
maniéré de repréfénter un nombre donne avec des
chiffres y & d’exprimer ou d’énoncer un nombre re-
préfenté par des chiffres. (O) . _ ' '
C hiffre : c’eft un cara&ere énigmatique composé
d e plufieurs lettres initiales du nom de la per-
fonne qui s’en fert ; on en met lur les cachets , fur
les carroffes & fur d’autres meubles. Autrefois les
marchands & commerçons qui ne pouvoient porter
des armes , y fubftituoiënt des chiffres, c’eft-à-dire
les premières lettres de leur nom & furnOm> entrelacées
dans une croix ou autre fymbole, comme, on
voit en plufieurs anciennes épitaphes. Voyei D ev
ise .
Chiffre fe dit encore de certains caràïteres inconnus
^ déguifés ou variés, dont on fe fert pour écrire
des lettres qui contiennent quelque feeret'i & qui ne
peuvent être entendues que par ceux qui en ont la
clé. On en a fait urt- art particulier, qii’on appelle
Cryptographie y Polygraphie , 8c Steganographie, qui
paroît n’avoir été que peu connu des anciens. Le
fieur Guillet de la Guilletiere, dans un livre intitulé
Lacédémone ancienne 6* nouvelle, prétend que les anciens
Lacédémoniens ont été les inventeurs de l’art
d’écrire en chffre.
Leurs fcytaies furent, félon lu i, comme l’ébauche
de cet art myftérieux : c’étoient deux rouleaux
de bois d’une longueur & d’une épaiffeur égales. Les
éphores en gardoient un, & l’autre étoit pour le général
d’armée qui marchoit contre l’ennemi.
. Lorfque ces magiftrats lui vouloient envoyer des
ordres fecrets, ils prenoient une bande de parchemin
étroite & longue, qu’ils rouloient exactement
autour de la fcytale qu’ils s’étoient réfervée : ils écri-
voient alors deffus leur intention ; & ce qu’ils avoient
écrit formoit un fens parfait & fu iv i, tant que la
bande de parchemin étoit appliquée fur le rouleau :
mais dès qu’on la déveïoppoit, l’écriture étoit,tronquée
& le s mots fans liaifon, & il n’y avoit que leur
général qui pût en trouver la fuite & le fens, en
ajuftant la bande fur la fcytale ou rouleau femblable
qu’il avoit.
... Polybe raconte qu’Eneare fit, il y a environ deux
mille ans, une collettion de vingt maniérés différentes
qu’il avoit inventées , ou dont on s’etoit fervi
iufqu’alors pour écrire ; de maniéré qu’il n’y eut que
celui qui en lavoir le l'ecret, qui y pût comprendre
quelque chofe. Tritheme, le capitaine Porta, Vige-
nere, & le pere Nicéron, minime, ont fait des traités
exprès fur les chiffres; & depuis eux on a encore
bien perfectionné cette maniéré d’écrire.
Comme l ’écriture en chiffre eft devenue un a r t , on
a marqué aufli l’art de lire ou*de démêler les chiffres,
par le terme particulier de déchiffrer.
Le chiffre à fimple c lé , eft celui où on fe fert toû-
jours d’une même figure pour fignifier une même
lettre ; ce qui fe peut deviner aifément avec quelque
application.
Le chiffre à double c lé, eft celui où on change d’alphabet
à chaque mot, ou dans lequel on employé
des mots fans lignification.
Mais une autre maniéré plus fimple & indéchiffrable
, eft de convenir de quelque livre de pareille &
même édition : & trois chiffres font la clé. Le premier
ckiffre marque la page du livre que l’on a choifi, le
fécond chiffre en défigne la ligne, & le troifieme marque
le mot dont on doit fe fervir. Cette maniéré d’écrire
& de lire ne peut être connue que de ceux qui
lavent certainement quelle eft l’édition du livre dont
on fe fert ; d’autant plus que le même mot fe trouvant
en diverfes pages du livre , il eft prefque toûjours
défigné par différens chiffres : rarement le même revient
il pour fignifier le même mot. Il y a outre cela
les encres fecretes, qui peuvent être aufli variées
que les chiffres, Voye^ D É C H I F F R E R . ( G ) (a )
• C hiffres ou Marqués des Marchands, (Comm.y
On.appelle ainfi des chiffres ou marques que les marchands,
particulièrement ceux qui font le détail,
mettent fur de petites étiquettes de papier ou de parchemin^
qü’ils attachent au chef des étoffes, toiles,
dentelles &’telles autres marchandifes, qui défignent
lé véritable prix qif elles leur coûtent, afin de pouvoir
s?y régler dans la vente. Voye{ les dictionn. du
Comm. & de Trév.
CHIFFRER, expreffionpopulaire dont onfe fert
pour fignifier l’art de compter. Voye^ C hiffre. (£ )
C hiffrer , en Mußque, c’eft écrire fur les notes
de la baffe, pour fervir de guide à l’accompagnateur;
des chiffres qui défignent-les accords que ces notes
doivent porter. Voye^ A c com pa g n em en t. Comme
chaque accord eft compofé de plufieurs lohs ,
s’il avoit fallu exprimer chacun de ces fons par un
chiffre, on auroit tellement multiplié & embrouillé'
les. chiffres , que l’accompagnateur n’auroit jamais
eu le tems de les lire au moment de l’exécution. On
s’eft donc attaché, autant qu’on a crû le, pouvoir
à caraCtérifer chaque accord par un feul chiffre ; de
forte que ce chiffre peut fuffire pour indiquer l’ef-
pece de l’accord, & par conféquent tous les fons
qui le doivent compofer. Il y a même un accord qui
le trouve chiffré, en ne le chiffrant point ; ca r, le-
lon la rigueur des chiffres, toute note qui n’eft point
ckiffrée ne porte point d’accord, ou porte l’accord
parfait.
Le chiffre qui indique chaque accord, eft ordinairement
celui qui répond au nom de l ’accord ; ainlï
l’on écrit un i pour l’accord de fécondé, un 7 pour
celui de feptieme, lin 6 pour celui de fixte, & c . Il y
a des accords qui portent un double nom, 8{ on les
exprime aufli par un double chiffre ; tels fönt les .accords
de fixte-quarte, de fixte-quinte, de feptieme 8c
fixte, & c . quelquefois même on en met trois, ce qui
rentre dans l’inconvénient qu’on a voulu éviter;
mais comme la compofition des chiffres eft plûtôt
venue du tems 8c du hafard , que d’une étude réfléchie
, il n’eft pas étonnant qu’il s’y rencontre des.
fautes & des contradictions.
Voici une table de tous les chiffres pratiqués dans
l’accompagnement ; fur quoi il faut obferver qu’il y
a plufieurs accords qui fe chiffrent diverfement en
différens pays , comme en France & en Italie, ou
dans le même pays par différens auteurs. Nous donnons
toutes ces maniérés, afin que chacun, pour
chiffrer, puiffe choifir celle qui lui paroîtra plus claire
; & pour accompagner, rapporter chaque chiffre
à l’ accord qui lui convient, félon la maniéré de chiffrer
de l’auteur.
T a b l e g énérale de tous les chiffres d e Vaccompagnement.
O n a a jou té une étoile à c eu x q u i fo n t le plus,
d ’ufage en France a u jou rd 'h u i.
Chiffres. Noms des Accords. .
Accord parfait.
8 . . . . . Idem.
5 . • • . . Idem.
3 . . . . . Idem.
5 • • • Idem.
3 b - . . . Accord parfait, tierce mineure^
b 3 . . . . . Idem..
t • • . . Idem.
5 . . . ' * Idem.
? %■ • . . Accord parfait, tierce majeure/
n 3 • • • . . Idem.
. .- Idem.
; ■ -V
5 1 • Idem, ôfci
M B
C H I
Chiffrai Noms its Accords.
3 fcj . . ; . Accord parfait, tierce naturelle.
3 . . . . . Idem.
* . . . . . Idem.
5 . . . . .
* 1 ...............
^ Accord de fixte-tlerce; ’
t.3;> ............................> ;;
f <>............. Idem.
Les différentes fixtes fe marquent dans cet accord ,
comme les tiercés dans l ’accord parfait.
» ^ Accord de fixte-quarte*
6 .........Idem.
7 ......... .. .
5 .............Accord de feptieme«
3 ...............
7
5 . . . . *
' .............Idem. '
3 ..............
F 7 . . . . . Idem, .
t 7 .............Septieme.avec tierce majeure,
* 7 Idem avéc tierce mineure,
b . . . . .
* 7 ............... Idem avec tierce naturelle.
H • • • • •
7 b * • • • Accord de feptieme mineure.- - -
* b 7 .............Idem. ■
, y; ;$£;:• • • Accord de feptiememajeure,
* $§.7 ;. . . . . Idem..
7 fcj . . . . De feptieme naturelle.
£ fcj .7 . . . . . Idem.
& 7 * * * * * Septième avec une fauffe quinte.
7 ...............
. 75 .-..-.-..-..-.-..-..-.. Idem.
7 * * ’ * * Idem.
5 l> • • • •
? f f . . . . . Accord de feptieme diminuée.
7 b • Idem.
i 7 . . . . . Idem.
7 b » • • • idem.
Z ...............
7 J7 Idem .
5 b . . . .
^ 7 .......... Idem.
t • • • • •
k 7 ......... Idem.
b 5 ..............
7 b ----
j b . . . * Idem y oCC»
3 ...........
-* ^ 7 Septième fuperfluei
7 . . . Idem.
^ . . . . . Idem.
\ .........Idem. 4 ..........
Chiffres i
C H I
Noms des Accords.
* 7 . .
* Idem.
4 . . . .
2 . . . .
7 . . . .
2 . . . . Idem.
7 ■ •
4 . . . . . Idem > Ste.
2 . . . .
7 à - ■ . . Accord de feptieme ftip<
6 b . . . . av ec fixte mineure, .
x 7 • • • ■
b 6 . . . . Idem.
X 7 . . . .
b 6 . . . ., . Idem.
2 . . . .
X 7 . . . .
i 6 . . . .. . Idem, Scc.
4 . . . .
7 . . . .
2 . . . .
(% . .
Accord de feptieihé 8c 1
5 • - . .
Accord de grande fixte.
6 . . . . . Idem.
9 — . . D e faufle quinte* . .
5 b * . ' . . Idem.
b 5 • • • ■, . Idem.
6 . . . ,
Idem.
b 5 • • •
6 . . .
5 . . . ’ 'Jdetn i ’&CC. 1
a . . . ■ . Accord de faufle quintef
. . majeure.
X . . . 6 . . .
5 Idem.
b • • •
6 % . .
5 k -
Idem.
4 . . .
3 . . . Accord de petite fixte.
6 . . .
4 . . .
3 . . .
- & . . .
6 . . .
x & . . .
X 6 . . .
4 . . .
3 • - •
1 X & - • •
X 6 . . .
4 . . .
3 . . .
X 6 . . ■
6 n - •. . Idem.
46 . . . Petite fixte, quand la • • •
[ fuperflue,
3 • • •
6 .*. .
X 4 • • •
3 • • •
6 . . . Idemi X 4 • • •
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