
6 0 2 M É M O I R E S U R L E S Y S T È M E M É T R I Q U E
§. III.
Stades des Jeux.
A pres les réflexions générales que j’ai présentées au commencement de ce
chapitre, j’ai peu de développemens à donner,sur les stades des jeux. Mon dessein
n est pas de disserter sur les jeux des cirques et des hippodromes, ni même'sur les
divers monumens de cette esp|ce : je chercherai seulement dans quelques-uns
d’entre eux des résultats qui confirment les mesures de quelques stades géographiques.
Nous avons donné le nom d'hippodromes aux grandes enceintes rectangulaires
que 1 on voit à Thetes : on ne peut, en eiïit, supposer une autre destination
à ces vastes champs de Mars. Les issues qui existoient sur les côtés, servoient au
passage des chars qui couroient et se croisoient dans les diverses directions. Ces
ouvrages, pour le dire en passant, prouvent combien peu les historiens Grecs
ont connu l’Égypte : à peine ont-ils parlé des jeux gymniques des Égyptiens; Hérodote
même va jusqu’à dire que nulle part dans ce pays/excepté à Chèmmis, on
navoit 1 usage de ces sortes d exercicePfi). Non-seulement ils ont ignoré l’existence
des grands cirques de Thèhes, mais ils n’ont pas connu lés-bas-reliefs et les .pein-
tures qui représentent les assauts, la lutte et les divers jeux.
A. Dendeiah, jai dessiné une grande sculpture, en partie symbolique, et qui
annonce la pratique d’un exercice analogue à ce qu’on appelle chez nous le je u du
m at de cocagne. On y voit huit aspirans au prix s’élever rapidement sur des cordes
tendues et attachées au haut d’un grand mât. Quoique le‘ but placé au sommet soit
emblématique, et que ces personnages représentent des initiés qui paroissent lutter
d efforts pour atteindre à la connoissance des mystères sacrés, il n’en est pas moins
évident que cette scène est l’image d’un exercice habituel aux Égyptiens (a1).’ ;
Parmi plusieurs sculptures qui-expriment des jeux gymnastiques ,f! téls*; qùe la
danse, la course, les sauts de corde, &c., je citerai seulement l’un des sujets quefai
trouvés dans les hypogées de Beny-Hasan, l’aricienneSpeos Artemidos. Des groupes
U6UrS S° nt aUX P™es ^ans ^es atdtudes les plus variées. Plus de cinquante
groupes semblables sont placés les uns à côté des autres. L ’artiste semble avoir
voulu représenter à-la-fois toutes les poses possibles de’1 deux athlètes luttant
ensemble.
L “ S°urses de cIlar flui sont fréquemment exprimées sur les murs des monumens,
appartiennent a des scènes guerrières : nous n’en avons point vu d’une
autre espèce ; mais il nest pas permis de douter que les Égyptiens n’aient sculpté
aussi les courses des jeux, telles qu’elles ont dû se pratiquer dans le grand hippodrome
de Thèbes. Celui-ci présente l’emploi des mesures itinéraires Égyptiennes:
saMongueur est de i y stades, sa largeur est de 6, le tour intérieur est de 4o stades.
La largeur de la grande avenue a y plèthres, .ou cinq sixièmes de stade. La distance
des buttes ou 1 intervalle entre deux issues vaut un cinquième de stade ou 120 pieds
Egyptiens (3).
(!) Herodot. H i s l . Iib. i l , cap . 9 1 . (2 ) Voyez p l . 2 2 , A . vol. I V . (3 ) Voyez ci-dessus,pag.
§. IV.
Des Jeux appelés Circenses,
O n trouve, dans,un recueil d’opuscules Grecs intitulé Varia sacra ( 1 ), des frag-
mens curieux qui roulent sur les mesures des anciens, et parmi lesquels se trouve
le petit traité attribué à S. Épiphane, me} nzÀiM-nroç /uiaçav , de Quantitate -men-
surarum, dont nous avons tiré un tableau qui' est-parfaitement d’accord avec le
système Égyptien. L ’auteur y a fait usage du pied Romain et du stade d’Ératosthène,
en même temps que du stade et du pied Égyptiens (2). Dans le même recueil,
sont le, traité connu de S. Épiphane, de Pondcribus et Mensuris, où Ion ne trouve
rien sur les mesures longues ; une ancienne version Latine du même, qui présente
quelque différence avec le texte Grec ; un traité des poids chez les-Hébreux ; un
morceau tiré de S. Maxime, où l’auteur appelle le doigt l’origine du nombre, et
comme l ’unité, k o } oîoy / m w , un fragment de Hippodromia, sive de Ludis circensibus ;
enfin un morceau dHypatus; de Qorporispartibus et mensuris, où sont définies les
dimensions des principales parties, du corps humain. L ’avant-dernier fragment
mérite ici quelque attention : il traite d’un des stades qui ont été le plus anciennement
établis chez les Grecs pour les jeux publics ; ce stade se rapproche par-là
des stades Égyptiens.
Suivant plusieurs auteurs, les traditions et le nom lui-même de circenses annoncent
que c’est à Circé qu’on doit l’établissement en Grèce des jeux du cirque,
bien que postérieurs à l’institution de la course du stade, établie ou renouvelée
par Iphitus, et ensuite par Lycurgue (.3). L ’objet des jeux qu’on appelle ludi circenses,
ou circenses seulement, étoit la course à cheval. « Circé, fille dü Soleil,
» dit l’auteur du fragment, fut la première qui institua, en Italie, la course.à
» cheval, en l’honneur de son père ; elle fit construire la première un hippodrome.
» La longueur étoit de 4 stades, et la largeur, d’un stade. Au milieu, elle fit placer un
».ouvrage en charpente, qu’elle nomma euripe d’après le détroit quiporre ce nom,
» où les flots sont entraînés sept fois chaque jour par des-courans contraires et
» alternatifs (4). Les athlètes parcouroient sept fois l’hippodrome autour de feu-
» ripe, le milliaire étant de 7 stades, et aussi en mémoire des sept planètes. Quand
» Romulus eut fondé la ville de Rome, il construisit un hippodrome entièrement
»semblable à celui de Circé, et à son exemple (y).»
La longueur du cirque est ici la mesure de 1 hippicon ou quadruplé stade, p
paroît cependant que ïeuripe n’avoit qu’un stade de long, puisqu’en le tournant
(1) Varia sacra, scti Sjtlloge varlorum opuscitloriim traîne les navires malgré le vent. Selon Slrabon, Pline,-
Græcorum ad rein ecclesïastkam spectantium, à Stephano Sénèque, &c. le changement n’a lieu que sept fois en
Lemoine, Lugd. Batav. 1685. . - -Si ^ ’vingt-quatre heures. 1 ite-Live et d’autres n’admettent
(2) Voyez le chapitre IX et le tableau n.° [ IV ] . point.ee fait, ou du moins le nombre de fois que le chan-
(3) V oyez VHistoire des premiers temps de la Grèce, gemëht a lieu.
par M. Clavier. A,. - (5) Cette origine des jeux du cirque et de leur nom
(4) H s’agit du détroit fameux qui sépare l’Eubée et ' est aussi donnée par Isidore ( Orig. Iib. x x x v i* cap. 18);
la Béotie,où le courant, selon Pomponius Mêla, change mais Vossius ne l’admet point, et il préfère tirer ce nom
de direction sept fois le jour et sept fois la nuit, et en- de x&txof ou itipKoç, signifiant un cercle en général.