A la fin de la bande des signes du grand zodiaque de Denderah, où se trouvent
le Verseau, les poissons, le belier, le taureau, les gémeaux et le cancer, on voit
une tête d’Isis enveloppée dans les rayons du soleil. M. Fourier explique cet emblème
par le lever héliaque de Sirius, qui, à l’époque que nous considérons, arri-
voit au solstice d’été, au commencement de l’année rurale des Égyptiens, et au
moment de la. crue des eaux.
Il seroit difficile, en effet, dans le génie de la langue allégorique des Égyptiens,
d’exprimer d’une manière pliis satisfaisante et plus ingénieuse un phénomène
céleste de cette nature.
Le grand zodiaque de Denderah est le seul où l’on voie ainsi une tête d’Isis :
elle ne peut représenter la constellation remarquable du grand chien, mais seulement
Je phénomène particulier du lever héliaque de l’étoile d’Isis. Nous avons
retrouvé oette constellation sous une forme très-reoonnoissable : elle est au-dessous
du cancer du zodiaque circulaire, et un peu en avant du lion. Là, en effet, on
voit une vache dans un bateau, ayant une étoile entre ses cornes. Letoile de
Sirius, ou l’astre d’Isis, est exactement dans la même situation par rapport au
lion et au cancer; et l’on sait que les attributs d’Isis sont particulièrement des
cornes de vache et un vaisseau.
Le même emblème se voit encore dans le grand zodiaque de Denderah, entre
le lion et le cancer ; on Je trouve aussi dans le petit zodiaque d’Esné.
Le grand chien Sirius, ou 1 astre dlsis, étant très-voisin du pôle austral, on
dut le placer sur un bateau, comme le lion marin et le sagittaire.
On retrouve le même emblème dans la même place sur le zodiaque de
Kircher; seulement la vache est debout sur la barque, et elle n’a pas d’étoile,
entre les cornes. Cette place convient parfaitement à la constellation de Sirius,
qui est, comme ion sait, dans 1 hémisphère méridional, au-dessous des gémeaux
et du cancer. L ’auteur du zodiaque publié par Kircher a placé le grand chien
dans l’hémisphère septentrional, au-dessus du capricorne, à cause de l’opposition
paranatellontique de ces deux points du ciel.
Undes symboles du huitième natchtron, qui correspond au cancer, est le buffle.
§ . 55. L E D R A G O N .
D a n s le zodiaque circulaire, à la place que devrok occuper (a constellation
du dragon, on voit un petit serpent replié sur fui-même, de la même manière
que le dragon l’est autour du pôle : c’est presque le point central de ce planisphère.
Si la position de cette figure convient bien à notre explication, il n’en est
pas de même de ses dimensions; car ce serpent est loin d’avoir un développement
■comparable à celui du dragon de nos sphères.
Tout-a-fkit à ¡extrémité de la bande du cancer dans le zodiaque rectangulaire
de Denderah, on voit un serpent dressé sur sa queue et sortant d’une fleur de
lotus : or, dans la spliere de Thebes, la tête du dragon se lève au moment où se
couche le lièvre, qui est, comme nous l’avons vu, la même constellation que le
trône d'ürion ou le lotus. Dans le même instant, le point solsticial est au méridien
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sùpérieur. De quelque manière que l’on explique cette allégorie, c’est une chose
remarquable de trouver ainsi réunies, au point solsticial du zodiaque de Denderah,
deux constellations également distantes de ce point, et qui sont en opposition
paranatellontique dans la sphère de Thèbes.
C H A P I T R E II.
D u Nombre des Constellations Egyptiennes,
Il résulte des rapprochemens que nous avons faits, que les figures accessoires
des bas-reliefs astronomiques des Égyptiens sont des constellations, aussi-bien que
les signes du zodiaque. En effet, si l’on n’a aucun doute sur les douze astérismes
principaux, pourquoi en auroit-on sur un grand nombre d’autres emblèmes que
nous avons désignés, et qui ne sont pas moins reconnoissables, soit par leur forme,
soit par leur position, soit parle sens symbolique qu’on peut leur attribuer! Une
fois la coïncidence avérée pour quelques constellations extrazodiacales, on n’a
plus de répugnance à la supposer pour les autres, en se laissant conduire par
l’analogie; et ce qui paroissoit problématique, devient un moyen de recherche et
un guide certain.
Nous devons faire remarquer que nous n’avons point été entraînés par le
désir d’accumuler des preuves à l’appui d’un système que nous aurions formé
d’avance. Ce système est plutôt le résultat que le motif de nos recherches : les
explications que nous avons données, se sont offertes naturellement, et nous
ont rarement laissé, d’incertitude. Les constellations que nous avons retrouvées,
sont représentées par des figures qui n’ont point été répétées dans les zodiaques
à d’autres places que celles qui satisfont à nos explications ; en sorte que nous
n’avons pas eu à choisir entre plusieurs symboles celui qui convenoit le mieux
et que nos premières inductions ont presque toujours été confirmées.
On auroit donc une idée bien fausse de la matière que nous avons traitée, si
l’on croyoit qu’en l’examinant sous de nouveaux aspects, on pourroit en déduire un
nombre indéfini d’explications aussi plausibles que celles que nous avons données.
Si toutes les constellations ne se retrouvent pas dans chacun des zodiaques Égyptiens
, on doit l’attribuer à ce que ce ne sont pas des tableaux généraux ou des
planisphères complets, mais des scènes particulières, qui ont rapport à divers phénomènes
célestes, à diverses fêtes religieuses, ou aux honneurs à rendre à diverses
divinités. Ceci est démontré par les tableaux astronomiques d’Erment et des tombeaux
des rois (1). Ces tableaux, qui renferment seulement quelques constellations,
paroissent destinés à représenter les deux équinoxes dans le scorpion et le taureau,
tels qu’ils sont signalés dans le planisphère de Denderah (2). Cette époque, fameuse
dans l’antiquité, est celle où les quatre étoiles', Autans du scorpion, Foumalhaut
du poisson austral, Régulus du lion, et Aldébaran du taureau, présidoient aux
(1) Voye^ ci-dessus, pag. 4 4 1 *
(2) Voyc£ notre Description des monumens astronomiques, Appendice aux Descriptions, n.9 I I , pag. 15.
A . Ppp*