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doivent être cUCpofcs & iimcncs. L auteur donne pour premier
exemple, une pallion douce, une luuaiion tranquille.
Ibtd. 82t. .1. Lniutic il luppole deux amans dans une lunation
cruelle, qu’ils foiem menacés d'une étemelle leparu-
lion au momeiu où ils s’aacmloient à un Tort bien didc-
xcm’. Ikid. b. Obfervations liir le duo. En quoi conldie l'.ur
ou l’aria, & quel cll Ion génie. Exécnciou de l'air. Le
cenie de l’air cü ciVemiellcmcm didérent du couplet ik de fa clianfon./iiJ. 826. u. L’air, comme le plus puiliam m oyen
du tompofiteur, doit être rélervé aux grands tableaux ck
aux moincns Aiblimes du drame lyrK|ue. Genie, hnelie be
variété qu'un g r iui conipoliicur peut mettre (iaiis Icieci*
tard'. Poéti([ue élémentaire du poete lyrique : préceptes liir
la compofition. Simplicité & rapidité néceiraircs à la marche
ik au développement de Ion poème. IbiJ. b. Ces memes
qualités lom indifpcnfablcs à Ion lly le. DiHcreiicc elicn-
licllc entre le flyle du poete lyrique ck celui du poete tragique.
Le premier doit être avare de paroles, dans les endroits
p.ilîiomiési c’eft au muficicii à tirer de ce peu de
paroles tout le pathétique dont elles loin l'utcepiibles. Exemple.
Jiid. 827. .1. Il rélulce de ces obléivaiioiis, que le poete,
quelque talent qu’il ait d’ailleurs, ne pourra guère le flatter
de réulTir, s’il ne luit lui-meme la imifiquc. Il Auu qu’il
diftingiie le récitatif l’air , avec amant de foin que le
compohteur. Q uel doit être le llylc du poete dans les airs.
Les vers alexandrins peu propres à la feene &. au recitatil.
Caraéleres clTcmiels à la langue dans laquelle le poeine ly rique
doit être écrit. Emprc(lémi.nt as’ee lequel 1 opera créé
dans le cours du dernier liecle en Iialie , fut imité dans
les autres parties de l’Europe, bupéiioricé de l’opéra italien
fur tons les autres. Ibid. b.
De l'opér.i jhincois. L’opéra frnnçols eft l’épopée mife en
aélion Sc en fpeélacle. C e l l le niuivedlcux vilible qui efl
l’am; de ect opéra. Queflians à examiner pour juger ii
ce genre peut mériter le lurivage d’une muion éclairée. XII.
S28. .!. Gomparailon de l'cflct que produit fur le théâtre
tragique la Phedre de Racine, avec celui de l'A rmide de
Quinanlt fur le théâtre de l’upcra Iraneois. Ibid. b. Obl-
taclcs que l'opéra françois a apportés aux progrès de la
muiique en France. Le Üyle poétique a clù participer aufli
au mauvais goût des compolmuns de ce genre. Ce taux
g..nre où rien ne rappel.c a li nature, a dû empêcher le
miiüeien franijOis de connonre 6c de fentir cette oiltinélion
fondamentale de l'air & du récitatif. Ibid. 829. h. Ecarts
ék biiarreries où le poete a cuti aîné le décorateur. Ibid.
8 3 O. J.
De l'opéra italien. Son origine. X ll. 830. a. Degré de
perléélion auqu..! il a été porté. Pouiqtioi la tragédie fans
muiique a été négligée a i Italie. Pourquoi l’opéra italien
n’a p u , avec les pltis puillans moyens, renotivcller ces
te’ rnblcs ertétfl de la tragédie ancienne, dont riûlloire nous
a Cüiuervé la mémoire. Jb/d. b. Tytamiie in)ufte & ablurde
que reiitreprcncur de i'opéia a exercée lur le poète. El-
pece de traité lidiciile'qu'il a en quelque forte propofé au
poète lyrique, d après l'étude qu’il a faite du goût du pub
lic, de fa paliion pour le chaut, ik de l'on indiflérence
pour les convenances 5é reufemble du fpeéfacle. Ibid. 831.
U. Avcifion de l’empereur Chaiic. 'VI pour les cataflrophes
tragiques. Ibid. b. Defauts eircuricllement attachés au poème
lyrique, par l’effet des entraves mil'es an poète. Üblerva-
tions fur l’opéra-comédie , ou bouffon. De quelques aecef
foires du poème lyrique. R.ireté des cheeurs dans les opéras
italiens. Du cas que l'on doit faire des choeurs dans les
opéras françois. ll-id. 832. a. Emitloi des choeurs dans la
tragédie ancienne. Modèle d’tm choeur vraiment dans la
nature. L’auteur fuppofc.qu’un peuple , ivre de la joie la
plus efFténéc de l'e voir délivré d’un tyran, s'ell alfemblc
pour lui proclamer un fiiccelTviir : ik il propol'e en confé-
qucnce au muficien de Eire chanter à ce peuple, le dioeur
dont il donne ici le modèle. Ibid. b. Coiuparaifün de cette
acclamation du peuple avec l’acclamation des peuples des
zéphirs , lorfqu'Atys eft nomme grand facriffeateur de C y -
b e lc , & avec un autre choeur dune troupe de dieux de
fleuves. Ibid. 833 a. De la danfe. La danlc devenue dans
tous les pays cumpague du fpeétaclc en muffque. En Italie
& fur les autres theatres de l’Europe, on remplit les entraéles
du poeme lyrique par dos ballets qui n’y ont aucun rapport.
En France, on a allocié le ballet immédiatement avec
le chant & le fonds de l'opéra. Reflexions lùr cet iifage.
Ibid. h. Obfervations fur un ballet du Roland furieux,
ballet le plus heureufemciu placé qu’il y en ait fur le tlicatre
lyrique en France. L’idée d’alToci.r dans le rncnie fpcélacle
deux maniérés d imiter la nature , la danfe ik le chant, ef-
fentiellement oppofée au bon fens & au vrai goût. Ibid.
834. d. Médiocrité où l’art de la danlè cil relié en France.
Trille uniformité à laquelle fe réduit cette variété jnerveil-
leufe de fêtes Ôc ce divcrtilfenicns annoncée dans les programmes
des diff'ércns opéras. Quelle cft la forte de danfe
۟gno de fg montrer fur la feene. Ibti, b. Obfervations fur
la nature du poème danfe ou ballet. Application de la tmt-
fique à cette forte de poeme. Ibid. 833. a. De l exèeutioa
du poème lyrique. Difficulté d’alfociei' avec goût le chant &
la danfe dans un mémo poènu.. Le chant ell un art Ii difficile
, il demande tant d’appli^.uiun & d’étude, qu’il ne
faut pas efperor qu’un grand diameur piiilfe auflv êtic un
grand aélcur. D ’im amie co té , l’aria des Italiens eff amant
dellinée a rexpveliion du gelle qu’à celle ilu chant. Comment
le liaEid fit connonre aux Rtmiains la manière d’af-
fücier le chant ik la danlc. Ibid. b. Maniéré dont nous devrions
profiter de cette dccouvcne. Avantages qui icful-
leroicnt de rexcciition du poème lyrique , telle qu’elle cfi;
ici propofée. Ibid. 836. a. Efpece de poème lyricpie des
lialiens , appelle oratorio. Oblervation fur les oratorio de
Mctallalio : llylc piopre à ce genre de poème. Ibid. b. Voye^
L y r iq u e 6: O pé r a .
Poeme Ivtiquc. Obfervations fur cet article de rEncyclo-
pédic. Suppl. IV. 232, a , b.
Poeme ph il o so ph iq u e , (P e f/ r )L a méthode doit être
plus fcnüble dans cctie l'orte d'ouvrage que dans les autres
poemes. Regies à obfcrvcr dans f.i compofition, X ll.
836. b.
Poeme en prose, ( 5 cf/cr-feff.) Ouvrages effimablcs en ce
genre. XII. 836. b.
Poeme.en profe : examen de la queffion s'il peut y avoir
des poemes en proie. X lü . 494. b.
Poeme SÉCULAIRE. {Belles-lett.) r ’uyrç Jeux séculaires.
Poème de cette efpece dans les ouvrages d'Horace. Dotibje
choeur de jeunes garçons ik de jeunes filles par qui ces
poèmes étoient chantés Oblervation fur la iR ode du premier
livre d’Flüiace. X ll. 837. Fuyej SÉCULAIRES.
Poème tau'ü^tamme. X V . 04^. b.
Poème apjjellé v;/i/.iy. XV 11. 325. a.
P l& N lL E P , {l-ms,. Lu.) Obfervations fur ce verbe.
IV . y-r. b. V il. 587. U.
POÉ SIE, {Be.mx A n s .) Difference entre le poète 6c l’orateur.
Comment l’agréable ik l'utile doivent fe rcuiili' d.ms
la poclle ik dans la proie. La profe 6c. la poelie étant deux
langages voilins, ik dont le fonds eft prefque le même,
il arrive quelquefois qu’elles fe prêtent numtellemeiu , tantôt
ht forme qui IC'- cliliingue , tantôt le tonds même qui
leur eft propre. X ll. 837. a. l^iff'érentes opinions fim l'el-
fcnce de la poéfie. Les uns la tont confifter dans la rîftion,
les autres dans la vcrfification 3 Ibid. b. d’autres tians l'en--
thüufiafme. il cft un {[itatrieme femlmcnt pltts jiifte ik mieux
rail'onné, c'eft celtii qui établit l’..ireiice de la pocfie datis
l’imitation. Les regies generales de la poéfie des chofes font
renfermées dans l’imitatiui!. La principale de toutes ces règles
ell de joindre rutile avec l’agréable. Efpcces de paf-
fions que doit traiter la po-éfie qui doit être eflcjiticllcmcnt
dv'ftinée à exciter les âmes à la vertu, /^/ù.838, a. Comment
elle peut fe prêter ù un aimable badinage, en même teins
qu'elle fe rend utile. Cinq fortes de poèfies, qui cependant ne
font pas tellemcjit féparées , qu'elles ne fe réunilfcm jamais.
Les poètes obligés par état de plaire & de toucher, fe
croient en droit de tout ofer pour y réiilfir. Chaque genre
nous touche à proportion que l’objet qu’il eft de fon cllcncc
de peindre & d'imiter, cft capable de nous émouvoir. Ibid,
b. Des paffions t[uc la poéfie excite : pourcpioi leur impref-
fion n’clt que fuperffciclle & peu durable. Source du pbifir
que fair la poéfie. Pourquoi nous regardons avec comen-
tement des peintures dont le mérite confiffe à mettre fous
nos yeux les avcniurcs les plus funeftes. Caraiftere aucpici
on rcconnoit le meilleur poème. Ibid. 839. a.
Po é s ie , {L in .) Ce n’eft point à de prétendus cajirices
de la nature, & à fes inégalités, qu'il faut acrribii.-r les
révolutions de la ])oélie, & la caufe qui tantôt l’a rendue
flonl'fante 6c fecoiule, tantôt l’a fait dégéncier. La différence
des climats a quelque chofe de plus réel : dans certaiiis pays
les liommes n.iüTcnc avec des organes plus délicats & p'iis
fciifibles. Cependant l’hilloire de la littér..ture nous apprend
que rmtluence des climats fouftic aulli de grandes e.xcep-
tions. Dans l'Europe moderne, la poéfie n'a été fforiffaïue,
qu'aiit.int qu’on lui a lailTé le caraétere 6c les moeurs antiques
: elle n’aime que ce qui relfcmbie à ce qu’elle a vu
dans la Grcce: voila ce qui prouve qu’elle tient par cfl'ence
aux qualités de fon pays natal. Pourquoi cela? C'eft ce que
nous cherchons. Suppl. IV . 426. b. 11 y avoir, ])our rendre
la poélic fforillante dans la Grèce , des canfes indépendantes
de la bonne ik mauvaife fortune; & la premiere
fut le naturel d’un peuple v i t , fcnfible, pnffionné pour les
plaifirs de l’cfprit & de fam e , autant que pour les voluptés
des fens.— De cela feul que les Grecs étoient doués d’une
imagination vive 6c d’une oreille fenfible 6c jn fte , il .s’en-
fuivit d’abord, qu'ils eurent une langue natiuellement poétique.
Cette langue , par fa profotlic, fut d’abord foiimile
par la muiique aux loix de la mefiire 6c du moiivcinciit.
Jbid. 427. a , 1'. Le chant fut le modèle des vers. La poclîo
lyrique fut donc la preniiere invcmée-3 6c l’on fait combien
dan 3
-1 7 ?
dins ces fêtes, de beaux vers chantés fur la lyre étoient
amdaudis. Le c.iraélcre diftinftif des Grecs fut l’importance
Ôl le férieux qu’ils attachoient à leurs plaifirs ; auffila poéfie
& les arts ne pouvoient-ils naître & profpérer que chez
im tel peuple. Telle fut la fenfibilité des Grecs pour la
fiinple mélodie de la parole, qu’elle faifoir prefque tout le
charme de l’éloquence. Quel devoir donc être l'afeendant
d’une poéfie éloquente, fécondée par la mufique , 6c d’une
belle voix chantant des vers fubliincs fur des accords harmonieux
? Ibid. 428, J. La poéfie enfin put fe palTer du
chant; mais en quittant la ly r e , elle prit le pinceau ; ce
fut alors qu’elle dut fentir tous les avantages du climat qui
Vavoit vu naître. Quel amas de beautés pour elle ! Daus
le pliyfique, les plus beaux fite s, les plus grands phénomènes,
les plus magnifiques tableaux. Dans le moral, tout
ce qu’un nombreux affemblage de colonies de diverlé origine,
tranfplamées fous un même c ie l, ayant chacune fes
dieux tutélaires, fes coutumes, fes loix , fes fondateurs 6c
fes héros, pouvoir offrir de curieux à peindre. Dans le
génie, la liberté qui élevo fame des poètes , comme celle
des cito yens, fefprit patriotique, fans cede aiguillonné par
la jaloufie 6c la rivalité do vingt républiques voifincs. Ibid,
b. Dans les connoiffances humaines, ce mélange d’ombre
6c de lumière fi favorable à la poéfie, lorfqu’il fe combine
avec un génie inquiet 6c audacieux, parce qu’il met en activité
les forces de fame 6c la ctiriofité de fefptit. Dans
les arts, la maniéré de s’armer 6c de combattre, la navigation
périlleufe 8c par-là plus intéreffamc. Dans fnlftoiie ,
une tradition mêlée de toutes les fables qu’elle avoit pu
recueillir en pa.Tant par fimaginatlon des peuples, 6c fuf-
ceptible de tout le merveilleux que les poètes y vouloient
répandre; une religion qui parloit aux yeux 6c qui ani-
moit toute la nature; une foule de dieux pallionnés, injuftes,
violens, divifés entr’e iix , 6c fournis à la deftinée ; les liom-
mes efebaves de la fatalité , des crimes commandes par le
ciel ; des malheureux placés entre deux précipices, 6c n’ayant
bien fouvenr que le choix des remords. Ibid. 429. rf.Àinfi
fhiftolre fabuleufe des Grecs eft la feule vr.iiment tragique
dans les annales du monde entier. Du côté de la comédie
, les moeurs grecques avoiciu aulTi des avantages qui
leur font propres, 6c qu’on ne trouve point ailleurs. Chez
un peuple v i f , enjoué, naturellement fatyriqiie , que fon
s’imagine un theatre, où il étoit permis de livrer à la rifée
de la Grcce entière un citoyen ridicule Sc vicieux, un juge
inique, im magtftrat fans talent, le peuple lui-meme; 6c
qu’on juge dc-là , combien le génie comique, animé par
la jaloufie 8c la malignité républicaine dévoie avoir à s’e.xcr-
ccr. Ibid. b. Ainfi la poéfie trouva tout difpofé comme pour
elle dans la Grèce. "Voyons à préfenc dans quel autre pays
du monde elle a trouvé plus ou moins de ces avantages.—
Chez les Romains, elle s’éioit fait uneprofodic modelée fur
celle des Grecs ; mais n’ayant ni la lyre dans la main des
poètes pour foutenir 6c animer les v ers , ni les mêmes objets
d’éloquence 6c d’cndioufiafme, ni ce niiniftere public
qui la confacroir chez les Grec s, la poéfie lyrique ne fut
à Rome qu’une ftérile imitation, fouvent froide 6: frivole,
prefque jamais fublime. La poéfie épique trouva dans l’Italie
une partie des avantages quelle avoit eus dans la
Grece ; moins de variété pourtant, moins d’abondance 6c
de richclTe, foit dans les defcriptions phyfiques, fait dans
ia peinture des moeurs; mais ce qu’elle eut à rejetter liir-
tout, ce fut fohfciirité des teins aj)pellés héroïques. Ibid.
430. a. Les évenemens 6c les moeurs que nous préfemc fliif-
toire romaine , femblenc avoir été plus favorables à la tragédie
: mais fl fon confidere que les moeurs lomaines n’é-
roient rien moins que paft’ionnées; que les exemples de gé-
nérofité, de dévouement qui nous frappent dans fhéroïlme
des Romains, étant des aéles volontaires, ne potivoient en
faire un objet ni pitoyable ni terrible ; que fafcendaiit de
la deftinée n’entroit pour rien dans les feenes tragiques,
dont leur hiftoire abonde. On reconuoîtra que les Regulus,
les Garons, les Porcies, étoient propres à élever fame ,
mais nullement à l’émouvoir ni de terreur, ni de pitié.
Une feule époque dans Rome fui favorable à la tragédie;
ce fut celle de la tyrannie 6c de la fervitude des délateurs
& des proferits ; mais il eût été dangereux d’en profiter. Ibid,
h. En fe voyant dans l'épouvantable tableau que la tragédie
leur eût préfenté, les Romains auroient frémi de fexcês
de leurs maux ; la honte Sc l’indignation pouvülent ranimer
leur courage , 6c leurs opprelTeurs n’avotent garde de leur
prefenter ce miroir. — Les moeuts romaines étoient encore
moins propres à la comédie. Dans les premiers tems elles
étoient fimples 8c auftercs ; 6c quand U corruption s’y mit,
elles fiiiem trop férieufement vicieufes po^ir être ridicules.
Ainfi la tragédie & la comédie furent également étrangères
dans Rome ; 6c par la même raifon que le génie en cioit
emprume, Sc que la plupart des poètes ne firent qu’imiter
les Grecs , le goût n’en ntt jamais finccrc , 8c ces doux genres
de poéfie ne pureutles attacher, Ibid. 431. a. Les feuls
Tome /ƒ,
qui poiivütene naître 6c fleurir dans Rom e, comme an.ilo-
giies à fon génie, étoicm la poélie morale ou piiilofoplii-
que, la poélic paternelle, félégic anioureufe 6( la fatyre ;
tou: le refte y fut tranfplanté. Vers la fin du onzième fie clt,
on vit 1.1 poclie tammencer en Provence un langage roman
, ou iomaiii corrompu , comme elle avoit fait dans
la Grece par des chants licroiqucs 8c farya-iques, enluire cf-
fayer le dialogue, 6c vouloir même imiter faclion. Ibid. b.
Après phifieurs ficelés de ténèbres, ce fut en Italie que lit
lumière fe répandit. M,-ils quoique l’Italie moderne lût , à
quelques égards, plus favorable à la poéfie que l’ancienne
Rome, les deu.x grandes lourccs de la poéfie ancienne ,
lliiftoirc Sc la religion n’étaiit plus les mêmes, le génie fe
rcff'cntit de la Icchereffe de finie ôc de l’autre. On em-
]doya la^ poéfie à des fpeélacles pieufement ridicules , au
lieu de l’initier aux cérémonies religieufes 6c de l’appcllcr
dans les temples où elle auroit produit des hymnes 6c des
choeurs fiiblimes. — Dans le profane, la poéfie lyrique ii’cu:
pas plus d’éimilation. 432. a. Pour donner de la dignité
au talent du p oète, il eût fallu des jjeuples atifti férieiife-
ment palfiomics que les Grecs, pour les charmes de la poéfie.
Or il eft ceriaiii qu’uii poète lytique , qui dans fir.ilic
fe feroic érigé en onucur public, auroit été reçu comme
un hiftrion, d’aiuaiu plus ridicule , que fobjet de fes chants
auroit été plus férieux. — La poéfie épique fut plus heu-
reule. Elle trouva dans l’Italie une langue riche & mélo-
dieufe , fefprit de fuperftition, les moeurs de la clicvalcrie
6c fintéret héroïque S: facré de fc.-tpédiilon des croifades.
L’Ariofte , dans un poème hii oï-coniiquc , le TafTc , dans
un poème férieux 6c vraiment épique , proutcrcnc de ces
av.mtages, tous deux eu liommes' de génie. Mais comme
le merveilleux de la chevalerie, de la magie 5c de la religion,
confideré poétiquement, n’offre pas une fourceaboii-
danic , l’Italie n’eut <[ue deux poètes épiques, parce qu’im
iroifieme après eux , auroit trouvé cette rcffource épuifée.
Ibid. b. — Quant à la tragédie , de tous les pays de l’Europe,
l’Italie eft celui où elle a eu le moins de fuccês, juf-
qu’au tems oii elle y a paru fécondée par la mufique ; 6c
alors même, ce n’a pas été dans fhiftoire moderne qu’elle
a pris les fiijets, quoique fhiftoire de l’Italie même feni-
blàt lui ouvrir le champ le plus vafte 8c le plus fécond.—
E.xpltcatiou de ces fingiilarités. Ibid. 433. a. Lu comédie n’a
pas cil un meilleur fort dans ce pays. Manque de fociété,
elle ne trouva point des moeurs favorables à peindre, 8c les
feuls objets du comique furent fincrlgue 8c le ridicule, ou
plutôt le caraétere exagéré des dirférens peuples d'Italie.
D ’oîi il fuit que du côté des moeurs, toutes les comédies italiennes
fe rdremblent , 6c ne different que par l’intrigue,
ou plutôt par les inelclens. Ce que nous avons dit de fode
ou du poème lyrique à l’égard de fitalie moderne, doit
à plus forte raifon s’entendre des autres peuples de f Europe,
où la imifique eft étrangère, 8c la langue moins douce 6c
moins mélodieufe nue celle des Italiens. Ibid. b.— L-,t galanterie
cfpagnolc eu .1 tepciidaiu fait felTai, mais 011 fcnc
bien que par cette vo ie , l’art ne peut guère s’élever.— Le
climat de l’Efpagnc fcmbloic plus favorable à la poélie épique
6c di aniatiquc. Cecce contrée a été le théâtre des grandes
révolutions. La fuperftition même 6c l’intolérance qui dans
ce pays ont fait couler tant de fang, font de fécondes four-
ces d’événemens tragiques. La langue y eft favorable à la
poéfie épique ; elle eft nombreufe , fonore , abondante , ma-
jeftueufe , figurée 6c riche en couleurs : mais les arts ne
fieurilTent que chez un peuple qui les chérit; 8c fEfpagne
ne s’eft jamais allez paflionnéc en faveur de la poéfie , pour
taire prendre à fiinaginatioiî des poètes le grand effor de
l’épopée.— Le goût des Efpagnols pour le fpcélacle donu.1
plus d’émulation à la poélie dramatique, Sc la tragédie
pouvoir encore trouver des fiijets dignes d’elle dans fh iftoire
de leur pays 6c dans le merveilleux de leur clie-
valerie. Ibid. 434. a. Mais le défaut du génie efpagnol cil
de n’avoir fit donner des bornes, ni à i’imaginaiion, ni au
fentiment. A ve c le goût barbare des "Vandales 6c des Goths,
pour des fpeélacles tumultueux , s'eft combiné fcljirit ro-
manefque des Arabes 6c des Maures : d c - là , le goût tics
Eljjagnols. La même façon de charger une intrigue d’iiici-
dens romanefqiies 6c merveilleux, fait le fiicccs de leurs
comédies; les diables en font les bouffons. Lopês de Vega
Sc Calderon croient nés pour tenir leur place auprès de
Mülicre 8c de Conieillc ; mais dominés par la fuperftition,
l’ignorance 8c le fatux goût que l’Hfpagnc avoit contraélé ,
ils ont été forcés de s’y foumettre. Ibid. b.— Si nous portons
nos regards fur f Angleterre, nous y tiouverons d’ex-
cellcns poètes ; l’Anglois aime la gloire, 6c il a vu que la
poéfie donnoit réellement un nouveau luftre au génie des
nations ; d’ailleurs, naturellement porté à la méditation Sc
à la trifteffe,il.a fend le befoin d’être ému 6c diftipé par
les illufiotis que ce bel art produit ; enfin , fon génie même,
à certains égards, étoit propre pour la poéfie.— Q u el fut
autrefois 6c quel eft aujourd’hui le caraEtere de la tragédie
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