composés chacun de 5 triangles isocèles ou de 5 x 6 scalènes, en tout 360,
autant qu’il y a de parties dans le zodiaque : ainsi chaque face du dodécaèdre correspond
à un signe, et les 12 faces représentent le cercle entier de 1 ecliptique.
Maintenant, que l’on considère la théogonie des Égyptiens, où le Soleil, représenté
par Osiris, étoit la première divinité ; on trouvera l’application de cette
doctrine avec justesse : mais elle n’auroit aucun sens dans un autre culte. C’est
encore ici une preuve, pour le dire en passant, que la division du cercle en
360 parties remonte à une époque fort ancienne.
Plusieurs des rapprochemens qui précèdent, ne sont donnés que comme des
conjectures plus ou moins solides ; cependant ils coïncident tellement avec les
monumens et les autorités, qu’on ne peut se défendre de les considérer comme
ayant quelque fondement. L ’antiquité atteste que Thalès, Pythagore, Platon et
tant d’autres avoient appris en Egypte les théorèmes de géométrie ; or les théorèmes
précédens sont en partie ceux que ces philosophes avoient enseignés aux
Grecs. Je ne dissimulerai pas un passage où Diogène Laërce prétend, d’après An-
ticlides, que Pythagore avoit perfectionné la géométrie ; le fait n’est guère croyable :
mais, d’après ce passage même, Moeris, le premier, avoit trouvé les principes (1).
Ainsi Diogène Laërce, tout en attribuant à son héros l’honneur d’avoir reculé
les bornes de la science* avoue que la découverte en appartenoit aux Égyptiens.
S i c e s r a p p r o c h em é n ^ c om m e je n ’en d o u te p o in t , s o n t u n jo u r co n firm é s
p a r d e n o u v e l le s d é c o u v e r te s , o n c om p r e n d r a sur q u e lle base r e p o s e n t le s é lo g e s
q u e l ’an t iq u ité a u n a n im em e n t d é c e rn é s à l ’É g y p te sa v an te . A u r e s t e , il ex is te
e n c o r e d autres p o in t s , n o n m o in s im p o r tan s qu e des th é o r èm e s d e p u r e g é o m
é t r ie , e t sur lesquels j a i lie u d e p e n s e r q u e les m o n um en s É g y p t ie n s fo u rn iro n t
des résultats d’u n g ra n d in té r ê t.
_ j. ü
D es Connaissances géographiques et des Cartes ch ei les Égyptiens.
Il n est guère de sujet plus.curieux, mais jusqu’à présent moins éclairci dans
1 histoire des connoissances exactes, que l’origine des cartes géographiques. J’ai
énoncé cette proposition, que les cartes avoient été en usage parmi les Égyptiens :
des témoignages positifs déposent en effet en leur faveur. Dans son commentaire
sur Denys le Géographe, Eustathe dit que Sésostris fit dresser des cartes de
ses voyages, et fit présent de ces itinéraires aux Égyptiens et aux Scythes. Apollonius
de Rhodes s'exprime ainsi dans ses Argonaütiques :
«Les Égyptiens de la Colchide (colonie de Sésostris) conservent de leurs an-
» cêtres des tables gravées, où sont tracés les bornes de la terre et de la mer, les
» routes et les chemins, de maniéré a servir de guide à tous les voyageurs. »
J’adopte ici l’interprétation de Zoëga, qui, d’après Plutarque, Suidas, &c.,
( iy ToJ’o t £ yioptreua iW 3SOM fycJ fîr, M«ie<Vof à JV»7i>o aie* 'tM ià t f tv , (Dio g . Laërt. in Vita
iBÇp-nv ivçÿvnç mçctpxàç tuv ni%iur ausrnç, d ç <pmv ’Aru- Pythag.)
fait voir que | ü | | a toujours signifié des tables en bois, que $$ÊËjjÈ doit s’entendre
d’une gravure ou de traces incisées dans cette matière, et qu’il ne s’agit pas d’une
description écrite sur des stèles, comme l’ont imaginé plusieurs interprètes.
Voici le passage, qui mérite d’être cité en entier, à cause de son importance:
’'E»9eî A i Tti/cL ( 1 ) Q & tn m f i i , «fia. ?râ.a»|i oJïùo-aj
JLvpC07n 7V A o d iv t ï, (H t] JCetf % £ p T lï ÀcC&JV
S<p6>ra/>a>v, id d p m i t e 7m r n % i u ' fjc v p U </)’ , d ç t t
N cLO JZL T ë'KDl^O^ ieVO if 7ZK /Uèv Yi T to jl VcLlëTCLKoiV,
H e Kctf y T n vM jt; y c t f aiS\)V ItteimvoÔêv c t i â v '
A i d , y i pcnv g7i vuv / u lië i , v î a v o i t e
T a v e/£ coi&'pù) v j è ç 0$ y t y ^ i o jw w vo ciiju ev A Î o lv '
0 1 S\i toi y ç o L .T flv ç T m r û p m eôev e/pvovJcLf,
K v p C lcL Ç j o lç gVI 71VeGVLj o S b i JGctf ëaLOlV
t î , T£fc<peprlç t e , 7 cip fe, è7n vtojo/Lu vo i<n i.
Apollon. Argonautie. lib. IV, v. 272.
« On raconte qu’un homme parti de l’Égypte (Sésostris) parcourut l’Europe
» et l’Asie entière, à la tête d’une aimée forte et courageuse. Il conquit une niul-
» titude de villes, les unes encore aujourd’hui habitées, les autres dépeuplées; car
» il s est écoulé depuis ce temps un grand nombre d’années. Les descendans des
» hommes quil établit dans la Colchide pour l’habiter, y existent encore, et la
» colonie est florissante. Ils conservent de leurs ancêtre's des tables gravées, &c. »
Je sais quon attribue aussi à Anaxhnandre, l’un des disciples de Thalès, l’idée
des cartes de géographie ; selon Diogène Laërce (2),'Pline (3) et Strabon (4),
ce philosophe fut l’auteur de la première description du globe, et, le premier,
il construisit une sphère. Mais Anaximandre avoit, comme son maître, étudié
les sciences de i’Égypte. II est plus sûr de s’en tenir aux témoignages d’Apollonius
et d Eustathe, qui n avoient pas d’intérêt à déguiser la vérité. Sésostris avoit
parcouru un grand nombre de régions ; sans le secours des itinéraires et des projections
géographiques, même bien antérieures à lui, il lui eût été difficile d’exécuter
tant de voyages. Des tables de bois, d’écorçe, de pierre ou de métal,
pouvoient servir au tracé des routes et des chemins qu’il avoit à visiter. Ce* qui
prouve que les notions de topographie ne lui étoient pas étrangères, c’est que
lui-meme , au rapport d Hérodote, avoit divisé l’Égypte en un certain nombre
de portions carrées, cest-a-dire, daroures et de fractions d’aroure, et que ce.partage
ne pouvoit se faire sans une carte topographique. Son but étoit de distribuer
les terre^ aux habitans, afin den fixer la redevance annuelle. Il y eut donc
une sorte de cadastre execute a cette epoque, et ce cadastre suppose absolument
des projections quelconques; sans quoi 1 on nauroit pu en tirer parti, ni retrouver
facilement, ou meme sans erreur, les résultats de l’arpentage. De là, la topographie
et la géographie.
(1) T/m est expliqué, dans le scholiaste d’Apollonius, (3) Plin. Hist. m u lib. 11, cap. S ; et lib. v u , cap. 16.
par Sésonclmh ou Stsemh. (4) Strab. C t o g r . lib. 1, pag. 2 , « alibi.
(2) Diogen. Laërt. in Vita Anaxim, lib. i l ,"pag. 79.