6 i 4 MÉMOIRE SUR LE SYSTÈME MÉTRIQUE
nombre, dit-il, attribuoit /¡o stades à la parasange; d’autres, 60 et même beaucoup
plus (1). Comme nous i’avons dit, la parasange est composée essentiellement de
30 stades; mais l’étude du passage de Julien et l’inspection de nos tableaux font voir
que l’auteur parloit du schoene : les deux dénominations ont donc été confondues;
or nous avons expliqué plus haut quelle est l’espèce du schoene de 4 P stades. La
chose est confirmée par le passage même, qui donne au schoene 60 stades, puisqu’il
entroit 60 petits stades dans le schoene d’Hérodote (2).
On voit, dans les auteurs Arabes, que la parasange équivaut à 25 ghalouah ou
stades Arabes, et à 12000 coudées de 24 doigts (3). La parasange Égyptienne
fournit, sur ce pied, pour le ghalouah, une valeur de 221™,67 ; telle est en effet
la valeur du stade Arabe (4 ), le même que celui de Ptolémée, et qui est compris
cinq cents fois au degré.
La parasange de fournit aussi pour la coudée, si on l’y suppose comprise
douze mille fois, une valeur de o"',4618 : or on sait que telle est la valeur
de la coudée commune des Arabes, de 24 doigts.
Un passage du livre xi de Strabon (y), que nous n’avons pas encore cité, se
trouve aussi expliqué fort aisément par ce qui précède, bien qu’il offre d’abord
une grande difficulté. « Les uns, dit-il, comptent 60 stades à la parasange de Perse;
d’autres 3 o, et d’autres 4 o. 6 Strabon attribue ici à une seule mesure ce qui apparte-
noit à deux. L a parasange Persane valoit effectivement 3 o stades ; mais c’est le schoene
d’Hérodote, appelé par confusion parasange, qui répondoit à-la-fois à 40 stades
et à 60 f6).
« En remontant le Nil, continue Strabon, nous avons trouvé qu’on usoit, suivant
» les lieux, de différentes espèces de schoenes, de façon qu’un même nombre de
» schoenes convenoit également à un espace tantôt plus grand, tantôt moindre. Cet
» usage était une tradition des temps antiques (7). » Ce curieux passage prouve bien
que les différentes espèces de schoenes dont j’ai parlé, savoir, le grand schoene de
la basse Égypte, celui qui en étoît la moitié, et le schoene de 30 petits stades ou
schoene d’Hérodote, ont existé réellement, et qu’ils ne sont point fictifs. Comme
ils prévaloient chacun suivant les lieux, les voyageurcGrecs et Romains ont recueilli
les distances exprimées en schoenes, sans soupçonner le module dont se servoient
les naturels dans chaque cas particulier.
Ce même passage est celui où Strabon nous apprend que, suivant Patrocle, les
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<pipm fjutpTvçy. T i hoyv 1tr •mxvpa.fasu.'rir UooiiStonor. ( J u l ia n .
a r ch ite c t. a p u d H a rm e n o p u l. C o m m , de C a s a ubo n , p. 17 3. )
(2) Voye^ ci-dessus, pag. 6 4 8 , et l’article de Julien,
pag. 6 18 .
(3) E d . Bernard, D e p o n d , e t m e n s u r is , pag. 2 4 6 .
(4) Voye^ le tableau général des mesures.
(5) Strab. G e o g r . lib. X I , pag. 3 5 7 , ed. Casaub.
(6 ) V o y e z pag. 6 4 8 .
(7) Voici le passage en entier :
Ai </C ik Sokcu Sliyovmr «mhAûh' a ç <pn<n TLetr^yy^ç, m-
©wayjètf a ç oySinnorm • tbV Sè fur t i r I îittnx o r, 0/
M*r i^Hxona sttSlar qxttnr, 0/ Si, re/tcLwrla. » n-ilct.ggtKov'ja.
!A.va.7ifiioY7or d£ Spar iir NSxov, ¿mot’ ¿mo/; puir£yic
jLU.ro1 to; Mirovf aropctfyr &W mxiaf t/f wba/f • os it 70H
avTor toy agivov ¿ej&jMr, ctMa^js pur mpi%tr npovv,
Si (bgp%yTlQyy • outos ¿¡jupyis im&iSiSbpuror, ygl
(fivheciiopuror puyei w rvr.
H o r u m o s tia a d X X C p a ra sa n g a s d is ta r e P a t r o c le s d i c i t :
p a ra sa n g am P e r s i c um a l i i LX sta d io rum esse a iu n t , a l i i
X X x , a l i i XL. N o s cum adverso N i l o su b v eh er em u r , a lia s
a l i i s u s i mensu ris schcenos n um erabant a b u rbe a d u rbem;
i ta u t id em schaenorum rtumerus a l ib i lo n g io r i s , a lib i bre-
v io r is n a v ig a tio n is sp a tio c o n v e n i r e t : re ita in d e a b in it io
t r a d itd , e t in h u n c u s q u e d iem obs ervatd. ( Strab. G e o g r.
Iif> x i , pag. 3 5 7 , ed. Cas aub .)
embouchures
DES ANCIENS ÉGYPTIENS. 6 $ S
embouchures de 1 Oxus et du laxartes sont éloignées de 80 parasanges. UOxus
est le meme que le Gihoun, et le laxartes des anciens est le Sihoun d’aujourd’hui :
leurs embouchures actuelles sont dans la mer d’Aral; mais, selon l’antiquité , ils
tomboient dans la mer Caspienne (i),"*èt l’on croit généralement que l’Oxus se
jetoit jadis dans cette mer, à un point situé vers le 4 2-' degré de latitude, et le
laxartes, au-delà du 4 j- ' degré. Ces deux points sont distans, en ligne droite,
d’environ 80 lieues de vingt-cinq au degré. Les 80 parasanges dont parle Strabon
sont'donc de la valeur que nous avons attribuée à la parasange Persane, savoir,
une lieue de vingt-cinq au degré (2).
Le même auteur (3) dit que, selon Théophane, la longueur de l’Arménie est
de 100 schoenes, et sa largeur double, le schoene étant de 40 stades ; Strabon
ajoute que cette mesure est excessive. Cette remarque seroit juste pour l’Arménie
mineure ; mais on trouve à l’Arménie proprement dite une longueur de dix degrés
d un grand cercle : la mesure est prise en ligne droite depuis Ilija, l’ancienne
E le g ía , sur les bords de l’Euphrate, jusqu’au cap Setara, au nord de l’embouchure
commune du Cyrus et de l’Araxes dans la mer Caspienne (4) ; c’est, pour le schoene,
une valeur de 2 lieues f de vingt-cinq au degré : or le grand schoene est de 2 4
parasanges Persanes. L ’accord est donc parfait. Le schoene employé ici est de
4 o stades, selon Strabon ; il confondoit apparemment le grand schoene avec celui
d’Hérodote. Ainsi la mesure de Théophane étoit juste, et il paroît que Strabon l’a
repris mal-à-propos (y).
Il me reste a parler d un passage de Xénophon, que les géographes et les
lecteurs instruits.sont sans doute étonnés de n’avoir pas encore vu paroître dans
cette discussion. Dans son histoire des marches de Cyrus, il compte y 3 y parasanges,
ou iô oyo stades, d Éphèse au lieu où la bataille fut livrée (6), à 12 parasanges
de Babylone (7). 11 en résulte d’abord que la parasange a 30 stades. D ’An-
ville a voulu déduire la valeur du stade dont a usé ici Xénophon, de ce que lé même
auteur compte 2y parasanges entre Tarsus et Tyana, ainsi que nous l’avons dit, et
que cette distance est connue pour être de 73 milles Romains, d’après l’Itinéraire
de Bordeaux à Jérusalem ; mais'il n’a fait aucune attention à ce qui en seroit résulté
pour la longueur de la route d’Éphèse à Babylone ; Xénophon se seroit trompé
en plus d’environ un tiers.
Freret a reconnu la véritable espece du stade dont il s’agit dans ce passage ; mais
son calcul n’est qu’une approximation très-imparfaite, puisqu’il suppose Babylone
sous le même parallèle qu’Éphèse, bien que ces deux villes diffèrent en latitude de
(1) Voye^ d A n v ille , Geogr. anc. in-foL pag. 169. provînt d’une grande mesure astronomique transformée
(2) Dans la carte tracée par M. Gossellin pour le en schoenes, sur le pied de 10 schoenes pour un degré de
système géographique de Strabon, on trouve environ grand cercle. (Voyez la note 6, pag, 64.9, et le tableau gé-
trois degrés un quart de latitude entre les embouchures néral des mesures.) Lesearles récentesd’Arrowsmithfour-
de l Oxus et du laxartes ; ce qui revient au compte ci- nissent le même intervalle de io ° pou r la longueur de
dessus. l’Arménie, depuis la.mer Cáspienne'jusqu’au point de
(3) Strab. Geogr. lib. x i , pag. 357, ed. Casaub. l’Euphrate que j’ai désigné plus haut.
(4) Voyez d Anville , Geogr. a ne. pag. 1 15 , et sa carte (6) Le nom de ce lieu est donné par Plutarque dans
de Y Or bis veteribus notus. la Vie d’Artaxerxès ; ce nom. est K Sva^a.
(5) Je ne doute P0»nt que le compte de Théophane ne (7) Ku/>» W ÉW . Iib. 11, pag. 126, Oxon. 1735.
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