
expérience éclairée & refléchie, peut feule preferire
une conduite utile dans les cas épineux. Toute fpé-
culation qui n’eft pas fortie du fond de l’art, ne fau-
roit être une réglé dans l’exercice de cet art. L’expérience
eft la lource des principes folides ; & toutes
les connoiflances qui ne feront pas puifées dans
l’exercice, ou vérifiées par une pratique refléchie,
ne pourront être que de faufîes luèurs capables d’égarer
l’efprit. ( T )
Voici une notice des auteurs les plus célébrés en
Chirurgie , qui nous a été communiquée par M. le
Chevalier de Ja u c o u r t .
Il ne s’agit pas ici feulement des auteurs fur les
principes de l’a r t , tels que font les fuivans.
Carliï ( Joli. Sam. ) elementa chirugica ; Budinga ,
1717 f in-8°.
Cantarini ( Angeli) Chirurgica accommodata al ufo
fcolarefco ; in Padua, 171 5 , in-8°.
Banier ( Henric. ) methodical introduction for the
furgery ; London, 1 7 1 7 , 2/2-8°.
Dubori (Claude) idée des principes de Chirurgie;
Drefde, 1734, 2/2-8°.
Marque (‘Jacques de) méthodique introduction à la
Chirurgie ; Paris, 1631 , 2/2-8°.
La Faye (G ) principes de Chirurgie; Paris, 1746,
in-12.
Un feul de .ees livres fuffit à un commençant, 8>t
le dernier fur-tout, que je trouve le meilleur. Mais
mon but eft d’indiquer les principaux ouvrages généraux
de Chirurgie d’entre les anciens & les modernes,
que doivent étudier les gens curieux de s’inf-
truire à fond, & de fe perfectionner dans un art fi
néceflaire. Voici ceux qu’ils ne peuvent fe difpenfer
de bien connoître.
Æginetoe ( Pauli) opéra, &c.
Cet auteur vivoit dans le vij. fiecle, & eft un des
exemples que le caprice & le hafard ont une grande
part dans Bétabliflement des réputations : il n’a point
été eftimé ce qu’il valoit , pour n’avoir pas été lu
par des gens capables d’apprétier le mérite : car il
n’appartient qu’aux artiftes habiles de parler des fe-
crets de l’art ; & ce don n’eft rien moins que prodigué
par la nature. Au refte Paul d’Egine traite dans
fon fixieme livre des opérations chirurgicales , &
c’eft peut - être le meilleur abrégé de Chirurgie que
l’on ait eu avant le rétabliflement des Sciences &
des Arts.
La première édition greque de fes ouvrages eft
celle d’Aldus , à Venife en 1528, fol. Parmi les éditions
latines, celle de Lyon en 1589, in-8°. eft accompagnée
de notes, & mérite la préférence fur
toutes les autres de ce genre.
Ætii ( Amideni ) opéra , & c .
On croit qu’Ætius, natif d’Amida, vécut au commencement
du v. fiecle. Tout ce que nous favons de
fa v ie , c’eft qu’il voyagea en Egypte. Sa crédulité
faifoit peu d’honneur à fon génie. Quoique fes ouvrages
regardent principalement la Medecine , il y
traite cependant de quelques maladies chirurgicales.
Ses-huit premiers livres ont paru en grec à Venife en
1 534» in-f°l' Janus Cornarius traduifittout Ætius en
latin, & publia fa traduction à Bâle en 1541 y fol. U
eft dans la collection d’Henri Etienne, imprimée à
Paris en 1567 \fol. -
Cauliaco ( Guido de ) Chirurgica tractatus feptem ;
Venet. 1490, in-fol. 1 5 19 , 1546 ; en hollandois à
Amft. 1646, in-40. Lugd. 1572,2/2-8°. 1585, avec
les corrections de Joubert. Ed. opt.
Guy de Chauliac, natif de Montpellier, oh il pro-
fefla long-teins la Medecine & la Chirurgie * eft un
des premiers reftaurateurs de l’art : il fut comblé
d’honneurs & de richefles par le pape Clément VI. de
même que par fes fuccefleurs Innocent VI. & Urbain
y . Il compofa fa grande Chirurgie en 1363, & la réduifit
enfyftème. Joubert la traduifit en françois fous
ce titre : La grande Chirurgie de Guy de Chauliac ,
refticuéepar L. Joubert; Tournon, 1598, in - 8°. On
peut y joindre l’ouvrage de Ranchin, intitulé quef-
tionfur la Chirurgie de Guy de Chauliac ; Lyon, 1627,
2 t. in-8°. Mais ceux qui délireront Guy de Chauliac
en abrégé , fe ferviront de celui de Verduc ; Paris ,
1704, 2/2-12; 17 16 , in-12.
Celji ( Aurel. Cornel. ) de re medicâ , lib. octo.
Cet auteur célébré qui floriffoit à Rome du tems
de Tibere, de Caligula , de Claude , & de Néron ,
eft fi connu par la bonté de fa doCtrine, & les grâces
de fon ftyle , qu’il feroit fuperflu de le recommander.
La première édition de fes oeuvres fut faite
à Florence en 1478 , in-fol. & l’une des plus jolies
éditions modernes eft celle de Almeloveen ; Amft»
1713,1/2-8°. oucelledeMorgagnijP^r. 1722,2/2-8°.
le feptieme & le huitième livres ne traitent que de la
Chirurgie.
Chirurgia feriptores optimi veteres & recentiores in
unum conjuncti volumen, opéra ( Corn. ) Gefneri ; Ti-
guri 1555» in fo l. cum fig,
Gefner a raflemblé dans cette collection divers
traités de Chirurgie, qui auroient peut-être en partie
péri fans lui ; tels font Brunus, Roland, Théodorie,
Lanfranc, Bertapalia, Salicet, &c. mais Uffembach
donna dans la fuite une autre colleûion encore plus
confidérable ; favoir, des oeuvres de Paré , de T a -
gault, de Hollier, de Bolognini, de Blondi, de Fabrice
, de Hilden, &c. le tout fous le titre fuivant :
Thefaurus chirurgice condnens praftantiffimorum auto-,
rum opéra chirurgica ; Francof. 16 10, in-fol.
On dit qu’on conferve à Florence dans la bibliothèque
de S. Laurent un manuferit grec écrit fur du
vélin , qui contient la Chirilrgie ancienne d’Hippocrate,
de Galien, d’Afclépiade, d’Apollonius, d’Ar-
chigene, de Nymphodore, d’Héliodore, de D ioclès,
de Rufus d’Ephefe , d’Apollodore , &c. Si cela eft,
ce manuferit peut pafler pour un thréfor en ce genre
, qui mériteroit bien de voir le jour ; nous aurions
alors une connoifiance exaCte de la Chirurgie ancien-,
ne & de la moderne.
Cruce ( Johàn. Andr. à ) vtnetus. Chirurgia univer-
falis , opus abfolutum , cum fig.
C ’étoitun très-habile homme dans fon art. La première
édition de fa Chirurgie parut à Venife en 1573 ,
fol. la deuxieme en 1596, fol. qui eft très-b‘elle, &
avec figures ; & la troifieme en italien, avec des
augmentations, en 1605, fol. fig.
Dionis ( Pierre ) cours d'opérations de Chirurgie.
C ’eft un des bons abrégés modernes. La premier®
édition parut à Paris en 1707 ; la fécondé à Bruxelr
les, 1708, in - 8°. la troifieme en allemand à Aufi-
bourg, 17 12 , avec des corrections & des augmentations
d’Heifter ; enfin la quatrième à Paris, 1740,
2/2-8°. avec des notes de M. de la Faye.
Fabricii ( Hyeron. ab Aquapendente ) opéra chirurgien
, &c.
Cet illuftre anatomifte a enrichi la Chirurgie d®
plufieurs belles obfervations , de nouveaux inftru-
mens , & d’une meilleure méthode pour quelques
opérations. Né en 1537 à Aquapendente , de paren9
très-pauvres, il fuccéda à fon maître Fallope , exerça
l’Anatomie pendant cinquante ans , fut fait chevalier
de S. Marc par la république de Venife, ôc
mourut à Padoue comblé de gloire en 16 19, âgé de
quatre-vingts-deux ans. Sa Chirurgie a été imprimée
féparément en latin, Venet. 1619 , fol. Franc. 1620,
2/2-8°. en Hollande en 1647 , 1666 & 1723 , in-fol.
en françois à Roiien en 1658,2/2-8°. en allemand,'
Norimb. 1716,2/2-4°.
F allôpïi ( Gabriel') Chirurgia, Venet. 1 5 7 1 ,2/2-40,'
Francof. 16 3 7 ,2/2-40. & dans fes oeuvres imprimées
à Venife en 1606, 3 vol. fol. ed. opt,
Fallopé j.
fallôpe-, né à Modene en 1490, & mort à Padoue
'ten 1563, s’eft fingulierement diftingué en Anatomie ;
mais fon traité des ulcérés & des tumeurs, de mê*
me que fon commentaire für Hippocrate, de vulneri-
h is capitis, méritent beaucoup d’être lus.
Fienus (Thomas') lib fi ckirùrgici duodecim.
Ce font des traités pofthumes fur douze fujefs curieux
àe Chirurgie , qui ont été publiés par Herman
Conringius ; Francof. 1649 > in-40. ibid. 1669,2/2-4°-.
& à Londres en 1733 >in'4°- Fienus, né -à Anvers en
1 5671 & mort en 1631 âgé de foixante-quatre ans,
eft encore connu par quelques autres ouvrages, en
particulier par un traité latin des cautères , imprimé
à Louvain en 1598,2/2-8°.
Garengeot (Jacques René) traite des opérations de
Chirurgie ; Paris 1 7 4 1 ,3 vol. 2/2-12. avec fig.
Ce traite, avec celui des inftrumens , a été réimprime
plufieurs fois, traduit en plufieurs langues, &
eft dans les mains de tout le monde.
Glandorpii (,Mattk. Ludov.) opéra omnia chirur*
gica.'
Ne à Cologne, & fils d’un habile chirurgien ,
qu il fiirpafla par fes talens, fes travaux, & fes
connoiflances ; il entendoit fort bien l’Anatomie ,
qu il avoit apprife fous Spigel. Ses ouvrages, qui furent
reimprimes feparéiftent à Brême , ont été raf-
femblés à Londres en 1729,2/2-4°. Le journal de.Léip*
lie en parle en 1790 , & y donne un abrégé de la
vie de cet auteur, p. 124.
G or ter (Johé) Chirurgia repurgata; Lugd. Bat. 1742,
2/2-4°.
Cet auteur eft connu par d’autres ouvrages efti-
més, & pleins d’une bonne Phyfiologie.
Guillemeau ( Jacquesj) oeuvres de Chirurgie, &c.
Elles ont été imprimées à Paris en 1598 , in-fol.
avec fig. Guillemeau , natif d’Orléans , exerça la
Chirurgie & l’Anatomie à Paris avec diftinâion. Toutes
fesoeuv-res ont été réimprimées à Rouen en 1649,
in-fol.
Heifieri (Laurent?) infiituüones chirurgica ; Ariift. '
<5739,2/2-40. 2 vol. cum fig.
Voilà le meilleur ouvrage complet de Chirurgiè
qui ait paru jufqu’à ce jour ; il peut tenir lieu de
tous les autres. Il a été publié & en latin & en al*
lemand ; il mériteroit aufli de paroître en françois.
Hildanus (Guil. FabriciuS) opéra chirurgica , &c»
Guillaume Fabrice, dit de Hilden, du nom de fa
patrie, né en 1 560, & mort à Berne en i634-âgé de
l’oixante & quatorze ans, étudia toute fa vie la Chirurgie
, & nous a laifle en ce genre, outre plufieurs
traités particuliers , un grand & excellent recueil
d’obfervations & de cures chirurgicales qu’on con-
fulte toujours. On les a traduites en françois , & elles
ont paru à Geneve en 1679,2/2-4°. avec fig. Mais
tous les ouvrages de cet auteur ont été raflëmblés &
imprimés en latin à Francfort en 1682, in fo l. avec
le liyre.de Severinus, de efficaci Medicind.
Hippocrates in operibus , &c.
Il naquit à Cos la première année de la IxXx. oly m*-
piade, trente ans avant la guerre du Péloponefe, &
460 ans avant J. C. Defcendant d’Efcdlape, allié à
Hercule par fa mere, & digne contemporain de Socrate
, il fut doiié par la nature d’un excellent tempérament
, que ni fes voyages, ni le travail le plus
opiniâtre ne purent altérer ; & pour le génie d’une
fagacité qui femble avoir franchi les bornes de
l’éprit humain : enfin fon amour fingulier pour la
vérité , pour fon art & pour fon pays , font peut-
etre un exemple unique ; & , fi je puis me fervir des
termes de Callimaque , il remplit l’oflice de cette’
panacée divine, dont les gouttes précieufes chaflènt
les maladies de tous les lieux oh elles tombent. Il dé-
livra 1 Attique de la pefte , & refufa les fommes im-
menfes que le roi Artaxerxe d’un côté, & des pro-
Tome ƒ/ƒ, r
ViiicéS entières de l’autre, lui firent dfirîr pour leur
rendre le même fervice.« Dites à votre maître, ré*.
m m m a.u g-owerneur de l’Hellefpont, que je
« iuis allez riche 5 que l'honneur ne me permet pas
» de rece voir fes préfens, & d’aller fecourir les em
» nemis de la Grèce ». Quand les Athéniens furent
prêts de porter leurs armes contre l'ilc de Cos il
5 ïnvoijua Sc obtint l ’nfiithncc des peuples qu’il avoit
lauves de la contagion, foûleva les états circonvoi*
," s.’ “ dtffipa lui feul la tempête dont fa patrie
etoit menacee. S il eft V rai, comme on n’en peut
douter, queles hommes font grands à proportion
du bien qu ils font, quel mortel eft plus grand qu’.
Hippocrate, qui a fait tant de bien à fon pays,à tou-
te la Civece, à fon fiecle, é tau x fiecles les plus re-
cules ? r
à 1D», H la C^‘ ri‘rS,e étoït fi parfaitement unie
a la Medecine, que l’une n’avoit pas même un nom
particulier qui la diftinguât de l’autre : aufli pren-
droit-on le livre de ojficind medici, qu’on trouve
W M ieî ?euvres'» pour un traité de Chirurgie. Quoi
qu il en foit, tout ce qu’il a écrit des plaies des tu*
«leurs, des ulcérés, des fiftules, des fraftures, des
luxations, & des opérations qui y conviennent,eft
admirable. II faut y joindre la ie&ure des excellent
commentaires que nous avons,.en nombre fur fa ChU
rurgie, & on y puifera les plus belles & les plus utiles
connoiflances. C ’eft à Hippocrate, que je ne nomme
guère fans un fentiment de plaifir, de gratitude,
& de vénéràtion ; c’e ft , le dirai-je, à ce divin mor-
tel que nous devons tout en Medecine & en Chirurgie:
en un mot, pour appliquer à mon fujet les termes
de Montagne , « la plus riche vie que je fâche
» a voir été vécue entre les vivans, & étoffée de plus
» riches parties & defirables, c’eft celle d’Hippocra*
» te ; & d un autre côté je ne connois nulle forte
» d écrits d homme que je regarde avec tant d’hon-
» neur & d’amour ».
Magatus ( Cefdr ) de rarâ medicatione vulnerum *
Venet. 1616 , in-fol.
Magati, né dans l’état dé Venife en 1579, & m0rt
en 1649 ^ pierre, comme tant d’autres gens de
lettres, a renouvellé dans ce traité la fage pratique
du rare panfement des plaies. Il mérite fort d’être lu ;
aufli a-t-on réimprimé toutes les oeuvres de Magati
à Francfort en 1733,2/2-4°. °
Nuck ( Anton. ) operationes & expérimenta chirurgica.
Cet ouvrage de Nuck, célèbre d’ailleurs par fes
decouvertes anatomiques, a eu beaucoup-de fuc-
Çey fi parut pour la première fois à Ley d e e n ié o z .
«Mf . enfttite à Iene en 1698 , 114-8°, derechef à
Leyde en .1714, in-8°. & en allemand avec des no-
te s , à Hall en 1728, in-8°.
Palfyn (Jean) Anatomie chirurgicale, avec fig.
Palfyn, chirurgien juré , anatomifte , & lêfteur
en Chirurgie de la ville de G and, a joint à la deferip-
tion des parties les diverles maladies chirurgicales
qui peuvent les attaquer, avec des remarques fur
la maniéré de traiter ces maladies. Il la publia d’abord
en flamand à Leyde en 1719,2/2-4°. enfuite en
françois à Paris en 1726, 2/2-8°. il en parut une troifieme
édition en 1734. C ’eft un ouvrage u tile, fort
au-deffus de celui de Genga, imprimé en latin à
Rome en 1686,2/2-8°.
Paré (Ambroife) oeuvres, Lyon 16 % 2, fol. avec fa:
Ibid. 1664 , fol.
On doit au célébré Paré la reftauration de la Chirurgie
dans le royaume. Né à Laval dans le Maine en
1510,1! vint à Paris, fe forma dans les hôpitaux fe
perfectionna dans les armées, fe fit la plus haute
réputation , & fut fucceflivement premier chirurgien
de Henri IL de François II. de Charles IX. &
d’Henri III.
y y