
mais d’occuper précifément le terrein néceflaire à la
sûreté du camp.
40. D ’éviter de fe mettre fous les commandemens
qui pourroient incommoder le dedans des camps &
de la ligne par leur fupériorité ou par leurs revers.
Lorfque ces défauts fe rencontrent, il vaut mieux
occuper ces commandemens, foit en étendant les lignes
jufque-ià, foit en y faifant de bonnes redoutes
ou de petits forts, que de s’y expofer. On doit aufli
faire fervir à la circonvallation, les hauteurs, ruif-
feaux, ravines, efcarpemens, abattis de bois, buif-
fons, & généralement tout ce qui approche de fon
circuit, & qui le peut avantager.
La portée ordinaire du canon, tiré à-peu-près
horifontalement ou fur un angle d’environ dix ou
douze degrés, peut s’eftimer à-peu-près de 1100 toifes.
Gette portée, fuivant les épreuves de M. Du-
metz, rapportées dans les mémoires de Saint-Remi, eft
beaucoup plus grande ; mais dans ces épreuves le canon
a été tiré à toute v o lé e, c’eft-à-dire fous l’angle
de 45 degrés. Sous ces angles, fes coups font trop
incertains ; ainfi on doit établir pour réglé générale,
que la queue des camps des troupes qui campent
dans la circonvallation, doit être éloignée de la place
au moins de 1200 toifes. La profondeur de ces
camps eft d’environ 30 toifes, & la diftance du front
de bandiere à la ligne, de 120 ; d’oit il fuit que la circonvallation
doit être dirigée à-peu-près parallèlement
à la place, à la diftance an moins de 1350 ou
1400 toifes. Elle eft flanquée de diftance en diftance
par des angles faillans qu’on appelle redans. Ftye^
R edans.
La mefure commune des lignes de circonvallation,
uant au plan, doit être de 120 toifes d’une pointe
e redan à l’autre. On doit obferver de placer les redans
dans les lieux les plus éminens, & jamais dans
les fonds; comme aufli que les angles des redans
foient toujours moins ouverts que le droit, afin que
fes faces fe préfentent moins a l’ennemi. Foye^ le
tracé des lignes, Planche X I I I . de Fortification.
L’ouverture du fofle de la circonvallation doit être
de 15 , 16 ou 18 pics, fur 6 à 7 & demi de profondeur,
taluant du tiers de la largeur.
D e cette façon le fofle aura 18 piés de large à fon
ouverture; fa largeur au fond fera de 6 piés, ce
qui donne 12 piés de largeur, réduite fur 7 piés &
demi de profondeur, revenant par toife courante à
deux toifes cubes & demie ; c’eft l’ouvrage qu’un
payfan peut faire en fept jours fans beaucoup fe fatiguer.
Sur ce pié-là, on peut propofer les méfures des fix
profils fuiVans pour toutes fortes de circonvallation.
On ne doit en employer ni de plus forts, ni de plus
foibles.
P r e m i e r p r o f i l .
PUs. Poucet
Largeur du fofle à l’ouverture, . . . . 18 O
Largeur du même fur le fond, . . . O
S a'profondeur, . . . ......................... • 7 6
Contenu du folide de fon excavation • M 0
Le tems néceflaire à fa façon, . . . . 7 jours.
S e c o n d p r o f i l .
Largeur du. fofle à l’ouverture, . . . 16 0
Largeur du fond du même,............... 4
Sa profondeur..................................... • 7 0
Contenu du folide de Ion excavation par
toife c o u r an te ,............................. 5
Le tems néceffaire à fa façon, . . . . 6 jours.
v T r o i s i è m e p r o f i l .
Largeur du fofle à l’ouverture, . . . . 14 0
Largeur du même fur le fond, . . . • 4 8
Sa profondeur........................... 6
Contenu du folide de fon excavation par
toife courante, . ...................................
Le tems néceflaire à fa façon.....................
Q u a t r i è m e p r o f i l .
Largeur du fofle à l’ouverture..................
Largeur du même fur le fond, . . . . . .
Sa profondeur,................... ...
Contenu folide de l’excavation par toife
cou ran te,.................................................
Le tems néceflaire pour achever, . . . .
, C i n q u i è m e p r o f i l .
Largeur du fofle à l’ouverture...................
Largeur du même fur le fond.....................
Sa p ro fon d eu r ,...........................................
Contenu folide de l’excavation par toife
courante............................................. ... .
Le tems néceflaire à fa façon......................
S I X I E M E p r o f i l .
10 o
5 jours.
12 O
4 o
6 o
8 2
4 jours.
5 .7
2 jours
6 demi•
Largeur du fofle à l’ouverture, ...............8 o
Largeur du même fur le fond, .................. 2 o
Sa p rofon deu r,........................................... 5 o
Contenu folide de l’excavation par toife
courante..................................................... 4 6
Le tems néceflaire à fa façon. . . . . . . 2 jours.]
L’épaifleur du parapet du premier profil eft de 8
piés, du fécond de 7 piés, & ainfi de fuite en diminuant
d’un pié. Pour la hauteur totale , elle eft de 7
piés & demi. La banquette a 4 piés & demi de lar-
geur, & 3 de hauteur. Le bord de la contrefcarpe du
fofle eft un peu plus élevé que le niveau de la campagne,
& il forme une efpece de glacis qui cache à
l’ennemi le pié du parapet ; enforte qu’il ne peut le
battre ou le ruiner, lorfqu’ii en eft éloigné. Voye$
ces différens profils, PI. X IF . de Fortification.
Pendant la conftruftion des lignes, les ingénieurs
fe partagent entr’eux leur étendue, pour avoir foin
que les mefures foient aufli exactement obfervées
qu’il eft poflible. La diligence du travail ne permet
pas, au moins en France, qu’on y apporte grande
attention ; mais il faut cependant faire obferver les
taluds des fofles, & les profondeurs portées aux profils
; autrement cet ouvrage fera très-imparfait.
On faifoit autrefois des épaulemens dans l’inter-,
valle des lignes & de la tête des camps, environ à
vingt toifes de cette tê te , & de trente-cinq ou quarante
toifes de longueur , principalement dans les
parties expofées à quelque commandement des dehors.
Ils étoient difpofés par alignement, & parallèles
à la tête des camps : ils avoient neuf pies de
haut fur dix ou douze d’épaifleur, mefurés au fommet.
La cavalerie des afliégeans fe mettoit derrière,
quand on attaquoit les lignes, Cette méthode ne fe
pratique plus à-préfent. On fortifioit aufli alors les
lignes de circonvallation par des forts & par de grandes
redoutes palifladées ; ce qui ne fe pratique plus
guere , la brièveté de nos fiéges n’exigeant point
tant de précautions. Foye£ M. le maréchal de Vau-,
ban, attaque des places.
On peut fraifer les lignes , & on le fait quand on
préfume qu’elles dureront quelque tems, & que les
environs de l’efpace qu’elles occupent, fourniflent
du bois propre à cet ouvrage.
On fait encore quelquefois un avant-foflé devant
les lignes, de douze ou quinze piés de largeur par le
haut, & de fix ou fept de profondeur.' Il fe fait environ
à douze ou quinze toifes du fofle de la ligne.
Son objet eft d’arrêter l’ennemi lorfqu’il vient attaquer
les lignes, & de lui faire perdre bien du tems
& du moade çn le paflauç. M* le maréchal de Vau-'
ban
ban en; defap'prouvoit l’ufage , fur ce què l’ennemi’
étant arrivé à ce fofle, fe trouve, en fe jettant dedans
-, à couvert du feu de; la circonvallation. Mais:
quelque déférence que l’on doive à ce grand homme,
il.femble néanmoins qu’on peut dans plufieurs;
cas fe fervir avantageufement de cet avant-fofle. Il
arrête néceflairement la marche de l’ennemi, & il
l’expofe plus long-téms au feu de la ligne : aufli a-t-
on fait en différentes oceafions, des avant-folles
aux lignes, depuis M. de Vauban, & notamment à
la circonvallation de Philisbourg en 1734.
Cette circonvallation étoit encore fortifiée par des >
puits d’environ neuf piés de diametrè à leur o u v e r ture
, & de fix à fept de profondeur. Ils étoient rangés
en échiquier , & allez près les uns des autres
pour empêcher de palier dans leurs intervalles. Les
Efpagnols avoient pratiqué quelque chofe de pareil
au liège d’Arras en. 1(354» leur circonvallation étoit
■ défendue par des efpeces de petits puits de deux piés
de diamètre fur un pié & demi de profondeur f-dans
le milieu defquels étoient plantés de petits pieux qui
pouvoient nuire beaucoup au paffage de la cavalerie;
Foye^_ le plan & de profil d’une partie de la« r -
xonvallation de Philisbourg, Planche X F . de Fortification
, figure première.
• Cette circonvallation, des Efpagnols paraît avoir
été^copiée de celle de Céfar à Alexia. Voici en quoi
-confiftoit cette derniere. .
«rComme les,foldats étoient occupés en même
» tems à aller quérir du bois & des vivres affez loin,
» & à travailler aux fortifications, Céfar.trouva à-
»: propos d’ajouter quelque chofe au travail des li-
» gnes , afin qu’il fallût moins de gens pour les gar-
» der. Il prit donc des arbres de médio.cre hauteur ,•
m o u des branches fortes qu’il fit aiguifer; tirant
v un fofle de cinq piés de profondeur devant les li-
» gnes , il les y fit enfoncer & attacher enfemble.
» par le p ié , afin qu’on.ne.pût les arracher. On r;e-
>> couvroitle fofle de terre,; enfqrte qu’il ne paroif-
» foit que la tete du tronc, dont les pointes entroient
»dans les jambes de ceux qui penfoientles traver-
» fer : c’eft pourquoi les foldats (es appelloient des
» ceps ; & comme il y en. ayoit cinq rangs de fuite qui
» étoient entrelacés , ,on ne les pouvoit éviter. Au-.
» devant il fit des fofles de.trois pieds de profondeur,
» un peu étroites.par le haut , dilpqfées de tra-
» vers en quinconce : Iàrdedàns on fiêHoit des pieux
» ronds de la grofleur de la cuiffe ., brûlés & aiguifés
» par le bout, qui fortoient quatre doigts feulement
» hors de terre ; le refté étoit enfoncé trois piés plus
» bas que la profondeur de la fofle, pour tenir plus
» ferme, & la fofle couverte de brôuuâillés pOur fer-
» vir comme de piège. Il y en ayoit.huit rangs de
» fuite , chacun à trois piés-dé diftance l’urt dé l’au-
»> tre, & lçs foldats les nommoient des lys , à c'âufe
» ^e leur reffemblancé.’ Devant tout cela il fit jet-
» ter une efpece de chaufle-trapes , qui étôienf des
» pointés de fer attachées à des bâtons de là longueur
» du pié , qui fe fichoient en terre ; tellement -qu’il
» ne fortoit que ces pointes, que lès foldats àppel-
» loient des aiguillons-8c toute la terré en étoit: côti-
» verte ». Comblent, de 'Céfiar1 par d’Ablancpûrt,
8 Les lignes de 'citcmvaltasiôh • ayant peu d;élëÿa-
tion , elles nont pas befoin' de bâftions poiir être
flanquées dans toutes leurs parties comme l’enceinte
d’une place; les redans qui font d’une conftruttion
plus fimpl'e & d’une plus prompte expédition, font
luffifan’s : on fait feulement quelques bâftions dans
les endroits- où la ligne fait des angles,: qu’un rèdant
ne defendroit pas aufli àvatotâgeufëmenti II arrive
cependant qu’on fe fert aufli quelquefois des bâftions
pour flanquer la ligne , principalement lorfqu’elle a
peu d etendue : car les bâftions augmentent confidé-
rablemeM fr circonférence, La plus grande pittiede
: .de Philisbourg en 17 3 4 ; en étoit
| • Oni élere des batteries à la pointe d e s 'M a n s ,
, pour tirer le canon à barbette par-deffus le parapet.
Un le tire, de cette, manière par-tout où on le place
le long de la circonvallation. ■
! : LeS;I«gnes i e cirçonvallaiùM exigent de très-for-
, tes, armées pour, les défendre.. Si l’on fuppofé-une
1 circonvallation dont le rayon foit de 1700 toifes, ce
qui elt la moindre diftance du centre de la place à la
circonvallation , on aura au moins 12000 toifes pour*
la circonférence, en y comprenant les redans & les
: détours; ce qui fait.à-peu-près cinq lieues commua
1 nés de France. *
S i , pour border une ligne de Cette étendue ;
on donne feulement trois piés à chaque foidat, il
faudra 24000 hommes pour un feul rang ; & pour
trois de hauteur 72000, fans rien compter pour la
lçconde ligne, pour les tranchées, & les autres gardes,
qui demanderoient bien encore autant de mon-
e pour que tout fût fuffifamment garni. C '.i trou-
. ver des.armées de cette force ? & quand on dégarniront
la moitié des lignés les moins expofées pour
renforcer celles qui Te feroient le plus, on né parviendrait
pas à les garnir fuffifamment' à beaucoup
près; d autant plus que fi les places afliégées font un
peu confidérables, la circonvallation deviendra bien
plus grande que celle qui eft ici iuppofée : ce qui éloi-
gne encore plus la poflibilité de les bien garnir. Cette
_ confideration a partagé les fentimens des plus célébrés
généraux, fur l ’utilité de ces fortes de lignes#'
1 ous conviennent qu’il y a des cas où l’on en peut
Ure.r quelque utilité, fur-tout lorfqu’elles font ferrées 1
& qii elles n’ont qu’une médiocre étendue ; mais lorf-
j U/r • S em^ra^ent beaucoup de tenein, il eft bien
difficile de les défendre contre les attaques d’un en-
nenu intelligent.
. ,^or%ue l’ennemi fe difpofe polir attaquer les II- '
j gn ès ,'il'y a deux paftfs à prendre: le.premier do ;
; iui'en diTputer l’entrée, & le fécond dé laiffér une
partie ^eFarmée pour la garde dès travaux du fié-
ge , &'d aller avec le réfte aü-devant dé l’ennemi
pour le combattre. Ces deux partis ont chacun leura
partira ns parmi les généraux : maïs; iTfenible que le.
• dernier eft le plus généralement apprpüvé.
L’inconvénient qu’on trouve d^attendre l’ennemi
dans le? lignes , c’eft que comme on ignore le éôt©
qu il choifira pour fon attaque , on eft obligé d’être-
egalement fort dans toutes les parties dé jà ligne Sc
que lorfqù’elle eft fort étendue’, les troupes le trou-
; Vent trop éloignées les unes des autres pour oppo-
fer une grànde^réfiftance à l’ennemi du côté de fon
attaque. La plûpart des lignes1 de circonvallation qu*
i ont ét® attaquées, ont été forcées : ainfî ié raifon-
: nement & l’expérience femblent concourir égale-
fhÇpt â établir qu’il faut, aller' au-devant de l’enne-
h h ^ l e . eombattre, 8c pour ne point le laiffer
arriver à portée de la cirjqnÿdlïaùonj
Cependant fans Vouloir rien décider, dans un®
queftion- de cette importance il femble que îorf-
qu’une ligne peut être raifpnnablement garnie , oq,
: peut la défendre avantageufement.
Il eft kconteftable que fi le foidat qui défend U
ligne veut profiter de tous fes avantages , il en 4
de très-grands & de très-réels fur l’affaillant, Celui-
: ci eft obligé d’effuyer le feu de la ligne pendant ui%
, efpace de: tems affez confidérable, avant de parvenir
au bord du fofle. Il faut qu’il comble cefoffé fou$
ce même feu ; ce qui lui fait perdre bien du monde
& qui doit déranger néçeffairement l’ordre de fe$
' troupes. Eft-il parvenu à pénétrer dans la ligne ,
ce ne peut être.que fur- un- front fort étroit ; il peut
être chargé de front & de flatte par les troupes qui
*