’extrémité de l’isthme de Coptos. »
Le Penple de la mer Rouge, attribué à Arrien, et que l’on croit rédigé sous
e pm e u r Adrien eue Myos-hormos comme le port de la mer Rouge le plus
ceJebre et le plus fréquenté de ce temps-(6).. ,
Ptoiémée lui donne pour latitude 27» M (par conséquent, le place à environ
dix-sept lieues au nord de Cosseyr).
( l) Agatharch. î/îmanRiihro, apudG'ogr. Groec.min. (4) Strab. G'ogr. Iib, XVII » Sic
(a) Diod. Sicul. Biblioth. histor. Iib. 111. i -\ T !■ . . ’ *
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que le mot /ne qu’on y tronve, ainsi que le mol
porte la version Latine, ne sont point conformes an texte 161 Aman 1 ■ r , ■
i l I S 1 P 1 I ü I non point m ! * i l H H P v > apud G'm K
/'s
§. 11.
A ces renseignemens des anciens comparons les observations faites sur les lieux
pendant le séjour des Français en Egypte.
Une expédition de plusieurs bâtimens, partie de Suez en l’an 7 . pour aller
s’emparer du port de Cosseyr, fut contrainte par le mauvais temps de relâcher
sur la côte occidentale, un peu avant d etre arrivée à sa destination : deux membres
de la Commission des sciences, MM. Arnollet, ingénieur des ponts et chaussées,
et Champy fils (1), faisoient partie de cette expédition, et ont recueilli les renseignemens
dont je ferai usage ici.
i.° A environ dix-sept lieues marines au nord de Cosseyr, sur la côte occidentale,
la vue est frappée par des montagnes de couleur rouge, que les pilotes Arabes
nomment par cette raison Gebel-Ahmar. Une lieue et demie plus au sud se trouve
un port commode et spacieux, où séjournèrent les bâtimens Français.'Cette position
convient parfaitement avec la latitude de 27° 15' assignée par Ptoiémée au
Myos-hormos (2), et l’existence de la montagne Rouge coïncide avec les détails
des écrivains anciens.
2.0 Ce port a près de deux lieues detendue, et mérite très-bien le nom de
Porttis magnus que lui ont donné les anciens. Il est fermé, du côté de la pleine
mer, par deux grandes îles, dont le sol est bas et uni, et par un îlot beaucoup
plus élevé; circonstances décisives par elles seules, car elles ne se représentent
nulle part ailleurs dans toute l’étendue de la mer Rouge. L’élévation et les formes
aiguës de la plus petite de ces trois îles expliquent assez bien pourquoi deux
seulement étoiènt couvertes d’arbres à l’époque où ces lieux étoient fréquentés
par les anciens.
3.0 La passe qui est au nord entre l’île la plus septentrionale et la côte , forme
un canal long de plusieurs centaines de toises et un peu sinueux (3), comme l’indiquent
Diodore, Agatharchides et Strabon.
4 -° Autour du port règne une plage basse et sablonneuse (4 ). Les montagnes
environnantes, savoir, le Gebel-Ahmar au nord, et vers le sud une très-haute
chaîne de montagnes qui s’avancent vers la mer jusque vis-à-vis l’extrémité de la
seconde île, sont séparées du port par une plaine déserte, de près de deux lieues
(1) M. Champy, ancien élève de l’école polytechnique3
adjoint à son père pour la direction des poudres et salpêtres,
a été enlevé par les maladies pestilentielles qui ont
ravagé le Caire pendant les derniers instans de notre séjour.
II étoit également recommandable par les plus heureuses
qualités du caractère et par des talens distingués dans
les sciences physiques : c’est une des pertes les plus
sensibles qu’ait éprouvées en Egypte la Commission des
sciences.
(2) C a r , en ajoutant quinze ou seize lieues marines,
c’est-à-dire, 45* > à la latitude de Cosseyr, qui est de
26° 15 ' , ou, selon quelques observations, 26° 20 ', on ne
trouvera que 5' ou au plus 10' de différence avec la latitude
indiquée par Ptoiémée; différence très-petite par
rapport à celle qui se trouve entre les latitudes de cet
astronome et les observations récentes.
(3) La profondeur de cette passe, qui a été sondée par
les officiers de marine de l’expédition, est par-tout de sept
à huit brasses, et l’endroit le plus resserré est vis-à-vis
l’îlot à l’entrée de la passe.
(4) On a observé que la cô te , vers le nord, est bordée
de roches calcaires à fleur d’eau, coupées à pic vers l’ intérieur
du port. Quelques sondes faites à peu de distance
ont donné sept brasses pour profondeur ordinaire. Le
fond est tantôt de sable, tantôt de roc calcaire. G énéralement
la partie méridionale du port est moins abritée que la
septentrionale. Peut-être existe-t-il une passe entre l’île
qui est au sud et la cô te , mais elle n’a pas été reconnue.