
11ns qui tirent fur le bleu, & qu’on appelle vulgairement
chats des chartreux ; peut-être, parce que ce
font les religieux de ce nom qui en ont eu des premiers
de la race. Article communique par M. le Chevalier
DE J a VCOURT.
C h a t , ( Matière médicale. ) La plupart des auteurs
de matière médicale rapportent diverfes propriétés,
que plufieurs médecins ont accordées aux
•différentes parties du chat, tant domeftique que fau-
vage. La graiffe de ces animaux, leur fang, leur
fiente, leur tête, leur foie , leur fiel, leur urine distillée
, leur peau, leur arriéré - faix même porté en
amulette, ont été célébrés comme des remedes admirables;
mais pas un de ces auteurs n’ayant confirmé
ces vertus par fa propre expérience, on ne
fauroit compter fur l’efpece de tradition qui nous a
tranfmis ces prétentions de livre en livre : au moins
faut-il attendre, avant de préféré? dans quelques
cas ces remedes à tous les autres de la même claffe,
que leurs vertus particulières foient confirmées par
l’obfervation. Les voici pourtant ces prétendues
vertus.
La graiffe de chat fauvage amollit, échauffe, &
difeute ; elle eft bonne dans les maladies des jointures;
fon fang guérit l ’herpe ou la gratelle. La tête de
chat noir réduite en cendre, eft bonne pour les maladies
des y e u x , comme pour l’onglet, la ta ie, l ’al-
bugo, &c. La fiente guérit-l’alopécie, & calme les
douleurs de la goutte.
On met fa peau fur l’eftomac & fur les jointures,
pour les tenir chaudement; on porte au cou l’arriere-
fa ix , pour préferver les yeux de maladie. L’énumération
de ces vertus eft tirée du dictionnaire de médecine
de James, qui l’a prife de la pharmacologie de
Dale, qui l’a copiée1 lui-même de Schroder, lequel
cite à fon tour Schwenckfelt & Mifaldus , &c.
La continuation de la matière médicale d’Herman
recommande, d’après Hildesheim & Schmuck , d’avoir
grand foin de choilir un chat mâle ou femelle,
félon qu’on a un homme ou une femme à traiter. La
graiffe du mâle eft un excellent remede contred’épi-
îepfie, la colique, & l’amaigriffement des parties
d’un homme ; 8c celle de la femelle n’eft pas moins
admirable pour une femme dans le même cas. Le célébré
Ettmuller femble avoir affez de confiance en
ces remedes, dont il recommande i’ufage, avec la
circonftance de ce rapport de fexe. Foye^ Ph a rm a -
COLOGISTE. ('b)
C h a t , (Art mêch.) Les Pelletiers apprêtent les
peaux de chats , & en font plufieurs fortes de fourrure
, mais principalement des manchons.
* C h a t , (Myth.) cet animal étoit un dieu très-
révéré des Egyptiens : on l’adoroit fous fa forme
naturelle, ou fous la figure d’un homme à tête de
chat. Celui qui tuoit un chat, foit par inadvertance,
foit de propos délibéré, étoit féverement puni. S’il
en mouroit un de fa belle m ort, toute la maifon fe
mettoit en deuil, on fe rafoit les fourcils, 8c l’animal
étoit embaumé, enfeveli, & porté à Bubafte
dans une maifon facrée, oit on l’inhumoit avec tous
les honneurs de la fépulture ou de l’apothéofe.Telle
étoit la-fuperftition de ces peuples , qu’il eft à préfumer
qu’un chat en danger eût été mieux fecouru
qu’un pere ou qu’un ami, 8c que le regret de fa perte
n’eût été ni moins réel ni moins grand. Les principes
moraux peuvent donc être détruits jufque-là
dans le coeur de l ’homme : l’homme defeend au-def-
fous du rang des bêtes, quand il met la bête au rang
des dieux. Hérodote raconte que quand il arrivoit
quelque incendie en Egypte, les chats des maifons
étoient agités d’un mouvement divin ; que les propriétaires
oublioient le danger où leurs p.erfônnes &
leurs biens étoient expofés, pour confidérer ce que
les chats faifoient ; & que fi malgré le foin qu’ils prenoient
dans ces occafions de la confervation de ceS
animaux, il s’en élançoit quelques-uns dans les flammes
, ils en menoient un grand deuil.
C h a t -po is so n , (Hifioire naturi) Foye^R ousse
t te .
C h a t - v o l a n t , (Hiß. nat.') Foyer C ha t &,
C hauv e-sou ris .
C h a t , ([pierre de) Hiß. nat. fojf. c’eft le nom
qu’on donne en Allemagne à une efpece de pierre du
genre des calcaires, qui fe trouve dans le comté de
Stolberg : on s’en fert dans les forges pour purifier
le fer, ou pour abforber la fiirabôndance de foufre
dont il eft mêle. Le nom allemand de cette pierre e lt
kat^enßein. )
* C h a t , f. m. (Ardoif.') c’eft le nom que ceux
qui taillent l ’ardoife donnent à celle qu’ils trouvent
n dure & fi fragile, à l’ouverture de l’ardoifiere,
qu’elle ne peut être employée. Foye[ Varticle A rdoise.
Ils donnent auflî le même nom aux parties
plus dures, qui fe trouvent quelquefois difperfées
dans l’ardoife, 8c qui empêchent la divifion. Ils appellent
ces parties, de petits chats.
C h a t , f. m. ( Marine. ) on donne ce nom à un
bâtiment qui pour l’ordinaire n’a qu’un pont, & qui
eft rond par l’arriere, dont on fe fert dans le Nord ,
Si qui eft d’une fabrique grofliere & fans aucun ornement
; mais d’une affez grande capacité, étant
large de l’avant & de l’arriere. Ces bâtimens font à
plate varangue, & ne tirent pour l’ordinaire que
quatre à cinq piés d’eau. On leur donne peu de, quête
à l’étrave 8c à l’étambord : les mâts font petits &
légers ; ils n’ont ni hune ni barre de hune, quoiqu’ils
ayent des mâts de hune, 8c l’on amene les voiles fur
le pont, au lieu de les ferler. La plûpart des voiles
font quarrées ; ils ont peu d’accaftillage à l’arriere..
La chambre du capitaine eft fufpendue, s’élevant
en partie au-dehors, & l ’autre partie tombe fous le
pont, comme dans les galiotes. La barre du gouvernail
paffe fous la dunette ou chambre du capitaine ;
mais elle n’a point de manivelle : elle fert feule à
gouverner. Quelquefois on met à la barre du gouvernail
une corde, avec laquelle on gouverne. En.
général le chat eft un affez mauvais bâtiment 8c qui
navige mal ; mais il contient beaucoup d’efpàce, &
porte grande cargaison. La grandeur la plus commune
du chat eft d’environ cent vingt piés de longueur
de l’étrave à l’étambord, vingt-trois à vingt-quatre
piés de large, & douze piés de creux ; alors la quille
doit avoir f'eize pouces de large, 8c quatorze pouces
au moins d’épaiffeur. On la fait le plus fouvent de
bois de chêne, 8c quelquefois de fapin. (Z )
C h a t , (ArtilF) eft un infiniment dont on fe fert
dans l’Artillerie, pour examiner fi les pièces de canon
n’ont point de chambre ou de défaut. C’eft un
morceau de fer portant une, deux ou trois griffes fort
aiguës, 8c difpofées en triangle ; il eft monté fur une
hampe de bois. Les Fondeurs l’appellent le diable.
Foye{ Epreuve. (Q )
C h a t d'un plomb, eft une piece de cuivre ou de
fer, ronde ou quarrée, au milieu de laquelle eft un
trou de la groffeur du cordeau du plomb : il doit
être de là même largeur que la bafe du plomb, puisqu'il
fert à connoître fi une piece de bois eft à-plomb
ou non. Voye^ la figure 12. Planche des outils du Charpentier.
C h a t , à la Monnoie, eft la matière qui coule
d’un creufet par accident ou par caffure.
CHATAIGNE, fub. fém. fruit. Foye^ C h a t a i-
gner.
C h â ta ign e de Mer , (Hifi. nat.) Foye^ OyR-
SIN.
CHATAIGNER, f. m. (Hifi. nat J) cafianea , genre
d’arbre qui porte des chatons çompofés de plu-.
fieurs étamines qui Sortent'd’un calice à cinq feuilles
, & attachées à fin axe fort mince. Les fruits qui
font en forme de hériffon , naiffent Séparément des
fleurs fur le même arbre ; ils font arrondis 8c s’ouvrent
en quatre parties, 8c renferment des châtaignes.
Tournefort, infi. rei herb. Foyeç Plan t e . ( / ) •
Le châtaignier (Jard.') eft un grand arbre dont on
fait beaucoup de cas ; bien plus cependant pour
1 utilité qu’on en retire à plufieurs égards, que pour
l’agrément qu’il procure. Il croît naturellement dans
les climats tempérés de l’Europe occidentale, où il
étoit autrefois plus commun qu’à préfent. Il devient
fort g ros, & prend de la hauteur à proportion ; fou-
vent même il égale les plus grands chênes. Sa tige
eft ordinairement très-droite, fort longue jufqu’aux
branchages, & bien proportionnée ; les rameaux qui
forment la tête de l’arbre ont l’écorce lice, brune,
oc marquetée de taches grifes ; ils font bien garnis
de feuilles oblongues, affez grandes, dentelées en
façon d e fe ie , d’une verdure agréable, 8c qui donnent
beaucoup|jl’ombrage. Il porte au mois de Mai
des chatons qui font de la longueur du doigt, 8c
d’un verd jaunâtre. Les fruits viennent ordinairement
trois enfemble, & féparément des chatons,
dans une bourfe hériffée de pointes , qui s’ouvre
d’elle-même fur la fin de Septembre, tems de la maturité
des châtaignes.
Cet arbre par fa ftature 8c fon utilité, a mérité
d’être mis au nombre de ceux qui tiennent le premier
rang parmi les arbres foreftiers ; & on eft généralement
d’accord que ce'n’eft qu’au chêne feul qu’il
doit céder. Quoiqu’à quelques égards il ait des qualités
qui manquent au chêne, l’accroiffement du chataigner
eft du double plus prompt ; il jette plus en
bois ; il réuflit à des expofitions 8c dans des terreins
moins bons, & il eft bien moins fujet aux infeétes.
Le bois du chataigner eft de fi bonne qualité, qu’il
fait regretter de ne trouver que rarement à-préfent
des forêts de cet arbre, qui étoit autrefois fi commun.
Nous voyons que les charpentes de la plûpart
des anciens bâtimens font faites de ce bois, lur-tout
des poutres d’une fi grande portée, qu’elles font juger
qu’il auroit été extrêmement difpendieux 8c difficile
de les faire venir de loin, 8c qu’on les a tirées
des forêts voifines. Cependant on ne trouve plus
cet arbre dans les forêts de plufieurs provinces, où
il y a quantité d’anciennes charpentes de chataigner.
Mais à quoi peut-on attribuer la perte de ces arbres,
fi ce n’eft à l’intempérie des faifons, à des hy vers
longs 8c rigoureux, ou à des chaleurs exceflives accompagnées
de grande féchereffe ? Ce dernier incident
paroît plus probablement avoir été la cau-
fe de la perte des châtaigniers dans plufieurs contrées.
Cet arbre fe plaît fur les croupes des montagnes
expofées au nord , dans les terreins fablon-
neux, 8c fur-tout dans les plants propres à retenir
ou à recevoir l’humidité : ces trois circonftances indiquent
évidemment que de longues féchereffes 8c
de grandes chaleurs font tout ce qu’il y a de plus
contraire aux forêts de chataigner. Si l’on objeftoit à
cela qu’il fe trouve encore à-préfent une affez grande
quantité de ces arbres dans des pays plus méridionaux
que ceux où l’on préfume que les chataigners
ont été détruits, par la quantité qu’on y voit des
charpentes du bois de cet arbre, & que par confé-
quent ce ne doit être ni la chaleur ni la féchereffe
qui les ayent fait périr : on pourroit répondre que
ces pays plus près du midi où il fe trouve à-préfent
des chataigners, tels que les montagnes de Galice 8c
les Pyrénées en Efpagne, les Cévennes, le Limo-
fin, le Vivarès, & le Dauphiné en France, & les
coteaux de l’Appennin en Italie, font plus à portée
de recevoir de la fraîcheur & de l’humidité ; que le
jplimat de Paris par exemple, quoique beaucoup plus
feptentrional ; par la raifon, que les neiges étant
plus abondantes, & féjournant plus long-tems fur
les montagnes des pays que nous venons de nonj.-
mer, que par-tout ailleurs, entretiennent jufque
bien avant dans l’été l’humidité qui eft fi néceffaire
aux chataigners. Mais, dira - 1 - o n , fi ces arbres
avoient ete détruits par telles influences ou intempéries
que ce puiffe être, pourquoi ne fe feroient-
ils pas repeuples par fucceflion de tems, & dans des
révolutions de faifons plus favorables, comme nous
voyons qu’il arrive aux autres arbres de ce climat,
qui s’y multiplient de proche en proche par des
voies toutes fimples ? Les vents, les oifeaux, 8c
quelques animaux, chaffent, tranfportent, 8c dif-
perfent les femences aîlées, les baies, les glands,
&c. 8c concourent plus efficacement que la main
d’homme à étendre la propagation des végétaux»
Mais je crois qu’on peut encore rendre raifon de ce
que la nature lemble le refufer en effet au repeuplement
du chataigner. Il faut à cet arbre une expofi-
tion & un terrein très-convenable, fans quoi il s’y
refufe abfolument ; ce qui arrive beaucoup moins
aux autres arbres de ce climat, qui viennent pref-
que dans tous les terreins indifféremment, avec cette
différence feulement qu’ils font peu de progrès dans
ceux qui leur conviennent moins ; au lieu que le chataigner
en pareil cas dépérit fenfiblement, même
malgré les fecours de la culture. A quoi on peut
ajoûter que les végétaux ont, comme l’on fait, une
forte de migration qui les fait paffer d’un pays à un
autre, à mefure qu’ils fe trouvent contrariés par les
influences de l’air, par l’intempérie des faifons, par
l’altération des terreins, ou par les changemens qui
arrivent à la furface de la terre : en effet, c’eft peut-
être fur-tout par les grands défrichemens qui ont été
faits, qu’en fupprimant quantité de forêts, les vapeurs
8c les rofées n’ayant plus été ni fi fréquentes
ni fi abondantes, il en a réfidré apparemment quelque
déchet dans l’humidité qui eft fi favorable à la
réuflite & au progrès des chataigners. On voit cependant
que dans quelques provinces feptentrionales de
ce royaume, la main d’homme eft venue à-b out
d’élever plufieurs cantons de chataigners, qui ont
déjà réuffi, ou qui promettent du progrès. Cet arbre
mérite la préférence fur tant d’autres, qu’il faut ef-
pérer qu’on s’efforcera de le rétablir dans tous les
terreins qui pourront lui convenir.
Expofition, terrein. La principale attention qu’on
doive donner aux plantations de chataigners, eft de
les placer à une expofition 8c dans un terrein qui
leur foient propres ; car fi ce point manque, rien ne
pourra y fuppléer. Cet arbre aime les lieux frais ,
noirs, & ombrageux, les croupes des montagnes
tournées au nord ou à la bife ; il fe plaît dans les terres
douces 8c noirâtres ; dans celles qui, quoique fines
& legeres , ont un fond de glaife ; 8c mieux
encore dans les terreins dont le limon eft mêlé de
fable ou de pierrailles. Il fe contente auflî des terreins
fablonneux, pourvû qu’ils foient humides, ou
tout au moins qu’ils ayent de la profondeur: mais
il craint les terres rouges, celles qui font trop dures
, & les marécages. Enfin il fe refufe à la glaife
& à l’argille, & il ne peut fouffrir les terres jaunâtres
8c falées.
Lorfque ces arbres fe trouvent dans un fol convenable
, ils forment les plus belles futaies ; ils deviennent
très-gtands, très-droits , 8c extrêmement
gros ; ils fouffrent d’être plus ferrés entre eux que
les chênes, & ils croiffent du double plus promptement.
Le chataigner eft auflî très-bon à faire du bois
taillis; il donne de belles.perches, & au bout de
vingt ans il forme déjà de joli bois de fervice.
Semence des châtaignes. On peut les mettre en terre
dans deux tems de l’année ; en automne, aufli-tôt