
aussi, pour les derniers momens de la crue, une coudée plus petite, et qui sert
aux crieurs publics pour en proclamer les résultats; mais elle est moindre que celle
qui servoit au même usage du temps de cet auteur : au reste, cette coudée des
criées se divise aussi en z 4 parties (1). Ainsi, jusqu’à un certain degré, on annon-
çoit les crues, du temps de cet écrivain, avec la coudée du Meqyâs ou nouvelle ;
et au-delà, avec l’ancienne coudée, plus petite d’un septième.
Rapprochemens entre les Mesures Arabes et les Mesures antiques.
L a recherche que nous venons de faire de la valeur des mesures Arabes, nous
fournit plusieurs remarques. Le stade, en général, étoit regardé comme valant
toujours 4oo coudées : or nous voyons que le stade Arabe ou ghalouah est de
trois cent soixante coudées Hachémiques; ce qui suppose l’emploi de la division
sexagésimale des mesures-(2).
Hérodote donne au plèthre 66 coudées 7. Or les Persans et les Arabes ont
une mesure de soixante coudées Hachémiques, qui est Xasla. Même remarque.
Nous avons dit que la coudée commune répond au pas ordinaire. Dans la mesure
Arabe, le pas ordinaire ou petit pas est d’un pied et demi, rapport qui est
celui du pied à la coudée dans le système métrique Egyptien, et qui diffère du
rapport naturel.
Il paroît que la canne ou qasab a eu, dans l’antiquité, une division exacte
et sans fraction, et qu’elle contenoit 6 coudées, au lieu des nombres rompus
de 6 7 , 6 f , 7 j , &c.; on voit ici que la canne Hachémique contient de même
6 coudées.
Enfin la valeur absolue que nous avons assignée au pied métrique Égyptien
d après les données les plus exactes, se retrouve encore dans la coudée Hachémique
dont il fait la moitié précise, dans le mille Arabe dont il fait la 6ooo.c partie,
et dans la canne Hachémique où il est compris douze fois. Ainsi nous reconnois-
sons dans les mesures Arabes le rapport que nous avions soupçonné (et que les
anciens n’ont pas fait connoître) entre le stade et le mille Égyptiens, et nous y
trouvons aussi entre les diverses mesures les relations que fournit le système
de la division senaire.
S e c t i o n II.
Recherches relatives aux principales Mesures Egyptiennes et étrangères.
Du Dromos, "ou Journée de navigation.
L ’é v a l u a t i o n de cette distance itinéraire semble fort difficile à établir ; mais
il en est d’elle comme de plusieurs autres mesures qui avoient leur grandeur
( 1 ) Voye^ chaP* V I I .
(2) Voyez ci-dessous, section I I , §. V I , à l’article d e la coudée Babylonienne,
fixée dans l’échelle métrique,<eo qui cependant, à l’estime journalière, et en tant
que mesures d’usage, devoient varier plus ou moins. Il s’agit donc ici de déterminer,
non la quantité exacte de chemin qu’on faisoit à la voile ou à la rame en vingt-
quatre heures, mais la grandeur que le d r o m o s , course (c’est le nom que /suivant
Éd. Bernard (f)ï on donnoit à cette mesure), avoit dans le système général.
D ’Anville me paroît avoir confondu les différentes espèces de stades, en
évaluant la journée de navigation. A propos des dimensions de l’Égypte, Hérodote
(2) rapporte qu’on navigue neuf jours d’Héliopolis à Thèbes, et que cette
distance est de 4 8 6 0 stades et 9 schoenes ; d’où il suit que la journée de navigation
est égale à y 4 ° stades ou 9 -schoenes. Ces derniers sont les grands schoenes de la
basse Égypte, et les stades, des stades Égyptiens ou Olympiques; par conséquent,
cette mesure répond à 99750 mètres ou 22 lieues 7 de vingt-cinq au degré
Égyptien. Ptolémée (3) donne 1000 stades pour la valeur de cette mesure. Or
1000 petits stades Égyptiens sont la même chose que 5 4 o grands stades (4), et font
également 99750 mètres (5). Ce rapprochement est digne d’attention par la correspondance
des nombres de 540 et 1000 stades, correspondance qui ne peut absolument
avoir de vérité que dans le système Égyptien, tel que nous l’avons exposé.
Je remarquerai ici que la course journalière des compagnons de Sésostris étoit
de 180 stades; c’est le tiers Au dromos précisément (6). L ’hippodrome de Thèbes
ayant 15 stades de long, en le parcourant trente-six foison avoit aussi la mesure du
dromos. Cette répétition, assujettie à l’échelle du système Égyptien, est digne aussi
d’attention, et elle vient à l’appui de notre évaluation.
Nous avons dit que d’Héliopolis à Thèbes Hérodote compte neuf jours de
navigation, ou 4860 stades. Or, en suivant tous les moindres détours du -Nil,
on trouve environ 780000 mètres; ce qui, à ce compte, ne feroit qu’environ
87000 mètres pour chaque journée (7). Mais tout le monde a reconnu qu’il y avoit
erreur dans le passage. 11 résulte des rapprochemens que j’ai faits, qu'il y a bien
4860 petits stades ou 60 schoenes (comme il le dit, liv. 11, ch. j>) entre ^Hélio-
polis et Thèbes ; mais il faut les mesurer entre les parallèles (8). Cette distance,
prise d’une carte exacte, lui a sans doute été donnée par les prêtres, et il a cru
que c’étoit la distance mesurée sur le fleuve; ayant navigué lui-même pendant
neuf jours d’un lieu à l’autre, il a conclu mal-à-propos qu’une journée de navigation
étoit de 9 schoenes de cette espèce. D ’ailleurs, comme il y avoit deux differens
sohoeries, tous deux de'6o stades aussi differens, et que le dromos avoit 9 de ces
grands schoenes, il a pris apparemment l’un pour l’autre.
Le même auteur comptoit 7 journées de navigation de la mer au lac de Moeris
(liv. 11, ch. 4 ) •' cette distance itinéràire ne peut se rencontrer sur la carte, en
(1) Açtjptoç, course. Pag. 24.9- en stades de cinq cents au degré. Le dromos ne. fait que
(2) Herodot. His t. lïb., i l , cap. 9. 150 de ceux-ci.
(3) Ptolem. Geogr. Iib .il, cap. 9 , d’après Théophile. (6) Voyez chap. v m , S* !•"> Pag- 597- -
(4) Voyez le tableau général des mesures. (7) Suivant une note qui m’a été remise par M. Jaco-
(5) Ce tte valeur du dromos est égale à celle du degré tin , il n’y auroit que 74415° mètres de Beysous à Louq-
centésimal. so r, en suivant les grandes sinuosités du fleuve; ce qui
On vo it, par cet exemple, que Ptolémée ne prenoit réduiroit encore beaucoup plus le résultat,
pas toujours le soin de réduire les distances itinéraires (8) Voyez ci-dessus, chap. I I , pag. 508.
À , K k k k a