
deux dépôt de la dottrine, & firent tous leurs efforts
pour le tranfmettre fidèlement à des fucceffeurs
qui pourroient un jour voir renaître la Chirurgie :
leur zélé n’oublia rien. Parmi cette troupe d hommes
avec qui ils étoient confondus, ils trouvèrent dans
quelques uns des teintures des lettres , prîtes dans
une heureufe éducation ; dans d’autres, des talens
marqués pour réparer, dans un âge avance, le
malheur d’une éducation négligée ; & dans tous enfin
, le zélé le plus v if pour là confervation d un art
qui étoit devenu le leur. . . .
Ce fut ainli que la Chirurgie fe maintint dans là
poffeffion de la théorie. Ce fut le fruit des fentimens
que cés peres de l’art, reftes de l’ancienne Chirurgie
, furent infpirer à leurs nouveaux àuocies. Mais
cette pofféffiôn n’étoit pas une poffeffion d’état, une
poffeffion publique autorifée par la loi ; c etoit une
poffeffion de fa it, une poffeffion furtive, qrndes
lors ne pôüvoit pas long-tè'ms fe foutenir. La fepa-
ratiôn de la théorie, d’avec les opérations de 1 a r t ,
étoit la fuite infaillible dé eét état, & la Chirurgiè
fe vbÿôit par-là fur le penchant de fa ruine. On fen-
tit même plus que le pféfage de cette décadents, &
l’on ne doit point en être lurpris ; car les dictées &
les leâùres publiques étant interdites, on n avoit
d’autre moyen que la tradition pour faire paffer aux
éleves les cOritloiffancès de îa Chirurgie ; & 1 art dut
néceffairemënt. fe réfféritir de l’infiiffifance de cette
voie pdur tranfmettre Tes préceptes. I
La perte de la Chirurgie étoit donc aflîiree : il ne
falloit rien moins pour prévenir ce malheur, qu une
loi fouverainè qui rappèllât cet art dans fon état primitif.
L’ëtàbliffément de cinq démonftrateurs royaux
en 1714, pour enfeigner la théorie ôc la pratique de
l’art, la-fit éfpérer : bientôt après elle parut comme
prochainement annoncée ( en 173 1 ) par la formation
de l’académie royale de Chirurgie dans le
corps dé S. Côme ; & ce fût enfin l’impreffion du
premier volume des mémoires de cette nouvelle
compàenie , qui amena l’inftant favorable ou il plut
au Rdi de 'prononcer. Voici les propres termes de
cette loi mémorable, qui non-feulement prevint-en
France la chüte de la Chirurgie , mais qui en allure
à jamais la confervation & les progrès, en fermant
pour toujours les voies par léfquelles on avoit penfe
conduire la Chirurgie àfa perte. . • .
Après avoir déclaré d abord que la Chirurgie elt
reconnue pour un art favaflt, 'pour une vraie fcience
qui mérite tes diftinaions 'les plus honorables, la jo i
Joute : «< Quel’onen trouve lapreUVela'moinsetJUi- ÜHMB dans i,n gfanï nombre'd!oüvrages fortisde
» l’école cleS. CÔnie, oit’l’on-voit que depuis Iong-
1 P "
» l’étendue de lèurs cônnoiffances, & par l impor-
»> tance dé leurs découvertes, les marques d eltime oÉ
s» de «Bteffion «uèlës rois prédécéffeurs odt'accor.
» Sées-'à une prdfëffiSirfriinpbttànte pouria eonfer-
» vation dè la v ie humaine : mais que les Chirurgiens
» de robe longue qui en avoierit été l’objet, ayant eu
» la facilité tie rece voir parmi‘eux -, fuivant les let-
» très patentes du mois de Mars 1656, enregiftrees
» au parlement, un corps entier de fujets ilhtteres,
» qui n’avoiënt polir partage que 1 exercice -de la
» Barbefie ,;& l’ufage de quelques’panfemens ailes à
» mettre en pratique ; l’école de Chirurgie s avilit
» bientôt parle'mélange d’une proféffion inferieure,
» enforte que l’étude deslettres y devint moins-comw
» müne qu’ellè ne i ’étoit auparavant : maisquelex-
» périence a ’fait voir combien il étoit û défirer que
»dans urte école auffi célébré que celle'des Chirur-
» giens de S. Côme, on n’admît ,qile dés fujets qui
» euffent étudié à fond les 'principes d’tin art dont
» le véritablë'objet eft de cherdhér, dans la pratique
7> précédée de la théorie-, les réglés les plus-ttires qui
» puiffent réfulter des obfefVations & des expérie»
» ces. Et comme peu d’efprits font affez favorifés de
» la nature pour pouvoir faire de grands progrès dans
» une carrière fi pénible, fans y être éclairés par les
» ouvrages des maîtres de l’art, qui font la plupart
» écrits en latin, fans avoir acquis l’habitude de mé-
» diter & de former des raifonnemens juftes par l’é-
» tüde de la Philofophie. Nous avons reçu favorable-
» ment les repréfentations qui nous ont ete faites par
» les Chirurgiens de notre bonne ville de Paris, fur
» la néceffité d’exiger la qualité de maître-ès-arts de
» ceux qui afpirent à exercer la Chirurgie dans cette
» ville, afin que leur art y étant porté par ce moyen
» à l'a plus grande perfeétion qu’il eft poffible, ils mé-
» ritent également par leur fcience & par leur pratiq
u e , d’être le modèle & les guides de ceux qui -,
» fans avoir la même capàcite, fe deftinent à rem-
» plir la même profeffion dans les provinces & dans
>> les lieux où il ne feroit pas facile d établir une
» femblable loi ».
Expofer les difpofitions de cette favorable déclaration,
e’eft en démontrer la fageffe. Les Chirurgiens
fouffrirent neanmoins à fon occafion des contradic-
1 fions de toute efpece. Cette loi les lavoit de l’ignominie
qui les couvroit : en rompant le contrat d’union
avec les Barbiers, elle rendoit les Chirurgiens à.
l’état primitif de leur art, à tous les droits, privilèges,
prérogatives dont ils joiiiffoient par l’autorité
des lois avant cette union. La faculté de Medecine
difputa aux Chirurgiens les prérogativès qu’ils vou-
loiént s’attribuer , & elle voulut faire regarder le
rétabliffemënt des lettres dans le fein de la Chirurgie
, comme une innovation préjudiciable au bien
public & même aux progrès de la Chirurgie. L’u-
niverfité s’éleva contre les Chirurgiens, en réclamant
le droit exclufif d’enfeigner. Les Chirurgiens
répondirent à toutes les objeftions qui leur furent
faites. Ils prouvèrent contre l’univerfité, qu’une pro-
feffiori fondée fur une légiflation confiante les auto-
rifoit à donner par-tout où bon leur fembleroit, des
leçons publiques de l’art & fcience de Chirurgie $
qu’ils avoient toûjours joiii pleinement du droit d’enfeigner
publiquement dans Funiverfité ; que la Chirurgie
étant une fcience profonde & des plus effen-
tielles , elle ne pouvoit êtreenfeignée pleinement &
fûrement que par les Chirurgiens ; & que les Chirurgiens
-ayant toûjours été de l’univerfité , l’enfeigne-
ment de cette fcience avoit toûjours appartenu à
l’univerfité.
De-là les Chirurgiens conclurent que l’univerfité ;
pour conferver ce droit, qu’ils ne lui conteftoient
pas , avoit tort de s’élever conte la déclaration du
R oi, qui en maintenant les Chirurgiens ( obligés dorénavant
à être maîtres-ès-arts ) dans la poffeffion de
lire &C d’enfeigner publiquement dans l’univerfité ,
lui confervoit entièrement fon droit. Ils ajoutèrent
que fi l’univerfité refufoit de reconnoître le collège
& la faculté de Chirurgie, comme faifant partie d’elle
même , elle ne pourroit encore faire interdire aux
Chirurgiens le droit d’enfeigner cette fcience, étant
les feuls qui foient reconnus capables de i’enfeigner
pleinement ; & que l’univerfité voudrait en vain
dans ce cas oppoier aux lois, à l’ufage, & à la rai-
fon , fon prétendu droit exclufif d’enfeigner, puif-
qu’ëlle ne peut fe diffimuler que ce droit, qu’elle
tient des papes, a été donné par nos rois, feuls arbitres
du fort des fciences, à différens collèges qui
enfeignent, hors de-Funiverfitc, des fciences que
funiverfité enfeigne ellejmême.
Ces conteftations, qui furent longues & vives ;
& dans le couPs defquelles les deux principaux partis
fe livrèrent fans doute à-des procédés peu mefu-
rés , pour foûtenir leurs prétentions relpeftives ,
font enfin terminées par un arrêt du confeil d’état du
4 Tuillet 1750. « Le Roi voulant prévenir ou faire
» ceffer toutes les nouvelles difficultés entre deux
» profeffions ( la Medecine & la Chirurgie ) qui ont
» un fi grand rapport, & y faire régnerla bonne in-
» telligence, qui n’eft pas moins néceffaire pour leur
» perfection & pour leur honneur, que pour la con-
» fervation de la fanté & de la vie des fujets de Sa
» Majefté , elle a réfolü d’expliquer fes intentions
» fur ce fujet. » Le Roi prefcrit par cet arrêt, i° . un
cours complet des études dé toutes les parties de Fart
& fcience de la Chirurgie, qui fera de trois années
confécutives ; z°. que pour rendre les cours plus utiles
aux éleves en l’art & fcience de la Chirurgie , &
les mettre en état de joindre la pratique à la théorie,
i l fera inceffamment établi dans le collège de faint
Côme de Paris, une école-pratique d’Anatomie &
d’opérations chirurgicales, où toutes les parties de
l’Anatomie feront démontrées gratuitement, & où
les éleves feront eux-mêmes les diffeôions & les
opérations qui leur auront été enfeignées ; 30. Sa
Majefté ordonne que les étudians prendront des inf-
criptions au commencement de chaque année du
cours d’étude, & qu’ils ne puiffent être reçus à la
maîtrife qu’en rapportant des atteftations. en bonne
forme du tems d’études. Le Roi réglé par plufieurs
articles comment la faculté de Medecine fera invitée,
par les éleves gradués, à l’aâe public qu’ils foû-
tiennent à la fin de la licence , pour leur réception
au collège de Chirurgie ; & Sa Majefté veut que le
répondant donne au doyen de la faculté, la qualité
de decanus faluberrirrue fdcultatis , &' à: chacun des
deux dotteurs affiftans, celle deJ'apientiJJimus doclor,
fuivant l’ufage obfervé dans les écoles de Funiverfité
de Paris. Ces trois doâeurs n’ont que la première
heure pour faire des objeâions au candidat ; les
trois autres heures que duré l’a&e, font données aux
maîtres en Chirurgie, qui ont feuls la voix délibérative
pour la réception au répondant.
Par l’article xjx. de cet arrêt, Sa Majefté s’explique
fur les droits & prérogatives dont les maîtres
en Chirurgie doivent joiiir ; en conféquence elle ordonne
que conformément à la déclaration du Z3
Avril 1743 , ils joiiiront des prérogatives, honneurs
& droits attribués aux autres arts libéraux , enfem-
ble des droits & privilèges dont joiiiffent les notables
bourgeois de Paris ; & Sa Majefté par l’article
xx. déclare qu’elle n’entend que les titres d'école &
de collège puiffent être tirés à conféquence, & que
fous prétexte de ces titres les Chirurgiens puiffent
s’attribuer aucun des droits des membres & fuppôts
de Funiverfité de Paris.
‘ Cette reftriftioii met le collège de Chirurgie au
même degré où font Le collège Royal & celui de
Louis le Grand. Les Chirurgiens, en vertu de leur
qualité de maîtres ep Chirurgie , ne peuvent avoir
aucun droit à Fimpétrafion des bénéfices , ni aux
cérémonies particulières au corps dés quatre facultés
eccléfiaftiques. Cette reftri&ion annulle implicitement
les lettres patentes de François I. quien 1544
accorda au collège des Chirurgiens de Paris les mêmes
privilèges que les- fuppôts , régens, & do&eurs
de Funiverfité de cette ville. Il eft vrai que la faculté
de Chirurgie ne forma jamais , étant de Fordre
laïque , c i v i l , & purement ro y al, une cinquième
Faculté avec les quatre autres de l’ordre apoftoli-
que. Les anciens Chirurgiensen 1579 , avoient cherché
à faire une cinquième faculté apoftôlique, ou
pareille, aux quatre autres facultés de Funiverfité.
Pour y parvenir, ils s’adrefferent au pape ,qu i leur
accorda une bulle à cet effe t, laquelle occafionna
un •procès qui n’a pas été décidé. Mais les Chirurgiens
a&u els renonçant aux vues de leurs prëdécéffeurs, ,
ont .déclaré ne vouloir troubler Fordre établi- de tout :
îemi; dans Funiverfité i ils demandoient feulement
d’y être unis fous l’ancienne forme, comme faculté
laïque, civile , & purement royale , cette forme ne
pouvant porter aucun préjudice à Funiverfité , ni
caufer aucun dérangement dans fon gouvernement.
Il étoit très-naturel que les Chirurgiens fouhaitafl'ent
d’appartenir à Funiverfité, mere commune des fcién-
çes , du-moins comme maîtres-ès-arts, puifqu’elle
croit avoir raifon de les refufer comme faculté. » Ce
» dernier titre, dit M. de la Martiniere, premier chi-
» rurgien du R o i, dans un mémoire préfenté à Sa
» Majefté ; ce dernier titre a fait l’objet de notre am-
» bition : mais dès que votre volonté fuprème dai-
» gne nous accorder le titre de collège royal, l’hon-
» neur de dépendre immédiatement de votre Majefté
» fuffit pour nous confoler de toute autre diftinc-
» tion »i:( Y )
C h irurg iens, f. m. pl. ( Jurifpr. ) doivent intenter
leur aftion dans l’année , pour leurs parife-
mens & médicamens , après lequel tems ils ne font
plus recevables. Coût, de Paris, art. / 2/.
Les Chirurgiens qui forment leur demande à tems ,
font préférés à tous autres créanciers. Mornae, /iv.
IV. cod. de petitione hoeredit.
Lés eccléfiaftiques nepéûyent exercer la Chirurgie
; ils deviendraient irréguliers. Mais un laïque
qui a exercé la Chirurgie , n’a pas befoin de difpen-
fe pour entrer dans l’état eccléfiaftique. Cap. /entendant
esCtra ne clericinegot. foecul. fe immife. {
-Sxiîvant le droit romain,où l’impéritie étoit réputée
iine faute , le chirurgien étoit tenu de l’accident
qu’il avoit occafionné p£r fon impéritie : mais
parmi nous un chirurgien n’eft pas refponfable des
fautes qu’il fait par ignorance ou par impéritie ; il
faut qu’il'y ait du dol ou quelqu’autre circonftance
qui le-rende coupable. Voye^ les arrêts cités par Brillon
, aïi mot Chirurgien , n. 8.
Les Chirurgiens font incapables de legs faits à leur
profit par leurs malades , dansla maladie dont ils les
ont traités. Voye^ \u\çùfcto jf.- de légat, 1. & leg. Me*
dicus, ff. deextraori. cognit. Ricardi, des donat. part J»
ch. iij.fecl. g . n. ngcf.^ A f
CHISCH, (Géog.) ville du royaume de Bohème ;
dans le Cercle de Satz.
CHISON, ( Gèog. ) riviere d’Italie en Piémont ;
qui fe jette dans le Pô à’ peu de diftancede Carmagnole.
CHISOPOLI, ( G è o g ville de la Turquie européenne
en Macédoine, fur la riviere de Stromona.
OH ITAC, ( Gèog. ) petite riviere de France dans
le Gevaudan.
CHITES , f. f. ( Commerce. ) dûtes , moultans, taf-
f a , lampajfcs , betilles, guraes, lagias du pegu, mafu-
lipatan, toiles & mouchoirs , r.omal, tap/fendis , & c .
font des mouffelines ou toiles de coton des Indes
orientales, imprimées & peintes avec des planches
de bois , & dont les couleurs, fans rien perdre de
leur é c la t , durent autant que la toile même. Il y eu
a d’imprimées des deux côtés , telles que les mouchoirs
& les tapiffendis , dont on peut faire des ta»-
pis & des courtepointes : les unes viennent de Ma-
fulipatan, fur la côte de Coromandel, où les François
ont un comptoir ; les autres, du royaume de
Golconde , du Vifapour, de Brampour, de Bengale
, de Seronge , &c. & s’achètent à Surate. G’efl:
du ch ay, plante qui,ne croît qu’en Golconde , que
l ’on tire ce beau rouge des toiles de Mafulipatan .
qui ne fe déteint jamais. Les Hollandois particulièrement
, les Flamans ; & la plupart de ceux qui veu-
dentJles toiles peintes des Iodes, les .contrefont fur
des toiles de coton blanches, qui viennent véritablement
des Indes, & qu’on appelle chintes-feronge;
mais leurs couleurs n’ont ni la même diirée ni le même
éclat qu’on remarque aux véritables , de forte
que plufieurs.de ceux qui les achètent font trompés.