
•point effentiel desobfervationsà l’égard du client.
Expojition. Terrein. Prefque toutes les expofitions,
tous les terreins conviennent au chêne.; le fond des
v a llé e s, la pente des collines , la crête dés montagnes
, le terrein fée ou humide, la glaife , le limon,
lé fable ; il s’établit par-tout , mais il enréfulte de
grandes différences dans fon accroiffement & dans
fa qualité de fon bois. Il fe plaît te il reuffît le mieux
dans-lester res douces , limonneufes, profondes, te
fertiles ; f o n bois alors é ftd ’ünë belle venue, bien
fran c , & plus traitable pour la fente te la menuifé-
rie : il profite très-bien dans les terres dures & fortes
, qui ont du fond , & même dans la glaife ; il y
croît lentement, à la v érité, mais le bois en eftmeil*
leur , bien plus folïdè & plus fort : il s’accommode
aufli des terreins fablortneux , cr et a fies ou gravele
u x , pourvu,qu’il y ait affez de profondeur : il y
croît beaucoup plus vîte que dans la' glaife , & fon
bois eft plus comp are & plus dur ; mais il n’y devient
ni fi gros ni fi grand. Il ne craint point les terres
graffes te humides, oit il croît même très-promptement
; mais c’eft au defavantage du b o is, qui étant
trop tendre te caffant, n’a ni la force , ni la folidité
requife pour la charpente ; il fe rompt par fon propre
poids lorfqu’il y eft employé. S i le chêne fe trouv
e au contraire fur les crêtes des montagnes, dans
-des terres m aigres, féches oupierreùfes , oh il croît
lentement, s’e lev e , peut te veut être coupé fouvent ;
fon bois alors étant d u r, pefant, noueux, on ne peut
;guëre l’employer qu’en charpente , te à d’autres ouvrages
groflîers. Enfin cet arbre fe refufe rarement,
& tout au plus dans la glaife trop dure , dans lés terres
baffes & noyées d’e au , & dans'les terreins fi fecs te
fi légers , fi pauvres & fi fuperficiels, que les arbrif-
feaux les plus bas n’y peuvent croître ; c’eft même
la meilleure indication fur laquelle on puiffe fe regler
lorfqu’on veut faire des plantations de chêne ; en voici
la direôion.
Plantations. Si nous en croyons les meilleurs auteurs
anglois qui ayent traité cetre matière ,.Evelyn,
Hougton, Laurence., Mortimer , te fur-tout M. Miller
qui eft entré dans un grand détail fur ce point ;
il faudra de grandes précautions , beaucoup de culture
te bien de la dépenfe pour faire des plantations
de chênes. Cependant, comme les Anglois fe font occupes
avant nous de cette partie de l’agriculture,
parce qu’ils en ont plutôt fenti le befoin, & que M.
Miller a raffemblé dans la fixieme édition de fon dictionnaire
, tout ce qui paroît y avoir du rapport,
j’en vais donner un précis. Après avoir confeillé de
bien enclorre le terrein par des hayes pour en défendre
l’entrée aux bèftiaux, aux lievres & aux lapins ,
qui font les plus grands deftrufteurs des jeunes plantations
; l’auteur anglois recommande de préparer
la terre par trois ou quatre labours, de la bien her-
fer à chaque fois , te d’en ôter toutes les racines des
mauvàifes herbes ; il dit que fi le terrein étoit incult
e , il feroit à-propos d’y faire une récolte de légume
, avant que d’y femer le gland : qu’il faut préférer
celui qui a été recueilli fur les arbres les plus
grands te les plus vigoureux, fur le fondement que
les plants qui en proviennent profitent mieux, te
qu’on doit rejetter le gland qui a été pris fur les arbres
dont la tête eft fort étendue, quoique ce foit
celui qui leve le mieux. On pourra femer le gland
en automne ou au printems ; fuivant notre auteur ;
Je meilleur parti fera de le femer auffi-tôt qu’il fera
mûr, pour éviter l’inconvénient de rompre les germes
en le mettant en terre au printems , après Savoir
confervé dans du fable. Pour les grandes plantations
on fera avec la charrue des filions de quatre piés de
diftance , dans lefquels on placera les glands à environ
deux pouces d’intervalle ; te fi le terrein a de là
pente, il faudra diriger les filions de façon à menager
l’humidité , ou à s’en débarraffef ffelort que ta
qualité du terrein l'exigera. Il faudra enfiute recouvrir
exa&ement les glands, dë: crainte que ceux qui
refteroient découverts , n’attiraffent les oil'eaux te
les fouris qui y feroient bien-tôt un .grand ravage.
L ’auteur rend raifon des quatre piés de diftance qu’il
confeille de donner aux filions ; c’eft y dit-il, afin de
pouvoir cultiver plus facilement la terre entre les
rangées, te nettoyer les jeunes plants desmauvaifes
herbes ; fans quoi on ne -doit pas attendre que les
plantations faflent beaucoup de progrès. Lesmau-
vaifes herbes qui dominent bien-tôt fur-les jeunes
plants, les renverfont &leSétouffent , ou du moins
les affament en tirant les fucs de la terre. C-eft ce
qui doit déterminer à faire la dépèn -e 4e cultiver ces
plantations.pendant les huit ou .dix premières an*
nées. Les jeunes plants -, continue notre auteur.„le*
verontfurla fin de Mars oit. au commencement d’A-
vril ;mais il faudra les farder même avant ce tenis*
là , s’il en étoit befoin , te répéter;enfuite cette opération
aufli fouvent que,les herbes reviennent, eri
forte que la terre s’en trouve nettoyée, jufqu’à ce
que tous les glands foient levés te qu’on puiffe les
appercevoir diftinèlement, ; auquel tems il fera à-
propos de leur donner un labour avec la charrue
entre les rangées , te même une legere culture à la
main dans les endroits oh la charrue ne pourroit atteindre
fans renverfer les jeunes plants, .Quand ils
auront deux ans , il faudra enlever ceux qui feront
trop ferrés , te donner à ceux qui relieront un pié
de diftance , qui fuffira pour les laiffer croître pendant
deux ou trois ans ; après lefquels on pourra juger
des plants qui pourront faire les plus beaux arbres
, & faire alors un nouveau retranchement qui
puiffe procurer aux plants quatre piés de diftance
dans les rangées ; ce qui leur fuffira pour croître pendant
trois* ou quatre ans ; auquel tems fi la plantation
à fait de bons progrès , il fera à-propos d’enlever
alternativement un arbre dans les rangées ;
mais notre auteur ne prétend pas qu’il faille faire
cette reforme fi régulièrement qu’on ne puiffe pas
excéder ou réduire cette diftance, en 1 aiffant par préférence
les plants qui promettent le plus ; .il ne pro-
pofe même cet arrangement, que comme une réglé
générale qu’on ne doit fuivre qu’autant que la dif-
pofition & le progrès de la plantation le permettent.
Quand par la fuite les plants auront encore été réduits
dans leur nombre, te portés à environ huit piés
de diftance, ils ne demanderont plus aucun retranchement
; niais après deux ou trois ans, il fera à-propos
de couper pour en faire des fepées de taillis, les
plants qui paroîtront les moins difpofésà devenir futaie
, & qui fe trouveront dominés par les arbres
deftinés à refter. C’eft l’attention qu’on doit avoir
toutes les fois qu’on fait quelque réforme parmi les
arbres , avec la précaution de ne dégarnir que par
dégrés te avec beaucoup de ménagement les endroits
fort expofés aux vents , qui y feroient de grands
ravages te retarderoient l’accroiffement. L’auteur
anglois voudroit qu’on donnât vingt-cinq à trente
piés de diftance aux arbres qu’on a deffein d’élever
en futaie ; ils pourront jouir en ce cas de tout le bénéfice
du terrein ; ils ne feront pas trop ferrés, même
dans les endroits oh ils réuffiffent bien ; leurs têtes
ne fe toucheront qu’à trente ou trente-cinq ans ; te
il n’y aura pàs affez d’éloignement pour les empêcher
de faire des tiges droites. Mais après une coupe
ou deux du taillis, notre auteur confeille d ’en faire
arracher lès fouches , afin que tous les fucs de la terre
puiffent profiter à la futaie : la raifon qu’il en apporte
, eft que le taillis ne profite plus dès qu’il eft
dominé par la futaie qui en fouffre également ; car
on gâte fouvent l’un te l’autre, en voulant ménager
le taillis dans la vue d’un profit immédiat.
Tohtè cette fuite d é culture m éthodique peut ê tre
fort bonne pour faire un canton de bois de vingt ou
trente àrpens , encore dans un pays oh le bois ferôit
très-rare , te tout au plus aux environs de Paris oh
il eft plus cher que nulle part dans ce royaume :
mais dans les provinces , la dépenfe en feroit énorme
pour un canton un peu çonfidéràble. J’ai vu que
pour planter en Bourgogne, dans les terrés de M. de
Buffon, tin efpace d’environ cent arpens, ohii commença
à fuivre exactement la direction dont on vient
de voir le précis, une fomme de mille écüs ne fut pas
fuffifante pour fournir aux frais de plantation & dé
cultiire pendant la première année feulement : qu’on
juge du réfultat de la dépenfe , fi l’on avoit continué
la même culture pendant huit ou dix ans,
comme M. Miller le confeille ; le canton des plantations
en queftion auroit coûté fix fois plus cher qu’un
bois de même étendue qu’on auroit acheté tout
Venu te prêt à couper dans un terrein pareil: encore
la plantation n’a-t-elle pas pleinement réuffipar plusieurs
inconvéniens auxquels une culture plus longue
& plus affidue n’auroit pas remédié. Un de ces
inconvéniens , c’eft de nettoyer le rerrein des fonces
, épines, genievres, bruyères, &c. Un plus grand
oeuvre, qui lé croiroit ? c’eft de donner plufieurs labours
à la terre ; cette opération coûteufe fe r t , on
en convient, à faire bien lever le gland, mais elle
tourne bien-tôt contre fon progrès : lesmauvaifes
herbes qui trouvent la terre meuble, la couvrent au*
dehors, & larempliffentde leurs racines aü-dedans ;
on ne peut guere s’en dëbarraffer fans déranger les
jeunesplants,parç.e qu’il fauty revenir fou venr dans
un terrein qu’on commence à mettre en Culture.
Mais d’ailleurs, plus la terre a été remuée, plus elle
eft fujette àl’impreflion des chaleurs,des féchereffes,
& fur-rout des gelées du premier h y v e r , qui déracinent
les jeunes plants, te leur font d’autant plus de
dommagequela plantation fe trouve mieux nettoyée
te découverte. Le printems fuivant y fait apperce-
yoir un grand dépériffement ; la plupart des jeunes
plants fe trouvent flétris te defféchés ; d’autres fort
languiffans' ; & ceux qui fe font foutenus , auront
encore infiniment à foufffir , malgré tous les efforts
de la culture la plus fuivie, qui n’accélerent point le
progrès dâns les terres fortes te glaireufes, dures ou
humides. En effayant àu contraire à faire dans un
pereil terrein des plantations par uue méthode toute
oppofee , M. de' Buffon a éprouvé des fuccèsplus fa-
fisfaifans, te peut-être vingt fois moins difpendieux,
dont j’ai été témoin. Ce qui fait juger que dans ces
fortes de terreins comme dans ceux qui font légers
& fablonneux, oh il a fait aufli de femblables épreuves
, on ne réuffit jamais mieux pour des plantations
en grand , qu’en imitant de plus près la fimplicité
des opérations de la nature. Par fon feul procédé ,
les bois , comme l’on fait, fe fement &î fe forment
fans autre fecours ; mais comme elle y employé trop
de tems , il eft queftion de l’accélérer : voici les
moyens, d’y parvenir : ménager l’abri, femer abondamment
& couper fouvent ; rien n’eft plus avantageux
à une plantation que tout ce qui peut y faire
du couvert & de l’abri ; les genets, fe. jonc, les épines
&tou s les arbriffeaux les plus communs garan-
tiffent des gelées, des chaleurs, de la féchereffe, te
font un aide infiniment favorable aux plantations.
On peut femer le gland de trois façons ; la plus fim-
ple te peut-être la meilleure dans les terreins qui
font garnis de quelques buiffons, c ’eft de cacher le
gland fous l’herbe dont les terres fortes font ordinairement
couvertes ; on peut aufli le femer avec la
pioche dont on frappe un coup qui fouleve la terre
fans la tirer dehors , & laiffe affez d’ouverture pour
y placer deux glands ; ou enfin avec la charrue en
faiiant des filions de quatre piés en quatre piés , dans
lefquels on répand lé gland'avec dès graines d’ar-
briffeaux les plus fréquens dans le pays , te on recouvre
le tout par un fécond fillon. On employé la
charruè dans les endroits les plus découverts ; on fe
fert de la pioche dans les plants impraticables à la
charrue, & on cache le gland fous l’hef be autour des
buiffons. Nul autre foin enfuite que de garantir la
plantation des approches du bétail, de repiquer des
glands avec là pioche pendant un an ou deux dans
les plants oh il çn aura trop manqué , &• enfuite de
recéper fouvent les plants languiff ans, raffaux, étioles,
bii gelés , avec ménagement cependant, te l’attention
fur*tout de ne pas trop dégarnir la plantation,
que tout voifi'nage de bois , ’de "hayes, de buiffons
favorife aufli. Voye^dans les mémoires de Vacadémie
des Sciences, celui de M. de Buffon fur la culture te
le rétabliffementdes forêts, année On pourroit
ajouter fur cette matière des détails intéreffans que
cei: ouvrage ne permet pas. J’appuierai feulement du
témoignage de Bradley cette méthode aufli Ample
que facile, qui a réuflï fous mes yeux : « Pour évi-
» ter, dit-il, la dépenfe de farder les plantations,
» on en a fait l’effai fur des glands qui avoient été fe-
» mes ; te les herbes, loin de faire aucun mal, ont
» défendu les jeunes chênes contre les grandes féche-
» reffes, les grandes gelées, &c. » Je citerai encore
Ëllis, autre auteur anglois plus moderne, qui affûre
qu’il ne faut pas farder une plantation ou un femis
de chênes. Ces auteurs auroient pu dire'deplus, que
non-feulement on diminue la dépenfe par-là , mais
même que l’on accéléré l’accroiffement, fur-tout
dans les terreins dont nous venons de parler.
A tous égards, l’automne eft la faifon la plus propre
à femer le gland, même aufli-tôt qu’il eft mûr ;
mais fi l’on avoit des raifons pour attendre le printems
, ilfaudroit le faire paffer l’hyver dans un con-
fervàtôiré de la façon qu’on l’a expliqué au mot Cha-
laignet ; te enfuite le femer auflî-tôt que la faifon
pourra le permettre , fans attendre qu’il foit trop
germé ; ce qui feroit un grand inconvénient.
Le chêne peut aufli fe multiplier de branches couchées
, qui ne font pas de fi beaux arbres que ceux
venus de gland ; te par la greffe , fur des arbres de
fon efipece ; mais on ne fe fert gueres de ces moyens
que pour fe procurer des efpeces.cürieufes te étrangères.
Tranfplaniation.\\ y a quelques obfervations à faire
fur la tranfplantation de cet arbre , qui ne gagne jamais
à cette opération ; il y réfifte mieux à deux ans
qu’à tout autre âg e, par rapport au long pivot qu’il
a toûjours, te qui le prive ordinairement de racines
latérales : d’oh il fuit que quand on fepropofe d’employer
le chêne en avenues ou autres ufages femblables
, il faut avoir la précaution de le tranfplantef
plufieurs fois auparavant, afin qu’il foit bien enraciné.
On ne doit jamais Tétêter en le tranfplantant ;
c’eft tout ce qu’il craint le plus, mais feulement retrancher
fes principales branches : on ne doit même
s’ attendre enfuite qu’à de petits progrès , te rarement
à avoir de beaux arbres.
Ufage du bois. Nul bois n’eft d’urt ufage 'fi général
que celui du chêne ; il eft le plus recherché te le
plus excellent pour la charpente des bâtimens , la
conftruûion des navires ; pour la ftru&ure des moulins
, des preffoirs ; pour la menuifefie, le charronnage
, le mairrain ; pour des treillages, des échalas,
des cercles ; pour du bardeau, des écliffes, des lattes
,& pour tous les ouvrages oh il faut de la folidité,
delà force., du volume, te de la durée ; avantages
particuliers au bois de chêne , qui l’emporte à
ces égards fur tous les autres bois que nous avons
en Europe. Sa folidité répond de celle de toutes les
conftru&ions dont il forme le corps principal ; fa
force le rend capable de foûtenir dé pelans fardeaux